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Ils ont vu l’étoile et trouvé le Roi des cieux

Epiphanie

L’Eglise nous invite ce dimanche à célébrer le mystère de l’Epiphanie, le mystère du Fils de Dieu né à Bethlehem qui se manifeste aux nations représentées dans les rois mages, rappelons-nous que le mot « nations » est utilisé pour désigner tous les peuples hors du peuple d’Israël, les peuples qui n’avaient pas reçu la révélation du Dieu unique.

Dieu a voulu annoncer aussi à ceux qui ne possédaient pas les Saintes Ecritures, qu’un Sauveur est né pour tous.

Comme nous le savons, Dieu cherche toujours à communiquer avec nous, c’est à nous de savoir l’écouter, Dieu nous parle par sa Parole, écrite dans la Bible, interprétée dans son Eglise, nous parle par les évènements qui se succèdent dans notre vie et que nous devons comprendre, en déchiffrant ce qu’Il veut nous y signifier.

En la Naissance de son Fils Unique Dieu a voulu le révéler aussi à différentes personnes, utilisant différentes manières pour ce faire. « Par condescendance, enseigne Saint Jean Chrysostome, Dieu a voulu les appeler par des signes qui leur étaient familiers ».

Ainsi, l’évangile nous dit que parmi ceux qui ont reçu l’annonce de la Nativité il y avait les sages d’Israël qui attendaient la manifestation du Messie. Selon saint Thomas d’Aquin :

« Les justes sont intimement et ordinairement enseignés par une impulsion intérieure du Saint-Esprit, sans besoin de recourir à de signes sensibles, c’est-à-dire par l’esprit de prophétie. Et c’est pourquoi, aux justes (ceux qui étaient familiarisés avec les écritures et vivaient une vie sainte), comme Siméon et Anne, la naissance du Christ a été manifestée par une impulsion intérieure du Saint-Esprit, selon S. Luc (2, 26) : « Il avait été divinement averti par l’Esprit Saint qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ du Seigneur. »

D’autres, adonnés à des activités corporelles, sont conduits par des moyens sensibles (comme par exemple, une vision) aux vérités intelligibles. Aux bergers et aux mages, donc, la naissance du Christ a été manifestée par des apparitions visibles.

Il faut encore dire que, parce que cette naissance n’était pas purement terrestre mais aussi, en un sens, céleste, c’est par des signes célestes qu’elle a été manifestée aux uns et aux autres, car selon Saint Augustin, : ” Les cieux sont habités par les anges et embellis par les astres ; c’est donc par les uns et les autres que les cieux racontent la gloire de Dieu. “

D’autre part, les juifs étaient habitués à recevoir les réponses divines par l’intercession des anges, c’est-à-dire que le peuple d’Israël savait que Dieu se communiquait souvent par les anges, nous en trouvons plusieurs cas dans l’Ancien Testament comme celui d’Abraham ; puisque les bergers étaient des juifs, la naissance du Christ leur a été révélée par des anges.

Mais les rois comme on l’avait dit plus haut, appartenaient aux peuples païens qui n’avaient pas reçu la révélation d’un Dieu unique. Les rois mages comme beaucoup d’autres païens (souvenons-nous des civilisations de l’antiquité) étaient des astrologues, accoutumés à observer le cours des étoiles ; à ces mages, habitués à observer les corps célestes, la Nativité du Christ fut manifestée donc par le signe de l’étoile.

S. Grégoire découvre encore un autre motif : ” Les Juifs (les bergers), comme usant de la raison, devaient être avertis par la prédication d’un être raisonnable, l’ange. Mais les païens, qui ne savaient pas employer leur raison à connaître le Seigneur, sont conduits non par la parole, mais par des signes. Et de même que des prédicateurs annoncèrent aux païens le Seigneur qui avait pris la parole, de même des éléments muets le prêchèrent lorsqu’il ne parlait pas encore (c’est-à-dire, l’Enfant Jésus). “

Les rois mages donc, ont vu une étoile au Ciel et ils ont suivi le chemin qu’elle leur traçait. Comment était alors cette étoile ?

Ecoutons l’explication des pères de l’Eglise, selon saint Augustin : ” Ce n’était pas l’une des étoiles qui, depuis le début de la création, gardent l’ordre de leur course sous la loi du Créateur, mais c’est un astre nouveau apparu pour l’enfantement nouveau d’une vierge. “

D’abord, c’était une étoile qui se déplaçait devant les mages, en toute clarté. D’après la parole des mages : ” Nous avons vu son étoile à l’orient ” ne doit pas se comprendre comme si, eux-mêmes étant situés à l’orient, l’étoile leur est apparue alors qu’elle se trouvait en Judée, mais en ce sens qu’ils la virent située à l’orient et qu’elle les précéda jusqu’en Judée.

Elle n’aurait pas pu indiquer distinctement la maison, si elle n’avait été voisine de la terre. Et comme saint Jean Chrysostome le dit lui-même, ce n’est pas là le fait d’une étoile, mais d’une puissance raisonnable (un ange). Aussi apparaît-il que cette étoile était une vertu invisible qui aurait emprunté cette apparence.

Il faut savoir aussi que cette étoile ne montrait pas seulement l’enfantement de la Vierge en demeurant en l’air, mais aussi en descendant. On lit en effet (Mt 2, 9) : ” L’étoile qu’avaient vue les mages à l’orient les précédait jusqu’à ce qu’elle s’arrêtât au-dessus du lieu où était l’enfant. “

Mais, tout en ayant l’étoile qui les guidait, pourquoi les mages sont-ils allés consulter le roi Hérode à Jérusalem ?

C’est saint Augustin qui nous éclaire : ” L’étoile qui avait guidé les mages jusqu’au lieu où l’enfant Dieu se trouvait avec sa mère vierge, pouvait les conduire jusqu’à la cité même de Bethléem où était né le Christ. Cependant elle se déroba jusqu’à ce que les Juifs eux-mêmes eussent rendu témoignage au sujet de la cité où devait naître le Christ. ” Et, comme dit Saint Léon, le grand : ” Rassurés par deux témoignages convergents, Les rois mages se mettent à chercher avec une foi plus ardente celui que leur manifestent et la clarté de l’étoile et l’autorité de la prophétie. “

Et pour cette raison saint Augustin conclut, « eux-mêmes annoncent aux Juifs la naissance du Christ, et leur demandent le lieu, ils croient et ils cherchent, comme pour symboliser ceux qui marchent par la foi et désirent la claire vision » . Quant aux juifs, qui leur indiquèrent le lieu de la naissance du Christ « ils ressemblèrent aux ouvriers qui bâtirent l’arche de Noé : ils fournirent aux autres le moyen d’échapper, mais eux-mêmes périrent dans le déluge ».

Saint Thomas argumente encore : « Ce fut aussi par la volonté divine que les mages, qui avaient perdu de vue l’étoile, se rendirent avec bon sens à Jérusalem, cherchant dans la cité royale le roi qui venait de naître, afin que la naissance du Christ soit annoncée publiquement pour la première fois à Jérusalem… En outre, l’empressement des mages venus de loin condamnerait la paresse des juifs tout proches. »

Nous devons beaucoup apprendre des rois mages, d’abord à savoir interpréter les signes de Dieu, à suivre ses inspirations, à chercher Dieu et à ne pas nous décourager devant les épreuves.

Voyons comment ils ont eu la foi en Jésus-Christ: « ils voient un homme et ils reconnaissent Dieu. Et ils offrent des présents accordés à la dignité du Christ. L’or, comme au grand Roi ; l’encens, qui sert dans les sacrifices divins, comme à Dieu ; la myrrhe, dont on embaume les corps des défunts, comme à celui qui doit mourir pour le salut des hommes»

Nous apprenons par-là ” -dit S. Grégoire- à offrir au Roi nouveau-né l’or “, qui symbolise la sagesse, ” lorsque nous resplendissons en sa présence de la lumière de la sagesse ; l’encens ” qui exprime le don de soi dans la prière, ” nous l’offrons quand, par l’ardeur de notre prière, nous exhalons devant Dieu une bonne odeur ; et la myrrhe, qui symbolise la mortification de la chair, nous l’offrons si nous mortifions nos vices charnels par l’abstinence “.

Pour conclure, plus que l’étoile c’est la foi qui guide ces rois, ou plutôt qui est représentée dans cette étoile. Selon Saint Jean Chrysostome, ” si les mages étaient venus chercher un roi de la terre, ils auraient été déçus ; car ils auraient supporté sans raison la fatigue d’un si long trajet “. Mais, cherchant le roi du ciel, ” quoique ne voyant rien en lui de la dignité royale, ils se contentèrent cependant du témoignage de l’étoile, et ils l’adorèrent “.

Demandons à la très Sainte Vierge Marie, la grâce de suivre les inspirations qui nous guident vers Jésus.

P. Luis M. Martinez IVE

“Voilà ce que fait l’amour invincible de notre Dieu”

Nativité du Seigneur-Messe de Minuit

Oui ! Un enfant nous est né, un fils nous a été donné ; on proclame son nom : « Merveilleux-Conseiller, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix ». Isaïe finit en disant : Voilà ce que fait l’amour invincible du Seigneur de l’univers.

La Vierge Marie s’est souvenue de ces paroles au moment où elle  contemplait son Enfant dans la crèche : Voilà ce que fait (l’amour que rien ne peut vaincre) l’amour invincible du Seigneur de l’univers.

Dans un moment de l’histoire, tout un monde se mit en mouvement à cause d’un édit de l’empereur Auguste, qui ordonnait recenser toute la terre, un roi voulait savoir combien de personnes lui étaient soumises et à son pouvoir ; beaucoup de nations lui étaient soumises évidement sans le vouloir).

« Ce roi croyait dans son orgueil avoir ébranlé à son profit l’espèce humaine tout entière. Les hommes s’agitent par millions sur le globe, et traversent en tous les sens l’immense monde romain ; ils pensent obéir à un homme, et c’est à Dieu qu’ils obéissent. Toute cette grande agitation n’a qu’un but : c’est d’amener à Bethlehem un homme et une femme (qui ont leur humble demeure dans Nazareth de Galilée) ; afin que cette femme inconnue des hommes mais chérie du ciel, arrivée au terme du neuvième mois depuis la conception de son fils, enfante à Bethlehem ce fils dont le Prophète a dit : «ô Bethlehem ! Tu n’es pas la moindre entre les mille cités de Jacob ; car il sortira aussi de toi, celui dont les origines remontent aux temps anciens, à l’aube des siècles » (Commentaires sur les grandes Antiennes « Ô », Dom Guéranger, l’Année Liturgique)

Parmi ce grand nombre des gens, il y en avait UN qui allait changer ce monde. Mais, Il n’était pas un numéro de plus ; Il est, comme dit saint Paul, le premier d’une multitude de frères, Ceux que Dieu connaissait par avance, il les a aussi destinés à être l’image de son Fils, pour faire de ce Fils l’aîné d’une multitude de frères.( Rom. 8, 28-30).

L’homme est malheureusement devenu bien souvent dans l’histoire, un simple numéro, l’objet de calcul, quelque chose qui rentre dans la catégorie de la quantité ; un parmi des milliards.

En naissant à Bethléem, Notre Seigneur nous révèle que nous avons un destin plus sublime, bien que le péché de l’humanité la pousse à considérer ses membres comme un simple objet.

Cet enfant, « un parmi des milliards de membres de l’empire romain», a pris chair pour nous, pour nous aimer d’une façon particulière, unique ; pour chacun de nous le Seigneur est né à Bethléem.  

Pour Lui, et en face de Lui, l’homme est toujours quelqu’un d’unique, d’absolument singulier ; quelqu’un éternellement pensé et éternellement choisi, quelqu’un appelé et nommé par son propre nom.

La grâce la plus grande que nous pouvons demander dans cette fête de Noël, est celle de ne pas oublier que même si le monde nous traite comme un objet et nous tente afin de nous pousser à nous considérer entre nous-mêmes comme des objets, pour Jésus, chaque être humain a une valeur infinie, pour lui Il a donné sa vie sur le calvaire. Mais déjà, dans l’humilité de sa crèche, la rédemption commence à se réaliser, le Christ a commencé son chemin d’amour, le don qu’Il fait et qui finira avec le sacrifice suprême. Car il s’est donné pour nous, afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.

Dans le mystère de la Messe, le Seigneur naît encore une fois d’entre les mains du prêtre, il vient dans l’Eucharistie et fait de nous son Bethleem (la maison du Pain), le tabernacle de Jésus.

Dans notre cœur, Il nous rappelle qu’il nous aime d’un amour unique, personnel, en même temps que sa présence nous demande de faire partie de son peuple qui cherche avec ardeur à faire le bien.

P. Luis Martinez IVE.