Le Seigneur a employé l’expression « qui es aux cieux » pour trois raisons différentes.
- En premier lieu, cette expression a pour objet de nous préparer à la prière, comme nous le commande l’Ecclésiastique (18, 2-3) : Avant la prière, prépare ton âme.
La pensée que notre Père est dans les cieux, c’est-à-dire dans la gloire céleste, nous prépare à lui adresser nos demandes.
Nous faisons souvenir de la promesse du Seigneur à ses Apôtres (Mt 5, 12) : votre récompense sera grande dans les Cieux.
Cette préparation à la prière se réalise par l’imitation des réalités célestes car l’enfant cherche et doit imiter son père.
Nous préparer à la prière, il est nécessaire aussi la contemplation des choses célestes. Les hommes en effet ont l’habitude de diriger leur pensée plus fréquemment vers le lieu où est leur père et où se trouvent les autres êtres objet de leur amour, Seigneur a dit (Mt 6, 21) : Là où est ton trésor, là est aussi ton cœur. C’est pourquoi l’Apôtre écrivait aux Philippiens (l, 20): Notre demeure à nous est dans les cieux.
La préparation à la prière réclame enfin que nous aspirions aux choses célestes. A celui qui est dans les cieux en effet, nous ne devons demander que les choses célestes, suivant ces paroles de saint Paul (Col 3, 1) : Cherchez les choses d’en haut, là ou est le Christ.
- Dans un autre sens, ces paroles peuvent signifier pour nous un avantage pour que Dieu entende notre prière, du fait de sa proximité par rapport à nous. Ces paroles « Notre Père qui es aux cieux » signifie alors : notre Père qui est dans les saints.
Dieu habite dans les saints par la foi. Comme Saint Paul écrit en effet aux Ephésiens (3, 17) : Que le Christ habite dans vos cœurs par la foi. Il habite également dans les saints par la charité. Celui en effet qui demeure dans la charité, dit saint Jean (1 Jean 4, 16), demeure en Dieu et Dieu en lui.
Dieu demeure aussi dans les saints, par l’accomplissement des commandements. Si quelqu’un m’aime, déclare le Seigneur (Jn 14, 23), il gardera ma parole, et nous viendrons à lui, et nous ferons en lui notre demeure.
- Un troisième point à méditer dans cette phrase c’est qu’elle exprime la toute puissance du Père pour nous exaucer.
Dans ce cas, le mot cieux désigne les cieux matériels et visibles ; non que nous voulions signifier que Dieu y soit renfermé, car il est écrit (2 Rois, 18, 27) : Voici que les cieux et les cieux des cieux ne peuvent vous contenir ; mais ces paroles : « qui es dans les cieux » montrent :
- que Dieu, par son regard, est clairvoyant et pénétrant, parce qu’il voit de très haut.
- qu’il est sublime dans son pouvoir, selon cette parole (Ps. 102, 19) : Le Seigneur a disposé son trône dans les cieux ;
- qu’il est stable dans son éternité, selon ces autres paroles (Ps. 101, 13 et 28) : Seigneur, vous demeurez éternellement et vos années n’ont pas de fin.
Saint Thomas d’Aquin
Commentaire au Notre Père
« Sachons donc, mes frères, et n’oublions jamais que, puisque nous appelons Dieu notre Père, nous devons agir comme des enfants de Dieu, afin qu’il se complaise dans ses fils, comme nous nous complaisons dans notre Père. Soyons comme les temples de Dieu, afin qu’il daigne habiter en nous. Que nos actes répondent à la grâce qui nous anime, afin que, voués à une vie toute céleste, nos pensées et nos actions s’élèvent vers le ciel. »
Saint Cyprien.