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Hymne à la Croix – Père Buela

Fête de la Croix Glorieuse – 14 septembre

La croix est un miracle. Elle est un mystère. croix_institut_du_verbe_incarneElle est un abri. Elle est la sagesse. Elle n’est pas inaccessible. Elle n’est pas ennuyeuse. Elle n’est pas asservie. Elle n’a pas été anodine.

La Croix est clairvoyante. Elle est libératrice. Elle est plénitude. Elle est avant-goût du ciel. Elle est le paradis sur terre. Elle n’est pas une réduction de l’Incarnation ; mais sa plus pleine acceptation, c’est aller jusqu’au plus profond de l’être et des choses.

La Croix est le plus beau cadeau de Dieu, mais elle est une pierre d’achoppement pour beaucoup. C’est l’indicateur pour «voyageurs libre” mais elle est caustique pour les mondains. C’est elle qui fait diriger l’histoire, mais c’est scandale pour ceux qui ne croient pas. Elle est la maxime aventure, même si pour beaucoup elle soit le plus grand inconfort.

La croix divise et unit, abaisse et élève, donne mort et donne vie, écrase et embrasse, obscurcit et illumine, condamne et sauve. La croix fait cela selon la disposition du cœur humain vers elle : « Si vous cherchez à la vider (cf. 1 Cor. 1,17 ; Philip. 3,18) ou si vous cherchez à la compléter (cf. Col. 1,24 ; 2 Cor. 11,30)».

croix_ii_institut_du_verbe_incarneLa Croix est réalité et symbole. Elle est centrifuge- elle se verse vers dehors-, et elle est centripète -dans son centre il y a fusion et une contradiction-, elle est cloué à la terre et au même temps se dirige au ciel. Elle peut toujours étendre ses quatre bras sans pourtant modifier sa structure. Elle s’élargit sans changer, ouvre ses bras aux quatre vents.

La Croix est littérale et paradoxale. Elle a du bois vivant. Elle est le point d’appui et trampoline. Elle est la clé qui ouvre la porte de notre cœur. Elle est le sceptre du royaume de la sainteté. Elle est le signe des prédestinés. Elle est l’unique chemin de vie. Elle est le sommet des sommets. Elle est une aspiration persévérante et inflexible. C’est un cri. On l’apprend seulement à l’école de Jésus-Christ.

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La Croix de Matara est la croix “devise” portée par les soeurs de la famille religieuse du Verbe Incarné

La Croix est la chaire, est l’autel et la palestre. C’est l’amour enhardi jusqu’à la fin. Elle est la totale disponibilité à tout ce que Dieu veut. Elle est la source. Elle est le char de combat. Elle est la grandeur de l’âme. Elle est fixée pendant que le monde se meut. Elle fait des rois à ceux qui ont été régénérés dans le Christ. Elle est l’étendard royal. Tout est en Elle.

La Croix nous cloue au cœur de Celui qui a été cloué en elle. Elle est la gloire des âmes saintes, elle est la livrée des âmes nobles qui hors d’elle ne veulent rien savoir d’autre. S’il y avait eu quelque chose de meilleur et de plus utile pour le salut des hommes que porter la croix, le Christ l’aurait enseigné par la parole et par l’exemple. Mais il dit : … « prend ta croix » … (Mt. 16,24) .

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Chemin de Croix à Lourdes. Le Seigneur salue la Croix avant de la porter vers le Calvaire.

La croix change les épines en roses. Qui possède la science et la joie de la Croix sait qu’il faut mourir pour vivre, enterrer pour ressusciter, souffrir pour se réjouir, perdre la vie pour la retrouver, s’humilier lui-même pour être élevé. Il sait que le plus faible est fort (cfr. 2 Cor 12,9–10) ; que les peu nombreux sont beaucoup ; les fous, sages ; les pauvres, riches ; obéissants, libres ; les serviteurs, rois. Qu’il faut combattre pour se reposer, être violent avec soi-même pour être pacifique, tout abandonner pour posséder, être taillé pour porter des fruits, être méprisé pour être honoré. Que beaucoup sont peu nombreux ; les fous, sages ; les riches, pauvres ; les libres, esclaves ; les rois, serviteurs ; qu’il faut mépriser le monde pour gagner le Créateur du monde, se nier soi-même pour s’affermir en Dieu, se sacrifier pour réussir.Sur la Croix, Dieu a renversé le sens de beaucoup de choses.

En elle, nous apprenons à adorer le ” Verbe Eternel Incarné ” qui est dans les croix de nos églises, de nos cimetières, à la tête de nos lits. En Elle, nous apprenons à « à suivre de plus près et à imiter plus fidèlement Notre-Seigneur, nouvellement incarné ” (Saint Ignace. Exercices Spirituels [109])

Celui qui aime la Croix témoigne d’elle jusqu’au martyr et sait que, selon les sages paroles des Pères de l’Église : «Celui qui ne confesse pas le témoignage de la Croix procède du diable ” ( Saint Polycarpe ) (cf. Jn. 6,68).

P. Carlos Buela IVE.

Fondateur de l’Institut du Verbe Incarné.

TOUT EST DANS LA PASSION

Croix_Institut_du_Verbe_IncarnéSaint Paul de la Croix enseigne : «Tout est dans la passion. C’est là où on apprend la science des saints»[1]. Pour les chrétiens, la Passion est une source inépuisable de sagesse, un guide et un modèle pour toute notre vie.

Pour cela saint Pierre Claver disait : ” Le seul livre à lire est la Passion ” [2] . Et le grand saint Thomas écrit: «Celui qui veut mener une vie parfaite, n’a rien d’au­tre à faire que de mépriser ce que le Christ a méprisé sur la croix et de désirer ce qu’Il a désiré.”[3]

De la même manière, nous pouvons penser aux personnages de la Passion : nous devons rejeter diamétralement les mauvais exemples de certains d’entre eux et au contraire imiter les bons exemples des autres.

I

N’imite pas Hanne, qui était quelqu’un dominé par la convoitise du pouvoir (la plus grande tentation du clergé) et un avare.

N’imite pas Caïphe, qui était vénal et servile.

Passion_Institut_du_Verbe_IncarnéN’imite pas Ponce Pilate, un lâche qui ne veut pas se sacrifier pour la vérité.

Ne cherche pas à imiter Pierre, qui a été vaincu par une jeune servante, succombant à la peur de témoigner de Jésus.

Ne cherche pas à imiter le jeune homme échappé nu, qui a souffert plus pour échapper à la croix du Christ que pour Le suivre.

N’imite pas le mauvais larron (Gestas) [4], qui n’a pas reconnu la divinité de Jésus.

N’imite pas Judas, qui a trahi pour 30 pièces d’argent.

II

Tu dois imiter Simon de Cyrène prenant la croix et marchant derrière Jésus.

Tu dois imiter Saint Pierre, qui a fait pénitence pleurant largement ses péchés.

Tu dois imiter le bon larron (Dimas)[5], qui a reconnu la divinité de Jésus.

Tu dois imiter Marie Madeleine, dont ses nombreux péchés ont été pardonnés, pour avoir beaucoup aimé.

Tu dois imiter Saint Jean, qui fut le disciple aimé, pour avoir consacré sa vie à Dieu depuis jeune[6].

Notre_Dame_des_douleurs_Institut_du_Verbe_IncarnéTu dois imiter Marie, qui se tenait debout au pied de la croix.

Tu dois imiter celui qui a ouvert le côté du Seigneur (Longinus), qui, certifiant la mort de Jésus, nous en a donné la certitude pour que nous l’annoncions pour toujours.

Tu dois imiter Joseph d’Arimathie : demande toujours le Corps de Jésus : «fais tienne la victime expiatoire du monde»[7].

Tu dois imiter Nicodème : qui oint Jésus avec des arômes.

Par-dessus tout, tu dois imiter Jésus-Christ, qui s’immole sur la croix et à la messe, te « crucifiant » avec lui. Selon saint Grégoire de Nazianze. ” Immolons-nous nous-mêmes à Dieu, immolons chaque jour et notre personne et toute notre labeur, imitons la Passion du Christ avec nos propres souffrances, honorons son Sang avec notre propre sang, montons courageusement sur la croix… Adore Celui qui par amour pour toi, demeure suspendu à la croix ; et toi, te crucifiant toi aussi, obtiens quelque profit de ta propre faute ; rachète le salut avec la mort … »[8].

Décidons nous de vivre comme le troisième type d’homme [9] et selon le troisième degré d’humilité [10]!

Ayons des grands désirs « d’opprobres et de mépris »[11] pour mieux imiter Jésus !

Disons avec la Sainte Marie de Jésus Crucifié : « Si je ne goûte pas tes peines, ô mon Jésus, je vis triste et affligée. Blesse-moi, car je t’ai donné mon âme. Et si ce bien tu me fais, mon Dieu, je pourrais voir clairement que tu m’aimes ! »[12]

P. Carlos Buela VE

Fondateur de l’Institut du Verbe Incarné

[1] Carlos Almeras « Saint Paul de la Croix ».

[2] Ángel Valtierra–Rafael M. de Hornedo, « Saint Pierre Claver».

[3] « Commentaire au Credo » num. 85.

[4] Nom donné par l’évangile apocryphe dit « de Nicodème » .

[5] Idem.

[6] L’histoire de l’Église témoigne sans cesse d’appels du Seigneur dans le jeune âge. Saint Thomas, par exemple, explique la prédilection de Jésus pour l’Apôtre Jean « en raison de son jeune âge » et en tire la conclusion suivante : “Cela fait comprendre que Dieu aime de façon spéciale ceux qui se donnent à son service dès leur première jeunesse ». Saint Jean Paul II. E. A. « Pastores davo vobis » 63.

[7] Saint Grégoire de Nazianze. « Des dissertations » 45.

[8] Idem.

[9] « Le troisième homme veut aussi se dégager de cette affection, et il le veut de telle sorte, qu’elle n’est pas plus portée à conserver la somme acquise qu’à ne pas la conserver. Il ne consultera, pour la retenir ou pour s’en défaire, que le mouvement intérieur de la grâce, et ce qui lui paraîtra le meilleur pour le service et la louange de la divine majesté. En attendant, il veut se conduire comme ayant tout abandonné de cœur, et s’efforce de ne désirer ni ce qu’il possède ni aucun autre bien sur la terre que dans la seule considération du service de la majesté divine; en sorte que le désir de pouvoir mieux servir Dieu, notre Seigneur, sera son unique règle pour se déterminer à retenir le bien qu’il a acquis ou à s’en dépouiller ». Saint Ignace de Loyola. « Exercices Spirituels » 155.

[10] « Le troisième degré d’humilité est très parfait. Il comprend les deux premiers, et veut de plus, supposé que la louange et la gloire de la Majesté divine soient égales, que, pour imiter plus parfaitement Jésus-Christ, notre Seigneur, et me rendre de fait plus semblable à lui, je préfère, j’embrasse la pauvreté avec Jésus-Christ pauvre, plutôt que les richesses; les opprobres avec Jésus-Christ rassasié d’opprobres, plutôt que les honneurs; le désir d’être regardé comme un homme inutile et insensé, par amour pour Jésus-Christ, qui le premier a été regardé comme tel, plutôt que de passer pour un homme sage et prudent aux yeux du monde». Saint Ignace de Loyola. « Exercices Spirituels » 167.

[11] Saint Ignace de Loyola. « Exercices Spirituels » 146.

[12] Bernardo María de San José, C.D. « La petite fleur arabe ».