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Les Clés

Dédié à S.E. Monseigneur Angelo Comastri, gardien et défenseur du plus grand trésor architectural de l’humanité : la Basilique Saint-Pierre au Vatican.

Sermon prêché à l’autel de la Chaire de la Basilique Saint-Pierre au Vatican, le 8 juillet 2007, lors du V Chapitre général de l’IVE.

  • Nous entrons sur la place Saint-Pierre et remarquons que, vue d’en haut, elle a la forme d’un trou de serrure : cela demande une clé ! Sur la colonnade se trouvent 6 armoiries d’Alexandre VII avec les clés croisées au-dessus.
  • Dans les fontaines à trois coupes superposées : Dans celle de droite de Carlo Maderno il y a 3 jeux de clés et dans celle de gauche de Carlo Fontana il y a 2 jeux de clés.
  • Nous continuons d’avancer et voyons à gauche une statue colossale de Saint Pierre, de 4 m. de haut, sculptée par le vénitien José De Fabris en 1838, avec deux clés dans sa main droite, et dans sa gauche un parchemin écrit avec les paroles de Jésus adressées à Pierre, qui sont la raison des clés : “Je te donnerai les clés du Royaume des cieux” (Mt 16, 19). A droite se trouve la statue jumelle de Saint Paul réalisée par le bolognaisAdamo Tadolini. Tous deux portent les armoiries de Pie IX avec des clés croisées à la base.

Pierre, qui puissant, détiens les clés du ciel,

entends les supplications de ceux qui prient.

Lorsque tu seras assis comme arbitre des douze tribus,

montre-toi indulgent, juge-les avec miséricorde,

et à ceux qui avec le temps vous demandent de mériter

Fais-leur vœu de miséricorde, pour toujours.[1]

  • Sur la façade, sous le balcon des bénédictions, “La Remise des Clés”, bas-relief en marbre du milanais Ambrogio Buonvicino, de 1614.
  • Sur le tympan de la façade, au-dessus des armoiries de Paul V, les clefs entrelacées.
  • Couronnant les extrêmes de l’attique se trouvent deux horloges de 4 m. de diamètre, avec des quadrants en mosaïque, conçus par Joseph Valadier. Celui qui est situé au-dessus de l’arc des cloches – à gauche du spectateur – marque les heures «all’italiana», basées sur la division du jour du coucher du soleil au coucher du soleil, continuant l’heure suivie par l’Église primitive et la Synagogue. Celle de droite, avec une seule aiguille, marque les heures «all’ultramontana», qui suit le système français, l’heure gallicane, qui s’inspire de la journée civile des anciens Romains, qui durait de minuit à minuit. Tous deux couronnés par deux clés tridimensionnelles !
  • Sur les portails à barreaux, au centre un jeu de clés, au milieu à gauche trois jeux de clés et au-dessus sur le mur un autre jeu et dans le portail à gauche du précédent un autre. À droite du portail central, il y a trois jeux de clés sur la porte à barreaux, et un jeu sur la suivante.
  • Sur tout le flanc des terrasses, au Nord, à l’Ouest et au Sud, on trouve 52 clés sur les panneaux décoratifs. Sur le mur au-dessus de la fenêtre, au-dessus de la connexion de la chapelle du Saint-Sacrement avec les palais du Vatican, un jeu de clés. Un autre au-dessus d’une fenêtre du flanc sud au-dessus de la première connexion de la sacristie avec la basilique. Au-dessus du bouclier de Pie IX sur le flanc nord, un jeu de clés.
  • Dans le Dôme, 96 clés dans le couvercle de protection en plomb sur les petites fenêtres.[2]
  • Sur la Porte Sainte : les clés ! et dans la même porte 72 clés. À la Porte de Filarete, Saint Pierre remet les clés au pape Eugène IV.

Parce que le Donneur de grâce

a donné les clés de la miséricorde

à Pierre et à son Église.[3]

  • Au plafond et au sol du grand atrium de la Basilique, dans les médaillons avec la vie de Saint Pierre et dans les armoiries des Papes, on trouve environ 32 jeux de doubles clés.
  • Et à l’intérieur de la Porte Sainte, ci-dessus : Mosaïque de Saint Pierre avec les clés.
  • Décorant les piliers de la nef centrale, dans les médaillons des petits anges, avec la tiare et les clés, réalisées par l’atelier de Gian Lorenzo Bernini, plus de 50 clés portées par les petits anges dans quatre poses différentes. De nombreuses grilles de ventilation des grottes sont équipées de jeux de clés.
  • Sur le premier arc du mur sud de la nef centrale, sur l’un de ses panaches, se trouve une représentation de l’« Autorité Ecclésiastique », figure moulée par Andrés Bolgi en 1648, recouverte de la couronne papale en arc brisé, qui tient les clés dans sa main gauche et agite un éclair dans sa main droite.
  • La statue en bronze de Saint Pierre, avec les clés dans sa main gauche, probablement d’Arnolfo di Cambio, du XIIIe siècle, que tous les pèlerins baisent sur le pied.
  • Dans la Confession de Saint Pierre, dans la Niche des Pallia, à l’intérieur à gauche, une mosaïque de Saint Pierre avec les clés, du IXe siècle (refaite en 1625 et restaurée en 1864) et dans la grata (d’Innocent X) qui ferme l’ouverture dans le sol et communique avec le tombeau de Saint Pierre, on trouve également les clés. Et à côté de la niche, une statue de Saint Pierre avec les clés dans la main droite, d’Ambrosio Buonvicino, également avec les clés dans le cadre, tout comme dans le cadre de la statue de Saint Paul. Au sommet de la porte qui ferme la Niche, un buste en bronze de Saint Pierre avec les clés. Sur le mur sud, deux clés aux armes de Paul V, et la porte d’entrée des Grottes avec deux clés croisées en partie supérieure. Deux tableaux de Saint Pierre avec des clés, au plafond.
  • Au dessus de la Confession, le majestueux Baldaquin du Bernin sur les quatre bases, 8 jeux de clefs croisées. Ci-dessus, à l’est et à l’ouest, des anges avec deux jeux de clés.
  • Au dessus du Baldaquin, la Coupole 4 jeux de clés monumentales dans les panaches du tambour sous le tondo des 4 évangélistes. A côté de la porte d’accès au premier rebord, deux clés. Dans le décor des mosaïques, Saint Pierre avec les clés.
  • Dans le panache sud-est de la chapelle de la Vierge de la Colonne, saint Thomas d’Aquin apparaît parlant avec saint Pierre, les clés en main, et avec saint Paul. (Ce doit être en souvenir de l’apparition des Princes des Apôtres à l’Angélique alors qu’il écrivait le Commentaire sur Isaïe à Paris)[4].
  • Dans le Ciboire des Apôtres, également appelé Ciboire de Sixte IV (1471-1484), bien qu’il ait été construit pour la première fois sous Pie II (1458-1464), se trouve une « Remise des Clés ». C’était le Ciboire qui couronnait l’autel de Saint-Pierre dans l’ancienne basilique constantinienne. Un ciboire est un baldaquin qui couronne un autel ou un tabernacle. (baldaquin vient de Baldac, nom donné au Moyen Âge à Bagdad, d’où provenait un tissu de ce nom qui servait à fabriquer une sorte de toit de tente ou dais. Là, le Christ, assis sur un faldistoire à l’extrême droite d’un panneau du ciboire quadrangulaire, se tourne vers Pierre agenouillé, tandis que les onze autres apôtres assistent à l’événement. Il est désormais situé dans l’Octogone de Simon le Mage.
  •  Pierre est appelé « celui qui porte les clefs », claviger, avec différents attributs : aetherus, Coelorum, In aula regia, Paradisi, Prapotens coelorum, Protus aulae coelicae, Regni popolorum et caelestis curiae :

Et avec cette clé céleste

qui délie les chaînes du péché

Là, il emmène les pénitents

où brille l’illustre portier.[5]

  • Dans la sacristie d’Ottoboni, un tissu avec Saint Pierre avec les clés et Théodore allumant un cierge.
  • Sur le monument à Alexandre VIII, « Religion » tient les clés dans sa main gauche. Ci-dessus, armoiries d’Alexandre VIII avec clés croisées. Également, sur l’orgue.
  • Un autre jeu de clés sur le monument de Paul III

Dans la Chaire de Saint Pierre :

  • En bas, les quatre armoiries d’Alexandre VII portent leurs clés respectives cruciales ;
  • Sur la base sud de la Chaire, en bronze, Jésus remet les clés à Pierre ;
  • Au dos, deux anges portent chacun une clé en or ;
  • Au-dessus de la Chaire, deux anges sans ailes, en bronze noir, tenant chacun une grande clé d’or dans leur main gauche, et tenant de leur main droite la tiare papale ou trirègne.

Tu fermes et tu ouvres le royaume des cieux

avec les clés du même royaume.[6]

  • Au-dessus de la tribune de la Chaire, dans la vasque de l’abside, en marbre, deux énormes clés au milieu de deux anges aux armes de Pie XII (1957).
  • Ci-dessus, trois médaillons en stuc (1749-1750) de Luis Vanvitelli, à gauche « La Crucifixion de Saint Pierre », à droite « La Décollation de Saint Paul » et au centre « La Remise des Clés à Saint Pierre ». Ci-dessus, des anges avec des clés.
  • Sur le monument de Clément X un jeu et sur l’orgue un autre.
  • Dans les Grottes (dans la chapelle ottonienne) se trouve une mosaïque représentant le Christ assis sur un trône avec saint Pierre et saint Paul. Saint Pierre, dont le Christ passe le bras autour du dos dans un geste très affectueux, porte dans ses mains trois clés, qui indiqueraient le pouvoir du Pape non seulement sur la terre et au ciel, mais aussi sur le purgatoire. Dans la Salle VII des Grottes (à côté de la Chapelle Hongroise), au fond à droite, se trouvent sept fragments d’un cadre de porte appelé « Cornice de sant’ Apollinare», avec trois bustes : à gauche Saint Apollinaire, au centre le Christ et à droite Saint Pierre, avec deux clés dans la main gauche et, à droite, la crosse avec un geste solennel et presque menaçant. Il y a plus de 20 clés en pair dans les grottes.

De l’Eglise militante

Le Christ vous a donné les clés,

et aussi de Celle qui est triomphante :

ce que tu as déclaré comme délié

reste délié et reste lié

ce que toi seul auras lié.[7]

Mais pourquoi n’y a-t-il presque toujours que deux clés ? Tout d’abord, dans le Nouveau Testament, elles sont toujours plurielles, aussi bien en grec qu’en latin « claves » : «  Tibi dabo claves regni caelorum » (Mt 16,19). Deuxièmement, il y a deux clés car elles indiquent le double pouvoir du Pape, sur terre et au ciel : « tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux…» Les clés sont souvent décorées, parfois l’une en or et l’autre en argent, et sont le signe spécifique du pouvoir papal que Jésus a donné à saint Pierre, et qui passe aux successeurs de saint Pierre.

Et en haut, à la base du Dôme, avec des lettres onciales de 1,41 m., sur un fond d’or de deux mètres, en latin : « Tu es Pierre ; et sur cette pierre je bâtirai mon Église et je te donnerai les clés du Royaume des cieux. (Mt 16,18-19).

Les clés des portes éternelles

À toi, Pierre, ont été données,

Et tes lois terrestres

Atteignent les ciel.[8]

  • A l’endroit où nous nous trouvons, il y a une prière à Pierre en latin et en grec : O pasteur de l’Église ! Qui nourrit toutes les brebis et tous les agneaux du Christ[9]. Qui est ce berger ? C’est Pierre qui survit dans le Pape et la légende en grec et en latin nous rappelle que l’Église respire avec deux poumons, l’oriental et l’occidental, sur lesquels s’exerce le pouvoir des clés.

Ouvrir la porte du paradis

et le droit de lier et de délier sur terre,

avec les clés qu’il t’a données.[10]

  • Une cascade de clés apparaît dans la Basilique Saint-Pierre et nous n’en avons même pas fait une mention exhaustive ! Et pourquoi une telle quantité

Tout d’abord, parce que c’est une des métaphores utilisées par Quelqu’un qui dit un jour à celui dont le tombeau est ici : “…je te donnerai les clés…”, signifiant le pouvoir d’ouvrir et de fermer, de lier et de délier qu’Il a donné à Pierre et à ses successeurs.

Deuxièmement, parce que les clés expriment pour nous la défense la plus profonde et la plus importante de notre vie : « Confirme tes frères dans la foi » (Lc 22, 32), que nous défendons par l’instinct surnaturel de la grâce.

Troisièmement, parce que les clés ne sont pas quelque chose d’inerte, de statique, de vide, mais au contraire quelque chose de vivant, de dynamique et de plein, qui exprime une vérité de foi et qui exprime chacun de nous, parce que la vitalité inépuisable de l’Église catholique a sa source dans la foi de Pierre en notre Seigneur Jésus-Christ, comme l’enseigne saint Léon le Grand[11], lui aussi enterré ici : « Tout cela, chers frères, est le résultat de cette profession de foi inspirée par le Père dans le cœur de l’apôtre, [qui] a surmonté les incertitudes des opinions humaines et a obtenu la fermeté d’une pierre, capable de résister à n’importe quel coup ». C’est quelque chose qui se produit tous les jours et qui touche toute l’Église, qui reconnaît que Jésus est le Seigneur, car quiconque reconnaît cette vérité est immergé dans l’enseignement de saint Pierre et est, dans une certaine mesure, comme une extension de celui-ci : « De même que dans toute l’Église, Pierre affirme chaque jour : “Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant”, chaque langue qui reconnaît le Seigneur est imprégnée du magistère de cette voix », poursuit saint Léon le Grand. Tout frère et toute sœur, où qu’ils se trouvent dans le monde, qui confessent que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, sont inculqués, inspirés, influencés et persuadés par la confession de Pierre, par le magistère de sa voix, la voix de celui à qui les clés ont été données. C’est pourquoi saint Augustin enseigne : « …ces clés n’ont pas été reçues par un seul homme, mais par l’unique Église. D’où l’excellence de la personne de Pierre, dans la mesure où il représentait l’universalité et l’unité de l’Église…”[12]

Grâce au pouvoir des clés, l’Église catholique survivra jusqu’à la fin des temps, infaillible dans sa hiérarchie in docendo et en nous in credendo, et indéfectible, sans pouvoir être détruite par les persécutions, les tempêtes, la cruauté des tyrans ou des lobbies ennemis !

Grâce aux clés, la table de Son Corps et de Son Sang nous parvient !

Grâce aux clés la douceur de la Vierge Marie nous parvient !

Grâce aux clés, nous avons la certitude que la vie éternelle existe et que « ce qu’il a promis ne peut manquer de s’accomplir : “Celui qui me confessera devant les hommes, je le confesserai aussi devant mon Père qui est dans les cieux” »[13]!

Grâce aux clés, nous pouvons profiter d’une paix et d’une joie que le monde ne peut pas donner !

Grâce aux clés, l’Église est le défenseur invaincu de toute vie humaine !

Grâce aux clés, si l’Antéchrist venait à piétiner nos têtes avec son dernier souffle, imprégnés du magistère de Pierre, par la grâce de Dieu, nous confesserions : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant » !

 Non! Nos pères ne se sont pas trompés dans la foi lorsqu’ils ont orné la basilique Saint-Pierre de multiples clés !

+ P. Carlos Miguel Buela. IVE

Fondateur de la Famille Religieuse du Verbe Incarné.

Nous joignons le texte de la lettre envoyée Par H.E.R. Monseigneur Angelo Comastri,

Fabbrica di S. Pietro

In Vaticano

Vatican, le 4 août 2007.

 Très Révérend Père Buela :

C’est pour moi un plaisir de me référer à votre aimable lettre du 31 juillet, dans laquelle vous m’envoyez le merveilleux sermon prêché au cours de la Sainte Messe célébrée ici à Saint-Pierre, le 8 juillet dernier.

Veuillez accepter mes plus sincères remerciements pour les belles paroles contenues dans ce document. Je vous transmets également ma profonde reconnaissance pour cette homélie, si profonde et en même temps suggestive, qui témoigne de l’empreinte spirituelle de votre Famille religieuse.

Les clés de Saint Pierre seront à votre disposition quand vous le souhaitez ! Je vous souhaite sincèrement, ainsi qu’à l’Institut du Verbe Incarné, tout le meilleur de la part de Jésus, par Marie.

† Ángelo Comastri

Archiprêtre de la Basilique Patriarcale Saint-Pierre.


[1] Hymne très ancien, au moins du s. V, cfr. D. Rezza (ed.), Beatus Petrus. Inni medievali latini (Rome 2003) 17:

«Petre, tu praepotens caelorum claviger,

vota precantium exaudi iugiter;

cum bis sex tribuum sederis arbiter,

factus placabilis iudica leniter

teque petentibus nunc temporaliter

ferto suffragia misericorditer».

[2]  ‘…la cuffie protettive in piombo degli abbaini’.

[3] D. Rezza (ed.), Beatus Petrus, 93:   «Quia dator gratiae

Petro et ecclesiae

dedit claves veniae».

[4] Guillaume de Tocco et d’autres biographes racontent que Thomas, alors qu’il écrivait le commentaire d’Isaïe, avait trouvé dans le texte un point particulièrement obscur qui l’avait laissé un peu perplexe. On aurait dit qu’il parlait à d’autres personnes dans sa cellule. Peu de temps après, Thomas appela son secrétaire Reginald de Priverno et lui demanda d’écrire ce qu’il allait lui dicter. Après une heure de dictée ininterrompue comme s’il lisait un livre, il dit au revoir à Reginald et l’invita à dormir pour le peu de temps qui restait jusqu’à l’aube. Mais Reginald ne voulut pas partir avant de lui avoir dit à qui il avait parlé. Après beaucoup d’insistance, il lui répondit qu’il avait parlé avec les saints Pierre et Paul, qui lui avaient expliqué tout ce qu’il voulait savoir, et que Reginald ne devait le dire à personne tant que Thomas serait vivant. (Cf. James A. Weisheipl, Tommaso D’Aquino, Milan 1994, 124-125).

[5] D. Rezza (ed.), Beatus Petrus,  Attribuée à Paulin d’Aquilée, 107:

«Et clave illa caelica

solvens catenas criminum,

illic reos inducito,

quo clarus extat ianitor».

[6] D. Rezza (ed.), Beatus Petrus, Atribuée a Conrrado de Hirsau, s. XI,149:

«Claudis aperis coelorum

regnum regni clavibus».

[7] D. Rezza (ed.), Beatus Petrus, 162: «Tibi Christus militantis

claves nec non triumphantis

contulit ecclesiae,

ut quod solieres, solutum,

quod ligares, insolutum

ejus esset requie».

[8] D. Rezza (ed.), Beatus Petrus, 183: «Supernae claves ianuae

tibi, Petre, sun traditae,

tuisque patent legibus

terrena cum caolestibus».

[9] « Il (Pierre) continue à vivre et à juger dans ses successeurs » déclarait le légat Philippe au concile d’Ephèse.

[10] D. Rezza (ed.), Beatus Petrus, 188: «Claves coeli reserandi

et in terra ius ligandi

solvendique tribuit».

[11] Sermon 3, À l’occasion de l’anniversaire de son intronisation, 2-3 : PL 54, 145-146 ; cf. Liturgie des Heures, vol. III, 1720.

[12] Sermon 295.

[13] Saint Léon le Grand, Sermon 15, Sur la Passion du Seigneur, 4 : PL 54,367.

Le Ciel, il est bon que nous soyons ici !

« Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmène à l’écart, sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière. Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui. Pierre alors prit la parole et dit à Jésus : ‘Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie.’ » (Mt 17, 1–4)

” Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! “, s’exclame saint Pierre plein de joie, et c’était bien parce que la transfiguration du Seigneur est “une transcription de la beauté du ciel” (Saint Alphonse-Marie de Liguori).

I. Qu’est-ce que le paradis ?

Qu’y a-t-il ? Que désire ton cœur ? Es-tu un ami de la musique? Il y en aura… mais paradisiaque ! Es-tu un ami de manger et de boire ? Tu y auras des saveurs exquises, mais sans gourmandises. Envie de parfums ? Là, tu les auras extrêmement doux, même s’ils ne sont pas dans les objets présents. Veux-tu une bonne compagnie? Les anges, les saints, la Sainte Vierge, nos bien-aimés… la fleur et le meilleur du monde, la « crème » de l’humanité… Que veux-tu Dieu dit : Ouvre ta bouche et je la remplirai (Ps 81 ? ,11) .

Au ciel, Dieu nous donnera tout ce que nous désirons : là-bas, il y aura de la bonne compagnie, là-bas des délices indescriptibles, là-bas une satisfaction complète, là-bas l’honneur, là-bas l’abondance, là-bas la vraie richesse.

Et « je dispose pour vous du Royaume, comme mon Père en a disposé pour moi. Ainsi vous mangerez et boirez à ma table dans mon Royaume, et vous siégerez sur des trônes pour juger les douze tribus d’Israël. » (Luc 22, 29-30). Qu’est-ce que cela signifie? Que notre bonheur sera si grand que nous devrons manger et boire ce que Dieu mange et boit. Sur terre, deux époux qui s’aiment mangent la même nourriture. De même, ce que nous mangeons au ciel est la même chose que Dieu mange. Tu ne mangeras pas un mets délicat et Dieu un autre ; Tu mangeras ce qu’Il mange, ce qu’Il boit, tu le boiras, ce dont Il se réjouit, tu te réjouiras. Nous mangerons tous une chose. N’as-tu pas lu dans les Saintes Écritures : ils mangeaient tous le même pain spirituel et ils buvaient tous la même boisson spirituelle (1 Cor 10, 3) ?

Que mange Dieu, que boit-Il ? Son plat délicieux est se connaître, s’aimer et profiter de toutes les bonnes choses qu’Il possède et qu’il ne peut pas perdre. Voilà ses plaisirs, ses passe-temps. Béni soit Dieu qui ne veut pas que notre gloire soit une chose créée – pas même l’humanité de Jésus – mais plutôt le même Bien incréé suprême, éternel et infini qu’Il ​​est !

 II. Mais qui saura dire ce que c’est ?

C’est bien plus que tout ce que nous pouvons dire et penser :

– bien plus que la pleine vitesse d’une voiture de course,

– bien plus qu’un avion volant à travers les nuages…

Beaucoup plus…

– que de skier dans la neige,

– que participer à la chasse sous-marine,

– qu’un gâteau au chocolat.

– que le chant des oiseaux dans la forêt,

– que les fleurs sauvages de la montagne,

– qu’un bon match de football,

– qu’une rose mouillée par la pluie,

– que de naviguer en haute mer,

– que le sourire des enfants,

– qu’une fête d’anniversaire,

– que la naissance d’un enfant,

– que le ciel étoilé,

– que le lever et le coucher du soleil,

– que la fête de Noël en famille,

– que la joie des mariages,

– que la joie d’un bon livre,

– que l’amour de la mère,

– que l’affection des amis,

– que l’âme d’un moine,

– qu’une femme avec une âme de fille,

– que la récolte des fruits,

– qu’un cheval au galop,

– que réussir un examen,

– qu’un cadeau inattendu.

Selon vous, quelle est la joie des saints au ciel ? Très peu de ceux qui sont ici le savent. Certains pensent que cela signifie se reposer, ne pas avoir de mauvais voisins, ne pas être tenté ou ne pas souffrir. C’est cela, mais pas seulement ; ce n’est que très peu. Celui qui ne connaît pas l’amour ne le comprendra pas.

La joie sera que :

– En voyant Dieu, je le désire pour moi et je désire pour lui des biens si grands qu’aucune langue ne peut les dire ;

– l’aimant plus que moi, je lui souhaite plus de bien que moi ; Je lui souhaite : la vie, le repos, la beauté et des biens infinis. Et comme ils (les saints) voient que Dieu a encore plus de biens qu’ ils ne pourraient en souhaiter, ils s’en réjouissent bien plus que s’ils les possédaient eux-mêmes ; de cette façon, on comprend qu’ils sont assis à la table de Dieu, mangeant la même nourriture que Dieu mange. Voici le délice par-dessus tout délice… ! Là où il y a un amour si ardent que ni l’oeil n’a vu, ni l’oreille n’a entendu, ni n’est entré dans l’esprit de l’homme ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment (1 Cor 2, 9), qui consiste, dit saint Jean de Ávila, “en aimant Dieu pour toi-même et en t’aimant toi-même pour Dieu et toi et Dieu pour soi-même”. De quelle joie s’agit-il ? La joie même de Dieu : Très bien, bon et fidèle serviteur ; Tu as été fidèle en peu de choses, je t’établirai sur beaucoup ; entre dans la joie de ton Seigneur (Mt 25, 23)… entre pour jouir de ce qui Lui plaît, pour vivre de ce qu’Il vit, pour être un seul esprit avec Lui ; en un mot, être Dieu par participation.

Nous serons semblables à Dieu… : Dieu beau et toi beau, Dieu puissant et toi puissant, Dieu bon et toi bon, Dieu impassible et toi impassible, Dieu béni et toi bienheureux. Pourquoi? Parce que nous verrons Dieu tel qu’Il est (1Jn 3, 2).

Et à quoi ça sert ? Ce n’est ni manger ni boire, ni rire, ni plaisirs charnels, ni argent… qu’est-ce que c’est ? Un bien pour lequel les saints de Dieu vivaient dans des grottes, vivaient vierges toute leur vie, souffraient de la chaleur et du froid, de la faim et de la nudité, des tourments et des persécutions ; un bien pour lequel le Christ lui-même a versé son sang et continue de se sacrifier sans effusion de sang sur les autels. Qu’est-ce que cela ? Tel est son nom qui n’a pas d’autre nom : À celui qui vaincra, je donnerai la manne cachée et je lui donnerai une pierre blanche, et dessus est écrit un nom nouveau, que personne ne connaît sauf celui qui le reçoit (Ap 2 : 17). Seuls ceux qui le reçoivent le savent et ils ne le savent jamais pleinement. Même s’ils vous apprécient depuis des millions d’années, ils ne se lasseront jamais de vous ! Émerveillés, ils disent : Manne, « qu’est-ce que c’est ? »

Qu’est-ce que le paradis ? Voir Dieu, jouir de Dieu et posséder Dieu ; et avec Dieu de toutes choses.

– C’est pourquoi l’Apôtre nous enseigne : j’ai la certitude que les souffrances du temps présent ne sont rien en comparaison de la gloire qui sera révélée en nous (Rm 8, 18).

III. Le ciel est Jésus-Christ.

– Pour que nous puissions aller au Ciel, le Christ est mort sur la Croix et nous, ingrats, oublions le Ciel et le Christ. Combien le Christ souffre pour cela !

Et cela a été magnifiquement exprimé par un poète en chantant :

«Un jeune berger (Jésus) est seul et en deuil,

étranger au plaisir et contentement,

et sur sa bergère (l’âme) posa la pensée,

et son cœur de l’amour a été très blessé.

Il ne pleure pas à cause de l’amour qui l’a blessé,

Ça ne vaut pas la peine de se voir si affligé,

bien qu’il soit blessé au cœur ;

Il pleure davantage parce qu’il se croit oublié.

Que juste penser qu’il est oublié

de sa belle bergère, avec une grande tristesse

il se laisse maltraiter en terre étrangère

le cœur de l’amour très blessé.

Et le petit berger dit : Oh, dommage

de celui qui a été absent de mon amour,

et ne veut pas profiter de ma présence.

et le cœur pour son amour très blessé!

Et après un long moment, il est monté

sur un arbre, il ouvrit ses beaux bras,

et mort il est resté, et accroché à eux,

le cœur de son amour très blessé.

+ P. Carlos Miguel Buela IVE

Fondateur de la Famille Religieuse du Verbe Incarné