Il me semble que l’attitude de la Vierge, durant les mois qui s’écoulèrent entre l’Annonciation et la Nativité, est le modèle des âmes intérieures, des êtres que Dieu a choisis pour vivre “au dedans”, au fond de l’abîme sans fond. Dans quelle paix, dans quel recueillement, Marie se rendait et se prêtait à toutes choses ! Comme celles qui étaient les plus banales étaient divinisées par elle car à travers tout, la Vierge restait l’adorante du don de Dieu ! Cela ne l’empêchait pas de se dépenser au dehors lorsqu’il s’agissait d’exercer la charité. L’Évangile nous dit que Marie parcourut en toute hâte les montagnes de Judée pour se rendre chez sa cousine Elisabeth (Luc 1,39).
Jamais la vision ineffable qu’elle contemplait en elle-même ne diminua sa charité extérieure car, dit le bienheureux Ruusbroek, si la contemplation “s’en va vers la louange, et vers l’éternité de son Seigneur, elle possède l’unité et ne la perdra pas. Qu’un ordre du ciel arrive, elle se retourne vers les hommes, compatit à toutes leurs nécessités, se penche vers toutes leurs misères ; il faut qu’elle pleure et qu’elle féconde. Elle éclaire comme le feu ; comme lui, elle brûle, absorbe et dévore, soulevant vers le ciel ce qu’elle a dévoré. Et quand elle a fait son action en bas, elle se soulève et reprend brûlante de son feu le chemin de la hauteur”.
Sainte Elisabeth de la Trinité
“Première retraite, dixième jour”