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Du Nom de Dieu dépend notre histoire

Solennité de la Sainte Trinité

Chaque fois que nous faisons le signe de la croix et que nous invoquons les noms des Trois Personnes Divines, nous accomplissons un véritable acte de foi dans la Trinité; en effet, ce signe marque le début de beaucoup de nos prières, commençant par la messe. Les chrétiens sont baptisés ” au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ” (Mt 28, 19). ” La foi de tous les chrétiens repose sur la Trinité » disait S. Césaire d’Arles.

Notre foi nous dit il n’y a qu’un seul Dieu, le Père tout puissant et son Fils unique et l’Esprit Saint : la Très Sainte Trinité.

Il est beau de revoir ce que le catéchisme de l’Eglise Catholique nous apprend sur ce mystère. « Le mystère de la Très Sainte Trinité est le mystère central de la foi et de la vie chrétienne. Il est le mystère de Dieu en Lui-même. Il est aussi la source de tous les autres mystères de la foi ; il est la lumière qui les illumine. Il est l’enseignement le plus fondamental et essentiel dans la ” hiérarchie des vérités de foi ” (DCG 43). ” Toute l’histoire du salut n’est autre que l’histoire de la voie et des moyens par lesquels le Dieu vrai et unique, Père, Fils et Saint-Esprit, se révèle, se réconcilie et s’unit les hommes qui se détournent du péché ” (DCG 47). »

La Trinité est un mystère de foi au sens strict, un des ” mystères cachés en Dieu, qui ne peuvent être connus s’ils ne sont révélés d’en haut ” (Cc. Vatican I : DS 3015). Dieu certes a laissé des traces de son être trinitaire dans son œuvre de Création et dans sa Révélation au cours de l’Ancien Testament. Mais l’intimité de Son Être comme Trinité Sainte constitue un mystère inaccessible à la seule raison et même à la foi d’Israël avant l’Incarnation du Fils de Dieu et la mission du Saint Esprit.

C’est le Fils du Père, Jésus-Christ avec ses paroles et à travers les écritures saintes qui nous a révélé le mystère de la vie intime de Dieu que nous appelons Trinité Sainte, ce qui nous aurait été impossible avec notre seule raison comme on l’a dit. Saint Augustin en a fait lui-même l’expérience lorsque, plongé dans la profondeur de ses méditations, sur la plage, il rencontra un enfant qui tentait avec ténacité de verser toute l’eau de la grande mer Méditerranée à l’intérieur d’un petit trou creusé dans le sable. Devant la stupeur du grand saint, l’enfant lui dit avec un sourire : « Et toi, comme peux-tu penser comprendre Dieu qui est infini, avec ton esprit tellement limité ? ». En effet, plus l’homme découvre ce mystère, plus il devient conscient de ce qui lui manque encore, il découvre que Dieu est encore plus immense. Le fait que Dieu nous révèle son mystère ne signifie pas qu’Il va nous expliquer toute la profondeur de son mystère, ce qui est impossible pour notre intelligence créée et limitée.

Les lectures de ce dimanche nous parlent évidement de Dieu, mais elles n’attirent pas tant notre attention sur le mystère, que sur la réalité d’amour qui est contenue dans ce premier et suprême mystère de notre foi. 

D’abord, nous avons la Théophanie du mont Sinaï, la manifestation de la présence divine au sommet de cette montagne. A l’exemple de Moïse, Dieu nous invite à gravir ce mont sacré. On pourrait penser que cela signifie nous éloigner de la réalité de ce monde et de ses problèmes. Mais, en réalité nous approcher de Dieu donne comme un fruit principale le fait de diriger notre vie vers Lui, la connaissance de Dieu nous permet de connaître sa loi, sa Volonté qui veut notre bien. Si nous lisons tout ce passage dans le livre de l’Exode, nous nous apercevons que le patriarche reste un temps devant Dieu, dans la présence de Dieu et  il y reçoit de Lui la loi dans les dix commandements, qui seront le guide du peuple d’Israël pour trouver la liberté authentique et pour se former dans la liberté et dans la justice. Le pape Benoît disait parlant de ce passage : Du nom de Dieu dépend notre histoire ; de la lumière de son visage, notre chemin.

Mont Sinaï

La première lecture (et c’est une vérité qu’on trouve dans toute la bible) nous dit que Dieu n’est pas un être enfermé en soi-même. Il veut se communiquer, Il est une vie qui veut se donner, se faire connaître.  En fait, Dieu se révèle comme “Dieu de tendresse”, “de pitié”, “riche en grâce” et ces noms nous parlent tous d’une relation, en particulier d’un Etre vital qui s’offre, qui veut combler chaque lacune, chaque manque, qui veut donner et pardonner, qui désire établir un lien stable et durable, qui veut être enfin en dialogue avec les hommes.

Il y a encore un autre grand enseignement dans ce passage de l’Exode. Cette révélation que Dieu fait de sur le mont de Sinaï vient juste après le grand péché de son peuple. Quand Moïse monte une première fois, le peuple d’Israël, voyant que le patriarche prolonge son absence, commande à Aaron de lui faire un veau d’or pour l’adorer comme un dieu, il veut un dieu qui soit visible, accessible, manœuvrable, à la portée de l’homme, à la place de ce Dieu mystérieux invisible, lointain. Descendant du mont, et à la vue de ce grand péché, Moïse casse les pierres de la loi, montrant que l’amitié avec le véritable Dieu était détruite par ce péché. Et c’est Dieu qui décide pardonner encore une fois, et invite Moïse à remonter sur le mont pour recevoir à nouveau sa loi et renouveler le pacte. Moïse demande alors à Dieu de se révéler (c’est la première lecture de ce dimanche), de lui faire voir son visage. Mais Dieu ne montre pas son visage, il révèle plutôt son être plein de bonté par ces mots : «Le Seigneur, le Seigneur, Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité» (Ex 34, 8). Et cela est le Visage de Dieu. Dieu se révèle en manifestant son amour miséricordieux : un amour qui l’emporte sur le péché, le couvre, l’élimine. Et nous pouvons être toujours sûrs de cette bonté qui ne nous abandonne pas. Il ne peut y avoir de révélation plus claire. Nous avons un Dieu qui renonce à détruire le pécheur et qui veut manifester son amour de manière encore plus profonde et surprenante devant le pécheur pour offrir toujours la possibilité de la conversion et du pardon.

L’Evangile complète cette révélation, que nous écoutons dans la première lecture, parce qu’il indique à quel point Dieu a montré sa miséricorde. «Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle» (3, 16).

Dans le monde, il y a le mal, il y a l’égoïsme, il y a la méchanceté, et Dieu pourrait venir pour juger ce monde, pour détruire le mal, pour châtier ceux qui œuvrent dans les ténèbres. En revanche, il montre qu’il aime le monde, qu’il aime l’homme, malgré son péché, et il envoie ce qu’il a de plus précieux : son Fils unique. Et non seulement il l’envoie, mais il en fait don au monde (un don c’est quelque chose que j’ai fait gratuitement et avec l’intention de ne pas la récupérer, de la donner pour toujours). Notre Seigneur est la réponse qui vient du Père, le Fils a donné sa propre vie pour nous : sur la croix l’amour miséricordieux de Dieu touche son point culminant.

Et finalement ce mystère d’amour de Dieu pour nous trouve sa réponse dans la fidélité de vie du chrétien, comme le dit dans la conclusion de sa deuxième lettre aux Corinthiens,  l’apôtre saint Paul, c’est la deuxième lecture : soyez dans la joie (qui est le grand secret du chrétien) cherchez la perfection, encouragez-vous, soyez d’accord entre vous, vivez en paix, c’est-à-dire que ce sont tous les fruits de la grâce qui font que  le Dieu d’amour et de paix soit présent dans une âme.

Dans cette célébration de la sainte Trinité, pensons et méditons que ce Dieu de majesté infinie s’est fait proche de nous, Il a voulu marcher avec nous, comme dit saint Jean au moment où il parle de l’incarnation, Dieu a planté sa tente parmi nous, parce qu’Il nous a montré Son visage dans son Fils fait homme pour nous sauver, Dieu se fait homme ; si nous voulons contempler son visage, recherchons Jésus, cherchons pour cela à l’imiter , c’est là la véritable perfection du chrétien. Que la Sainte Vierge nous donne cette grâce.

P. Luis Martinez V. E.

Institut du Verbe Incarné

 

L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs

Solennité de la Sainte TrinitéSAINTE_TRINITE_Institut_du_Verbe_Incarné

Lire l’évangile de ce dimanche (Jn. 16, 12-15)

Dieu demeure dans l’âme de chaque personne qui aime vraiment Dieu : Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui.

Cette vérité, Dieu l’a aussi révélée dans d’autres passages de l’Ecriture, par exemple, dans la première lettre de saint Jean (4,16) Dieu est amour ; et celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui.  Et saint Paul dans la première lettre aux Corinthiens (3,16) Ne savez-vous pas que vous êtes un sanctuaire de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ?, il le répète dans sa deuxième Lettre (2 Co 6,16): nous sommes le temple du Dieu vivant.

Comment pouvons-nous définir cette présence de Dieu ? Elle est une présence tout à fait particulière, spéciale que le Dieu unique établie dans une âme qui vit en état grâce de Dieu, c’est-à-dire sans aucun pèche mortel. En langage de théologie cela est appelé l’inhabitation trinitaire, Dieu habite dans l’âme en grâce.

Mais, nous pouvons dire, si Dieu est par tout, qu’est-ce que cette présence ajoute de différent dans nos vies ? Il y a deux choses qui sont essentielles et propres de cette présence divine, ce sont la paternité divine et l’amitié de Dieu. La première vient à travers la grâce ( comme on dit dans le baptême, par la grâce nous sommes Fils adoptifs de Dieu, parce qu’il nous a donné la vie) ; la deuxième nous vient à travers la charité, l’amour, il est chez nous comme un ami, un véritable ami qui est toujours prêt à nous aider, nous accompagner, nous protéger.

Saint Thomas dira aussi que cette grâce permet de nous réjouir de la présence de Dieu, il en donne un exemple clair : c’est comme une mère se réjouit ayant son enfant entre ses bras, ainsi Dieu vient à notre âme, pour que nous nous réjouissons de Lui. Pour que nous puissions parler avec Lui ( comme un enfant parle avec son père, comme un ami avec son ami, l’épouse parle avec son époux), pour pouvoir aussi L’écouter (et pour cela Dieu devient un maître, « Il vous enseignera tout »), pour que jamais nous soyons seuls et pour que nous commençons dans cette vie la vie du Ciel.

Disons que le plus grand don que Dieu peut nous donner c’est le don d’habiter dans nos cœurs, de vivre chez nous, nous sommes comme de petits tabernacles de divinité, nous amenons Dieu là où nous allons, là où nous sommes, Dieu est avec nous. C’est le premier et grand don, plus important que tous les autres dons, les miracles visibles, les visions, le don de langues.

Mais les chrétiens, habitués parfois à valoriser ce que l’on voit, le phénomène, l’évident aux yeux ; ils oublient de méditer, d’approfondir ce don et ce mystère.

Alors, Dieu étant si Puissant, comment Il peut faire de nous sa demeure et ne pas « consumer » la créature, que la créature disparaisse devant son Créateur ? La réponse nous est donnée encore une fois par ce grand docteur de l’Eglise qu’est saint Thomas d’Aquin, il nous dit : on peut faire une comparaison avec un bout de fer que l’on approche au feu, sans perdre sa nature, il prend toutes les propriétés du feu, il en devient semblable, il se fait feu par participation.

Quels moyens nous devons prendre pour vivre de manière plus profonde cette réalité de l’inhabitation trinitaire ?

1- D’abord, vivre en grâce de Dieu, et pour cela recourir à la confession lorsque nous avons besoin.

2- vivre la charité avec les autres, cela augmente notre amour vers Dieu présent dans notre âme.

3- Vivre la foi : il faut que celui qui s’approche de Dieu croie qu’Il existe.

4- Le recueillement profond, le silence, la prière méditative ; le dialogue avec nos divins hôtes.

Finalement faire des actes fervents d’adoration. C’est-à-dire remplir d’un vrai sens ces prières que nous faisons par fois un peu mécaniques : « Gloire au Père » ; l’Hymne à la Trinité que nous chantons à la messe, le Gloria (réfléchir sur ses mots) ; le Sanctus, Saint Jean voyait que la multitude des saints au ciel chantait ce chant de triomphe devant Dieu.

Pour vivre la présence de Dieu, on l’a déjà dit, il faut vivre en grâce de Dieu. La grâce de Dieu dans notre âme est un peu difficile à imaginer car il s’agit d’une réalité spirituelle, mais nous trouvons de petites ressemblances dans notre monde matériel, les saints parlent d’elle comme un cadeau ou don qui produit une grande beauté, c’est une lumière, un éclat, un feu.

Lorsqu’on demande qu’est-ce que c’est que la grâce, une réponse habituelle c’est de dire que notre âme n’a aucun péché mortel. En vérité, disant cela nous donnons que la moitié de la réponse, et encore c’est la moitié la plus pauvre. Parce qu’en fait, vivre en état de grâce signifie infiniment plus que cela. C’est comme dire que dans un palais il ne se trouve pas d’ordure, ni de bêtes qui le fassent désagréable… Alors qu’avec la grâce, ce palais qui représente notre âme, il sera propre, ordonné et surtout il est habité par son Roi. C’est-à-dire, nous considérons parfois seulement le côté négatif (l’absence de péché), mais on oublie l’aspect positif, qui est plus important encore.

SAINTE_THERESE_DE_LENFANT_JESUS_Institut_du_Verbe_IncarnéL’âme en état de grâce devient vraiment forte, parce qu’elle est habitée par Dieu, elle ne peut plus rien craindre. Le démon échappe toujours terrifié à la vue d’une âme qui possède Dieu. Lorsque Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus avait quatre ans, elle a eu un rêve qui est resté toujours fixé dans sa mémoire, comme elle écrivait dans son histoire d’une âme :

Une nuit, j’ai rêvé que je sortais pour aller me promener seule au jardin. Arrivée au bas des marches qu’il fallait monter pour y arriver, je m’arrêtai saisie d’effroi. Devant moi, auprès de la tonnelle, se trouvait un baril de chaux et sur ce bariI deux affreux petits diablotins dansaient avec une agilité surprenante malgré des fers à repasser qu’ils avaient aux pieds ; tout à coup ils jetèrent sur moi leurs yeux flamboyants, puis au même moment, paraissant bien plus effrayés que moi, ils se précipitèrent au bas du baril et allèrent se cacher dans la lingerie qui se trouvait en face. Les voyant si peu braves je voulus savoir ce qu’ils allaient faire et je m’approchai de la fenêtre. Les pauvres diablotins étaient là, courant sur les tables et ne sachant comment faire pour fuir mon regard ; quelquefois ils s’approchaient de la fenêtre, regardant d’un air inquiet si j’étais encore là et me voyant toujours, ils recommençaient à courir comme des désespérés. Sans doute ce rêve n’a rien d’extraordinaire, cependant je crois que le Bon Dieu a permis que je m’en rappelle, afin de me prouver qu’une âme en état de grâce n’a rien à craindre des démons qui sont des lâches, capables de fuir devant le regard d’un enfant…

Demandons la grâce pour nous tous de garder notre âme habitée par la grâce sanctifiante, habitée toujours par Dieu.

P. Luis Martinez. Monastère “Bx. Charles de Foucauld”

Institut du Verbe Incarné