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“L’Esprit de vérité vous conduira dans la vérité tout entière”

Solennité de la Pentecôte

Le temps de Pâques culmine avec la Solennité de la Pentecôte, et la liturgie nous fait découvrir différents aspects de l’œuvre de l’Esprit Saint dans ce monde.

Nous voyons par exemple dans la première lecture, le récit de l’évènement que nous commémorons aujourd’hui.

L’Esprit de Dieu descend pour faire naître l’Eglise et elle naît universelle, c’est-à-dire avec une vocation à se répandre par toutes les nations comme le montre le fait de parler en différentes langues. Mais, même si nous voyons la division de langues, nécessaire pour proclamer le message de salut dans le monde, les apôtres et les disciples gardent pourtant une unité, on peut dire, l’unité dans le but, tous parlent en langues mais ils expriment avec elles la gloire de Dieu. Comme le confessent ceux qui les écoutent : « tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu. »

On peut dire, donc que la Pentecôte est l’intervention de l’Esprit Saint dans l’histoire, pour renouveler la face de la Terre ; tel qu’Il l’était aussi au début pour créer l’univers, Il vient maintenant pour refaire ce monde, pour former le Christ en chaque cœur qui veuille l’accueillir et faire de l’Eglise l’unique chemin qui mène au Ciel.

Pour cela, dans la deuxième lecture tirée de la lettre aux Galates, l’Apôtre Saint Paul veut bien distinguer l’œuvre de l’Esprit des œuvres du monde, des œuvres du péché ; « les tendances de la chair s’opposent à l’Esprit ».

Toutes ces œuvres mauvaises décrites par saint Paul, ces péchés qui ont été aussi les nôtres, défigurent en nous l’image de Dieu et nous empêchent de recevoir le Ciel en héritage.

L’Eprit vient donc, pour reformer la volonté de l’homme, pour la refaire et la guider vers Dieu.

Et, dans cette lecture, nous voyons encore d’un côté la division imposée par le péché en nous, en effet les œuvres sont décrites en diversités et en grand nombre. Tandis que lorsque saint Paul parle de l’action de l’Esprit, il le fait comme un seul fruit : « Mais voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi ». Il y a donc cette unité, comme un seul fruit qui se présente en des différentes grâces. Notre volonté donc grâce au don de l’Esprit domine les passions de la chair et la convoitise du monde et nous fait marcher sous la conduite de l’Esprit.

Mais, l’homme n’a pas seulement la volonté, nous savons que l’âme a deux puissances, avec la volonté nous avons aussi l’intelligence.

L’Esprit descend du Ciel pour rendre notre intelligence capable de recevoir la connaissance des mystères de Dieu, capable de connaître la vérité de Dieu : « Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière ». « L’Esprit reçoit ce qui vient de moi, dit le Seigneur, pour vous le faire connaître. »

Cela nous conduit à une question très importante, précisément lorsque nous parlons de la vérité. Qui a la vérité ? Tous possèdent la vérité ? Peut-on dire que celui qui a une opinion contraire à ce que j’affirme comme vrai dans l’Eglise, celui-là a aussi la vérité, il dit vrai ? Encore, plus délicate, toute religion peut être vraie, avoir la vérité et me donner la vérité ?

Revenant au texte de l’évangile, le Seigneur annonce que l’Esprit Saint descendra sur ses disciples, et c’est eux qu’Il guidera vers la vérité tout entière.

Nous pouvons donc donner une première réponse à toutes ces questions, c’est dans l’Eglise fondée par Jésus-Christ que nous trouverons la plénitude de la vérité qui sauve, qui nous conduit au Ciel. Et cela veut dire alors que dehors de l’Eglise n’existe que le mensonge, le faux ? Nous répondons à cette question en disant « non ». Saint Thomas enseignait : « Toute vérité, quel que soit celui qui la dit, vient de l’Esprit-Saint », la plénitude est dans son Eglise et nous allons l’expliquer tout à l’heure, mais nous trouvons par tout ce que Dieu a semé,  les «semences du Verbe», les «rayons de la vérité qui illumine tous les hommes», semences et rayons qui se trouvent dans les personnes (dans tous les hommes) et dans les traditions religieuses de l’humanité (Redemptoris Missio,56) ; de ces rayons de la vérité, Dieu se sert pour conduire l’humanité vers la plénitude de la Vérité qui est la connaissance de son Fils et la Vie Eternelle.

Pouvons-nous affirmer que les catholiques possèdent donc la vérité ? Alors, laissons le grand pape Benoît répondre admirablement à cette question : 

« L’on ne peut bien vivre et mourir que lorsqu’on a reçu la vérité et quand la vérité nous indique le chemin. (Nous devons) Etre reconnaissants pour le don que nous n’avons pas inventé, mais qui nous a été offert en don, et vivre dans la sagesse (la vérité) ; apprendre, grâce au don de Dieu, à être des hommes de manière droite.

Ce n’est pas nous qui l’avons fait, il nous a été donné. La joie et la gratitude pour le fait que nous pouvons le connaître, que nous avons reçu la sagesse pour bien vivre, cela est ce qui devrait caractériser le chrétien. En effet, dans le christianisme des origines il en était ainsi : être libérés des ténèbres et de marcher à tâtons, de l’ignorance — que suis-je ? pourquoi est-ce que j’existe ? comment dois-je aller de l’avant ? —, être devenus libre, être dans la lumière, dans la plénitude de la vérité. Telle était la conscience fondamentale. Une gratitude qui rayonnait alentour et qui unissait ainsi les hommes dans l’Église de Jésus Christ.

Personne ne peut dire : je détiens la vérité et, en effet, personne ne peut détenir la vérité. C’est la vérité qui nous possède, elle est quelque chose de vivant ! Elle ne nous appartient pas, mais nous somme saisis par elle. Ce n’est que si nous nous laissons guider et animer par elle, que nous restons en elle, ce n’est que si nous sommes avec elle et en elle, pèlerins de la vérité, qu’elle est alors en nous et pour nous. Je pense que nous devons apprendre à nouveau cette manière de « ne pas détenir la vérité ». De même que personne ne peut dire : j’ai des enfants — ils ne nous appartiennent pas, ils sont un don, et comme don de Dieu ils nous sont donnés pour une tâche — ainsi nous ne pouvons pas dire: je détiens la vérité, mais la vérité est venue vers nous et nous pousse. Nous devons apprendre à nous laisser animer par elle, à nous laisser conduire par elle. Et alors elle brillera à nouveau : si elle-même nous conduit et nous compénètre ». (Benoit XVI, homélie, 12/11/2012)

Nous devons être certains que c’est dans l’Eglise que nous trouvons tous les moyens de sanctification nécessaires et les réponses aux questions fondamentales de l’existence de l’homme. Comme l’affirme le magistère de l’Eglise : « C’est, en effet, par la seule Église catholique du Christ, laquelle est le « moyen général de salut », que peut s’obtenir toute la plénitude des moyens de salut. » 

Il est tout à fait vrai et l’Église reconnaît que de nombreuses personnes ont pu découvrir l’existence de Dieu en utilisant uniquement la raison humaine. En d’autres termes, exprimer l’idée de l’Église comme « plénitude de la vérité»ne peut pas être compris comme une sorte de monopole de la vérité, comme s’il n’y avait pas « de vérités » en dehors de l’Église.

Alors qu’est-ce que cela veut dire? Ce qui veut dire que la vérité que le Christ est venu nous révéler a été confiée, dans toute sa plénitude, à l’Église catholique. Quand il s’agit de ces choses que le Christ voulait nous faire connaître pour notre salut (ce que nous appelons habituellement « Révélation »), la plénitude de cette vérité se trouve dans les enseignements de l’Église catholique, qui a été établie par Jésus-Christ pour transmettre ces vérités à travers l’histoire.

Mais, il faut aussi reconnaître que, malheureusement pour beaucoup de gens, il est extrêmement difficile d’accepter et d’adhérer à l’enseignement du Christ dans sa plénitude, car il n’est pas compatible avec leurs caprices ou leurs critères, ils pensent – à tort – que les moments que Jésus a vécus avec ses apôtres étaient une sorte de table démocratique où le Seigneur leur demandait s’ils en étaient d’accord ou non… L’Eglise vit la vérité non pas comme un ensemble d’opinions, l’Eglise vit d’une vérité donnée comme un don mais aussi une grande responsabilité devant Dieu et l’humanité.

Le Seigneur nous a laissé une Église et une doctrine, de sorte que – par amour pour lui et pour notre salut – nous le suivions.

Dans ce dimanche de Pentecôte, demandons la grâce à l’Esprit Saint de demeurer fidèles à la Vérité de Dieu. Cette grâce nous la demandons à celle qui a été toujours fidèle aux inspirations de l’Esprit, la très sainte Vierge Marie. 

P. Luis Martinez IVE.

L’Esprit de Dieu. Comment apprendre à écouter ses inspirations ?

Homélie pour la Solennité de la Pentecôte (Année C)

Nous célébrons ce dimanche la conclusion du temps de Pâques, avec la solennité de Pentecôte, la descente de l’Esprit Saint sur la très sainte Vierge Marie et les disciples du Seigneur.

Dans le Credo, nous disons “Je crois dans l’Esprit Saint”. Il y a beaucoup de chrétiens qui prient le credo et répètent cette affirmation mais ne savent pas ce qu’est le Saint-Esprit, comme ces hommes que saint Paul a rencontrés lors d’un de ses voyages ; d’autres étaient venus avant l’apôtre et les avaient convertis chrétiens ; saint Paul leur a donc demandé s’ils étaient baptisés et ils ont dit oui ; puis il leur demande encore s’ils avaient reçu le Saint-Esprit lors de leur baptême, et ils répondent alors « Nous n’avons même pas entendu dire qu’il y a un Esprit Saint. » (Act. 19, 2)

L’Esprit Saint n’est pas un ange gardien ou une force au sens impersonnel de cette expression, mais une Personne divine : la troisième Personne de la Sainte Trinité.

Dire « je crois dans l’Esprit Saint », c’est donc professer que le Saint-Esprit est une des Trois Personnes de la Sainte Trinité. Il est Dieu comme le Père et comme le Fils ; et Il mérite la même adoration que le Père et que le Fils ; comme le Père et le Fils, Il est créateur, créateur de toutes choses, sanctificateur.

Généralement, les chrétiens font plus de référence et savent plus sur Dieu le Père et sur Dieu le Fils que sur Dieu le Saint-Esprit. Pour cette raison, il y avait un écrivain qui l’appelait ‘le Grand Inconnu’.

Dans le Nouveau Testament, on donne pourtant plusieurs noms à l’Esprit Saint :

-Notre Seigneur Jésus-Christ l’appelle ‘le Paraclet’, ce qui signifie ‘le consolateur’. Dans nos souffrances, dans les tribulations, le Saint Esprit est celui qui nous réconforte. C’est pourquoi un des anciens hymnes de l’Église lui demande : d’arroser ce qui est aride, de guérir ce qui est malade, de fortifier ce qui est faible, d’alléger ce qui est lourd.

Avocat, parce qu’il nous défend. Saint Paul dit : « L’Esprit vient au secours de notre faiblesse. Car nous ne savons pas demander comme il nous convient ; mais l’Esprit lui-même intercède pour nous par des gémissements ineffables » (Rm 8, 26).

-Esprit de vérité : parce que c’est Lui qui fait que les Apôtres se souviennent de tout ce que Jésus-Christ a dit, et c’est Lui qui fait comprendre aux chrétiens et surtout au Pape les Saintes Écritures sans se tromper.

Don de Dieu : parce que le grand don que Dieu nous fait, c’est de nous envoyer le Saint-Esprit.

– Sanctificateur : parce que c’est lui qui produit la sainteté dans nos cœurs ; Il réveille dans nos cœurs les vertus et les bonnes qualités qui nous rendent saints et agréables à Dieu. C’est pourquoi saint Paul dit que les fruits que l’Esprit de Dieu produit dans l’âme sont : la charité, la joie, la paix, la patience, l’affabilité, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance (Ga 5,22-23).

Vivifiant : parce qu’Il nous donne la vie (cf. Ga 5,25). Il nous engendre au baptême, fait de nous des enfants de Dieu et nous enfante spirituellement.[1]

Bien que ces noms de l’Esprit Saint nous disent beaucoup de choses de Lui, il y a encore bien de choses que nous devons savoir de Lui.

On a dit que beaucoup ne connaissent pas l’Esprit Saint, il faut dire encore qu’il y a un grand nombre de chrétiens qui se trompent lorsqu’ils considèrent l’action de l’Esprit Saint dans leur vie. Car ils pensent que la Troisième Personne de la Sainte Trinité doit agir de la même façon qu’à la Pentecôte, c’est-à-dire d’une façon extraordinaire et étonnante, à travers des signes visibles. Il est vrai qu’avec les disciples il s’est présenté de cette manière, car Dieu voulait manifester son pouvoir et la force qu’Il donnait à l’Eglise ainsi que l’élan missionnaire, et pour cela le bruit, le feu et le pouvoir de parler des langues différentes.

Mais d’habitude l’Esprit Saint se communique à nous de façon très discrète, nous l’appelons dans son hymne « le doux Hôte de notre âme », et c’est notre devoir de savoir écouter ses inspirations pour nous laisser guider par Dieu.

Aujourd’hui nous célébrons la solennité de la Pentecôte, et nous demandons à l’Esprit Saint de nous guider à travers ses inspirations, mais les chrétiens se demandent parfois :

« Comment apprendre à écouter ses inspirations ? De quelle manière nous apprenons à écouter sa voix au milieu de tant de voix qui nous entourent ? » 

Il s’agit d’un apprentissage progressif, il faut un peu de temps et surtout accomplir certaines exigences de la vie chrétienne, et voici quelques éléments, voire – quelques conditions essentielles :    

– Que nous soyons fermement déterminés à faire la volonté de Dieu en tout. Dieu parle à ceux qui veulent lui obéir.

– Il faut mener une vie de prière régulière, tout en ayant en elle une attitude de confiance et de disponibilité intérieure à l’action de Dieu. La fidélité à la prière favorise et approfondit la disposition d’ouverture et d’écoute.

– Méditons régulièrement les Saintes Écritures : la façon dont la Parole de Dieu touche et parle à nos cœurs éveille en nous une sensibilité spirituelle et nous habitue peu à peu à reconnaître la voix de Dieu. Les saints trouvent les meilleures réponses dans la Bible.

Evitons aussi autant que possible les attitudes qui peuvent nous fermer à l’action de l’Esprit : agitations, inquiétudes, peurs, attachements excessifs à notre propre façon de faire ou de penser. L’écoute de l’Esprit Saint demande souplesse intérieure et détachement.

– Acceptons avec confiance les événements de notre vie, même quand parfois ils nous contredisent ou ne correspondent pas à ce que nous attendions. Si nous sommes dociles à la manière dont Dieu conduit les chemins de notre vie, si nous nous abandonnons entre les mains de notre Père, Il parlera à nos cœurs. Restons – dans la mesure du possible – dans la paix et la confiance, quoi qu’il arrive. Plus nous nous efforçons de maintenir la paix, plus nous entendrons la voix de l’Esprit.

– Sachons accueillir les conseils des personnes qui nous entourent. Soyons humbles face à nos frères et sœurs, on ne doit pas toujours chercher à avoir raison ou à avoir le dernier mot dans les conversations. Reconnaissons nos erreurs et laissons-nous corriger. Qui sait écouter son frère saura écouter Dieu.

D’autres éléments encore à pratiquer pour savoir écouter la voix de l’Esprit Saint :

– Purifions constamment nos cœurs dans le sacrement de pénitence. Le cœur purifié par le pardon de Jésus percevra plus clairement sa voix.

Soyons attentifs à ce qui se passe au plus profond de notre cœur. L’Esprit Saint ne se laisse pas entendre dans le bruit des médias ou dans l’agitation extérieure, mais dans l’intimité de nos cœurs, dans la douceur et constance.

– Apprenons peu à peu à reconnaître ce qui vient de Dieu à travers les fruits que l’Esprit de Dieu produit dans notre vie. Ce qui vient de l’Esprit apporte la paix, il nous rend humbles, confiants, généreux dans le don de nous-mêmes. Ce qui vient de notre esprit blessé ou du diable produit de la dureté, de l’agitation, de l’orgueil, de l’égocentrisme…

Et finalement, vivons dans un climat de gratitude : si nous remercions Dieu d’un bienfait, il nous donnera de nouvelles grâces, surtout les inspirations intérieures dont nous avons besoin pour le servir et l’aimer.[2]

A la très sainte Vierge Marie, elle qui a été la plus dociles de tous les hommes aux inspirations de l’Esprit Saint, en qui nous trouvons un parfait exemple de ce que nous venons de dire par rapport aux inspirations, à Elle nous demandons la grâce d’écouter la voix de Dieu, la voix de son Esprit très Saint.

P. Luis Martinez IVE.


[1] R. P. Miguel Ángel Fuentes, « El Teólogo responde ».

[2] R. P. Jacques Philippe.