Au soir de notre vie nous serons jugés sur l’amour

Solennité de Christ Roi (Lire l’évangile: Mt. 25,31-46)

Ce dernier dimanche du temps ordinaire est dédié à la solennité du Christ Roi de l’univers.

Dans la prière d’ouverture, nous avons prié et demandé la grâce de que la création soit libérée de la servitude du péché, pour que Dieu règne en elle, et que l’homme reconnaisse sa Puissance. Mais nous savons aussi que ce royaume de Dieu, qui commence déjà dans ce monde dans les cœurs de ceux qui sont fidèles à la loi de l’évangile, nous le trouverons en plénitude au Ciel, là-bas il sera un règne sans limite et sans fin : règne de vie et de vérité, règne de grâce et de sainteté, règne de justice, d’amour et de paix, où règnera la perfection totale, sans la faiblesse ni le mal du péché.

Et nous avons proclamé l’évangile de saint Mathieu, la prophétie du Seigneur au jugement final : Il parle de sa Venue, dit l’évangéliste, et nous voyons que c’est le Seigneur même qui dit à ses apôtres qu’Il vient comme Roi « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, il siégera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui. »

Et il est très intéressant de remarquer que le Seigneur utilise deux fois le titre de Roi, et ce seulement lorsqu’Il s’adresse à ceux qui sont placés à sa droite, les justes, les bénis du Père : « le Roi dira à ceux qui seront à sa droite… le Roi leur répondra ». Tandis qu’au moment où le Seigneur parle aux condamnés l’évangéliste met le pronom « il » : « il dira à ceux qui seront à sa gauche », et cela est semblable dans les textes grec et latin. On peut penser et à bon droit, que ceux qui ont servi le Seigneur dans le prochain ce sont eux qui ont le droit d’avoir Notre Seigneur Jésus-Christ comme Roi, parce qu’ils ont pleinement accompli la loi de l’Evangile et considéré le Christ comme leur véritable chef.

Le premier aspect à méditer c’est la raison pour laquelle les hommes seront jugés. Et l’on voit qu’il s’agit des œuvres de miséricorde et qui sont des actes qui revêtent un caractère « pratique », en plus d’être accessibles à tous, c’est l’amour en concret : « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres ». Ces œuvres constituent en effet la preuve la plus évidente que nous aimons Dieu, comme saint Jean nomme menteur celui qui dit « aimer Dieu » et qui n’aime pas son prochain de par ses œuvres. « Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère. » (1 Jn. 4,20-21)

Mais cet amour, il faut bien le distinguer, n’est pas l’amour de philanthropie (l’amour de l’homme pour l’homme) ; au contraire, il s’agit de la charité, parce qu’elle exige de voir le  Christ lui-même en la personne de celui à qui l’on fait du bien. C’est l’amour au prochain pour l’amour de Dieu, peu importe la qualité ou la catégorie des gens (pauvres ou riches, souffrants ou bienportants). En définitif, l’acte de charité nous renvoie directement à Dieu : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. Le Seigneur ne nous dit pas que celui que nous devons aider doit remplir certaines conditions pour être aidé, le fait de souffrir le rend frère du Seigneur et nous devons le considérer comme tel. Selon les paroles de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus de Lisieux, « Jésus est caché au fond de l’âme de tout homme …Jésus qui rend doux ce qu’il y a de plus amer … » (lire l’anecdote de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus)  

Alors, on peut se demander : pour quoi le Seigneur propose t’il en exemple des actions bien concrètes et matérielles ? On dirait qu’Il oublie les œuvres spirituelles ! La réponse nous la trouvons dans le fait même, c’est-à-dire que le Seigneur est en train de réaliser lui-même une œuvre de miséricorde spirituelle, celle d’instruire les ignorants ; et il y a encore une autre raison, c’est parce qu’il y a eu toujours une tentation à séparer ce qui est spirituel de ce qui est corporel, comme il a même existé dans l’histoire une hérésie qui considérait la matière comme mauvaise et que l’homme ne devait donc se concentrer qu’en ce qui était spirituel.

Il est toujours bien de faire mémoire aujourd’hui des œuvres de miséricorde parce que finalement nous serons juges de ces œuvres, sur la façon dont nous avons exercé la charité envers nos prochains. Il y a une très belle phrase de Saint Jean de la Croix qui dit : « Au soir de notre vie nous serons jugés sur l’amour », elle fait référence évidement au jugement particulier, lorsque notre âme sera devant Dieu, mais ce jugement anticipe en quelque sorte le jugement dernier, à la fin de l’histoire.

Le Catéchisme de l’Eglise Catholique définit les œuvres de miséricorde comme « les actions charitables par lesquelles nous venons en aide à notre prochain dans ses nécessités corporelles et spirituelles ».

Il y a quatorze œuvres de miséricorde : sept corporelles et sept spirituelles. D’abord nous énumérons les corporelles :

1) donner à manger à ceux qui ont faim,
2) donner à boire à ceux qui ont soif,
3) vêtir ceux qui sont nus.
4) accueillir les étrangers,
5) visiter les malades,
6) visiter les prisonniers,
7) ensevelir les morts.

Alors, il ne faut pas reléguer ses œuvres parce qu’elles correspondent à des besoins qui existaient plutôt dans le passé et dans certains contextes historiques (donner à boire, par exemple). En vérité, les considérant avec un peu plus d’attention, elles deviennent très actuelles dans notre temps. Il n’est pas exigé que le prochain se trouve dans la nécessité totale pour venir le secourir ; au contraire, combien de fois nous pouvons transformer un simple geste, comme celui de donner à boire à un ami, à l’aide à un enfant dans une œuvre de charité et de miséricorde.

Les sept œuvres de miséricorde spirituelles sont :
1) instruire les ignorants,
2) conseiller ceux qui sont dans le doute,
3) consoler les affligés,
4) corriger celui qui est dans l’erreur,
5) pardonner les offenses,
6) supporter patiemment les défauts des autres,
7) prier Dieu pour les vivants et pour les morts.

Certaines de ces dernières sont parfois plus difficiles à comprendre, plus difficiles à pratiquer, on peut dire qu’elles sont plus polémiques. Il y a une urgence qui donne priorité évidement aux œuvres corporelles, mais l’action des chrétiens ne s’achève jamais en elles ; les œuvres spirituelles sont plus sublimes que les corporelles, parce qu’elles font référence à l’âme et pour cela les chrétiens ne doivent pas les laisser de côté. Comme chrétiens nous devons toujours chercher aider notre prochain, surtout à ce qu’il progresse spirituellement, qu’il grandisse dans son âme et non seulement dans son corps : Quel avantage, en effet, un homme a-t-il à gagner le monde entier si c’est au prix de son âme ? (cf. Mc. 8,36).

Demandons la grâce d’accomplir ces œuvres de miséricorde pour que le Seigneur soit notre Roi, pour que nous appartenions à son Règne en plénitude et que nous écoutions un jour de ses lèvres cette belle invitation : ‘Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde’. A la Reine du Ciel et notre Mère, la très Sainte Vierge Marie, nous demandons aujourd’hui cette grâce.

P. Luis Martinez V. E.

Institut du Verbe Incarné

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