C’est pour nous qu’Il a souffert – Les souffrances du Christ en sa Passion

Homélie pour le Dimanche de la Passion

Nous commençons la Semaine Sainte, en proclamant l’évangile de la Passion du Seigneur, la liturgie nous aide à résumer dans les deux évangiles que nous avons énoncés tout ce qu’étaient les derniers jours de la vie terrestre du Christ. Le récit de la Passion finit évidement avec la mort du Seigneur et la mise en tombeau de son Corps Divin ; par-là, l’évangile nous fait penser déjà à la nuit de Pâques.

Il est impossible pour nous, écoutant les paroles de la Passion, de ne pas nous imaginer la douleur endurée par Jésus, ses souffrances et la cruauté de sa mort.

Saint Thomas d’Aquin l’exprime très bien lorsqu’il dit que Notre Seigneur a souffert dans tout ce qui peut faire souffrir un homme, dans son corps et dans son âme. Le Christ a souffert dans ses amis qui l’ont abandonné ; dans sa réputation par les blasphèmes proférés contre lui ; dans son honneur et dans sa gloire par les moqueries et les affronts qu’il a dû supporter ; dans ses biens lorsqu’il fut dépouillé de ses vêtements ; dans son âme par la tristesse, le dégoût et la peur (la crainte qu’il avait de tous les supplices qu’il devait supporter avant sa mort et la mort même) ; dans son corps par les blessures et les coups.

Impossible de décrire toute sa douleur, nous pouvons seulement nous en approcher avec quelques descriptions sommaires, laissant sa profondeur couverte par le voile du mystère. Nous allons nous inspirer de l’évangile et aussi de ce qui a été découvert à travers les nombreuses études du Saint Suaire, cette précieuse relique dont le Corps du Seigneur a été recouvert du vendredi saint jusqu’au moment de sa résurrection, ce Saint Linceul qui se trouve actuellement à Turin en Italie.

Nous parlerons aujourd’hui surtout des souffrances infligées sur son Corps. On peut dire que le Christ a supporté la douleur dans tous les membres de son corps.

Avant sa crucifixion, le Seigneur a tout d’abord souffert dans son Agonie, là il a sué du Sang comme le décrit saint Luc, et cela est un phénomène pathologique appelé hématidrose, causé par un épuisement physique accompagné d’un trouble moral, conséquence aussi d’une émotion profonde et d’une peur atroce. Il est à noter que cette hémorragie microscopique se déroule sur toute la peau, qui reste donc toute lésée, douloureuse et très sensible aux coups.

Après son arrestation, le Christ a été maltraité tout d’abord par les soldats des chefs religieux et en suite par les soldats romains, depuis la nuit du jeudi saint jusqu’à sa crucifixion.

Il a souffert au visage les soufflets, les crachats et, sur tout le corps, la flagellation ; il a aussi enduré à la tête les blessures de la couronne d’épines.

Durant le premier jugement, le jugement « religieux », l’évangile de Jean nous dit (Jn 18, 19-23) que l’un des gardes, qui était à côté de Jésus, lui donna une gifle…”. En vérité, c’est vraiment un “coup de bâton” qui a brisé le cartilage du nez et déformé la joue droite du Christ. Bien que les Evangiles actuels traduisent ce coup comme une gifle, le plus précis et correct est ce qu’affirme l’apôtre Saint Jean (témoin direct de l’épisode), qui utilise le mot « rapisma », qui signifie coup avec une canne. Rapis signifie canne et rapitzo signifie châtier. Selon les études faites sur le saint Suaire, Notre Seigneur a aussi subi l’humiliation de se faire arracher la barbe. Ce tourment n’est pas mentionné par les évangélistes, mais le prophète Isaïe l’a vu: «J’ai offert mon dos à ceux qui m’ont blessé et mes joues à ceux qui m’ont arraché la barbe. Et je n’ai pas caché mon visage aux insultes et aux crachats »(Is 50, 6).

Mais, les souffrances continueront avec les soldats romains, une fois que le Seigneur a été jugé par Pilate et avant d’aller au Golgotha, son Corps sera encore humilié par des coups et surtout par la flagellation et le couronnement d’épines.

Le flagrum était un fouet à manche courte portant plusieurs lanières épaisses (généralement de 2 jusqu’a 7), munies à quelque distance de leurs extrémités de balles de plomb, d’os de mouton aiguisés et de bouts de métal tranchants.

Selon le Saint Suaire, les coups de fouet couvrent tout son corps, le dos, la région glutéale, les jambes, une partie de la poitrine, le ventre … sans pratiquement aucun espace entre les coups, mais presque jamais en frappant deux fois au même endroit. Une seule partie a été épargnée : la partie de la poitrine qui recouvre le cœur car ils voulaient éviter la mort du condamné.

Par rapport au couronnement d’épines, il s’agissait d’une sorte de casque mis sur la Tête du Seigneur, qu’il a dû porter après jusqu’à la croix. Elle a été mise et enfoncée avec l’aide d’une canne, ce qui provoqué l’ouverture de certains vaisseaux sanguins, on compte au moins environ 50 épines qui le torturent.

Après la condamnation définitive à mort, Jésus doit encore porter lui-même sa croix. Selon l’habitude des romains avec les crucifiés, Jésus porte sur ses épaules le « patibulum », seulement le bois horizontal dont le poids serait pourtant d’environ 60 Kg, il est probable aussi que ses mains y étaient attachées. Le Suaire révèle que le visage de Jésus heurta violemment le sol, dans notre chemin de croix nous relevons trois chutes avec sa croix.

Arrivé au Golgotha, il sera violemment dépouillé de ses vêtements. La tunique était certainement collée aux plaies par le sang coagulé. La douleur était encore une fois atroce.

Le Christ a souffert aussi le percement des mains et des pieds par les clous dont l’épaisseur devait être d’environ 7 mm et la longueur d’environ 15 cm.

Saint Thomas nous apprend : La douleur sensible a atteint au paroxysme, soit en raison de tous les genres de souffrances qu’il a subies, soit aussi en raison du mode de la passion ; car la mort des crucifiés est la plus cruelle : ils sont en effet cloués à des endroits très innervés et extrêmement sensibles, les mains et les pieds. De plus le poids du corps augmente continuellement cette douleur ; et à tout cela s’ajoute la longue durée du supplice, car les crucifiés ne meurent pas immédiatement.

En effet, les clous des mains touchaient des nerfs très importants du corps, car ils transmettaient la douleur dans tout le corps, ce qui conduisait les crucifiés à s’évanouir, mais Notre Seigneur a voulu continuer en toute conscience jusqu’à rendre l’Esprit.

Saint Thomas résume : « De plus le Seigneur a souffert par tous ses sens corporels : par le toucher quand il a été flagellé et cloué à la croix ; par le goût quand on lui a présenté du fiel et du vinaigre ; par l’odorat quand il fut suspendu au gibet en ce lieu, appelé Calvaire, rendu fétide par les cadavres des suppliciés ; par l’ouïe, lorsque ses oreilles furent assaillies de blasphèmes et de railleries ; et enfin par la vue, quand il vit pleurer sa mère et le disciple qu’il aimait. »

Enfin, ce mode de crucifixion ne permet pas de respirer normalement, de façon que le Seigneur fut obligé de se pousser vers le haut en appuyant ses pieds sur le même clou et de se soulager avec ses mains. Puis il s’effondrait lorsque la douleur de s’appuyer sur les nerfs de ses pieds devenait insupportable

Nous devons dire que toute cette douleur augmentait en lui en raison de son innocence,  tant il saisissait combien ce qu’il souffrait était injuste. 

Il est pourtant une seule blessure infligée en son Corps que le Christ n’a pas ressentie avec son âme, c’est la lance qui a percé son côté et ouvert son corps. C’est vrai qu’il n’a pas souffert cela consciemment, mais comme Jésus l’a révélé à sainte Thérèse d’Avila, c’est sa Mère, la très Sainte Vierge Marie qui l’a souffert à sa place. A elle nous demandons la grâce de participer avec ferveur et amour de ce temps de Passion.

P. Luis Martinez IVE.

Saint Joseph, notre avocat et protecteur

Saint Bernardin de Sienne dans son sermon[1] sur saint Joseph déclarait : C’est une loi générale, dans la communication de grâces particulières à une créature raisonnable : lorsque la bonté divine choisit quelqu’un pour une grâce singulière ou pour un état sublime, elle lui donne tous les charismes nécessaires à sa personne ainsi qu’à sa fonction[2], et qui la décorent à profusion. Cela s’est tout à fait vérifié chez saint Joseph. Car tel était le terrain que la grâce avait trouvé dans l’âme de Joseph et qui portât des fruits abondants en vertus qui ornaient son âme.

Pour cette raison, saint Joseph est un modèle de vertu : homme juste, obéissant, magnanime, fidèle, humble, pauvre, saint époux, père exemplaire, amoureux du silence, travailleur, généreux, doté d’un grand esprit de sacrifice. … et bien plus encore, mais ce qui ressort le plus, c’est la pureté et la chasteté. Dieu avait non seulement choisi une vierge comme Mère de son Fils unique, mais il était également très convenable que son père soit aussi pur et chaste.

Certains peuvent se demander pourquoi nous avons une dévotion si particulière à Saint Joseph. Et la réponse nous est donnée par saint Bernardin de Sienne « Si donc toute la sainte Église est débitrice envers la Vierge Marie parce que c’est par elle qu’elle a pu recevoir le Christ, après elle, c’est à saint Joseph qu’elle doit une reconnaissance et un respect sans pareil. »[3], puisque la même liturgie le place immédiatement après la Vierge Marie, en plus saint Joseph est un membre éminent de l’Église du Christ, il est un modèle de vertu, il est le patron de l’Église universelle, il est le patron de la bonne mort, il est l’époux de Marie, il est le Père du Verbe Incarné, le Rédempteur lui-même a été soumis à ses soins, mais nous avons surtout une dévotion particulière pour son intercession très efficace, ce dont nous en avons fait l’expérience à plusieurs reprises.

Sainte Thérèse nous donne le témoignage du soin et de la puissante intercession de saint Joseph : « Je pris pour avocat et pour protecteur le glorieux saint Joseph et je me recommandai instamment à lui. Son secours éclata d’une manière visible. Ce père et protecteur de mon âme me tira de l’état où languissait mon corps, comme il m’a arrachée à des périls plus grands d’un autre genre, qui menaçaient mon honneur et mon salut éternel. Je ne me souviens pas de lui avoir jamais rien demandé, jusqu’à ce jour, qu’il ne me l’ait accordé. Notre-Seigneur veut nous faire entendre par là que, de même qu’il lui fut soumis sur cette terre, reconnaissant en lui l’autorité d’un père et d’un gouverneur, de même il se plaît encore à faire sa volonté dans le ciel, en exauçant toutes ses demandes … Déjà, depuis plusieurs années, je lui demande le jour de sa fête une faveur particulière, et j’ai toujours vu mes désirs accomplis. Lorsque ma prière s’écarte tant soit peu du but de la gloire divine, il la redresse afin de m’en faire retirer un plus grand bien. »[4]

Tout comme Dieu a veillé à ce que son Fils ait les meilleurs parents, tous deux chastes, il a également voulu que son Fils ait une femme chaste pour épouse, comme l’est toute femme consacrée. Et toute religieuse choisie par et avec un amour singulier pour être l’épouse du Verbe incarné, à l’imitation de saint Joseph, doit se consacrer entièrement à ses soins, c’est-à-dire chercher à lui plaire en faisant sa très sainte volonté et en étant des mères spirituelles pour ses enfants.

« Rappelant que Dieu, à l’aube des temps nouveaux, a confié à saint Joseph la garde des mystères du salut, elle lui demande de lui accorder de collaborer fidèlement à l’œuvre du salut, de lui donner un cœur pur », comme saint Joseph, qui s’est donné entièrement au service du Verbe Incarné, et que « par l’exemple et l’intercession de saint Joseph, serviteur fidèle et obéissant, nous puissions toujours vivre consacrés dans la justice et la sainteté ».[5]

La strophe d’un hymne en espagnol à saint Joseph dit :

Gardien de Jésus dans sa divine enfance,

protège la vie de grâce dans l’enfance.

Chantons Joseph, gardien de notre foi,

le même Rédempteur, pour Père l’a choisi.

Saint Joseph est celui à qui Dieu « a confié la garde de ses trésors les plus précieux »[6], qu’il vous protège par ses soins infatigables.

+ P. Carlos Miguel Buela.

Fondateur de la Famille Religieuse du Verbe Incarné.

Sermon aux sœurs Servantes du Seigneur et de la Vierge de Matara.


[1] Saint Bernardin de Sienne, Sermon 2, opéra 7, 16. 27-30.

[2] Ce principe est tiré de saint Thomas d’Aquin.

[3] Idem.

[4] Sainte Thérèse d’Ávila, Livre de la Vie, cap.6.

[5] Jean-Paul II, Exhortation apostolique « Redemptoris Custos », 31.

[6] Jean-Paul II, Exhortation apostolique « Redemptoris Custos », 1.