Lire l’évangile du dimanche XXVI (Lc 16, 19-31)
Saint Augustin commençait la réflexion de l’évangile de ce dimanche avec ces mots : « Si la lecture nous remplit de crainte salutaire dans cette vie, nul ne nous fera peur après elle. Le fruit de la crainte c’est la correction. Je n’ai pas seulement dit ‘si elle nous remplit de crainte ’, plutôt, si elle nos remplit d’une crainte salutaire’. Beaucoup savent avoir peur mais ne savent pas se convertir. »
Malheureusement, il existe chez certains chrétiens une fausse conception de l’Amour divin qui ne considère pas la crainte de Dieu, en fait cette interprétation laisse de côté la vérité, et donc ce n’est pas un véritable amour, parce que si l’amour n’a pas de crainte, il n’est pas amour. Saint Augustin disait que la crainte est un amour qui fuit, dans le sens que nous aimons quelque chose et que nous avons peur de le perdre ; sans cette crainte, cette peur qui est sainte et qui protège l’objet aimé nous ne pouvons pas parler d’un véritable amour.
Voilà un grand enseignement de cet évangile, ne pas oublier que ce monde finit, que nous avons un temps et que nous devons travailler dans cette vie pour ne pas souffrir pour l’éternité. Saint Ignace de Loyola lorsqu’il fait méditer sur la vérité de l’enfer, …dit : « si mes fautes me faisaient jamais oublier l’amour du Seigneur éternel, du moins la crainte des peines m’aidera à ne pas tomber dans le péché, c’est-à-dire, à revenir au bon chemin ».Le saint ne cherche pas faire peur, il cherche en fait la conversion comme saint Augustin « Beaucoup savent avoir peur mais ne savent pas se convertir ».
Le Seigneur raconte aux gens qui l’entouraient une parabole, la façon dont Il dépeint la situation fait que cette histoire reste gravée dans l’imagination de gens.
Tout le monde ne pouvait pas porter les vêtements que porte ce riche, ni faire chaque jour les banquets qu’il faisait. Il vit comme si Dieu n’existait pas, il n’a pas besoin de Dieu. Ce riche ne voit pas le pauvre, mais il ne voit pas non plus Dieu. C’est intéressant aussi de voir qu’il n’est pas contre Dieu et qu’il n’opprime pas non plus le pauvre. Par contre, il est aveugle aux autres, il ne peut pas voir Dieu, le pauvre, « Moise et les prophètes »
« Lazare était couché devant la porte, afin que le riche ne pût dire : Je ne l’ai pas vu, personne ne m’en a parlé. Il le voyait donc toutes les fois qu’il entrait et sortait » dira saint Jean Chrysostome ».
Le Seigneur ne donne pas un prénom au riche, mais Il le donne au pauvre, signe de que Dieu se souvient des pauvres, « Il pense à eux » dira aussi un autre père de l’Eglise. Lazare est l’abréviation du nom Eléazar, « Dieu aide, Dieu protège ». Il voulait manger les miettes de pain tombées de la table du riche, les riches, lorsqu’ils mangeaient, nettoyaient leurs mains avec du pain, Lazare n’avait même pas la possibilité de recevoir ces miettes pour nourriture.
Le drame devient plus évident surtout après la mort. Encore le Seigneur souligne que le riche aura quelqu’un pour accomplir l’action d’enterrer son corps, rien n’est dit par rapport à Lazare.
Mais l’âme de ce dernier est pourtant portée par les anges à côté d’Abraham, selon la théologie juive, il s’agissait du lieu des justes. Le riche descend au séjour de morts qui vient décrit comme un lieu de souffrance.
Les deux morts se trouvent maintenant dans des lieux différents, selon la façon dont ils ont accompli la volonté de Dieu dans leur vie. Le riche n’est pas tourmenté dans l’autre vie par l’unique fait d’avoir eu ces richesses, mais plutôt pour ne pas avoir exercé la compassion, la miséricorde envers le pauvre.
L’enfer
Alors, bien que dans cette parabole le Seigneur utilise beaucoup d’images sur la réalité de l’au-delà et que nous devions toujours savoir que c’est un langage pour aider notre imagination racontant cette histoire, par exemple lorsque le riche condamné établit un dialogue avec le patriarche Abraham, cela n’obscurcit pas les grandes vérités qui sont décrites ici.
Le séjour de mort est un lieu de souffrance : « je souffre terriblement dans cette fournaise », il demande de recevoir une goutte d’eau, la plus petite consolation.
Nous complétons encore cette description de la parabole avec d’autres enseignement du Seigneur : là «seront les pleurs et les grincements de dents» (Mt 13, 42; cf. 25, 30.41), ou encore comme la géhenne «dans le feu qui ne s’éteint pas» (Mc 9, 43). Tout cela est exprimé aussi de façon narrative dans cette parabole du riche, dans laquelle l’on précise que les enfers sont le lieu de la peine définitive, sans possibilité de retour ou d’allègement de la douleur (cf. Lc 16, 19-31). Il y a un grand abime qui empêche les âmes de sortir de ce lieu, et les justes d’y entrer.
L’Apocalypse représente de façon expressive dans un «étang de feu» ceux qui se soustraient au livre de la vie, allant ainsi à la rencontre de la «seconde mort» (Ap 20, 13sq). Celui, donc, qui s’obstine à ne pas s’ouvrir à l’Evangile se prédispose à une «perte éternelle, éloignés de la face du Seigneur et de la gloire de sa force» (2 Th 1, 9).
Le pape saint Jean Paul II (Catéchèse sur l’Enfer, 28/07/99) enseignait par rapport à la réalité de la condamnation éternelle : « Dieu est un Père infiniment bon et miséricordieux. Mais l’homme, appelé à lui répondre dans la liberté, peut malheureusement choisir de repousser définitivement son amour et son pardon, se soustrayant ainsi pour toujours à la communion joyeuse avec lui.»
Dans le sens théologique, l’enfer c’est la dernière conséquence du péché lui-même, qui se retourne contre celui qui l’a commis. C’est la situation dans laquelle se place celui qui repousse la miséricorde du Père, même au dernier moment de sa vie.
L’enfer indique donc la situation dans laquelle se trouve celui qui s’éloigne librement et définitivement de Dieu, source de vie et de joie. Le Catéchisme de l’Eglise catholique résume ainsi les données de la foi sur ce thème : «Mourir en péché mortel sans s’en être repenti et sans accueillir l’amour miséricordieux de Dieu, signifie demeurer séparé de lui pour toujours par notre propre libre choix. Et c’est cet état d’auto-exclusion définitive de la communion avec Dieu et avec les bienheureux qu’on désigne par le mot “enfer”» (n. 1033).
La «damnation» ne doit donc pas être attribuée à l’initiative de Dieu, car dans son amour miséricordieux, Il ne peut vouloir que le salut des êtres qu’il a créés (Dieu veut sauver tous les hommes). En réalité, c’est la créature qui se ferme à son amour. La «damnation» consiste précisément dans l’éloignement définitif de Dieu librement choisi par l’homme et confirmé à travers la mort qui scelle pour toujours ce choix. La sentence de Dieu ratifie cet état, parce qu’à la fin Dieu donne à chaque être humain ce qu’il a librement choisi dans le temps de la vie dans ce monde.
Nous savons que la vie chrétienne implique des exigences, qu’il s’agit d’un renoncement constant aux choses qui nous éloignent de l’amour de Dieu, mais écoutons ce que dit le beau livre de l’Imitation du Christ : « tu as écouté que le Seigneur a dit ‘prend ta croix et suis moi’, c’est une parole dure ; mais encore plus dure serait écouter cette autre : ‘éloignez-vous de Moi, maudits, allez au feu éternel’.
Demandons la grâce de répondre à l’amour de Dieu, de ne pas fermer notre cœur à cette invitation qu’Il nous fait chaque jour de nous éloigner du mal, de marcher sur le chemin du bien vers la Patrie éternelle.
P. Luis Martinez. V. E.
Monastère « Bx . Charles de Foucauld »