Immaculée Conception
Nous retrouvons dans cette solennité le passage évangélique de l’Annonciation de l’Ange à la Vierge. L’ange la salue avec ce titre que nous avons traduit par « Pleine, comblée de Grâce », mais qui en grec correspond à un seul mot « kejaritomene » , qui signifie : celle qui a été, qui est et qui sera pour toujours comblée de grâce, en effet c’est un mot qui désigne un état permanent. C’est ce que nous confessons dans la foi, Marie, à différence de nous tous, n’a jamais porté la faute originelle, le péché originel, ni aucun autre péché.
Ce dogme de la foi catholique a été proclamé par le Pape Pie IX en 1854, quatre ans plus tard à Lourdes la Vierge Marie va se présenter à sainte Bernadette sous ce nom, qui est toujours écrit au pied de la statue qu’on vénère à Lourdes, dans la langue que parlait Bernadette, le gascon : elle a dit « Que soy era Immaculada Councepciou ».

Mais il faut dire qu’avant même d’être proclamée, depuis longtemps les chrétiens croyaient que la Vierge Marie avait été préservée de tout péché depuis sa conception. C’est cela que témoigne l’art chrétien depuis le moyen âge.
Mais nous pensons à la Vierge Marie et la vénérons aujourd’hui avec ce titre d’Immaculée Conception. Alors il est bien de nous demander : pourquoi devons-nous honorer et vénérer la Vierge Marie ?
Et nous répondons que sa vénération apporte beaucoup à notre foi ; sa vénération donne force, vitalité, unité et beauté, parmi d’autres qualités :
La première caractéristique est donc qu’elle donne force à notre foi :
L’Ecriture est assez sobre, elle décrit les grands évènements avec beaucoup de simplicité et sans trop abonder en paroles, plus encore lorsqu’il s’agit des vérités.

L’Evangile de Luc nous dit que « Marie retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur » ( Lc. 2,19 ); « Sa mère gardait dans son cœur tous ces événements » (Lc. 2,52). Par deux fois, saint Luc nous dit que Marie ne s’occupait pas seulement de protéger, d’assister, de donner ce qui est nécessaire à l’Enfant, mais qu’elle voulait s’instruire, former son esprit (l’âme de Marie) pour servir plus dignement le Verbe de Dieu fait chair. Elle gardait chaque mot, chaque évènement, chaque fait de la vie de son Fils, elle les conservait dans son cœur.
Et nous ne pouvons pas dire que « croire » était plus facile pour Elle que pour nous, parce qu’elle vivait avec le Fils de Dieu. Il suffit de nous rappeler les paroles avec lesquelles saint Luc conclut le passage du Temple lorsque Jésus a été retrouvé au milieu des docteurs de la loi, Lc. 1,50 : « Mais ils (Marie et Joseph) ne comprirent pas ce qu’il leur disait ».
Marie observait avec un esprit contemplatif toutes les paroles, tous les actes et manifestations du Fils de Dieu, et c’est ainsi qu’elle nous apprend aussi la façon de conserver et de fortifier notre foi.
Le deuxième aspect à méditer : Marie, vivifie notre foi.
L’évangile dit que Marie ne retenait pas seulement les évènements mais qu’elle les méditait. C’est-à-dire que dans les différents moments de sa vie elle y pensait, elle y revenait et les considérait dans la foi (considérer signifie aussi pondérer, soupeser, donner l’importance qu’ils avaient).
Nous sommes poussés à suivre son exemple : avoir une foi ferme, audacieuse, vivante ; c’est-à-dire une foi qui ne soit pas un simple sentiment, une chose seulement extérieure ; bien au contraire, qu’elle ait la force de changer notre vie, de rendre force et vie à la vocation à laquelle nous sommes appelés chaque jour, à chaque moment. Vivant la foi, Marie dit à tous les chrétiens : « Faites tout ce qu’il vous dira ».
Troisième aspect, le culte à Marie donne unité à notre vie

Qui peut honorer la Vierge Marie ? Seulement celui qui croit vraiment en Jésus-Christ, parce que, lorsque nous disons qu’elle est la Mère de Dieu, nous affirmons que Jésus est le Fils de Dieu fait homme. Honorant Marie, nous professons la foi chrétienne. Pour nous, le point principal de notre foi c’est la divinité de Jésus-Christ, mais d’elle dérive nécessairement la dévotion à Marie, la Mère de Dieu.
Dans le schisme d’occident, au XVI siècle, la fausse réforme n’est pas arrivé à détruire l’Eglise dans les pays où le culte à Marie avait une vigueur spéciale et où il y était florissant.
Quatrième aspect, c’est la dévotion et la vénération à Marie qui confère à l’Eglise cette beauté si spéciale :
Nous sommes conscients que dans la foi chrétienne nous avons trouvé la vérité en Jésus-Christ, et que nous continuons à approfondir chaque jour dans la vérité. Mais pendant que notre âme cherche encore et se repose dans la vérité, notre volonté cherche aussi cette notion de bonté et la beauté de la vérité qu’elle contemple. Cela nous aide à nous réjouir de la vérité que nous contemplons.
Il nous faut seulement penser à la liturgie, aux chants, à l’art chrétien. Pensons aussi à la place que tient la Très sainte Vierge Marie dans tout cela. C’est ce qui a servi aux apôtres de tous les temps pour montrer les vérités de la foi : l’annonciation, la nativité, la passion, les tableaux de l’Immaculée Conception, etc. Ces chef-d’œuvre qui servent et serviront toujours pour aider nos âmes dans la contemplation des mystères de Dieu. Comme disait Saint Louis Marie Grignions de Montfort : « par Marie vers Jésus », nous le trouvons aussi dans l’art.

Demandons la grâce de chercher chaque jour la sainteté et de toujours chercher en Marie notre modèle et sa protection. Souvenons cette grande vérité prêchée par Saint Anselme : « Nul n’est semblable à la Vierge Marie ; hors de Dieu, personne n’est plus grand qu’Elle ».
P. Luis Martinez IVE.