“Soyez toujours dans la joie du Seigneur ; je le redis :
soyez dans la joie”
Comme vous pouvez le voir dans la feuille des chants, ce dimanche a un nom spécial, il s’appelle dimanche « de Gaudete », il prend le nom du premier mot de l’antienne propre de ce dimanche, Gaudete in Domino ; la phrase se trouve aussi dans le passage que nous avons entendu dans la deuxième lecture, de saint Paul aux Phillipiens (Philip. 4,4-7). L’Église nous invite à nous réjouir, parce que le Seigneur est proche, parce que dans quelques jours nous allons fêter la Naissance de Jésus. Au milieu de ce temps de préparation pour la Fête de Noël, nous faisons une halte, pour renouveler notre joie.
Mais cette joie est destinée à tous les chrétiens, et aussi à l’humanité toute entière, elle n’est pas réservée pour nous seulement. Alors nous pouvons nous demander : comment peuvent vivre cette joie tant des frères et sœurs dans la foi qui souffrent la persécution par le simple fait d’être chrétiens, ou bien ceux dont la vie est pleine d’autres souffrances ?
Pensons aux nombreux malades et personnes seules qui, en plus d’être éprouvés dans leur corps, le sont également dans leur âme, car il n’est pas rare qu’ils se sentent abandonnés: comment partager la joie avec eux, sans manquer de respect à leur souffrance?
Mais pensons également à ceux – spécialement les jeunes – qui ont perdu le sens de la vraie joie, et la cherchent en vain là où il est impossible de la trouver: dans la société de consommation, l’alcool, dans les paradis artificiels de la drogue et de toute forme d’aliénation.
Nous ne pouvons pas ne pas confronter la liturgie d’aujourd’hui et son “Soyez dans la joie!” avec ces réalités dramatiques. L’Eglise ne s’évade pas de la réalité du monde, elle ne propose pas une idée fausse de la joie, non plus. Elle nous fait regarder vers le haut, vers les choses surnaturelles ; nous avons, et le monde doit avoir aussi l’espérance en Jésus-Christ, l’espérance en ce qu’Il nous a promis, le Ciel. Sa grâce nous aide à vivre dans ce monde, où la souffrance est probablement présente dans nos vies, et nous vivons dans ce monde avec l’espérance qu’il change aussi et qu’il se tourne vers Dieu, une espérance qui nous pousse à agir contre le mal. Lorsque Saint Paul écrit la lettre aux Philippiens, il est en prison, il est prisonnier à cause de la prédication de l’Evangile, mais il invite ces chrétiens de Philippe à se réjouir, et par deux fois il leur recommande de le faire.
Mais le secret de la joie chrétienne est de ne pas se laisser envahir l’âme par la tristesse, même si la souffrance touche nos vies, même si le mal est devant nos yeux, l’Enfant de Bethleem est né pour vaincre le mal et nous ouvrir les portes du Ciel.
Il faut passer maintenant au passage évangélique (Lc. 3,10-18) et trouvons la prédication de saint Jean Baptiste, ou plutôt les réponses données à ceux qui s’approchaient de lui pour se faire baptiser.
Une première réflexion c’est l’attitude de conversion de gens : « Que devons-nous faire ? ». Les œuvres scellent comme un sceaux la conversion, elles sont le fruit.
Et ces œuvres avec lesquelles nous manifestons la réforme de la vie et la vérité de la conversion sont les œuvres du sincère amour au prochain, partager avec celui qui n’a pas. Voyant la figure de saint Jean Baptiste, on serait tenté de dire qu’il allait demander des grandes pénitences pour les gens qui venaient à lui. Pourtant, Jean Baptiste n’exige pas d’actes héroïques, plutôt la miséricorde et la charité envers les autres, améliorer la vie, vivant la simplicité face à Dieu. Saint Paul le recommandera aussi quelques années plus tard aux nouveaux chrétiens de Corinthe (1 Co. 7,17) : « que chacun se conduise selon la position que le Seigneur lui a assignée, et selon que Dieu l’a appelé ; c’est la règle que j’établis dans toutes les Eglises. ».
Ce que saint Jean suit c’est la prédication prophétique de tout l’ancien testament.
Ainsi, l’Esprit Saint nous apprend par la bouche du prophète Michée (6,6): Avec quoi me présenterai-je devant le Seigneur, me prosternerai-je devant le Dieu de là-haut? Me présenterai-je devant lui avec des holocaustes, avec des veaux d’un an? Le Seigneur agréera-t-il des milliers de béliers, des myriades de torrents d’huile? Donnerai-je mon premier-né pour ma faute, le fruit de mes entrailles pour le péché de mon âme? On t’a fait connaître, ô homme, ce qui est bon, et ce que le Seigneur demande de toi : c’est de pratiquer la justice, d’aimer la miséricorde, et de marcher humblement avec ton Dieu.
Dieu nous demande ce qui nous est accessible et parce qu’à la fin ce qu’Il veut de nous tous, c’est que nous fassions de façon extraordinaire ce que pour tout le monde est ordinaire. Vous allez dire : « mais, il y a des saints auxquels Dieu a demandé de faire de grands actes ». C’est vrai, mais ils ont aussi vécu en beaucoup de choses la vie de simples chrétiens et c’est aussi une de raisons pour laquelle l’Eglise les a proclamés saints. Mais il faut savoir que la sainteté n’est pas fermée à une élite, sinon qu’elle est possible à tous.
Prions la Vierge Marie et demandons-lui la grâce de conduire d’une façon sainte dans la vocation à laquelle Dieu nous a appelés et d’attendre avec une grande joie la Naissance de Notre Seigneur Jésus-Christ.
P. Luis Martinez V.E.
Monastère « Bienheureux Charles de Foucauld »