Que nous orientions notre principal effort vers L’Eucharistie! – Notre participation à la Messe

Homélie pour le Dimanche XVIII du temps Ordinaire, année B (Jn. 6, 24-35) .

« Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’homme », dit notre Seigneur a la foule ; le travail, l’œuvre que les hommes doivent accomplir c’est de croire en Jésus-Christ, et croire en tout ce qu’Il nous a enseigné et que l’Eglise nous transmet, qui est pour nous le trésor de la foi.

Nous continuons ce dimanche à évoquer notre participation à la sainte Messe. Elle revêt plusieurs caractéristiques importantes : 

Selon le magistère du Concile Vatican II : « La Mère Église désire beaucoup que tous les fidèles soient amenés à une participation pleine, consciente et active aux célébrations liturgiques ».

Nous allons tout d’abord expliquer ces trois notes :

a. La participation est « pleine » lorsqu’elle se produit à un degré éminent et total, non partiel.

b. Elle doit être ensuite « consciente » : cela se réalise lorsqu’est possible la compréhension des rites, des prières et des chants, lorsque les signes liturgiques sont compris ; lorsqu’on fait attention à ce qui se passe à l’autel, au chœur de l’Eglise, à l’ambon et dans l’assemblée. Cela s’oppose à un agir inconscient et irresponsable.

« Mais, pour obtenir cette pleine efficacité, dit toujours le magistère de l’Eglise, il est nécessaire que les fidèles accèdent à la liturgie avec les dispositions d’une âme droite, qu’ils harmonisent leur âme avec leur voix, et qu’ils coopèrent à la grâce d’en haut pour ne pas recevoir celle-ci en vain. C’est pourquoi les pasteurs doivent être attentifs à ce que dans l’action liturgique, non seulement on observe les lois d’une célébration valide et licite, mais aussi à ce que les fidèles participent à celle-ci de façon consciente, active et fructueuse. »

c. Notre participation à la liturgie doit être encore active : elle s’accomplit lorsque la participation intérieure et extérieure se rejoignent , laissant de côté toute passivité.

La participation extérieure est l’utilisation de gestes, de paroles, de silences, de chants, il s’agit aussi des attitudes corporelles, des processions, du fait de suivre par la lecture, le langage, les adaptations nécessaires, de communier la Victime du sacrifice… Mais notre participation ne peut pas être exclusivement extérieure. Elle est complétée la participation intérieure qui constitue les dispositions internes de celui qui participe à la messe, telles que penser, vouloir, prier, les actes de vertu, l’offrande de la Victime divine et de ses propres victimes spirituelles (sacrifices et prières) et celles des autres membres du Corps Mystique. Mais la participation intérieure demande toujours la participation extérieure. En effet, la désunion entre les deux est condamnée par Dieu selon le prophète Isaïe : « ce peuple s’approche de moi en me glorifiant de la bouche et des lèvres, alors que son cœur est loin de moi » (Is 29,13; Mt 15,8; Mc 7,6).

d. La participation doit être fructueuse ou féconde, ce qui se réalise quand les fins de la Rédemption sont atteintes et qu’elle n’est pas stérile.

e. Il est aussi nécessaire que la participation des fidèles soit la plus parfaite : «On recommande fortement cette participation plus parfaite à la messe qui consiste en ce que les fidèles, après la communion du prêtre, reçoivent le Corps du Seigneur avec des pains consacrés à ce même sacrifice ».

g. Elle doit être encore actuelle : quand les fidèles font « ici et maintenant » ce qu’il faut faire.

La Constitution dogmatique sur la liturgie, « Sacrosanctum Concilium », insiste pour que tous les fidèles comprennent facilement la liturgie de l’Eucharistie, cela requiert parfois une bonne adaptation, respectant l’essentiel et sans diminuer le sens sacré de l’acte. La liturgie doit aussi être claire et compréhensible, non obscure ou inintelligible.

« Les rites manifesteront une noble simplicité, seront d’une brièveté remarquable et éviteront les répétitions inutiles ; ils seront adaptés à la capacité de compréhension des fidèles et, en général, il n’y aura pas besoin de nombreuses explications pour les comprendre ».

Finalement il est nécessaire de revêtir d’une grande piété notre participation, qu’elle remplisse notre esprit, et l’être tout entier ; et cela durant toute la messe, non seulement dans un moment déterminé. Nous unissant aussi à toute la communauté, car la messe n’est pas un acte privé mais communautaire et qui implique toute la communauté.

Tout ce qui est dit est très vrai, mais risque de demeurer comme des paroles mortes. Pour mieux comprendre, il faut toujours prendre une conscience renouvelée que la Messe est le même Jésus-Christ qui se rend présent pour être adoré, mystiquement sacrifié, offert au Père, mangé par nous, afin que nous nous unissions à Lui , à toute la Trinité et entre nous. Donc la participation, c’est Lui et nous. Il y a du feu, un feu mystique, sur nos autels et il y a du Sang.

« TRAVAILLEZ en vue de cette nourriture, celle de l’esprit, QUI DEMEURE POUR LA VIE ÉTERNELLE ». Nous allons conclure avec ce beau commentaire de saint Thomas d’Aquin : Cette nourriture est Dieu lui-même en tant qu’il est la vérité à contempler et la bonté à aimer qui nourrissent l’esprit.  La Sagesse divine a nourri l’homme d’un pain de vie et d’intelligence. Cette nourriture est aussi l’obéissance aux commandements divins : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé » ; et encore le Christ lui-même : « C’est moi qui suis le pain de vie ». « Ma chair est vraiment une nourriture et mon sang vraiment une boisson ». (Saint Thomas d’Aquin, Commentaire à l’évangile de Saint Matthieu)

La véritable intelligence du passage est donc que nous orientions notre œuvre, c’est-à-dire notre principal effort et notre intention, vers la recherche de la nourriture qui conduit à la vie éternelle, c’est-à-dire vers les biens spirituels. Sur les choses temporelles, nous ne devons pas porter en premier lieu notre attention, mais seulement d’une manière relative : nous les procurer uniquement en raison de notre corps corruptible qu’il faut soutenir aussi longtemps que nous vivons ici-bas. 

A la très sainte Vierge Marie nous supplions de nous obtenir la grâce de préparer notre cœur à recevoir Notre Seigneur avec une bonne participation à la sainte Messe. Saint Augustin mettait aux lèvres de Jésus ces paroles : “Je suis la nourriture des grands; grandis et tu me mangeras. Et tu ne me changeras pas en toi, comme la nourriture de ta chair; mais c’est toi qui seras changé en Moi. »

P. Luis Martinez IVE.

(Citations du livre « Ars Participandi », P. Carlos Buela, IVE.)

Comment saint Joseph revint à Bethléem et y reçut les saints Rois Mages

Après la Présentation de Jésus dans le Temple. Joseph revint à Nazareth avec Marie et l’Enfant (Luc, II, 39). Mais bientôt, sans doute, la Sainte Famille regagna Bethléem pour s’y établir. En réalité, Bethléem était la patrie de Jésus, le lieu de sa naissance ; Bethléem était à proximité de Jérusalem et, sous plus d’un rapport, cette proximité offrait des avantages. On sait que, plus tard, au retour de l’Égypte, Joseph songeait à se fixer à Bethléem.

Il pouvait y avoir un an que la Sainte Famille résidait à Bethléem, lorsque, soudain, des Mages venus de l’Orient arrivèrent à Jérusalem. « Où est le roi des Juifs qui est nouvellement né ? » demandèrent-ils. « Nous avons vu son étoile en Orient et nous sommes venus l’adorer » (Mt. II, 2). Cette question, franchement posée, troubla Hérode et mit toute la ville en émoi. Hérode, embarrassé mais dissimulé, ne trouva rien de mieux à faire que de s’enquérir auprès des princes des prêtres et des scribes du lieu où le Messie devait naître. Ils lui dirent que c’était à Bethléem. Hérode transmit la réponse aux Mages, leur recommandant de s’informer exactement de l’Enfant, de lui faire savoir lorsqu’ils l’auraient trouvé, « afin, dit-il, que j’aille aussi moi-même l’adorer » (Matth., II, 8). Guidés par l’étoile qui, à leur grande joie, leur apparut de nouveau à leur sortie de la ville, les Mages arrivèrent à Bethléem.

Devant Hérode

Les Mages venaient d’une contrée située à l’orient de la Judée. C’étaient de nobles personnages, des sages, peut-être des princes d’une famille royale ; peut-être connaissaient-ils les Saints Livres. Une inspiration d’en haut leur avait appris qu’à l’apparition d’une étoile extraordinaire dans le ciel, ils auraient à rechercher le Roi Messie pour l’adorer. Cette étoile parut au moment de la naissance du Seigneur ou un peu plus tard ; et dès lors, ils se firent un devoir de suivre cette indication : c’est, du moins, ce que nous pouvons conclure de leur présence auprès de la crèche du Sauveur. Ils vinrent donc à Bethléem et trouvèrent la demeure du divin Enfant. Sans doute, ils s’arrêtèrent au Khan de la petite ville avec leur suite et ils firent demander à la Sainte Famille s’ils pouvaient se présenter, ajoutant que, sur l’indication d’une étoile, ils étaient venus pour adorer l’Enfant. Saint Joseph reçut les envoyés avec sa courtoisie habituelle.

A leur tour, les Rois Mages parurent avec leurs serviteurs portant, dans des corbeilles et des cassettes, de précieux présents, car en Orient on n’approche point d’un prince sans offrir quelque riche cadeau. Marie accueillit les nobles visiteurs avec une gracieuse simplicité. Jésus reposait entre ses bras. A sa vue, ils se prosternèrent devant lui : pénétrés d’une foi vive, d’une humilité profonde, ils l’adorèrent avec amour, ils s’offrirent à lui sans réserve. En vérité, ils étaient des sages ! en vérité, ils étaient des Rois ! La sagesse de leur esprit, la royale grandeur de leur cœur ne se scandalisèrent point de constater que l’Enfant divin était inconnu à Jérusalem ; la simplicité, la pauvreté de la demeure de Bethléem ne les déconcertèrent point. Sans juger d’après les apparences, ils suivirent les inspirations de leur cœur, ils crurent à ce que Dieu leur révélait.

Prenant alors les présents que leurs serviteurs avaient apportés, ils offrirent à Jésus de l’or, de l’encens et de la myrrhe – dons mystérieux qui symbolisaient les sentiments de leur cœur, – la foi, l’amour, l’adoration – en même temps que la divinité, la royauté et la mission rédemptrice de l’Enfant. Jésus agréa cet hommage dont il savait toute la signification. Dans l’âme des Mages, il répandit l’abondance de ses grâces ; il bénit en eux les prémices des gentils. Sans doute, les royaux pèlerins s’entretinrent ensuite avec Marie et Joseph qui, avec une noble simplicité, racontèrent les circonstances de l’avènement du Sauveur. Pour la première fois, Marie se fait l’Apôtre des Gentils, et Joseph a une part à cet apostolat. Les Mages, devenus chrétiens, rapportèrent la foi chez leur peuple.

Toutefois, ils ne passèrent point par Jérusalem. « Ayant reçu, pendant qu’ils dormaient, un avertissement du ciel de ne point aller trouver Hérode », qui avait résolu de perdre l’Enfant, « ils s’en retournèrent en leur pays par un autre chemin » (Mt., II, 12) – le chemin qui, au sud, va traverser le Jourdain.

La merveilleuse visite des Mages fut une joie pour Marie et pour Joseph.

Notre saint fut heureux de se rencontrer avec ces pieux personnages dont les sentiments avaient plus d’une analogie avec les siens ; mais surtout il se réjouit pour le grand honneur qui était fait à Marie et à Jésus. La sagesse de l’Orient était venue rendre hommage à la divine Sagesse de cet humble Enfant. Quelle magnifique révélation de la royauté du Sauveur ! A peine né, il commence à régner ; il est pauvre, et on dépose à ses pieds l’or et les richesses ; des contrées lointaines, il appelle à lui ses serviteurs et ses adorateurs ; le ciel et la terre lui obéissent ; ses ennemis tremblent à la seule annonce de son avènement. Le mystère de l’adoration des Mages est, pour ainsi dire, le Thabor de la sainte Enfance de Jésus. Dans sa joie, Joseph dit sans doute, lui aussi : « Il est bon d’être ici : dressons-y trois tentes. » Comment, enfin, dans ce mystère de la vocation des Gentils ne pas voir une annonce du rôle de saint Joseph à l’égard des Missions chez les infidèles ? Un jour, en effet, l’Eglise le proclamera Patron de ces Missions.

Adoration des Mages. Bienheureux Fra Angelico

Une ancienne mosaïque de Notre-Dame de Paris (XIIIe siècle) indique très bien la part prise par saint Joseph à ce mystère et la place importante qu’il y occupe : le saint est sous un baldaquin ; il s’appuie sur son bâton, il observe et semble attendre l’hommage des royaux visiteurs[1]. Plus tard, Fra Angelico nous montre saint Joseph s’entretenant avec l’un des Rois Mages dont, sans doute, il éclaire la foi ; ou bien ouvrant une cassette qui renferme l’un des riches présents apportés, afin de l’offrir au divin Enfant au nom des Gentils. N’est-ce pas déjà le Patron et le Protecteur des Missions ?

Saint Joseph, dans la Vie de Jésus-Christ et dans la Vie de l’Eglise

R. P. M. Meschler S. I.


[1] Nous devons ajouter que, d’après d’autres auteurs, le personnage en question serait une femme.