“À qui vous pardonnez ses péchés…” Le Sacrement de la Miséricorde

Homélie pour le II Dimanche de Pâques, année C (Jn 20, 19-31)

Chaque année, nous proclamons cet évangile qui nous décrit les deux apparitions de Jésus ressuscité, la première, le soir de la nuit de Pâques, et la seconde, le dimanche d’après, cette fois ci avec la présence de l’apôtre Thomas qui n’a pas accepté le témoignage des autres disciples et qui voulait constater par lui-même la vérité de la Résurrection, en touchant les stigmates de la Passion.

Parmi les raisons pour lesquelles le Seigneur a voulu conserver sur son Corps ressuscité les ouvertures des clous et de la lance, il y a le fait de démontrer qu’il s’agissait de son propre Corps. Qu’Il est ressuscité avec le même corps.

Mais il y a aussi un grand bénéfice pour nous, le Seigneur a voulu conserver ses plaies ouvertes pour notre bien spirituel, pour raffermir notre foi et la foi de ses disciples dans la Résurrection, comme S. Bède l’écrit, si le Christ a gardé ses plaies, ce n’est pas par l’impuissance de les guérir, mais  « pour faire connaître à jamais le triomphe de sa victoire ». Son Corps ressuscité se révélait donc encore plus parfait en portant les signes de Sa passion.  Pour cela, le Seigneur veut que Thomas introduise son doigt et sa main dans les ouvertures causées par les clous et la lance ; le pape S. Léon explique qu’à Thomas « il lui suffisait, pour sa foi personnelle, de voir ; mais il a travaillé pour nous en touchant ce qu’il voyait ».

Dans cet évangile que nous avons proclamé, le Seigneur fait l’institution du Sacrement de la Confession, nous célébrons aussi ce Dimanche, proclamé depuis l’année 2000 comme Dimanche de la Miséricorde, le sacrement qui nous révèle la miséricorde de notre Dieu : « Recevez l’Esprit Saint.  À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »

Il est toujours bien de parler de ce sacrement, que, par la grâce de Dieu nous pouvons recevoir souvent dans notre vie, et qui avec le sacrement du Baptême, nous ouvre la porte du Ciel, le baptême nous pardonnant le péché originel et ceux commis avant le baptême, et le sacrement de la Pénitence nous pardonnant à chaque fois que nous offensons gravement l’amour de Dieu à travers nos péchés personnels.

Il est nécessaire de pratiquer le sacrement de la confession, celui qui dit qu’il n’a pas de péché est un menteur ou un aveugle spirituel : « Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous égarons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous. » (1 Jn 1,8). 

Quand commet-on un péché ?

Lorsque nous désobéissons à Dieu est désobéi, c’est à son amour et la loi qu’il nous a donnée que nous désobéissons, lorsqu’on désobéit à la loi donnée par le Christ, pour nous montrer le droit chemin vers notre plein bonheur et la parfaite réalisation de notre être. « J’ai commis le mal que tu déteste » (Ps 51,6).

Il faut aussi savoir que tout péché est une offense à Dieu dans le sens où :

· il blesse et détruit l’homme que Dieu a créé et qu’il aime ;

· il affaiblit ou bien coupe le dialogue de Dieu avec l’homme ;

· Le péché est la cause de la mort du Christ, Fils bien-aimé du Père ;

· Par lui on rejette la Parole de Dieu (sa Loi, ses enseignements…) qui est le vrai bien de l’homme ;

· Il offense Dieu non pas tant dans son honneur mais dans son amour.

Lorsqu’un péché détruit la grâce de Dieu, cette union intime avec lui dans notre cœur, on le nomme grave, grave car sa matière aussi est grave (contre ce que Dieu a prescrit dans les 10 commandement et l’évangile de son Fils Jésus-Christ que l’Eglise propose toujours), il faut aussi pour qu’un péché soit grave, avoir la pleine conscience de faire quelque chose de grave et le consentement délibéré, c’est-à-dire une totale liberté pour le faire.  S’il manque l’un de ses trois éléments, nous sommes devant un péché véniel. Les péchés mortels sont seulement pardonnés dans le sacrement de la confession. 

Pourquoi la confession est-elle nécessaire pour les péchés mortels ? Ne suffit-il pas de demander pardon à Dieu pour ses péchés sans avoir à se confesser ?

Il est vrai que chacun de nous peut et doit demander pardon à Dieu à tout moment, en particulier après avoir commis un péché mortel, c’est déjà un signe de repentance, un grand pas vers le pardon ; on doit demander pardon pour nos péchés avant de s’endormir le soir (faisant un petit examen de conscience) ou bien, au début de la célébration de la Sainte Messe, lorsqu’il s’agit de péchés véniels.

Mais Dieu nous pardonne certains péchés (péchés mortels) lorsque nous nous approchons avec repentance du sacrement de la Confession, voulu et institué par son Fils Jésus-Christ. D’autre part, étant Dieu celui qui pardonne, Il a le droit de nous indiquer le chemin par lequel Il nous accorde Son pardon. Certes, le péché n’est pas pardonné s’il n’y a pas de repentance personnelle, mais dans l’ordre actuel de la Providence, la rémission est subordonnée à l’accomplissement de la volonté positive du Christ, qui a lié la rémission des péchés au ministère ecclésial ou, du moins, à la volonté d’y recourir le plus tôt possible, lorsqu’il n’y a pas de possibilité immédiate de confession sacramentelle.

Une autre question importante à laquelle répondre : avec quelle fréquence doit-on se confesser ?

Il faut ici distinguer le péché mortel du péché véniel.

En cas de péché mortel : il faut se confesser immédiatement après avoir commis un péché mortel, afin d’obtenir immédiatement le pardon et d’éviter l’enfer en cas de mort. S’il n’est pas possible de se confesser immédiatement faute de prêtre, il faut au moins demander pardon à Dieu pour le péché commis et la confession sacramentelle le plus tôt possible. La confession individuelle et entière de nos péchés ainsi que l’absolution constituent la seule voie ordinaire par laquelle le fidèle, conscient du péché commis, se réconcilie avec Dieu et avec l’Église.

En cas de péchés véniels : le temps qui peut passer entre une confession et une autre, dépend de la sensibilité spirituelle de chacun. L’Église, comme une bonne Mère, indique dans ses préceptes un minimum : « Se confesser au moins une fois par an » Selon la suggestion des bons Pères Spirituels, il serait opportun pour un chrétien qui n’a pas de péchés mortels de se confesser au moins une fois par mois, ou au plus tard tous les deux mois.

Pour pouvoir recevoir le sacrement de l’Eucharistie, le chrétien doit avoir l’âme libre de tout péché mortel, tandis que s’il est conscient d’avoir commis seulement des péchés véniels, il peut s’approcher de la communion, bien qu’il soit toujours conseillé de confesser aussi avec fréquence les péchés véniels comme nous l’avons signalé plus haut

Comment faire pour nous confesser ? quels sont les éléments nécessaires à considérer pour la confession ?

Alors, pour que le Sacrement de la Pénitence soit authentique, il oblige le pécheur à accepter volontiers et en toute liberté trois éléments : dans son cœur, la contrition ; dans sa bouche, la confession ; dans son comportement, une totale humilité ou une fructueuse satisfaction.

Parmi les actes du pénitent, la contrition vient en premier lieu. Elle est « une douleur de l’âme et une détestation du péché commis avec la résolution de ne plus pécher à l’avenir ». Il ne sert de rien de demander pardon d’un péché si l’on n’est pas repenti de l’avoir commis, car on garde son péché dans le cœur.  

Pour les détester il faut évidemment les reconnaître et les faire parvenir à la mémoire, pour cela il convient de préparer la réception de ce sacrement par un examen de conscience fait à la lumière de la Parole de Dieu, surtout à la lumière des dix commandements.

Il y après la confession des péchés (l’aveu) qui, même d’un point de vue simplement humain, nous libère et facilite notre réconciliation avec les autres. Par l’aveu, l’homme regarde en face les péchés dont il s’est rendu coupable ; il en assume la responsabilité et par là, il s’ouvre de nouveau à Dieu et à la communion de l’Église afin de rendre possible un nouvel avenir. Lorsqu’on est déjà devant le prêtre, il est très bien, on peut dire presque obligatoire, d’indiquer le temps écoulé depuis la dernière confession et d’énumérer avec certitude et franchisse les péchés commis, afin de recevoir les conseils du prêtre, la pénitence imposée et l’absolution de ces péchés.

Une confession générale (non précise) de ses péchés suffit-elle ?

Non, elle ne suffit pas. Tout usage qui limite ce sacrement à une confession générale (par exemple, dire : “Père, j’ai péché, donnez-moi l’absolution…”) ou ne dire que les péchés considérés comme les plus significatifs est rejeté. Le chrétien est obligé de confesser, selon le genre et le nombre, tous les péchés graves commis après le Baptême et non encore confessés, dont il a connaissance après un bon examen de conscience.

Dans ce jour où nous célébrons la Divine Miséricorde, demandons la grâce de comprendre que l’expression concrète et nous pouvons dire « matérielle » de la Miséricorde de Dieu est le Sacrement de la Réconciliation et de nous approcher de lui pour goûter l’amour de Dieu qui pardonne. Cette grâce, nous la demandons à Notre Dame.

P. Luis Martinez IVE.

Pour lire aussi sur le sacrement de la Confession :

Saint Louis Marie Grignion de Montfort

Les deux épitaphes gravées sur son tombeau

Il rend l’âme le 28 avril 1716 à Saint-Laurent-sur-Sèvre (Vendée)(suite à une pleurésie aiguë), à l’âge de 43 ans, et qu’il est enterré le 29 avril 1716.

Sur son tombeau sont gravées deux épitaphes : l’une brève, en français, envoyée par M. Barrin, vicaire général de Nantes, l’autre assez longue en latin est attribuée à M. Jean Baptiste Blain ou au marquis de Magnannes, des amis intimes de Louis Marie Grignion de Montfort. 

L’épitaphe  en français, envoyé par M. Barrin, est ainsi conçue : Ici repose le corps de M. Louis Marie Grignion de Montfort, excellent missionnaire, dont la vie a été innocente, dont la pénitence a été admirable, dont les discours remplis de la grâce du Saint-Esprit ont converti un nombre infini d’hérétiques et de pêcheurs, dont le zèle pour l’honneur de la Très Sainte Vierge et l’établissement du Saint Rosaire a persévéré jusqu’au dernier jour de sa vie. Il est mort en faisant la mission dans cette paroisse, le 28 avril 1716.”.

Voici l’épitaphe latine, gravée sur la table de marbre noir qui recouvre le tombeau du saint : “- Quid cernis, viator? Lumen obscurum, Virum caritatis igne consumptum, – Omnibus omnia factum, Ludovicum Mariam Grignion de Montfort. Si vitam petis, nulla integrior, – Si poenitentiam, nulla austerior, Si zelum, nullus ardentior, Si pietatem in Mariam, Nullus Bernado similior. – Sacerdos Christi, Christum moribus expressit. Verbis ubique docuit, Indefessus nonnist in feretro recubuit. – Pauperum pater, Orphanorum patronus, Peccatorum reconciliator, Mors gloriosa vitae similis, Ut vixerat devixit. Ad coelum Deo maturus evolavit. – Anno Domini MDCCXVI obiit, XLIII aetatis suae” 

Traduction: “- Que regardes-tu, passant ? Un flambeau éteint, Un homme que le feu de la charité a consumé, Qui s’est fait tout à tous, Louis Marie Grignion de Montfort. Si tu t’informes de sa vie, aucune n’a été plus pure, –  De sa pénitence, aucune plus austère, De son zèle, aucun plus ardent, De sa dévotion envers Marie, Personne n’a mieux ressemblé à saint Bernard. – Prêtre du Christ, sa vie a retracé celle du Christ, Sa parole a prêché partout le Christ, Infatigable, il ne s’est reposé que dans le cercueil. – Il a été le père des pauvres, Le défenseur de l’orphelin, Le réconciliateur des pêcheurs, Sa glorieuse mort a ressemblé à sa vie, Comme il avait vécu, il cessa de vivre. Mûr pour Dieu il s’est envolé pour le ciel. – Il mourut en l’an du Seigneur 1716, A l’âge de 43 ans”).