Un peuple ardent à faire le bien

Dieu nous donne la grâce de célébrer encore une fois dans notre monastère la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ, notre esprit vole dans le temps et dans l’espace à ce moment et en ce lieu saint, que nous contemplons avec une joie tout à fait mystique, c’est le premier jour de Noël dans la grotte de Bethlehem.

Bethlehem, patrie du Roi David, appelée auparavant du nom d’Ephrata, « celle qui est fertile ». Le nom de Bethlehem garde toujours le sens d’origine, « Maison du pain » à cause des plantations de céréales pour lesquelles elle était connue. C’était une petite ville, une sorte d’oasis dans la région désertique de Judée.

L’évangile nous dit qu’il y avait à ce moment des bergers qui passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux. C’est précisément parce qu’ils trouvaient dans ce petit coin de Judée des bons pâturages ; l’évangile nous dit aussi qu’ils vivaient dehors, hors du village de Bethlehem. Ils s’agissaient des bergers nomades, qui attendaient là-bas le temps des pluies, le printemps pour se déplacer vers d’autres endroits. Ils habitaient dans des tentes ou se réfugiaient dans les grottes naturelles des collines comme nous le montre la piété chrétienne appuyée sur la tradition. Le texte en grec dit en effet « qu’ils campaient », tout en gardant les troupeaux pendant la nuit très probablement des voleurs et des bêtes sauvages.

L’histoire nous révèle que les bergers n’étaient pas trop estimés par les autres habitants de la Terre Sainte, on les considérait  eux-mêmes comme des voleurs, les pharisiens avaient interdit de leur acheter de la laine et du lait, les craignant comme fruits de leurs vols. En général, grâce à cette renommée, peut-être gratuite, ils étaient devenus des gens méprisés.

Mais, ces bergers de l’évangile ne sont pas loin de Dieu dans leurs cœurs ; nous le savons, Dieu établit son amitié et se révèle seulement aux cœurs qui sont ouverts à l’amour et au bien. Ils faisaient partie de ces pauvres dont l’âme est simple ; Jésus bénira au moment de sa prédication les âmes comme ces bergers, parce que pour eux est réservé le mystère de Dieu : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits » Lc. 10,21. Ces bergers représentent les pauvres en général, auxquels Dieu garde sa prédilection. Posons-nous cette question : notre cœur est vraiment pauvre, est-il vraiment humble pour contempler l’enfant Jésus dans sa crèche ?

Comme de nos jours, beaucoup d’hommes et femmes ignoraient ce qui se passait dans cette nuit de Bethlehem. Après Marie et Joseph, la nouvelle de la Naissance de Jésus est communiquée tout d’abord à ce groupe de bergers, en eux s’accomplit la prophétie d’Isaïe : Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi (Is 9, 2).

D’après l’’évangile nous apprenons aussi que la vision de l’ange, messager céleste remplit de crainte nos bergers, mais que l’ange les rassure avec la bonne nouvelle, une grande joie : il révèle la naissance d’un Sauveur, donnant comme signe l’Enfant dans la crèche.

La joie se fait extensive avec la vision de la troupe céleste.

Alors selon l’évangile, la troupe d’anges dit, elle « parle ». Mais pour nous, il est clair depuis toujours que la façon de parler des anges c’est le chant, cela se montre encore évident dans cette nuit dans la joie qu’ils communiquent et dans l’unité du message, une louange, une glorification.

C’est l’accomplissement de la joie que voit le prophète pour la naissance de cet enfant merveilleux : Tu as prodigué la joie, tu as fait grandir l’allégresse. C’est la joie annoncée par le psaume : Chantez au Seigneur un chant nouveau, chantez au Seigneur, terre entière, chantez au Seigneur et bénissez son nom !

A partir de ce jour le chant des anges ne s’est jamais arrêté, il continue associé à la voix des hommes de l’histoire qui célèbrent la Nativité du Seigneur d’un air toujours nouveau.

Suivons les pas de ces bergers de Noël, ils accomplissent l’ordre de l’Ange. Sans s’arrêter dans l’étonnement du fait prodigieux du Ciel, ils partent à la recherche de l’autre signe, un signe qui se montre déjà simple dans sa description : un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire.

« Ils se hâtèrent d’y aller, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire » dit la suite de l’évangile de cette nuit. Quels sont les chrétiens d’aujourd’hui qui se hâtent vraiment pour les choses de Dieu ? S’il y a quelque chose qui vaut vraiment la peine de se presser à sa recherche, semble-nous dire l’évangéliste de façon tacite, ce sont les choses de Dieu.

Le signe est en définitif une reconnaissance, une description qu’ils pouvaient constater au simple regard. Mais, le signe n’est pas une vision extraordinaire, il se produit dans l’humilité. Il découvre la pauvreté d’un Dieu qui veut que les hommes et les femmes de tous les temps regardent au cœur. Les bergers découvrent que ce que l’Ange leur avait annoncé était vrai. Ils rendent gloire à Dieu et retournent à leur vie pleins de joie, d’une joie spirituelle de ce qu’ils avaient vu et entendu.

Pourquoi l’histoire de Noël enthousiasme t’elle nos cœurs, pourquoi sommes-nous dans la joie pour cette fête ? C’est un peu comme ces pauvres bergers, parce qu’ils ont trouvé un Dieu qui naît pauvre, faible aux yeux des hommes, mais accessible à tous. Ce n’est plus le Dieu qui inspirait la peur au milieu des nuages et des tonnerres comme le temps de l’Exode ; Il est le Dieu qui attire les cœurs, qui donne la paix et inspire la tendresse, qui invite à l’imiter déjà à partir de sa crèche et qui dit : apprenez de moi parce que je suis doux et humble de cœur ; et vous trouverez le repos de vos âmes.

Une dernière question vient à notre esprit : Pourquoi la bonne nouvelle n’était-elle annoncée qu’au petit nombre ? Pourquoi n’a t’il pas voulu la communiquer à tous ? Cela est resté dans le dessein de la Volonté Divine

Mais, il n’est pas si important que, dans cette première nuit la naissance de Dieu, la joie de cet évènement arrive à un petit groupe, à quelques cœurs, ce n’est pas important. 

Parce que nous le savons, cette joie est destinée à tous les cœurs humains. Elle est la joie de l’humanité, une joie que Dieu seulement peut donner. Est-ce qu’il peut y avoir dans ce monde une joie plus grande que celle-ci, une nouvelle plus heureuse : savoir que l’homme a été accepté par Dieu pour devenir Son enfant en son Fils, qui se fait homme ?

Nous ne pouvons pas oublier cette nuit sainte, la sainteté de la famille de Jésus. Son père adoptif, dans ce monde saint Joseph, appelé à être le gardien de ces grands mystères, du Verbe Incarné et de la Virginité de Marie, l’homme du Silence rempli de Dieu. Et Notre Dame, la Mère de Dieu, gardant tout dans son Cœur Immaculé pour le transmettre ensuite à l’Eglise. Nous devons ces souvenirs précieux à Marie qui les gardait et méditait dans son Cœur.

Disons avec saint Paul : « la grâce de Dieu s’est manifestée, Il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.

Demandons à la Mère de Dieu de faire partie de ce peuple ardent à faire le bien.

P. Luis Martinez V. E.

Institut du Verbe Incarné

Chrétien, reconnais ta dignité!

Homélie du IV dimanche du temps de l’Avent (Lc 1, 26-38)

Nous sommes à la veille de la fête de la Nativité, cette quatrième semaine du temps de l’Avent n’est composée que d’un seul jour, le dimanche. La liturgie nous aide, comme elle le fait toujours, à nous préparer pour la Naissance du Seigneur, ce que nous appelons Nativité, ou bien Noël. Ce dernier mot, dont nous sommes déjà habitués pour designer cette fête, tire son origine du mot latin Natalis ; en effet, dans les premiers siècles, les chrétiens appelait le jour de la Nativité « Natalis dies » (jour de la naissance), le mot « dies » est disparu et avec l’évolution de la langue, « Natalis » est devenu Noël.

L’évangile parle ce dimanche de la Conception virginale de Jésus au moment de l’Annonciation de l’Ange. Il nous décrit avant la conception de Jésus comment la Vierge Marie a donné son consentement, sa pleine disponibilité pour que le plan de Dieu s’accomplissent en elle, nous apercevons cela dans ses paroles : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole ».  Et A partir de ce moment, le Fils de Dieu a pris chair, le Verbe de Dieu se fait chair : dans l’unique Personne du Fils de Dieu se sont unies les deux natures, la nature divine et la nature humaine.

Neuf mois plus tard, le Fils de Dieu va se manifester aux hommes. Mais, à partir de l’Annonciation, Il est déjà dans ce monde, caché, silencieux. De façon poétique, un saint disait que le fait de descendre du Ciel à ce monde aurait été tellement dur pour le Fils de Dieu, qu’Il a préféré d’abord, habiter neuf mois dans un petit Ciel, qui est le sein pur et saint de sa très sainte Mère.

Nazareth était un petit village, juste un hameau dont les habitants avaient l’habitude de faire leurs maisons une partie creusées dans la montagne et l’autre partie, à l’extérieur. La région était appelée «  Galilée des Nations ou bien des Gentils », qui était d’ailleurs, une façon péjorative de la nommer, cela voulait signifier que cette région était la partie du peuple juifs exposée au contact avec les païens, c’est un nom donné par les juifs de la Judée, la partie sud, dont Jérusalem était le comme le centre.

C’est là, en Galilée, à Nazareth que commence la nouvelle histoire de salut, la nouvelle alliance est inaugurée et elle sera scellée par le Sang du Seigneur sur la croix.

Nous le voyons déjà dans l’annonce faite par l’Ange, dans sa salutation, il utilise le mot « Xhaire », que nous traduisions avec ce « je te salue », en réalité l’Ange s’adresse à Marie avec les paroles « Réjouis-toi », salutation qui n’était pas habituelle chez les juifs de ce temps ; plutôt, ils se saluaient entre eux avec le mot « Paix » ;  mais l’Esprit Saint par cette salutation de l’Ange veut indiquer à Marie et veut nous indiquer à nous aussi que les temps messianiques sont finalement arrivés, si nous lissons le livre du prophète Isaïe, nous pouvons voir combien de fois il utilise cette salutation de consolation pour Israël, pour Jérusalem, la Vierge Marie est donc la nouvelle Jérusalem.

Pour quoi Dieu a voulu s’incarner, naître et grandir comme le font tous les hommes ? N’aurait-il pas trouvé une autre façon de sauver les hommes ?

Dieu étant tout-puissant comme Il l’est, il aurait pu trouver bien d’autres manières pour faire la Rédemption du genre humain, cela nous est évident. Mais s’Il a préféré que son Fils prenne la nature humaine, que son Verbe se fasse chair, c’est parce que celle-là était la meilleure façon pour nous sauver.

Alors, Il est impossible pour nous de connaître toutes les raisons, et les raisons les plus profondes que Dieu a choisies pour s’incarner, parce que personne ne peut pénétrer sa pensée nous serions Dieu !

Mais nous pouvons nous aider par notre intelligence illuminée par la foi pour arriver à découvrir quelques raisons que Dieu en avait pour s’incarner. Elles font référence à nous, à notre vie comme chrétiens. En d’autres mots, qu’est-ce que Jésus-Christ veut nous apprendre lorsqu’Il choisit ce moyen, cette façon, s’incarner dans le sein de Marie et naître comme un enfant pour venir dans ce monde ?

Tout d’abord, le Seigneur veut par là nous faire progresser dans le bien, avancer dans le bien ; et pour cette raison, la première vertu qui vient à être édifiée lorsque nous contemplons ce mystère de Dieu fait homme, c’est notre foi. En effet, c’est Dieu Lui-même qui est venu nous parler. Selon S. Augustin : ” Pour que l’homme marche avec plus de confiance vers la vérité, la Vérité en personne, le Fils de Dieu, assumant l’humanité, a constitué et fondé la foi. “

Notre espérance est aussi édifiée ; parce que la seule pensée de que Dieu a pris la nature humaine, qu’Il s’est abaissé pour nous sauver, nous montre que nous avons une grande valeur pour Lui, nous découvre combien Il nous aime. En plus, cela est un grand signe car si Dieu a déjà fait ce grand geste pour nous, désormais Il ne nous abandonnera jamais.

Par ce mystère de la Nativité, la vertu de la charité est comme réveillée en nous et au maximum. Et c’est S. Augustin de nouveau qui nous expose cela et à travers une question : ” Il y a un motif plus grand de la venue du Seigneur que celui de nous montrer son amour pour nous ? ” Il ajoute plus loin : «  Si nous avons tardé à l’aimer, maintenant au moins ne tardons pas à lui rendre amour pour amour. »

Par son Incarnation Jésus est devenu en plus, le Modèle par excellence de chaque chrétien. Et avec une grande rhétorique c’est toujours le grand docteur africain, Saint Augustin qui nous le dit : « l’homme, que nous pouvions voir, il ne fallait pas le suivre (car sa nature était corrompue par le péché originel); il fallait suivre Dieu, mais, à Lui nous ne pouvions pas Le voir. C’est donc pour donner à l’homme un modèle visible à l’homme et que l’homme pouvait suivre, que Dieu s’est fait homme. »

Et la dernière raison pour nous attirer vers le bien c’est parce que l’homme devait entrer en contact avec Dieu ; le lien détruit par le péché, il fallait rétablir l’amitié avec Dieu et la participation à la vie divine, chose que l’on fait pleinement dans le Ciel, mais qui est déjà commencé dans cette vie par la grâce, car nous sommes unis à Dieu par la grâce. Alors cela est une grâce aussi de la ‘Incarnation du Fils de Dieu ; en prenant notre nature, Il a fait comme un pont entre Dieu et nous.

L’Incarnation est aussi utile pour nous éloigner du mal : soit nous éloigner de son auteur, le démon, un ange déchu, parce que son orgueil est vaincu lorsque Dieu a pris une nature inférieure à celle des anges. Par ce mystère nous découvrons aussi toute la dignité de la nature humaine, et qu’il ne faut pas la souiller par le péché.

Saint Léon nous le dit avec ces belles paroles : « Chrétien, reconnais ta dignité et, après avoir été uni à la nature divine, ne va pas, par une conduite honteuse, retourner à ton ancienne bassesse. «  (pensons à cela lorsque nous sommes tenté de faire un péché).

 Finalement, penser et méditer sur la venue de Jésus-Christ dans ce monde nous sert pour combattre notre présomption (Dieu se fait homme sans aucun mérite de notre part). Notre orgueil qui est le plus grand obstacle à l’union avec Dieu, peut être réfuté et guéri par cette grande humilité de Dieu.

Comme conclusion, écoutons encore le pape Saint Léon qui nous résume tout ce que nous avons dit avec quelques mots: “Si le Christ n’avait pas été vrai Dieu, Il n’aurait pas pu apporter le remède, et s’il n’avait pas été vrai homme, Il ne nous aurait pas offert un modèle en Lui.

Que la Vierge Marie nous donne la grâce d’entrer dans ce mystère de Noël avec notre cœur et de nous remplir de joie par sa contemplation.

P. Luis Martinez V. E.

Institut du Verbe Incarné