“La vraie foi est celle qui se traduit et se prouve par les œuvres”

Lire l’évangile du Deuxième dimanche de Pâques (Jn 20, 19-31)

“Rendez grâce au Seigneur, car il est bon, car éternel est son amour !” (Ps 118, 1), avec le refrain du psaume d’aujourd’hui, le pape Saint Jean Paul II commençait son homélie de canonisation de sainte Faustine Kowalska, le 30 avril de l’année 2000, et il le disait en latin, parce qu’en latin le refrain dit « car éternelle est sa Miséricorde ». C’est à partir de cette date que le deuxième dimanche de Pâques a reçu le titre de Dimanche de la Divine Miséricorde, comme le Seigneur l’avait demandé à Sainte Faustine dans une des révélations.

 “Ma Fille, dis que je suis l’Amour et la Miséricorde en personne”, demandera Jésus à Sœur Faustine (Journal, 374) et dans une autre vision, le Seigneur lui a dit : “L’humanité n’aura de paix que lorsqu’elle s’adressera avec confiance à la Divine Miséricorde” (Journal, p. 132).

Demandons en ce dimanche à Dieu qui est Plein de Miséricorde la grâce de la Paix pour notre monde aujourd’hui.

Alors, depuis très tôt dans l’histoire l’Eglise a lu dans ce dimanche qui suit celui de la Résurrection, l’évangile de l’apparition à Saint Thomas, apôtre. Comme nous l’avons entendu, l’évangile est divisé en deux moments, le dimanche même de la Résurrection (lorsque Jésus donne le pouvoir de pardonner les péchés, Il crée à ce moment-là le sacrement de la Miséricorde, le sacrement du Pardon, la confession) mais Thomas n’était pas là.

Huit jours plus tard, nous dit l’évangile (c’est-à-dire aujourd’hui), le Seigneur Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux (avec ces paroles, saint Jean veut dire que Notre Seigneur est apparu subitement au milieu d’eux. Il revient pour confirmer sa résurrection à Thomas, observons que l’apôtre avait dit lorsqu’il est revenu à la maison (peut-être, le même dimanche ou quelques jours plus tard) « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! » ; Notre Seigneur utilisera presque les mêmes paroles « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. ». Cela montre que Jésus était présent spirituellement, évidemment, au moment où Thomas avait dit ces paroles.

Et à ce moment nous avons l’admirable profession de foi de l’apôtre Thomas, qui répondit et dit au Christ : Mon Seigneur et mon Dieu. Ecoutons le commentaire très beau que fait Saint Augustin sur cette scène de l’évangile : « Thomas ne voyait et ne touchait que l’homme, et il confessait le Dieu qu’il ne pouvait ni voir ni toucher ; mais ce qu’il voyait et ce qu’il touchait le conduisait à croire d’une foi certaine ce dont il avait douté jusqu’alors»

L’apôtre croit désormais à ce que l’Eglise (les apôtres réunis au Cénacle) lui avait annoncé : le Christ est ressuscité, il croit et confesse que Jésus est Dieu. L’incrédulité s’efface de son esprit et il devient croyant par la grâce de Dieu et la Miséricorde de Jésus qui a voulu accomplir sa demande.

Le doute de foi de saint Thomas nous aide dans notre foi, le manque de foi de Thomas vient pour affermir notre foi. Et pour cela nous allons parler aujourd’hui de moyens pour protéger notre foi et des tentations déguisées en doutes qui viennent parfois troubler notre esprit.

Tout d’abord nous avons dit que la foi est une grâce, ou bien théologiquement parlant, la foi est une vertu théologale (avec la charité et l’espérance) infusée par Dieu dans notre intelligence à travers laquelle nous donnons notre ferme assentiment aux vérités divines révélées par l’autorité ou le témoignage du même Dieu.

Lorsque Dieu nous accorde en son amour le don de la foi, Il nous révèle sa vie intime et les grands mystères de la grâce et de la gloire, et nous fait voir les choses pour ainsi dire, d’un point de vue divin, comme Lui-même les voit.

Alors, comment protéger ce don que nous avons reçu ? Et tout en le protégeant, comment grandir dans notre foi ?

Saint Paul dit dans la lettre aux éphésiens (2,8): C’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, et par le moyen de la foi. Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Et c’est une première vérité dont nous devons être conscients, notre foi nous a été donnée gratuitement, elle est un cadeau et pour cela nous devons constamment demander au Seigneur de l’augmenter comme cette belle prière que nous trouvons dans les évangiles, c’est le père d’un enfant possédé qui s’adressait au Seigneur (Marc 9,23): « Je crois ! Viens au secours de mon manque de foi ! »

Deuxième moyen pour protéger notre foi c’est de refuser toute attaque contre elle. Et cela peut avoir trois causes :

  • La première peut venir d’une suggestion diabolique, qui vient souvent troubler notre esprit par des tentations parfois très subtiles, pour ne pas tomber dans son jeu la meilleure solution c’est ne pas entrer en dialogue avec lui.
  • Mais les attaques peuvent aussi venir du monde avec ses critères antichrétiens ou qui vont contre Dieu même, et cela peut arriver à travers les médias et les lectures qui viennent pour souiller le trésor de notre foi ; contre cela nous devons être toujours bien attentifs, ne pas donner du crédit à n’importe quelle nouvelle, savoir discerner et fuir de ce qui tache l’image de Dieu et de son Eglise.
  • Et le troisième ennemi de la foi c’est l’orgueil intellectuel qui se traduit malheureusement dans la « divinisation » de notre propre opinion, de notre point de vue. Des gens qui disent par exemple : « l’Eglise commande ceci, cela, mais je crois qu’elle devrait plutôt changer, s’adapter, se moderniser ». saint Pierre dit dans sa première lettre (5,5) que Dieu s’oppose aux orgueilleux, aux humbles il accorde sa grâce.

Troisième grand moyen pour grandir dans la foi c’est évidemment la formation doctrinale que nous devons toujours approfondir en ce qui concerne les vérités de notre foi. Notre religion ne se limite pas seulement aux actes de dévotion (ce qui est très bien) ou à la messe du dimanche ; nous avons la grande responsabilité d’enrichir notre foi dans ses vérités, de connaître un peu plus de la vie de l’Eglise, de la vie des saints qui ont vécu l’amitié de Dieu, de l’histoire de notre Eglise et de la culture religieuse (tout ce que les hommes ont fait au long de l’histoire pour Dieu et pour Jésus-Christ), comment la foi chrétienne a été l’origine du développement des nations, etc.

Un autre moyen spirituel est de nous habituer à faire des actes de foi dans notre vie quotidienne, comme nous le faisons chaque dimanche dans le credo, nous devons répéter souvent dans notre cœur les grandes vérités : « je crois en Dieu, créateur », « je crois en Jésus-Christ Fils de Dieu », je crois en l’Eglise » ; ou faire nôtre la prière des apôtres (Lc. 17,5) : « Augmente en nous la foi ! ».

Nous savons que le juste, le saint vit de la foi (Rom. 1,17) et cela touche à des âmes qui avancent dans la vie de grâce, ces âmes plus avancées que Dieu invite à Le voir et Le découvrir. Présent à chaque instant de leur vie, dans les bons moments et aussi les difficiles, savoir découvrir sa Présence est un acte de foi, comme aussi de voir tous les évènement et toutes les situations de la vie avec les yeux de Dieu, cela signifie avoir un regard de foi en tout et partout, voir tout en relation à la vie éternelle, en rapport à l’éternité.

Et par rapport aux doutes de la foi ? Comment savoir les distinguer ? Comment les combattre ?

Nous en avons déjà parlé, mais rappelons ce que nous apprend le Catéchisme de l’Eglise Catholique, il évoque sur ce sujet le commentaire du premier commandement : “Notre devoir à l’égard de Dieu est de croire en Lui et de Lui rendre témoignage. Le premier commandement nous demande de nourrir et de garder avec prudence et vigilance notre foi et de rejeter tout ce qui s’oppose à elle. Il y a diverses manières de pécher contre la foi (parmi elles nous avons) :

Le doute volontaire portant sur la foi néglige ou refuse de tenir pour vrai ce que Dieu a révélé et ce que l’Église propose de croire. Mais il existe aussi le doute involontaire qui désigne l’hésitation à croire, la difficulté de surmonter les objections liées à la foi ou encore l’anxiété suscitée par l’obscurité de celle-ci. S’il est délibérément cultivé, le doute peut conduire à l’aveuglement de l’esprit.

Un prêtre expliquait un peu comment se conduire envers le doute : si il a son origine dans l’ignorance, il est obligatoire pour nous de nous former, d’approfondir. Lorsqu’il s’agit de ces doutes qui apparaissent comme claires tentations du diable, le plus recommandé est  de plus nous appliquer à la prière, de faire pénitence et de demander avec insistance la protection de Dieu et de mener une vie conforme à la foi catholique.

Il faut savoir distinguer ces gens qui parfois utilisent les doutes pour justifier leur conduite devant Dieu, ce sont des gens qui vivent loin de ce que Dieu demande, et comme un moyen de faire taire la conscience, ils passent le temps à reprocher et  à créer des objections contre la foi chrétienne, c’est une fausse défense de leur mauvaise conduite, dont l’unique remède est de se convertir, d’abandonner le péché et de marcher par le droit chemin de Dieu.

Pour conclure, le Seigneur nous annonce aussi dans ce passage évangélique ce qui serait la dernière des béatitudes : « Bienheureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru » et laissons saint Grégoire nous instruire avec son commentaire :

« Les paroles qui suivent : « Bienheureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru, » répandent une grande joie dans notre âme, car c’est nous que Notre-Seigneur a eus particulièrement en vue, nous qui croyons dans notre esprit en celui que nous n’avons pas vu de nos yeux, si toutefois nos œuvres sont conformes à notre foi. Car la vraie foi est celle qui se traduit et se prouve par les œuvres. »

Que la Vierge Marie nous donne la grâce de toujours grandir dans la foi.

P. Luis Martinez V. E.

Institut du Verbe Incarné

“Voici que je fais une chose nouvelle : ne la voyez-vous pas ?”

Nous sommes arrivés à l’heureuse nuit de Pâques, la Veillée, mère de toutes les saintes veillées, comme disait saint Augustin.

Nous nous retrouvons devant les signes sensibles qui nous sont déjà familiers, tels que la lumière et l’eau (dont nous serons aspergés après avoir renouvelé nos promesses baptismales), nous avons médité sur ces signes pendant le carême, l’eau dans la rencontre de Jésus avec la samaritaine et la lumière dans la guérison de l’aveugle de naissance. A toute la beauté de la liturgie s’ajoutent encore l’histoire sainte et les promesses prophétiques que nous avons proclamées dans ces sept lectures de l’Ancien Testament et celle de saint Paul ; avec l’évangile.

On peut dire que tous les éléments : le feu et la lumière, la végétation, l’eau, le pain et le vin pour la consécration, nos voix et nos personnes, tout sert à Jésus-Christ, tout aide à proclamer et à manifester la Résurrection de notre Seigneur. Sans oublier que les lectures nous rappellent qu’au centre de notre histoire, il y a le Christ, le Sauveur.

La lumière

Dans cette nuit, la lumière accomplit un véritable rôle, mais nous savons que la vie est possible grâce à elle. Elle rend possible la connaissance (il est impossible de connaître sans pouvoir d’abord nous éclairer), elle rend possible l’accès à la réalité, à la vérité. Et en rendant possible la connaissance, elle rend possible la liberté et le progrès. Le mal se cache. La lumière par contre est une expression du bien qui est luminosité et crée la luminosité.

A Pâques, au matin du premier jour de la semaine, Dieu a dit de nouveau : « Que la lumière soit ! ». Auparavant il y avait eu la nuit du Mont des Oliviers, l’éclipse solaire de la passion et de la mort de Jésus, la nuit du sépulcre. Mais désormais c’est de nouveau le premier jour ­ la création recommence entièrement nouvelle. « Que la lumière soit ! », dit Dieu, « et la lumière fut ». Jésus se lève du tombeau. La vie est plus forte que la mort. Le bien est plus fort que le mal. L’amour est plus fort que la haine. La vérité est plus forte que le mensonge. (Benoît XVI, Homélie 8/4/12)

Parlant de la lumière, réfléchissons un peu au moment de la Résurrection, les évangiles nous montrent que c’est encore l’aube, l’heure où commençait à poindre le premier jour de la semaine lorsque les femmes arrivent au sépulcre ; c’est-à-dire, avant que le soleil physique ne fût apparu, Notre Seigneur, véritable Lumière de Dieu avait déjà vaincu les ténèbres de la mort et toute forme d’obscurité.  Il nous attire tous derrière lui dans la nouvelle vie de la résurrection. Il est en définitive le nouveau jour de Dieu qui vaut pour nous tous.

L’eau

L’autre signe sensible de ce soir est aussi l’eau, elle vient nous rappeler notre baptême.

D’abord, dans la littérature biblique l’eau contenue dans la mer est signe d’une puissance que l’homme doit craindre, parfois elle est signe de la mort, ainsi Dieu épargne à son peuple de mourir dans la mer Rouge mais les eaux engloutissent les ennemis qui le poursuivaient. L’eau nous est présentée aussi d’une autre manière : comme la source fraîche qui donne la vie, ou aussi comme le grand fleuve d’où provient la vie. Sans eau, il n’y a pas de vie. Saint Jean nous raconte qu’un soldat avec une lance perça le côté de Jésus et que, de son côté ouvert – de son cœur transpercé –, sortit du sang et de l’eau (cf. Jn 19, 34). L’Église primitive y a vu un symbole du Baptême et de l’Eucharistie qui dérivent du cœur transpercé de Jésus. Dans la mort, Jésus est devenu Lui-même la source, la source de la vie nouvelle de tout chrétien. (Benoît XVI, Homélie 11/4/09)

Dieu donne un nouveau sens à toute la création. Dans le livre de l’Apocalypse, saint Jean voit le Seigneur vainqueur et roi de l’histoire assis sur un trône de Gloire qui dit: « Voici que je fais toutes choses nouvelles. » Dieu détient le pouvoir de refaire toutes choses, de donner un nouveau sens, comme Il le fait avec tous ces éléments dont nous nous servons dans notre liturgie ; lesquels gardant toujours leur nature, reçoivent dans cette nuit une signification nouvelle. A nous aussi, Dieu ne nous enlève pas notre nature humaine, Il veut que nous élevions notre nature et pour cela, Il est toujours prêt à nous donner sa grâce. Comme dans la liturgie, l’eau, l’huile, le feu, le pain et le vin reçoivent tous une transformation nouvelle et ils deviennent « saints » ; ainsi nous-mêmes, lorsque nous nous approchons de Dieu nous devenons une chose nouvelle, nous sommes transformés par sa grâce par une conversion qui se fait toujours, chaque jour, jusqu’à la sainteté, l’imitation la plus proche possible avec le Christ.

Nous avons dit aussi au début que Jésus est le centre de notre histoire, sans la résurrection notre temps n’aurait pas eu de sens non plus.

Mais, si nous parlons de nos jours, nous sommes à plusieurs reprises tentés de nous poser cette question : « où va notre monde ? ».

Saint Séplucre

Alors que la foi en Dieu nous dit qu’il y a toujours un espoir, il y a toujours une vie après la mort, la gloire après la souffrance, un sépulcre vide et une vie nouvelle après la douleur et mort de la croix. Et le Christ ressuscité nous dit encore une fois : « Voici que je fais toutes choses nouvelles ! »

Dieu guide les fils de l’histoire de notre monde, Dieu conduit la destinée des hommes, le Christ est souverain du temps, Seigneur de l’histoire, des bons et des méchants, de tous.

Aujourd’hui, beaucoup crucifient Jésus en ses disciples mais après ils vont le proclamer Fils de Dieu. Beaucoup tuent et persécutent ceux qui portent comme nous le nom de Chrétiens, mais nous savons que le Christ ressuscité a fait un apôtre d’un grand persécuteur appelé Saul, l’apôtre des nations appelé Saint Paul.

En Jésus s’accomplie la belle prophétie de Isaïe (43, 19 : “Voici que je fais une chose nouvelle : elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ? Oui, je vais faire passer un chemin dans le désert, des fleuves dans les lieux arides. Les bêtes sauvages me rendront gloire parce que j’aurai fait couler de l’eau dans le désert, des fleuves dans les lieux arides, pour désaltérer mon peuple, celui que j’ai choisi. Tu n’as rien dépensé pour m’offrir des aromates, tu ne m’as pas rassasié de la graisse de tes sacrifices. Au contraire, tu m’as asservi par tes péchés, tu m’as fatigué par tes fautes. C’est moi, oui, c’est moi qui efface tes crimes, à cause de moi-même ; de tes péchés je ne vais pas me souvenir”.

Parmi les grands miracles de notre Seigneur se trouve celui du jeune ressuscité de la Ville de Naïm, unique enfant d’une mère veuve. Jésus, lorsqu’il a contemplé la souffrance de cette mère « fut saisi de pitié », en arrêtant la procession vers le cimetière, il a rendu l’enfant à sa mère.

Une belle traditionnous dit que la première personne à laquelle Jésus a annoncé sa résurrection a été sa mère, parce qu’Il devait la consoler de tant des larmes qu’elle avait versées à sa mort et le samedi saint. Elle est la première à recevoir la joie de Pâques, à elle, la Reine du Ciel, nous demandons la grâce de nous réjouir du triomphe de son Fils.

P. Luis Martinez V. E.

Institut du Verbe Incarné