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L’Esprit de Dieu. Comment apprendre à écouter ses inspirations ?

Homélie pour la Solennité de la Pentecôte (Année C)

Nous célébrons ce dimanche la conclusion du temps de Pâques, avec la solennité de Pentecôte, la descente de l’Esprit Saint sur la très sainte Vierge Marie et les disciples du Seigneur.

Dans le Credo, nous disons “Je crois dans l’Esprit Saint”. Il y a beaucoup de chrétiens qui prient le credo et répètent cette affirmation mais ne savent pas ce qu’est le Saint-Esprit, comme ces hommes que saint Paul a rencontrés lors d’un de ses voyages ; d’autres étaient venus avant l’apôtre et les avaient convertis chrétiens ; saint Paul leur a donc demandé s’ils étaient baptisés et ils ont dit oui ; puis il leur demande encore s’ils avaient reçu le Saint-Esprit lors de leur baptême, et ils répondent alors « Nous n’avons même pas entendu dire qu’il y a un Esprit Saint. » (Act. 19, 2)

L’Esprit Saint n’est pas un ange gardien ou une force au sens impersonnel de cette expression, mais une Personne divine : la troisième Personne de la Sainte Trinité.

Dire « je crois dans l’Esprit Saint », c’est donc professer que le Saint-Esprit est une des Trois Personnes de la Sainte Trinité. Il est Dieu comme le Père et comme le Fils ; et Il mérite la même adoration que le Père et que le Fils ; comme le Père et le Fils, Il est créateur, créateur de toutes choses, sanctificateur.

Généralement, les chrétiens font plus de référence et savent plus sur Dieu le Père et sur Dieu le Fils que sur Dieu le Saint-Esprit. Pour cette raison, il y avait un écrivain qui l’appelait ‘le Grand Inconnu’.

Dans le Nouveau Testament, on donne pourtant plusieurs noms à l’Esprit Saint :

-Notre Seigneur Jésus-Christ l’appelle ‘le Paraclet’, ce qui signifie ‘le consolateur’. Dans nos souffrances, dans les tribulations, le Saint Esprit est celui qui nous réconforte. C’est pourquoi un des anciens hymnes de l’Église lui demande : d’arroser ce qui est aride, de guérir ce qui est malade, de fortifier ce qui est faible, d’alléger ce qui est lourd.

Avocat, parce qu’il nous défend. Saint Paul dit : « L’Esprit vient au secours de notre faiblesse. Car nous ne savons pas demander comme il nous convient ; mais l’Esprit lui-même intercède pour nous par des gémissements ineffables » (Rm 8, 26).

-Esprit de vérité : parce que c’est Lui qui fait que les Apôtres se souviennent de tout ce que Jésus-Christ a dit, et c’est Lui qui fait comprendre aux chrétiens et surtout au Pape les Saintes Écritures sans se tromper.

Don de Dieu : parce que le grand don que Dieu nous fait, c’est de nous envoyer le Saint-Esprit.

– Sanctificateur : parce que c’est lui qui produit la sainteté dans nos cœurs ; Il réveille dans nos cœurs les vertus et les bonnes qualités qui nous rendent saints et agréables à Dieu. C’est pourquoi saint Paul dit que les fruits que l’Esprit de Dieu produit dans l’âme sont : la charité, la joie, la paix, la patience, l’affabilité, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance (Ga 5,22-23).

Vivifiant : parce qu’Il nous donne la vie (cf. Ga 5,25). Il nous engendre au baptême, fait de nous des enfants de Dieu et nous enfante spirituellement.[1]

Bien que ces noms de l’Esprit Saint nous disent beaucoup de choses de Lui, il y a encore bien de choses que nous devons savoir de Lui.

On a dit que beaucoup ne connaissent pas l’Esprit Saint, il faut dire encore qu’il y a un grand nombre de chrétiens qui se trompent lorsqu’ils considèrent l’action de l’Esprit Saint dans leur vie. Car ils pensent que la Troisième Personne de la Sainte Trinité doit agir de la même façon qu’à la Pentecôte, c’est-à-dire d’une façon extraordinaire et étonnante, à travers des signes visibles. Il est vrai qu’avec les disciples il s’est présenté de cette manière, car Dieu voulait manifester son pouvoir et la force qu’Il donnait à l’Eglise ainsi que l’élan missionnaire, et pour cela le bruit, le feu et le pouvoir de parler des langues différentes.

Mais d’habitude l’Esprit Saint se communique à nous de façon très discrète, nous l’appelons dans son hymne « le doux Hôte de notre âme », et c’est notre devoir de savoir écouter ses inspirations pour nous laisser guider par Dieu.

Aujourd’hui nous célébrons la solennité de la Pentecôte, et nous demandons à l’Esprit Saint de nous guider à travers ses inspirations, mais les chrétiens se demandent parfois :

« Comment apprendre à écouter ses inspirations ? De quelle manière nous apprenons à écouter sa voix au milieu de tant de voix qui nous entourent ? » 

Il s’agit d’un apprentissage progressif, il faut un peu de temps et surtout accomplir certaines exigences de la vie chrétienne, et voici quelques éléments, voire – quelques conditions essentielles :    

– Que nous soyons fermement déterminés à faire la volonté de Dieu en tout. Dieu parle à ceux qui veulent lui obéir.

– Il faut mener une vie de prière régulière, tout en ayant en elle une attitude de confiance et de disponibilité intérieure à l’action de Dieu. La fidélité à la prière favorise et approfondit la disposition d’ouverture et d’écoute.

– Méditons régulièrement les Saintes Écritures : la façon dont la Parole de Dieu touche et parle à nos cœurs éveille en nous une sensibilité spirituelle et nous habitue peu à peu à reconnaître la voix de Dieu. Les saints trouvent les meilleures réponses dans la Bible.

Evitons aussi autant que possible les attitudes qui peuvent nous fermer à l’action de l’Esprit : agitations, inquiétudes, peurs, attachements excessifs à notre propre façon de faire ou de penser. L’écoute de l’Esprit Saint demande souplesse intérieure et détachement.

– Acceptons avec confiance les événements de notre vie, même quand parfois ils nous contredisent ou ne correspondent pas à ce que nous attendions. Si nous sommes dociles à la manière dont Dieu conduit les chemins de notre vie, si nous nous abandonnons entre les mains de notre Père, Il parlera à nos cœurs. Restons – dans la mesure du possible – dans la paix et la confiance, quoi qu’il arrive. Plus nous nous efforçons de maintenir la paix, plus nous entendrons la voix de l’Esprit.

– Sachons accueillir les conseils des personnes qui nous entourent. Soyons humbles face à nos frères et sœurs, on ne doit pas toujours chercher à avoir raison ou à avoir le dernier mot dans les conversations. Reconnaissons nos erreurs et laissons-nous corriger. Qui sait écouter son frère saura écouter Dieu.

D’autres éléments encore à pratiquer pour savoir écouter la voix de l’Esprit Saint :

– Purifions constamment nos cœurs dans le sacrement de pénitence. Le cœur purifié par le pardon de Jésus percevra plus clairement sa voix.

Soyons attentifs à ce qui se passe au plus profond de notre cœur. L’Esprit Saint ne se laisse pas entendre dans le bruit des médias ou dans l’agitation extérieure, mais dans l’intimité de nos cœurs, dans la douceur et constance.

– Apprenons peu à peu à reconnaître ce qui vient de Dieu à travers les fruits que l’Esprit de Dieu produit dans notre vie. Ce qui vient de l’Esprit apporte la paix, il nous rend humbles, confiants, généreux dans le don de nous-mêmes. Ce qui vient de notre esprit blessé ou du diable produit de la dureté, de l’agitation, de l’orgueil, de l’égocentrisme…

Et finalement, vivons dans un climat de gratitude : si nous remercions Dieu d’un bienfait, il nous donnera de nouvelles grâces, surtout les inspirations intérieures dont nous avons besoin pour le servir et l’aimer.[2]

A la très sainte Vierge Marie, elle qui a été la plus dociles de tous les hommes aux inspirations de l’Esprit Saint, en qui nous trouvons un parfait exemple de ce que nous venons de dire par rapport aux inspirations, à Elle nous demandons la grâce d’écouter la voix de Dieu, la voix de son Esprit très Saint.

P. Luis Martinez IVE.


[1] R. P. Miguel Ángel Fuentes, « El Teólogo responde ».

[2] R. P. Jacques Philippe.

“l’Esprit Saint vous enseignera tout”

Homélie de l’évangile du Dimanche VI Pâques, année C (Jn 14, 23-29)

Dans quelques jours, nous célébrerons l’Ascension du Seigneur; et 9 jours après, la Pentecôte ; dans le dimanche qui suit la Solennité de la Pentecôte nous méditerons sur le mystère de la Sainte Trinité. L’Eglise nous introduit à ces grandes solennités en nous proposant à la méditation ces paroles prononcées par Jésus à la dernière Cène. On peut dire que le Seigneur avait devant lui sa Passion et sa Mort et se prépare à l’affronter ; les pensées qu’II partage deviennent donc un précieux souvenir, Jésus ouvre son Cœur Sacré et ses paroles dévoilent un peu le mystère de Dieu, la dernière Cène c’est le moment des grandes révélations de son amour.

D’abord, Il décrit la venue de la Trinité dans l’âme de celui qui est fidèle à sa Parole, le Père et le Fils viennent demeurer dans l’âme qui garde fidèlement la loi de Dieu, dans celui qui ne laisse pas vivre le péché dans son âme et pour cela Dieu peut se communiquer et le faire participer de sa vie divine par la Grâce Sanctifiante.

Le Seigneur révèle la Trinité, Trois Personnes Divines distinctes, le Père et le Fils, mais aussi l’Esprit Saint, Tous les Trois viennent du Ciel pour sanctifier celui qui aime Dieu parce qu’il garde sa Parole.

Après cela, le Seigneur commence à faire ses adieux aux apôtres et Il utilise la salutation habituelle, laisser la paix faisait partie de l’au revoir. Mais Il distingue bien que la paix qu’Il donne n’est pas à la manière du monde. En effet, explique le pape Jean Paul II, la paix du Christ est le fruit du sacrifice rédempteur consommé sur la croix, qui atteint son accomplissement dans la glorification du Christ. C’est de cette paix que les hommes ont besoin : la paix obtenue par le triomphe sur le péché. Une paix qui peut seulement provenir de Dieu à travers le pardon des péchés par le sacrifice du Christ. La vie des saints est un témoignage et une preuve de l’origine divine de la paix. Ils se montrent intimement sereins au milieu des épreuves les plus douloureuses et qui semblent les abattre. Quelque chose, ou plutôt Quelqu’un, est présent et agit en eux pour les protéger des dangers et même de la faiblesse et de la peur. C’est l’Esprit Saint, l’auteur de cette paix qui est le fruit de l’amour et qu’Il inspire dans les cœurs.

« Je m’en vais et je reviens vers vous » dit le Seigneur presque à la fin de son discours. Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi »

Qu’est-ce que le Seigneur a voulu dire avec cette dernière phrase : le Père est plus grand que moi ? Etant Dieu, Jésus n’est-il pas égal à son Père ? Il faut savoir que Jésus parle toujours comme ce qu’Il est, le Fils de Dieu incarné, c’est-à-dire, homme et Dieu à la fois. Bientôt, les disciples Le contempleront dans son total abaissement, mourant sur la croix. « Le Christ Jésus, dira saint Paul ( Philip. 2,5-9), ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté».

« Vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père », vous devriez vous réjouir que j’accomplisse la mission donnée par mon Père, que je lui obéisse. Le Seigneur ne va pas défier le démon, mais plutôt accomplir un acte suprême d’amour envers son Père en accomplissant le mandat de s’offrir en sacrifice pour la Rédemption du monde.

Nous allons dédier la dernière partie de cette méditation à parler de l’Esprit Saint que le Père du Ciel enverra dans le nom de Jésus ; l’Esprit a comme but de nous enseigner tout ce qui est nécessaire pour atteindre le Ciel et nous faire souvenir des paroles du Christ. En définitive, l’Esprit Saint a la mission de nous sanctifier. Il est le Défenseur, le Paraclet, ce qui veut dire “celui qui est à côté”, un appui, un bâton pour ne pas trébucher et pour cela Paraclet est aussi traduit comme Avocat, celui qui prend notre défense dans ce monde, devant les gens qui veulent nous faire détourner du bon chemin.

On sait que l’Esprit Saint communique avec notre âme, mais il faut savoir bien distinguer Sa voix, la voix de Dieu d’autres voix qui arrivent aussi chez nous, comme notre propre pensée, notre sensualité ou bien les insinuations du démon qui prétend toujours copier la voix de Dieu pour nous éloigner du bon chemin.

Savoir reconnaître la Voix de Dieu (« quand est-ce que Dieu me parle ») fait partie du discernement nécessaire afin de nous laisser guider par l’Esprit de Dieu. 

Le premier principe, c’est que l’Esprit Saint nous inspire toujours des choses saintes, jamais des actions qui tendent au péché. Le démon et le monde ne vont jamais, par contre, nous impulser à faire l’authentique charité, à vivre plus parfaitement les vertus, ce que ne feront pas non plus notre sensualité ou notre nature ; au contraire notre nature va nous incliner vers ce qui est facile et commode, ce qui s’adapte à mon égoïsme, à mon plaisir, à ma pensée. Sachons aussi que la vertu que inspire l’Esprit Saint implique un effort, implique un renoncement à ce qui est agréable, un renoncement aux plaisir.

L’Esprit Saint veut nous conduire au Ciel, et jamais ne nous laisser dans le péché ; c’est lui qui vient remuer notre conscience pour nous convertir et retourner à l’état de grâce et d’amitié avec Dieu.

Mais une fois que nous sommes dans le bon chemin l’Esprit Saint va nous guider et nous inspirer lorsque par exemple nous sommes en face de deux choix afin d’opter pour le meilleur, celui qui nous amène plus vite et avec plus de certitude à la sainteté. Il n’aime pas que les gens traînent ; une fois qu’il montre où se trouve la Volonté Divine, l’Esprit de Dieu veut qu’ils se dépêchent. Il veut notre sanctification et Il la veut de façon immédiate.

L’Esprit de Dieu inspire toujours de manière ordonnée, sans causer de choses étranges, on peut dire dans la normalité. Sans causer du mal aux autres, sans les entraîner eux non plus vers le péché.

Il se révèle dans l’authentique obéissance, va donc nous guider à chercher un guide qui puisse répondre et suscite toujours des résolutions qui sont en accord avec ce que l’Eglise enseigne dans ses lois. Toujours, les décisions prises sous la lumière de l’Esprit laissent cette douce sécurité dans le cœur que c’est bien là, la volonté de Dieu.

Quels sont les signes de que l’Esprit Saint est présent dans nos vies et dans nos cœurs ? Nous pouvons en énumérer certains :  

Il nous apprend de choses vraies (non des choses imaginaires ou faussetés). Des choses utiles pour notre sanctification, non des idées de vanité, banalité ou sensualité.    

Il donne assez de lumière pour bien discerner ; la flexibilité dans les pensées (ce n’est pas un esprit d’obstination) ; s’Il montre le but, il va nous aider à chercher les bons moyens pour y arriver. Et toujours Ses pensées sont accompagnées d’humilité (loin de tout orgueil)

L’Esprit de Dieu a comme caractéristique la paix, comme dit saint Paul (1 Co. 14,33) : « Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix ». Il nous inspire sa confiance en Lui et la crainte de nous-mêmes, la docilité et l’obéissance. Il donne la rectitude d’intention afin que le but que l’on cherche soit toujours pur et honnête ; Il suscite en nous liberté, sincérité et simplicité. Nous trouvons encore l’Esprit de Dieu dans les pensées qui inspirent l’abnégation de notre volonté, le fait de vivre la charité envers toutes les personnes, la patience dans les épreuves, le désir de porter la croix et surtout d’imiter en tout Notre Seigneur Jésus-Christ.  

Mais, l’Esprit de Dieu demande toujours une réponse prompte et généreuse, sachant que Dieu ne laisse jamais gagner en générosité ; il est intéressant d’écouter cette histoire comme un bon exemple, une histoire qui se répète souvent.

Un mendiant allait dans un village de porte en porte demandant de l’aide, lorsqu’au loin parut un char doré comme un rêve radieux et il a admiré le Roi des rois.

Le char s’est arrêté et le Seigneur posa le regard sur lui avec un beau sourire.

Le mendiant sentit que le bonheur était arrivé dans sa vie.

Tout d’un coup, le Roi des rois tend sa main vers lui et dit: qu’est-ce que tu as à me donner? Quelle drôle situation, qu’un roi tende la main vers un mendiant pour demander !  Le pauvre est resté confondu et perplexe.

Finalement, regardant ce qu’il avait ramassé dans la journée, il prit un grain de blé et le lui donna.
Mais la surprise était grande, lorsqu’à la fin de la journée et au moment de vider son sac, parmi les grains de blé, le mendiant trouva une minuscule pépite d’or. Il se mit à pleurer amèrement et dit : “Dommage de n’avoir pas eu l’intuition et la résolution de lui avoir tout donné !”

Demandons à la très Sainte Vierge la grâce de savoir discerner la véritable voix de l’Esprit Saint dans nos vies et de savoir répondre à ses appels avec générosité et promptitude.

P. Luis Martinez IVE.