Lire l’évangile du dimanche XXX (Mc. 10, 46 b-52)
Le texte de l’évangile de ce dimanche commence en mentionnant que Jésus sortait de Jéricho. Le chemin habituel vers Jérusalem passait par Jéricho, et beaucoup de juifs se dirigeaient vers la Ville Sainte afin d’y célébrer la Pâque, la dernière dans la vie de Notre Seigneur.
Il est intéressant de lire le commentaire de saint Grégoire le grand à cet épisode de l’évangile, il dit «C’est très justement l’humanité qui est représentée par cet aveugle, assis au bord du chemin et mendiant, car la Vérité dit d’elle-même : « Je suis le chemin » (Jn 14,6). Celui qui ne connait pas l’éclat de la lumière éternelle est bien un aveugle, mais s’il commence à croire au Rédempteur, alors il est « assis au bord du chemin ».Si, tout en croyant en lui, il néglige d’implorer le don de la lumière éternelle, s’il refuse de le prier, il reste un aveugle au bord du chemin ; il ne se fait pas « demandeur »… Que tout homme qui reconnaît les ténèbres qui font de lui un aveugle, que tout homme qui comprend que la lumière éternelle lui manque, qu’il crie du fond de son cœur, qu’il crie de tout son esprit : « Jésus, fils de David, aie pitié de moi. » » (Homélie 2 sur l’Evangile)
Selon un commentateur, cet aveugle Bartimée, fils de Timée, réalise tous les actes appelés actes préparatifs et les actes propres du don de la foi.
- Il a recherché la foi, ou plutôt l’objet de sa foi : il demande pourquoi les gens étaient agités, cf. Lc. 18,36).
- Il s’est instruit : on lui dit que c’est Jésus.
- Il l’a confessée : il donne un nom différent à Jésus : Fils de David, et croit dans son pourvoir pour le guérir.
- Et, finalement il a montré sa foi par les œuvres : il bondit laissant le manteau et s’approche du Seigneur.
La foi
Le bienheureux Columba Marmion dit que la foi est la première disposition de celui qui veut suivre le Christ. C’est ce que nous avons vu dans l’évangile d’aujourd’hui.
Mais nous avons besoin d’avoir une idée précise de la foi. Qu’est-ce que ce que la foi ?
La foi est d’abord une adhésion personnelle de l’homme à Dieu ; elle est en même temps, et inséparablement, l’assentiment libre à toute la vérité que Dieu a révélé. Ce n’est pas à une créature, c’est directement à Dieu que nous nous adhérons par la foi et à qui croyons ce qu’Il nous révèle (cf. Catéchisme de l’Eglise Catholique- C.E.C. 150).
Il y a un élément qui est très important lorsqu’on parle de la foi, c’est la liberté (C.E.C. 160). Pour être humaine, la réponse de la foi donnée par l’homme à Dieu doit être volontaire ; en conséquence, personne ne doit être contraint à embrasser la foi malgré soi. Dieu, certes, appelle l’homme à le servir en esprit et vérité ; si cet appel oblige l’homme en conscience, il ne le contraint pas.
Le Christ a invité à la foi et à la conversion, mais Il n’a pas exigé par la force de suivre son évangile. Il a rendu témoignage à la vérité, mais il n’a pas voulu l’imposer par la force à ses contradicteurs. Son royaume s’étend grâce à l’amour par lequel le Christ, élevé sur la croix, attire à lui tous les hommes ” (cf. C.E.C. 160).
Nous le voyons dans la façon d’agir de notre aveugle, il commence à appeler le Seigneur et même si les gens le rabrouaient pour le faire taire, il dépassera ces obstacles pour aller vers le Seigneur.
Deux gestes encore mettent en évidence sa foi et nous dévoilent aussi la disposition intérieure et nécessaire pour accueillir la foi. Le premier, saint Marc nous dit que Bartimée jette son manteau, nous pouvons dire que pour un mendiant aveugle comme lui, le manteau était toute sa richesse et son monde ; mais il n’a pas peur de le laisser parce que cela pourrait être un obstacle pour aller vers Jésus. Le deuxième acte c’est le fait de bondir, qui montre que sa réponse est diligente et rapide et en même temps joyeuse.
Nous le répétons encore aujourd’hui, dans ces derniers chapitres de l’évangile le Christ marche vers la Passion, et cet aveugle suivait Jésus sur le chemin, ce verbe conjugué à l’imparfait signifie une action prolongée dans le temps.
Alors, nous devons dire que l’aveugle n’a pas eu la foi par ces seules forces. C’est Dieu celui qui a agi dans son cœur, Dieu est venu en aide ; l’homme par ses seules forces ne peut faire aucun acte surnaturelle sans l’assistance divine. « C’est l’Esprit Saint qui révèle aux hommes qui est Jésus. Car ” nul ne peut dire : ‘Jésus est Seigneur’, que sous l’action de l’Esprit Saint ” (1 Co 12, 3) » (C.E.C. 152).
Il s’agit donc d’une double action, la première et la plus importante de la part de Dieu, la seconde de la part de l’homme :
La foi est une grâce. La foi est un don de Dieu, une vertu surnaturelle induite par Lui. ” Pour prêter cette foi, l’homme a besoin de la grâce prévenante et aidante de Dieu, ainsi que des secours intérieurs du Saint-Esprit. Celui-ci touche le cœur et le tourne vers Dieu, ouvre les yeux de l’esprit et donne à tous la douceur de consentir et de croire à la vérité’ ” (DV 5) (C.E.C. 153).
La foi est en même temps un acte humain : Croire est aussi un acte authentiquement humain. Il n’est contraire ni à la liberté ni à l’intelligence de l’homme de faire confiance à Dieu et d’adhérer aux vérités par lui révélées.Dans la foi, l’intelligence et la volonté humaines coopèrent avec la grâce divine : ” Croire est un acte de l’intelligence adhérant à la vérité divine sous le commandement de la volonté mue par Dieu au moyen de la grâce ” (S. Thomas d’A., s. th. 2-2, 2, 9 ; cf. Cc. Vatican I : DS 3010). C’est pour cette raison que le Seigneur dit à l’aveugle : « Ta foi t’a sauvé », ce que le Seigneur indique avec ces mots c’est donc l’élément humain, parce que c’est ce dernier qui peut faire défaut ; tandis que de la part de Dieu, nous savons qu’Il veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la Vérité (1 Tim.2,4).
Il faut remarquer en plus que le Seigneur lui dit « ta foi t’as sauvé » et il n’est dit pas « guéri », il enseigne ainsi le sens profond de ce qui arrive à l’aveugle : « il est guéri de corps et d’âme » (Saint Grégoire le Grand), en effet la meilleure guérison que Dieu lui a donnée, le grand miracle c’est de lui donner la foi.
Pour finir, on trouve dans ce passage de l’évangile un grand exemple pour notre vie de chrétiens, cet aveugle doit être pour nous un modèle. Il faut protéger notre foi, la faire grandir, la défendre et lutter pour la garder ; apprenons cela voyant la façon dont Bartimée avançait pour trouver Jésus bien que les gens l’aient empêché de le faire. Il ne faut jamais cesser de combattre pour conserver notre foi, comme le dit l’apôtre saint Paul à Timothée :Voici la consigne que je te transmets : livre la bonne bataille, en gardant la foi et une conscience droite ; pour avoir abandonné cette droiture, certains ont connu le naufrage de leur foi.
Mais l’aveugle a fait encore un autre pas dans la vie de la foi : il a suivi le Christ. « Voir et suivre, c’est faire ce qu’on a compris comme bien. Tandis que voir, mais ne pas suivre, c’est comprendre ce qui est bien, mais négliger de le faire. Ce Jésus que nous voyons par l’esprit, suivons-le par nos œuvres. Regardons bien par où il passe, le Seigneur, et mettons nos pas dans les siens en l’imitant. Car suivre Jésus, c’est l’imiter. Demandons cette grâce à Marie.
P. Luis Martinez
Institut du Verbe Incarné