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SAINT CHARLES DE FOUCAULD

Mémoire

Du commun des pasteurs avec psalmodie du jour.

OFFICE DES LECTURES

2ème lecture
DES MEDITATIONS DE SAINT CHARLES DE FOUCAULD
(La bonté de Dieu, méditation 234)

Le Seigneur nous aide dans le moment présent .

« Quand on vous traduira en jugement, ne cherchez pas d’avance ce que vous répondrez… l’Esprit-Saint Lui-même parlera par votre bouche. » (Mc. 12/32 – 13/11).

Que vous êtes bon, mon Dieu ! Vous qui en tout instant, en toutes circonstances de leur vie, donnez toujours à Vos serviteurs tout ce qui leur faut pour accomplir pleinement la mission que Vous leur donnez.

[…] Dieu nous donnera à toute heure ce qu’il faut pour remplir toute mission qu’Il lui plaira de nous donner… Il nous le donnera surnaturellement, sans nulle préparation de notre part, si cela Lui plaît, comme Il le fit pour ses grands apôtres Pierre et Paul, mes Pères bien-aimés, dont c’est aujourd’hui la fête (saint Paul n’apprit l’Evangile d’aucun homme : lorsque Jésus voulut le lui faire prêcher, Il le lui révéla… Que ne révèle-t-il pas soit à Pierre, soit à Paul !… Il éclaire toute âme comme Il veut, quand Il veut, aussi rapidement, aussi complètement, aussi définitivement qu’il veut)…

Ou bien Il nous le donnera en nous faisant coopérer par notre travail à Sa grâce, et alors Lui-même nous dira à quel moment précis, de quelle manière précise, il faut accomplir ces travaux préparatoires… C’est à Lui à nous y appeler à l’heure où il veut que nous nous y livrions, comme c’est à Lui à nous donner telle ou telle mission à l’heure où il veut que nous l’entreprenions… Nous n’avons qu’à obéir à tout instant, en faisant à tout instant ce qu’il commande dans l’instant présent…

Qu’est-ce qu’il nous commande dans le moment présent ? – « Qui vous écoute, m’écoute », c’est notre directeur spirituel, représentant de Dieu à notre égard, qui nous le dira à tout instant : lorsque, pour quelque raison indépendante de notre volonté, nous ne pouvons avoir, bien que nous fassions tous nos efforts pour cela, la réponse de notre directeur, l’Esprit-Saint, voyant notre soumission et notre bonne volonté, ne nous laissera pas offenser Dieu, et nous guidera, jusqu’à ce que nous puissions avoir l’avis de notre directeur, par d’autres moyens (soit par les évènements, soit par l’Evangile, soit par la raison éclairée par la foi, soit par les nombreux moyens qu’Il a à sa disposition)…

Nous donc, ne nous inquiétons jamais de l’avenir, confions-le entièrement à Dieu, occupons-nous uniquement de faire avec la plus grande perfection possible ce que Dieu nous donne à faire dans le moment présent.

R/ Nous voudrions vous donner non seulement l’Evangile de Dieu, mais tout ce que nous sommes* car vous nous êtes devenus très chers.
V/ Mes petits enfants, vous que j’enfante à nouveau jusqu’à ce que le Christ soit formé en vous. * Car vous nous êtes devenus très chers.

Oraison:

Dieu notre Père, tu as appelé Saint Charles de Foucauld à vivre de ton amour dans l’intimité de ton Fils, Jésus de Nazareth.
Accorde-nous de trouver dans l’Evangile, le fondement d’une vie chrétienne de plus en plus rayonnante, et dans l’Eucharistie, la source d’une fraternité universelle. Par Jésus-Christ …

Il a été le moine sans monastère, le maître sans disciple, le pénitent…

(Après la mort de Charles de Foucauld) Les assassins passent la nuit à piller l’habitation du Père, à boire et à manger. Ils discutent sur ce qu’ils allaient faire de son corps, qui finit par être abandonné sans avoir été mutilé ; puis ils quittent à midi Tamanrasset, emportant leur butin, après avoir tué encore l’homme de liaison qui venait apporter le courrier de Fort-Motylinski.

Lorsque les gens du rezzou se furent retirés, du côté de Debnat (ouest de Fort-Motylinski), les corps des victimes ne restèrent pas longtemps abandonnés. Les harratin, n’ayant plus peur, s’approchèrent et inhumèrent les victimes dans le fossé du fortin, à quelques mètres de l’endroit où était tombé le Père de Foucauld. Le corps de celui-ci ne fut pas débarrassé des liens qui tenaient les bras attachés, mais après l’avoir déposé dans la fosse, les harratin, qui savaient que les chrétiens mettent les morts dans un cercueil, disposèrent autour du cadavre des pierres, des feuilles de papier et des fragments de caisses en bois. Puis ils murèrent la porte du fortin.

La première chose que fit le capitaine de la Roche, commandant du secteur du Hoggar, fut de se lancer à la poursuite de la bande des Fellagas. Le rezzou fut « accroché » le 17 décembre, et perdit plusieurs hommes. Ce ne fut que le 21 décembre que le capitaine put se rendre à Tamanrasset, accompagné d’un sergent et d’un soldat. Dès son arrivée, il alla reconnaître les tombes, fit augmenter la couche de terre qui recouvrait les corps ; sur la tombe du Père, planta une croix de bois ; puis à ces morts pour la France, il fit rendre les honneurs militaires. Alors seulement l’officier pénétra dans l’ermitage fortifié.

Tout était bouleversé. On retrouva pourtant quelques objets du culte ou objets de piété, les quatre volumes du dictionnaire tamacheq et les deux volumes de poésies touarègues, des lettres écrites le 1er décembre, cachetées et timbrées, divers objets de campement.

Parmi les souvenirs pieux on retrouva le chapelet de l’ermite, un chemin de croix très finement dessiné, une croix de bois portant aussi l’image dessinée et très belle du corps du Christ. En remuant du pied le sol où toutes sortes d’objets avaient été jetés, le capitaine de la Roche découvrit, dans le sable, un tout petit ostensoir où paraissait être encore enfermée l’Hostie sainte. Il le ramassa avec respect, l’essuya, et l’enveloppa dans un linge. « J’étais bien ennuyé, racontait-il plus tard, car je sentais bien que ce n’était pas à moi de porter ainsi le bon Dieu. » Lorsque l’heure fut venue de quitter Tamanrasset, il prit le petit ostensoir, le mit devant lui, sur la selle de son méhari, et fit ainsi les 50 kilomètres qui séparent Tamanrasset de Fort-Motylinski : ce fut, dans le Sahara, la première procession du Saint-Sacrement. Arrivé au poste, son embarras fut grand. M. de la Roche s’était souvenu en chemin d’une conversation qu’il avait eue un jour avec le Père de Foucauld. Comme il lui disait : « Vous avez la permission de garder le Saint- Sacrement, mais, s’il vous arrivait malheur, que faudrait-il faire ? » Le Père avait répondu : « Il y a deux solutions ; faire un acte de contrition parfaite, et vous communier vous-même, ou bien envoyer par la poste l’Hostie consacrée aux Pères Blancs. » Il ne pouvait se résoudre à ce second parti. Ayant alors appelé un sous-officier du poste, ancien séminariste et demeuré chrétien fervent, M. de la Roche tint conseil avec lui. Il leur parût meilleur que l’un d’eux se communiât lui-même. L’officier « mit des gants blancs qui ne lui avaient jamais servi » pour ouvrir la custode de l’ostensoir, et s’assurer qu’il ne s’était pas trompé, que l’hostie y reposait. Elle était bien là, telle que le prêtre l’avait consacrée et adorée. Les deux jeunes gens se demandèrent l’un à l’autre ; « Est-ce vous qui la recevrez ? Est-ce moi ? » Puis le sous-officier s’agenouilla, et se communia.

Dépouille mortelle de Charles de Foucauld

Je ne retiendrai qu’un témoignage de respect et d’admiration parmi ceux qui furent adressés à la famille du Père de Foucauld. Le voici :

Lettre de Moussa ag Amastane à Madame de Blic.

« Louange à Dieu unique (13 décembre 1916).

« A la Seigneurie de notre amie Marie, la sœur de Charles, notre marabout, que les traîtres et trompeurs, les gens d’Azdjer, ont assassiné… Dès que j’ai appris la mort de notre ami, votre frère Charles, mes yeux se sont fermés, tout est sombre pour moi ; j’ai pleuré et j’ai versé beaucoup de larmes, et je suis en grand deuil…

« S’il plaît à Dieu, les gens qui ont tué le marabout, nous les tuerons jusqu’à ce que nous ayons accompli notre vengeance.

« Donnez le bonjour de ma part à vos filles, votre mari et tous vos amis, et dites-leur : Charles le marabout n’est pas mort que pour vous autres seuls, il est mort aussi pour nous tous. Que Dieu lui donne la miséricorde, et que nous nous rencontrions avec lui au paradis. »

Une année après, le grand ami du Père, le général Laperrine, passa dans le Hoggar. Quelques semaines plus tard, il écrivait, de Tombouctou, à Mme de Blic :

« Je suis passé à Tamanrasset le 9 décembre 1917. J’ai estimé que l’on avait pris trop à la lettre les dernières volontés de votre frère, disant qu’il voulait être inhumé où il tomberait, et on l’avait laissé dans la tombe provisoire faite par son serviteur Paul, dans le fossé de la maison, fossé qui avait des chances de se remplir d’eau aux premières pluies.

A mon retour de Motylinski, le 15 décembre, je l’ai fait exhumer et inhumer sur le sommet de la colline où est son bordj, et à 200 mètres environ à l’ouest de celui-ci (cette colline est un simple mouvement de terrain mais isolé au milieu de la plaine et se voyant de très loin). Les trois militaires indigènes tués en même temps que lui, dont deux en essayant de le délivrer, ont été la cause involontaire de sa mort, sont enterrés à ses pieds.

Quand il donnait ainsi à Charles de Foucauld sa sépulture et la plaçait sous le signe de la croix qui seule explique la vie et la mort de l’ermite, le général ne se doutait pas qu’il marquait la place de son propre tombeau. On sait que cet autre grand serviteur du pays, après avoir parcouru tant de fois, à la tête de ses méharistes, le Sahara qu’il avait pacifié, fut amené à tenter la traversée de son royaume par la voie de l’air, en février 1920. L’avion, parti de Tamanrasset et qui devait le porter en peu d’heures dans notre colonie du Sénégal, se perdit et s’abattit dans le désert. Blessé dans la chute, ayant souffert sans se plaindre pendant de longs jours, épuisé par la soif et la faim, Laperrine mourait dans la région d’Anesbérakka, le 6 mars, et son corps, enveloppé dans les toiles de l’avion, chargé sur le dos d’un chameau, reprenait le chemin de Tamanrasset. Il fut inhumé là, près de son ami : le Père de Foucauld l’a retenu au passage.

La dépouille mortelle de Laperrine est toujours à Tamanrasset. Le cœur de son ami de Foucauld, placé dans un coffret, y demeure aussi ; il a été déposé dans le monument élevé à la mémoire du général. Mais son corps a été transporté, en avril 1929, à El-Goléa, par les soins du préfet apostolique de Ghardaïa.

Le souvenir subsistera et s’épandra, de l’homme qui ne chercha point, comme le reste des hommes, une maison commode, défendue contre le froid, le chaud et le passant. On citera le nom de Foucauld parmi ceux des serviteurs de Dieu. Puissent des missionnaires nouveaux hâter l’œuvre d’évangélisation préparée par le cardinal Lavigerie, par les Pères Blancs, par le grand moine fraternel Charles de Foucauld !

Seigneur, votre serviteur a montré la route à ceux qui veulent amener à vous les âmes des musulmans. Il vous a pour eux tant supplié, il a été le moine sans monastère, le maître sans disciple, le pénitent que soutenait, dans la solitude, l’espoir d’un temps qu’il ne devait pas voir. Il est mort à la peine. A cause de lui, ayez pitié d’eux ! Faites part de vos richesses aux pauvres de l’Islam, et pardonnez leur trop longue avarice aux nations baptisées !

FIN

« Le Père de Foucauld »

René BAZIN

Tous les chapitres du libre de sa vie…