Que ton Règne vienne! (Première Partie)

Nous savons que l’Esprit-Saint nous fait aimer, désirer et demander ce qu’il convient d’aimer, de désirer, de demander selon notre salut éternel.Ciel

Cet Esprit produit en nous d’abord la craintequi nous amène à rechercher la sanctification du Nom de Dieu.

Il nous accorde aussi  un autre don : le don de piété.

La piété est proprement une affection tendre et dévouée pour un père et aussi pour tout homme plongé dans la misère.

Comme Dieu est bien notre Père, nous devons donc non seulement le vénérer et le craindre, mais aussi nourrir pour lui une affection tendre et délicate.

(C’est cette affection qui nous fait demander l’avènement du règne de Dieu. La grâce de Dieu est apparue…, déclare saint Paul (Tit 11, 11-13), nous enseignant à vivre avec modération, justice et piété dans le temps présent, dans l’attente de la bienheureuse espérance et de l’apparition glorieuse de notre grand Dieu)

Mais on pourrait se poser la question : Le règne de Dieu a toujours existé, pourquoi donc demandons-nous son avènement ?

Cette demande : Que ton règne arrive peut s’entendre de trois manières.

             1- En premier lieu, le règne de Dieu, sous sa forme achevée, suppose la parfaite soumission de toutes choses à Dieu, et cela nous renvoi à la fin des temps.

Il est écrit en effet (l Co 15, 25) : Il faut qu’il déploie son règne, jusqu’à ce qu’il ait placé tous ses ennemis sous ses pieds. Voilà pourquoi nous demandons et nous disons : Que ton règne arrive.

Et par cela, nous demandons trois choses, à savoir :

Que les justes se convertissent, que les méchants (plutôt ceux qui refusent la conversion) soient punis et que la mort soit détruite.

Les hommes sont soumis au Christ de deux manières : Ils le sont, ou bien volontairement, ou bien contre leur volonté.

Alors, Dieu veut que toutes choses soient soumises au Christ, il faudra nécessairement, ou bien que l’homme accomplisse la volonté de Dieu, en se soumettant à ses commandements – ce que font les justes – ou que Dieu réalise sa volonté sur tous ceux qui lui désobéissent, c’est-à-dire sur ses ennemis, en les punissant. Ce qui se produira à la fin du monde, quand il placera tous ses ennemis sous ses pieds (cf. Ps. 109, 1).

Et c’est pourquoi que c’est propre des saints le fait de demander à Dieu la venue de son règne, c’est-à-dire leur totale soumission à sa royauté.

Mais pour les méchants la venue du Seigneur est un signe de punition.

L’arrivée du règne de Dieu, à la fin des temps, sera aussi la destruction de la mort.  (1 Co 15, 26) : La mort, son ennemie, sera détruite en dernier lieu, c’est-à-dire, lors de la résurrection, lorsque, suivant la parole de saint Paul (Phil 3, 21), le Sauveur transformera notre corps de misère pour le rendre semblable à son corps de gloire. 

           2- En deuxième lieu, le règne des cieux désigne la gloire du paradis.

Règne ou bien royaume signifie gouvernement. Un gouvernement atteint son plus haut point d’excellence, lorsque rien ne vient plus faire obstacle à la volonté de celui qui gouverne.

Or la volonté de Dieu est le salut des hommes, car Dieu veut les sauver tous (cf. 1 Tim 2, 4). Quand donc nous demandons à Dieu : Que ton règne arrive, nous le prions de nous faire triompher de ces obstacles pour nous donner part à son royaume céleste et à la gloire du paradis.

Commentaire au Notre Père

Saint Thomas d’Aquin