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LA VEILLÉE PASCALE

Vivons la Semaine Sainte

DIMANCHE DE PÂQUES DANS LA NUIT SAINTE

La célébration annuelle de la mort et de la résurrection du Christ culmine dans la Nuit pascale, qui est la nuit sainte des chrétiens. Cette assemblée liturgique est, selon le mot de saint Augustin, la mère de toutes les saintes veillées. S’il est naturel au disciple du Christ de consacrer à la prière une partie des heures de la nuit, car le Seigneur lui a enseigné à veiller dans l’attente de l’Époux (Mt 25, 13), l’assemblée liturgique convient d’une manière éminente à la nuit pascale:

– c’est la nuit où les enfants d’Israël mangèrent l’agneau libérateur et où ils passèrent à pied sec la mer Rouge;

– c’est la nuit où le Christ brisa les liens de la mort pour remonter victorieux des enfers;

– c’est la nuit où depuis les origines, l’Église attend le retour de son Seigneur.

Cette nuit, les chrétiens rassemblés la passent d’abord à écouter la lecture de la parole de Dieu qui leur rappelle toute l’histoire du salut, de la création et de l’exode jusqu’à la résurrection de Jésus et son exaltation aux cieux. Durant les lectures, l’assemblée est éclairée par le cierge pascal: il brille auprès du lecteur, telle la nuée lumineuse qui guida le peuple juif dans son cheminement vers la terre promise, tel surtout le Christ, qui illumine le monde de sa clarté.

La nuit s’achève dans la célébration des sacrements de la Pâque: le Baptême par lequel l’homme meurt avec le Christ pour vivre avec lui de sa vie nouvelle (Rom. 6, 8), la Confirmation, qui marque le chrétien du sceau du Christ et lui donne l’Esprit Saint; l’Eucharistie où, en prenant part au repas sacré de la Nouvelle Alliance, les disciples reconnaissent le Seigneur ressuscité quand le Christ leur rompt le pain (Lc 24, 35).

La nuit pascale apporte aux chrétiens une anticipation de la joie de la Jérusalem nouvelle. Aussi retentit-elle du chant de l’alléluia.

Liturgie de la lumière 

La Veillée pascale ne peut commencer qu’après la tombée de la nuit. La célébration commence par la bénédiction du feu nouveau. Un grand feu est allumé si possible à l’extérieur de l’église, sinon à l’intérieur. Il rappelle que Dieu est feu d’amour et lumière. Le célébrant bénit le feu.

Le nouveau cierge pascal, qui symbolise le Christ ressuscité, est allumé avec une flamme provenant de ce feu. On commence la procession de la lumière qui pénètre dans l’église obscure et qui manifeste la sortie des ténèbres à la suite du Christ. A l’entrée de l’église le diacre tient le cierge élevé et chante «lumière du Christ» et l’assemblé répond «Nous rendons grâce à Dieu» et chante «Joyeuse lumière, splendeur éternelle du Père, saint et bienheureux Jésus-Christ». Au milieu de la nef, on renouvelle l’acclamation et la lumière est transmise aux cierges des fidèles. On est pris par ces centaines de bougies qui brillent dans la nuit. Après une troisième acclamation au  pied de l’autel, le diacre chante «l’Exultet», c’est-à-dire l’annonce solennelle de la Pâque.

Liturgie de la Parole

C’est en se remémorant les événements essentiels de l’histoire du salut que les chrétiens se préparent à revivre dans les sacrements la mort et la résurrection du Christ.

En cette Veillée sainte, l’Office propose neuf lectures, à savoir sept de l’Ancien Testament et deux du Nouveau (l’épître et l’évangile).

On ne fera jamais moins de deux ou trois lectures de l’Ancien Testament, parmi lesquelles le récit de l’Exode (3ème lecture) tient une place prépondérante, car le salut du peuple hébreu à travers la mer Rouge inaugure le salut de l’humanité en Jésus Christ :

Une autre nuit constitue l’événement fondamental de l’histoire d’Israël: il s’agit du prodigieux exode d’Egypte, dont nous lisons chaque année le récit dans la solennelle Veillée pascale.

«Le Seigneur chassa la mer toute la nuit par un fort vent d’est, et il mit la mer à sec. Les eaux se fendirent, et les fils d’Israël pénétrèrent dans la mer à pied sec, les eaux formant une muraille à leur droite et à leur gauche» (Ex 14, 21-22). Le peuple de Dieu est né de ce «baptême» dans la Mer Rouge, lorsqu’il fit l’expérience de la main puissante du Seigneur, qui le tirait de l’esclavage pour le conduire à la terre désirée de la liberté, de la justice et de la paix.

La prophétie du Livre de l’Exode s’accomplit aussi aujourd’hui pour nous qui sommes des israélites selon l’Esprit, descendance d’Abraham grâce à la foi (cf. Rm 4, 16). Dans sa Pâque, comme nouveau Moïse, le Christ nous a fait passer de l’esclavage du péché à la liberté des fils de Dieu. Morts avec Jésus, avec Lui nous ressuscitons à une vie nouvelle, grâce à la puissance de son Esprit. Son Baptême est devenu le nôtre. 

Jean Paul II

Veille Pascale 2002

Toute la Liturgie de la Parole atteint son sommet dans l’annonce joyeuse de la résurrection de Jésus par l’un des évangélistes (9ème lecture). Mais auparavant saint Paul nous révèle comment, par le baptême, chaque croyant meurt et ressuscite avec le Christ : l’homme pécheur est enseveli dans les eaux; c’est une créature nouvelle qui en émerge (8ème lecture).

Liturgie Baptismale

On célèbre ensuite la liturgie baptismale, car la nuit de la Résurrection est, par excellence, la nuit de la naissance à la vie nouvelle dans le Christ. Après avoir chanté la Litanie des saints et procédé à la bénédiction de l’eau baptismale, le célébrant baptise les catéchumènes, s’il y a lieu. On fait la rénovation de la profession de foi baptismale et l’aspersion des fidèles en mémoire de leur baptême. 

Gaude et laetare, Virgo Maria, alleluia!

Homélie pour la Veillée Pascale

La liturgie dans cette nuit de Pâques est très riches en signes, nous le constatons dans tous ces éléments qu’au long de l’histoire, l’Eglise a incorporés à cette célébration.

Elle veut comme arrêter le temps, l’histoire. C’est comme le fait résumer l’histoire et de la concentrer dans un seul moment, mais c’est parce que cela s’est vraiment produit la nuit de Pâques de l’année trente-trois : l’histoire s’est arrêtée, le temps n’a pas eu plus de sens. En fait, le temps marque la succession des jours qui nous approchent de notre mort, et c’est la mort que le Christ a vaincu. Il n’est plus sous le pouvoir ni de la mort ni du temps, l’histoire de sa vie est devenue éternité de joie et de vie.

Nous avons entendu pour cela au moment de la préparation du cierge que Lui appartiennent le temps et l’éternité, parce qu’Il est le principe et la fin, l’Alpha et l’Oméga. Les huit lectures de la bible nous ont fait aussi voyager à travers l’histoire dont la résurrection vient comme la conclusion et le sommet, l’histoire tourne autour de ce miracle.  

Le livre de l’Apocalypse qui est aussi un résumé de l’histoire de l’humanité nous montre à la fin, cet Agneau sacrifié mais toujours vivant comme on l’a médité le Jeudi Saint. Cet Agneau, Notre Seigneur Jésus-Christ qui est devenu la lumière pour la nouvelle Jérusalem, la cité de Dieu, l’Eglise du Ciel dont nous sommes l’image dans ce monde : «L’ange m’emporta, dit saint Jean, en esprit sur une grande et haute montagne ; il me montra la Ville sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu : elle avait en elle la gloire de Dieu. La ville n’a pas besoin du soleil ni de la lune pour l’éclairer, car la gloire de Dieu l’illumine : son luminaire, c’est l’Agneau ». Notre Cierge veut aussi être une représentation de ce symbole, il éclaire l’Eglise, mais il nous a fait participer de sa lumière au moment où nous avons allumé nos cierges à partir de sa flamme. Alors, les lumières de cette nuit sont là, comme une image de la joie de cette Sainte Veillée.

C’est en effet, la joie que nous recevons grâce à la Résurrection du Seigneur, joie qui entraîne la paix dans nos vies (la véritable joie donne la paix) : comme le Seigneur ressuscité donne la paix à ses disciples au moment où Il se montre après le dimanche de sa résurrection.

Joie qui chasse la peur de nos cœurs, comme l’ange dit aux femmes, leur annonçant que le Seigneur n’est plus dans le tombeau : « n’ayez pas peur ». C’est la joie que Dieu crée en nous, lorsqu’Il ne respecte pas la logique de notre temps, ni les règles physiques. Il semblerait que le Seigneur Ressuscité se réjouisse des réactions des disciples quand Il se présente vivant devant eux, on dirait qu’Il aime les surprendre, bouleverser leurs esprits.

En fait, dans les récits des jours de Pâques nous trouvons une sainte bonne humeur de Dieu, parce que l’on voit les disciples qui courent avec les nouvelles, qui parlent agités entre eux des visions des anges, qui font rouler des pierres énormes, qui apparaissent dans le sépulcre vide ;  d’un Seigneur qui se montre habillé en pèlerin ou comme dans le cas de Marie Magdeleine comme le gardien du jardin. Ils restent stupéfaits, mais ce n’est pas la peur car il y a quelque chose dans leur cœur qui dit que Jésus n’est pas un fantôme. Il est vivant d’une vie nouvelle, une vie éternelle !

C’est la joie de cette nuit spéciale pour nous. « Qu’éclate dans le ciel la joie des anges, qu’éclate de partout la joie du monde » comme nous l’avons proclamé dans ce bel hymne très ancien.

« Bienheureuse faute d’Adam ‘Felix culpa’, qui valut au monde pêcheur le Rédempteur ! » C’est une phrase attribuée à saint Augustin. Oui, notre Rédempteur vient au monde pour le libérer de ce péché et du mal auquel ce péché nous a entraînés ; nous avons connu ce Rédempteur, Il a partagé notre souffrance et notre mort, mais à travers son triomphe, Il nous annonce le nôtre.

Aujourd’hui résonne de nouveau après les jours de carême, le chant de l’Alléluia, ce mot hébreu qui veut dire « louez le Seigneur », une expression d’action de grâces dans la joie. Certainement, il a surgi des cœurs des premiers disciples de Jésus le matin de Pâques.

De cette joie de Pâque naît aussi la prière que nous récitons en ce jour et chaque jour du temps pascal : le Regina Coeli qui remplace durant ces semaines l’Angélus, c’est une prière brève et elle a la forme directe d’une annonce : c’est comme une nouvelle “annonciation” à Marie, faite cette fois non par un ange, mais par nous chrétiens qui invitons la Mère à se réjouir : Reine du ciel, réjouis-toi, alléluia. Car Celui que tu as mérité de porter dans ton sein, alléluia est ressuscité comme Il l’a dit, alléluia.

“Réjouis-toi” c’est la première parole de l’ange à la Vierge à Nazareth. Mais maintenant, après le drame de la Passion, une nouvelle invitation à la joie retentit : “Gaude et laetare, Virgo Maria, alleluia, quia  surrexit  Dominus vere, alleluia – Réjouis-toi,  Vierge  Marie, alleluia,  parce  que  le  Seigneur est vraiment ressuscité, alleluia !”.

Et pourquoi dire à Marie quelque chose qu’Elle connaît déjà ? Parce que c’est nous qui devons nous rappeler. Et nous faisons comme les petits enfants qui courent raconter à leurs mères les nouvelles, les joies ; et elles, même si elles les connaissent, elles aiment les entendre de nouveau et se réjouissent de la joie de leurs enfants. Notre Mère aime que nous chantions la joie de la Résurrection.

N’oublions pas que nous avons besoin de cette joie authentique de la Pâque. N’allons pas la chercher dans les choses de ce monde, cherchons la dans le Christ Ressuscité, Lui seul peut nous donner la joie, la paix et l’amour éternel. Regina Coeli ora pro nobis Deum. Reine du Ciel prie Dieu pour nous, alléluia.

P. Luis Martinez V. E.

Institut du Verbe Incarné