Vous êtes ceux qui avez persévéré avec moi dans mes épreuves. Lc. 22, 28
Les saints manifestent de différentes manières la présence puissante et transformatrice du Ressuscité; ils ont laissé le Christ se saisir si pleinement de leur vie qu’ils peuvent affirmer avec saint Paul: «Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi» (Ga 2, 20). Suivre leur exemple, recourir à leur intercession, entrer en communion avec eux, «nous unit au Christ de qui découlent, comme de leur source et de leur tête, toutes grâces et la vie du Peuple de Dieu lui-même» (Conc. Œc. Vat. II, Const. dogm. Lumen Gentium n. 50).
Que veut dire être saint? Qui est appelé à être saint?
On est souvent porté encore à penser que la sainteté est une destination réservée à de rares élus. Saint Paul, en revanche, parle du grand dessein de Dieu et affirme: «C’est ainsi qu’Il (Dieu) nous a élus en lui (le Christ), dès avant la fondation du monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans l’amour» (Eph. 1, 4). Et il parle de nous tous. Au centre du dessein divin, il y a le Christ, dans lequel Dieu montre son Visage: le Mystère caché dans les siècles s’est révélé en plénitude dans le Verbe qui s’est fait chair.
La sainteté, la plénitude de la vie chrétienne ne consiste pas à accomplir des entreprises extraordinaires, mais à s’unir au Christ, à vivre ses mystères, à faire nôtres ses attitudes, ses pensées, ses comportements. La mesure de la sainteté est donnée par la stature que le Christ atteint en nous, par la mesure dans laquelle, avec la force de l’Esprit Saint, nous modelons toute notre vie sur la sienne.
Quelle est l’âme de la sainteté?
Le Concile Vatican II précise à nouveau: «Dieu est charité et celui qui demeure dans la charité demeure en Dieu et Dieu en lui (cf. 1 Jn 4, 16). Sa charité, Dieu l’a répandue dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné (cf. Rm 5, 5). La charité qui nous fait aimer Dieu par-dessus tout et le prochain à cause de lui est par conséquent le don premier et le plus nécessaire. Mais pour que la charité, comme un bon grain, croisse dans l’âme et fructifie, chaque fidèle doit s’ouvrir à la Parole de Dieu et, avec l’aide de sa grâce, mettre en œuvre sa volonté, participer fréquemment aux sacrements, surtout à l’Eucharistie, et aux actions sacrées, s’appliquer avec persévérance à la prière, à l’abnégation de soi-même, au service actif de ses frères et à l’exercice de toutes les vertus. La charité en effet, étant le lien de la perfection et la plénitude de la loi (cf. Col 3, 14; Rm 13, 10), oriente tous les moyens de sanctification, leur donne leur âme et les conduit à leur fin» (Lumen Gentium, n. 42)
Qu’est-ce qui est essentiel?
Il est essentiel de ne jamais laisser passer un dimanche sans une rencontre avec le Christ Ressuscité dans l’Eucharistie; cela n’est pas un poids en plus, mais une lumière pour toute la semaine. Il ne faut pas commencer ni finir une journée sans avoir au moins un bref contact avec Dieu. Et, sur la route de notre vie, suivre les «panneaux routiers» que Dieu nous a communiqués dans le décalogue lu avec le Christ, qui est tout simplement l’explicitation de ce qu’est la charité dans des situations déterminées. «C’est donc la charité envers Dieu et envers le prochain qui marque le véritable disciple du Christ» (Lumen Gentium, n. 42). Telle est la véritable simplicité, grandeur et profondeur de la vie chrétienne, du fait d’être saints.
Au cours de l’Année liturgique, l’Eglise nous invite à faire mémoire d’une foule de saints, c’est-à-dire de ceux qui ont vécu pleinement la charité, qui ont su aimer et suivre le Christ dans leur vie quotidienne. Ils nous disent qu’il est possible pour tous de parcourir cette voie. A toute époque de l’histoire de l’Eglise, à toute latitude de la géographie du monde, les saints appartiennent à tous les âges et à tous les états de vie, ils ont le visage concret de chaque peuple, langue et nation. Et ils sont de types très divers. En réalité, je dois dire qu’en ce qui concerne ma foi personnelle également, de nombreux saints, pas tous, sont de véritables étoiles dans le firmament de l’histoire. Et je voudrais ajouter que pour moi, ce sont non seulement certains grands saints que j’aime et que je connais bien qui «indiquent la voie», mais précisément les saints simples également, c’est-à-dire les personnes bonnes que je vois dans ma vie, qui ne seront jamais canonisées. Ce sont des personnes normales, pour ainsi dire, sans héroïsme visible, mais dans leur bonté quotidienne, je vois la vérité de la foi. Cette bonté, qu’elles ont mûrie dans la foi de l’Eglise, est pour moi la plus sûre apologie du christianisme et le signe qui indique où se trouve la vérité.
Dans la communion des saints, canonisés et non canonisés, que l’Eglise vit grâce au Christ dans tous ses membres, nous jouissons de leur présence et de leur compagnie et nous cultivons la ferme espérance de pouvoir imiter leur chemin et partager un jour la même vie bienheureuse, la vie éternelle.
Benoît XVI. Audience Générale – 13 avril 2011 Source: www.vatican.va