21 décembre : La douleur de Jésus
La cinquième des « vertus de l’anéantissement du Christ » que nous allons traiter dans nos méditations pour nous préparer à Noël, c’est sa douleur.
Par ce mot, « douleur », nous désignons une vertu complémentaire au « sacrifice », que nous avons déjà notée dans le Christ pendant les jours de cette neuvaine. Lorsque nous parlons de sacrifice, nous mentionnons comment Jésus a toujours voulu choisir le pire et le plus difficile, en assumant même des déficiences de la nature humaine qui n’étaient pas strictement nécessaires à sa mission, comme la faim, la soif, la fatigue, la tristesse, entre autres ; à travers lesquelles il nous manifeste l’intégrité et la radicalité de son amour.
Cependant, ce n’est qu’une partie de notre conformité à la volonté de Dieu. Dans notre cas, c’est ce que les maîtres spirituels appellent la partie « active » de la vie spirituelle, c’est-à-dire tout ce que nous, aidés par la grâce mais selon notre manière humaine, pouvons discerner et choisir pour nous conformer de plus en plus à la volonté de Dieu, pour manifester notre amour pour lui de manière concrète.
Il y a cependant une autre partie de la vie spirituelle, qui est ce que les maîtres spirituels appellent la « passivité », ou bien, partie « passive ». Et c’est ce que nous voulons dire lorsque nous parlons de la vertu de la douleur, qui est la manière chrétienne de porter la croix qui nous est imposée non par notre choix. Cette partie passive de la vie spirituelle nous touche beaucoup plus profondément, elle nous met face à la volonté de Dieu car elle nous oblige à nous y conformer de manière totale. En fait, nous pouvons choisir de faire des pénitences, des actes de miséricorde, comme le pardon à qui nous a offensé, comme le conseil à celui qui a besoin, comme la patience… et c’est important de le faire parce que c’est la façon dont nous devons disposer nos cœurs pour servir Dieu. Dieu mérite que nous lui fassions ce genre d’offrandes, ces sacrifices. Mais il y a d’autres moments qui ne relèvent pas de notre choix, et que nous devons également considérer comme un don de Dieu, et sa volonté pour nous. Dans l’ordre physique, cela peut être une maladie, une limitation, vivre loin de notre famille et de nos amis, la mort des êtres que nous aimons ; dans l’ordre personnel, Dieu peut nous permettre d’être oubliés, méprisés, de recevoir des injustices, d’être trahis ; dans l’ordre spirituel, il y a aussi ces croix, qui sont données avant tout dans la prière, lorsque nous éprouvons un certain vide, ou qu’il nous semble que Dieu nous rejette, et que nous voulons crier comme Jésus : « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ».
Tout cela relève de la vertu de la douleur, pour laquelle nous devons nous efforcer de tout recevoir comme venant de Dieu, et de Le remercier, en ayant confiance que Dieu est infiniment Sage et sait ce dont nous avons le plus besoin pour notre salut, même si pour nous c’est impossible à comprendre ; et que Dieu est infiniment Bon, et veut le meilleur pour nous, même si cela ne nous plaît pas.

Dans la vie du Christ, nous voyons comment il s’expose à de nombreuses souffrances pour nous donner des exemples, et veut être méprisé et rejeté dès le début de sa vie, lorsque ses parents ne trouvent pas de place dans l’auberge, lorsqu’il est persécuté par le roi Hérode, dans la mort de son père, saint Joseph, dans la nécessité de travailler pour aider sa mère, la Vierge ; puis dans sa prédication, il est souvent incompris, persécuté, calomnié ; et dans sa Passion, il est trahi, abandonné par ses amis, abandonné par son Père qui est aux cieux.
Jésus choisit chacune de ces choses, Il les fait siennes. Nous devons l’imiter en cela, accepter avec amour les croix que Dieu nous envoie, et porter avec elles les fruits de la vie éternelle.