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Joseph, était-il vraiment époux de Marie?

Le sentencie (opinion théologique) habituellement admise parmi les théologiens dit que Marie a contracté un véritable mariage avec saint Joseph. Pour certains c’est même une vérité de foi (comme Seldmayr), pour d’autres c’est  une vérité proche de la foi (Lepicier). Selon le pape Benoît XIV, la sentence contraire (c’est-à-dire qu’il n’y a pas eu de véritable mariage) est « imprudente ».

Arguments Bibliques qui constatent le Mariage entre Marie et Joseph 

Les textes bibliques parlent toujours de « fiançailles », de « mariage » :

-Luc 1, 26-38 : «  une jeune fille vierge, accordée en mariage à un homme, appelé Joseph » ;

-Luc 2,5 : Joseph se rendit à Bethléem, « avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage» ;

-Mt. 1,18-25 : « Or Marie avait été accordée en mariage à Joseph» ; « …Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse» ; « il prit chez lui son épouse »…

Ces textes indiquent clairement :

1. Au moment de l’Annonciation, Marie était certainement fiancée à Joseph.

2. Elle était vierge (Saint Luc le dit expressément).

3. Elle avait l’intention de demeurer vierge, bien qu’elle fût déjà fiancée : cela est clairement exprimé par sa question à l’ange : « Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais pas d’homme ? » ; cette question est complètement dénuée de sens et inintelligible pour une femme qui est sur le point de vivre avec un homme, car dans ce cas, elle aurait dû supposer qu’elle concevrait de la manière la plus naturelle du monde, une fois qu’elle aurait commencé à vivre avec Joseph. Il en va différemment dans le cas où elle avait l’intention, partagée avec son mari, de rester vierge ; dans ce cas : soit l’ange parle d’un changement de plans de la part de Dieu…. ou d’un miracle inouï.

4. L’incarnation a eu lieu avant que Marie ne soit emmenée dans la maison de Joseph.

5. Après avoir révélé à Joseph le mystère de la conception virginale, Joseph prit Marie chez lui, et les noces eurent lieu (Mt 2, 24). Le mariage était célébré selon la cérémonie hébraïque qui comprenait : d’abord les fiançailles ou promesse d’union (Marie était dans cet état de vie à l’Annonciation) puis les noces ou introduction solennelle de l’épouse dans la maison de son mari.

Quant à la nature du mariage, il faut dire que :

1. Saint Joseph et la Vierge Marie ont contracté un véritable mariage dans son essence (ou comme on dit en théologie : dans sa première et essentielle perfection) parce que l’aspect formel du mariage (ce qui constitue proprement un homme et une femme comme époux) est le consentement à l’union conjugale, c’est-à-dire à l’union indivisible des âmes.

2. Quant à la seconde perfection (qui est l’usage du mariage ou de l’union charnelle des époux), Joseph et Marie y ont volontairement renoncé avant que Marie ne soit amenée dans la maison de Joseph. Cela implique-t-il une imperfection du mariage ? Il faut distinguer :

a) Quant à l’union charnelle, ce n’était pas un mariage parfait.

b) Mais il était parfait en ce qui concerne l’éducation de sa progéniture : l’enfant Jésus.

3. Quelles étaient les raisons pour lesquelles Marie a préféré épouser saint Joseph, s’ils n’avaient pas l’intention de vivre une vie conjugale (en termes d’union charnelle) ?

Les raisons les plus importantes évoquées par les Saints Pères sont les suivantes :

a) Pour que Jésus ne soit pas considéré comme un fils illégitime par les méchants.

b) Écrire sa généalogie selon usage courant à l’époque, selon la partie de l’homme.

c) Pour cacher au diable, la conception et l’enfantement par la Sainte Vierge.

d) Pour que Joseph ait la tâche de le nourrir.

e) Libérer la Vierge de toute infamie (calomnie).

f) Pour qu’elle ne soit pas lapidée comme adultère par ceux qui n’acceptaient pas le miracle de l’Incarnation virginale.

g) Pour qu’elle    ait l’aide de Joseph tout au long de sa vie.

h) Pour symboliser l’Église fiancée à Jésus-Christ.

i) Honorer la virginité et le mariage, et présenter aux vierges et aux épouses un exemple vivant.

P. Miguel Angel Fuentes IVE.

Saint Joseph, notre avocat et protecteur

Saint Bernardin de Sienne dans son sermon[1] sur saint Joseph déclarait : C’est une loi générale, dans la communication de grâces particulières à une créature raisonnable : lorsque la bonté divine choisit quelqu’un pour une grâce singulière ou pour un état sublime, elle lui donne tous les charismes nécessaires à sa personne ainsi qu’à sa fonction[2], et qui la décorent à profusion. Cela s’est tout à fait vérifié chez saint Joseph. Car tel était le terrain que la grâce avait trouvé dans l’âme de Joseph et qui portât des fruits abondants en vertus qui ornaient son âme.

Pour cette raison, saint Joseph est un modèle de vertu : homme juste, obéissant, magnanime, fidèle, humble, pauvre, saint époux, père exemplaire, amoureux du silence, travailleur, généreux, doté d’un grand esprit de sacrifice. … et bien plus encore, mais ce qui ressort le plus, c’est la pureté et la chasteté. Dieu avait non seulement choisi une vierge comme Mère de son Fils unique, mais il était également très convenable que son père soit aussi pur et chaste.

Certains peuvent se demander pourquoi nous avons une dévotion si particulière à Saint Joseph. Et la réponse nous est donnée par saint Bernardin de Sienne « Si donc toute la sainte Église est débitrice envers la Vierge Marie parce que c’est par elle qu’elle a pu recevoir le Christ, après elle, c’est à saint Joseph qu’elle doit une reconnaissance et un respect sans pareil. »[3], puisque la même liturgie le place immédiatement après la Vierge Marie, en plus saint Joseph est un membre éminent de l’Église du Christ, il est un modèle de vertu, il est le patron de l’Église universelle, il est le patron de la bonne mort, il est l’époux de Marie, il est le Père du Verbe Incarné, le Rédempteur lui-même a été soumis à ses soins, mais nous avons surtout une dévotion particulière pour son intercession très efficace, ce dont nous en avons fait l’expérience à plusieurs reprises.

Sainte Thérèse nous donne le témoignage du soin et de la puissante intercession de saint Joseph : « Je pris pour avocat et pour protecteur le glorieux saint Joseph et je me recommandai instamment à lui. Son secours éclata d’une manière visible. Ce père et protecteur de mon âme me tira de l’état où languissait mon corps, comme il m’a arrachée à des périls plus grands d’un autre genre, qui menaçaient mon honneur et mon salut éternel. Je ne me souviens pas de lui avoir jamais rien demandé, jusqu’à ce jour, qu’il ne me l’ait accordé. Notre-Seigneur veut nous faire entendre par là que, de même qu’il lui fut soumis sur cette terre, reconnaissant en lui l’autorité d’un père et d’un gouverneur, de même il se plaît encore à faire sa volonté dans le ciel, en exauçant toutes ses demandes … Déjà, depuis plusieurs années, je lui demande le jour de sa fête une faveur particulière, et j’ai toujours vu mes désirs accomplis. Lorsque ma prière s’écarte tant soit peu du but de la gloire divine, il la redresse afin de m’en faire retirer un plus grand bien. »[4]

Tout comme Dieu a veillé à ce que son Fils ait les meilleurs parents, tous deux chastes, il a également voulu que son Fils ait une femme chaste pour épouse, comme l’est toute femme consacrée. Et toute religieuse choisie par et avec un amour singulier pour être l’épouse du Verbe incarné, à l’imitation de saint Joseph, doit se consacrer entièrement à ses soins, c’est-à-dire chercher à lui plaire en faisant sa très sainte volonté et en étant des mères spirituelles pour ses enfants.

« Rappelant que Dieu, à l’aube des temps nouveaux, a confié à saint Joseph la garde des mystères du salut, elle lui demande de lui accorder de collaborer fidèlement à l’œuvre du salut, de lui donner un cœur pur », comme saint Joseph, qui s’est donné entièrement au service du Verbe Incarné, et que « par l’exemple et l’intercession de saint Joseph, serviteur fidèle et obéissant, nous puissions toujours vivre consacrés dans la justice et la sainteté ».[5]

La strophe d’un hymne en espagnol à saint Joseph dit :

Gardien de Jésus dans sa divine enfance,

protège la vie de grâce dans l’enfance.

Chantons Joseph, gardien de notre foi,

le même Rédempteur, pour Père l’a choisi.

Saint Joseph est celui à qui Dieu « a confié la garde de ses trésors les plus précieux »[6], qu’il vous protège par ses soins infatigables.

+ P. Carlos Miguel Buela.

Fondateur de la Famille Religieuse du Verbe Incarné.

Sermon aux sœurs Servantes du Seigneur et de la Vierge de Matara.


[1] Saint Bernardin de Sienne, Sermon 2, opéra 7, 16. 27-30.

[2] Ce principe est tiré de saint Thomas d’Aquin.

[3] Idem.

[4] Sainte Thérèse d’Ávila, Livre de la Vie, cap.6.

[5] Jean-Paul II, Exhortation apostolique « Redemptoris Custos », 31.

[6] Jean-Paul II, Exhortation apostolique « Redemptoris Custos », 1.