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L’Esprit de Vérité. Comment écouter sa voix?

Homélie pour le Dimanche VI de Pâques, année A

Ce dimanche, la liturgie de la Parole nous fait encore revenir, dans la lecture de l’évangile au moment de la dernière Cène. Mais, cet évangile nous prépare en même temps pour les solennités qui approchent, l’Ascension et Pentecôte.

« Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous. D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi. » Les disciples sont maintenant tristes car le Seigneur leur a dit qu’Il partira, mais Il revient vers eux d’une autre façon, Il sera Vivant par sa Résurrection, une présence encore plus proche, sans les limitations de la nature humaine soumise à la mort, mais une présence ressuscitée.

C’est qu’en effet, toute la Sainte Trinité est maintenant avec les disciples du Seigneur qui vivent la vie du Christ, ceux qui appartiennent au Christ et ainsi, Jésus annonce aussi la Venue de l’Esprit Saint pour les instruire de l’intérieur, dans leurs cœurs et les guider dans ce monde : « Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur –un Paraclet- qui sera pour toujours avec vous ». Le Paraclet est beaucoup plus qu’un défenseur, un avocat, il est aussi un conseiller, un maître, un guide, un consolateur qui donnera force, qui assistera toujours de près, il est à côté de nous (dans le sens très proche) ; « il demeure auprès de vous, et il sera en vous », dit Jésus pour indiquer cette proximité très intime.

Il est défini par le Seigneur comme l’Esprit de Vérité, qui nous conduira vers la Vérité tout entière.

Nous savons que l’Esprit Saint nous conduit à travers ses inspirations, Il est en nous, dans notre cœur.

Alors, de quelle façon l’Esprit Saint nous donne-t-il ces inspirations ? Parfois par Lui-même, inspirant notre cœur, mais aussi à travers notre ange gardien, un prédicateur, le directeur spirituel, le confesseur, un ami, par un livre, une lecture.

L’Esprit de Dieu est toujours en train de venir en notre âme avec ses inspirations mais nous devons être capables de les recevoir, et de rester toujours fidèles à l’aide qu’Il nous donne dans notre chemin de sainteté. Nous devons aussi être capables de savoir discerner la voix de l’Esprit des autres voix qui apparaissent parfois dans nos cœurs.

Comment cela se fait-il ? Comment pouvons-nous écouter la voix de Dieu et savoir distinguer Sa voix d’autres voix qui se font entendre à l’intérieur de nous ?

La première chose très importante est d’avoir un cœur pur ; et pour purifier notre cœur nous disposons du sacrement de la pénitence. Celui qui vit loin du péché, peut mieux recevoir et bien distinguer la voix de Dieu dans sa vie.

Il existe encore trois éléments nécessaires pour savoir si nous sommes fidèles à la voix de l’Esprit, et les voici :

  1. Faire attention aux inspirations.
  2. Savoir discerner toute inspiration.
  3. Etre dociles et exécuter ce que Dieu nous dit de faire à travers les inspirations.
  1. Faire attention aux inspirations : cela implique de vivre attentifs à l’écoute au fond de notre âme, qui est le sanctuaire de l’Esprit (1 Cor. 6,19).

Alors pourquoi parfois n’entend-on pas ce qu’Il nous dit ? Parce que nous sommes versés vers l’extérieur, chez nous la dissipation est habituelle : comme dit le livre de l’Imitation du Christ : « Un homme intérieur se recueille bien vite parce qu’il ne se répand jamais tout entier au-dehors ». (Kempis, 2,1)

Parce que parfois, il nous faut aussi mortifier encore plus notre chair : « L’homme animal, n’accueille pas ce qui vient de l’Esprit de Dieu » (1 Cor 2,14).

Par nos affections désordonnées qui font obstacle à la voix de Dieu dans nos vies : « L’homme qui s’accroche encore à quelque créature, ne saurait s’occuper librement des choses de Dieu. Et c’est pourquoi l’on trouve peu de contemplatifs, parce que peu savent se séparer entièrement des créatures et des choses périssables ». (Kempis, 3,31).

Pour alimenter notre âme et la rendre capable d’entendre les inspirations de Dieu, il est très important aussi de vivre une intense vie de prière et d’être assidus à la lecture de la Bible (car elle est la parole de Dieu) et l’Eucharistie.

Evitons en plus, autant que possible les attitudes qui peuvent nous fermer à l’action de l’Esprit : l’agitation, les inquiétudes, la peur, l’attachement excessif à notre façon de faire ou de penser. Et pour cela, le guide d’un directeur spirituel est essentiel à celui qui veut avancer dans la voie de la sainteté.

Une condition pour bien entendre la voix de Dieu c’est d’accepter avec confiance les événements de notre vie, même si parfois ils nous contredisent ou ne correspondent pas à ce que nous attendions. Si nous sommes dociles à la manière dont Dieu conduit notre vie, si nous nous abandonnons entre les mains de notre Père, il saura parler à nos cœurs.

  • Le deuxième pas pour bien saisir une inspiration c’est de savoir discerner si elle vient de Dieu.

Saint Paul dit : « N’éteignez pas l’Esprit, ne méprisez pas les prophéties, mais discernez la valeur de toute chose : ce qui est bien, gardez-le » (1 Thes. 5,19-21). C’est ce qu’on appelle dans le langage spirituel « savoir discerner les esprits ». Et pour cela nous devons prendre garde :

(1) Que l’objet que l’inspiration nous propose de faire soit saint, sans mélange de mal. Nous devons savoir par exemple que le démon ne nous commandera jamais de faire une œuvre vertueuse, et notre nature ne nous pousse jamais, non plus,  à faire un sacrifice, à faire un effort ; au contraire, elle nous pousse à la commodité, aux plaisirs.

(2) Que cette pensée qui nous est venue soit aussi en conformité avec notre état de vie (jamais l’Esprit Saint ne va inspirer à un prêtre de faire quelque chose qui soit contraire à son sacerdoce, un homme marié à faire quelque chose hors du sacrement du mariage).

(3) Ensuite, nous devons encore savoir que toute inspiration, lorsqu’elle est véritable, apportera la paix et la sérénité à notre esprit, « une des meilleures marques de la bonté de toutes les inspirations, et particulièrement des extraordinaires, c’est la paix et la tranquillité du cœur qui les reçoit ; car l’Esprit Divin est violent, mais d’une violence douce, suave et paisible. Il vient comme un vent impétueux et comme une foudre céleste, mais il ne renverse point les apôtres, il ne les trouble point : la frayeur qu’ils reçoivent de son bruit est momentanée, et se trouve soudain suivie d’une douce assurance. »

(4) Deux éléments à considérer pour bien discerner ce sont encore le conseil et l’obéissance que nous devons à quelqu’un qui ait la capacité de nous orienter.

3- Et finalement nous devons être dociles à exécuter ce qui vient de Dieu, car Dieu n’aime pas les résolutions qui se font lentes, une fois qu’Il a montré sa volonté. L’exemple c’est la Vierge Marie, qui après avoir reçu l’annonce de l’Ange, part « en hâte » aider sa cousine Elisabeth.

Demandons à la Sainte Vierge, la grâce de savoir écouter la voix de Dieu et de l’accomplir dans nos vies, comme Elle nous en a donné l’exemple.

P. Luis Martinez IVE.

“Parle, Seigneur, ton serviteur écoute”. Comment écouter la voix de Dieu?

Lire l’évangile du deuxième dimanche du temps ordinaire (Jn 1, 35-42)

Nous sommes déjà dans le temps ordinaire de la liturgie, nous le reconnaissons à sa couleur verte, et les textes évangéliques des dimanches évoquent les moments de la vie publique de notre Seigneur : ces trois années de prédication où Il a accompli aussi les miracles. L’évangile d’aujourd’hui se passe au début de ces trois ans, c’est la première rencontre de Notre Seigneur avec ceux qui seront après les apôtres.

Saint Jean, évangéliste

Les deux premiers apôtres étaient André et Jean ; alors que ce dernier même s’il ne dit pas son nom (comme Jean le fait dans tout son évangile), « se trahit » pour ainsi dire lorsqu’il décrit ce moment avec autant de vivacité que quelqu’un qui y était présent. André et Jean faisaient partie du groupe des disciples de saint Jean Baptiste et c’est lui-même qui leur désigne Jésus comme l’Agneau de Dieu (et avec cela le Baptiste indique aussi la mission de Jésus dans ce monde, d’être la Victime pour le rachat de l’humanité).

André et Jean partent à la recherche de Jésus, mais comme le signifie cette belle phrase attribuée à saint Augustin : « nous ne pourrions pas chercher Dieu, s’Il ne nous aurait déjà trouvé le premier ». C’est-à-dire que Jésus les attirait et les invitait à Le suivre, c’est un appel qui avait commencé à l’intérieur du cœur.

« Que cherchez-vous ? » c’est la question du Seigneur : « Rabbi [1]– ce qui veut dire : Maître –où demeures-tu ? ». L’évangile nous dit qu’ils ont vu le lieu où Jésus vivait et ils y sont restés tout le temps jusqu’à le lendemain.

C’était vers la dixième heure (environ quatre heure de l’après-midi), nous dit l’évangile. Il y a des moments qui restent imprégnés dans notre mémoire avec tous leurs détails, impossible de les oublier, comme si l’on demande aux mères à quelle heure étaient nés chacun des leurs enfants, à un époux ou une épouse quelle était l’heure de la cérémonie de leur mariage, dans quelle église, impossible d’oublier. Comme c’est aussi très difficile pour une personne consacrée ou un prêtre d’oublier le moment et le lieu où ils ont dit oui au Seigneur.

Comme nous le voyons, cette demeure où Jésus les conduit n’est pas décrite, en fait le plus important pour eux c’est le moment qu’ils ont partagé avec Jésus. C’était probablement une soirée du mois de mars (parce que la Pâque était proche) et saint Jean évangéliste a laissé pour lui ce bel entretien avec Jésus.

Saint Pierre et saint André

Alors, le lendemain le cœur d’André était tellement pris par cette rencontre que la première chose qu’il fait c’est d’amener son frère Simon pour qu’il connaisse aussi le Seigneur, selon ce que nous décrit l’évangéliste : « Il trouve d’abord Simon, son propre frère et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie » Et André amena son frère à Jésus ». Il est intéressant ici de voir que lorsque André et l’autre disciple rencontrent Jésus, ils l’appellent « Rabbi », tandis que le lendemain et après avoir partagé un bon moment avec Notre Seigneur, André est convaincu que Jésus est plus qu’un Rabbi, Il est le Messie.

Après cela se produit encore une autre rencontre, celle de Jésus et de Simon, à qu’il donnera le nom de Pierre. André le conduit à Jésus et le Seigneur « posa son regard sur lui », le mot en grec c’est « emblépsas », c’est un regard profond et pénétrant qui arrive jusqu’à l’âme de Pierre ; c’est le regard de Jésus, qui seul peut connaître ce qu’il y a dans le cœur de chaque personne.

La vie de ces trois disciples allait changer maintenant, Jésus rentre dans leur vie pour la transformer, pour leur donner une mission qui continuera jusqu’à la fin de temps. Cette heure, cette maison, ce regard et ces paroles du Seigneur resteront gravés dans leurs cœurs et pour toujours.

On peut dire que ce dimanche c’est le dimanche des vocations, « les appels de Dieu » à accomplir une mission dans son nom, par sa force et par sa grâce. Et pour cela la première lecture (1 S 3, 3b-10.19) fait référence à la vocation du prophète Samuel dont le nom signifie « celui que Dieu écoute », « à qui Dieu fait attention » ; mais il peut aussi signifier « celui qui écoute Dieu ». Dieu se révèle et Samuel sera son prophète ; pourtant l’écrivant sacré donne plus d’importance à la relation que Samuel aura avec Dieu et qui soutiendra sa mission : « le Seigneur était avec lui, et il ne laissa aucune de ses paroles sans effet ».

Samuel a donc écouté la voix de Dieu, de même que les premiers disciples écoutaient la voix du Fils de Dieu qui les appelait mais comme on a dit, l’appel s’est fait entendre mais principalement dans le cœur des apôtres.

A nous aussi Dieu nous parle et à plusieurs reprises dans notre vie. Pas nécessairement comme à Samuel, mais nous pouvons et nous devons écouter la voix de Dieu dans nos âmes.

Alors, cela suppose de savoir distinguer la voix de Dieu d’autres voix qui peuvent résonner en nous. Parce qu’on peut par exemple se tromper et croire que c’est Dieu qui me parle, lorsque c’est ma propre voix intérieure : la voix de mes sentiments, de mon égoïsme ; ou pire encore, cela peut être la « voix perfide du diable » qui veut me conduire vers le mal, vers le péché, saint Ignace de Loyola dit que le diable se déguise en « ange de lumière » pour entrer plus facilement dans l’âme et la conduire vers ses intentions perverses.

Et pour cette raison, afin de pouvoir discerner quelle est la voix authentique de Dieu, nous allons donner quelques conseils pratiques, qui ne sont qu’une petite partie de tout ce que nous connaissons comme le « discernement ». En tout, mais surtout dans les choses spirituelles nous devons agir avec prudence, saint Augustin disait que la prudence est un amour qui sait discerner (juger) les bonnes choses qui me conduisent à Dieu de celles qui m’éloignent de Lui.

Comment arrivons nous à distinguer quelles sont les pensées inspirées par Dieu ? En effet, Dieu communique dans la plupart de cas de cette façon avec nous, à travers ses inspirations.

D’abord, lorsque nous ne sommes pas en amitié avec Lui, Dieu vient secouer notre conscience, parfois à travers notre ange gardien et nous pousser vers le regret de nos péchés pour revenir à Lui. Et pour cela contrairement, jamais ne peut venir de Dieu une pensée qui me pousse à vivre en état de péché, à continuer dans le mal, jamais Dieu ne peut nous proposer de briser l’un de ses 10 commandements. Il cherche notre bien, notre correction, notre salut éternel.

Une autre qualité qu’une âme doit posséder pour apercevoir la voix divine et qui est relation avec ce que l’on vient de dire, c’est qu’elle doit être habituée aux choses de Dieu à travers l’esprit de prière, la lecture de la Bible et des enseignements de l’Eglise (les grands saints mystiques). Notre âme doit se laisser conseiller par qui peut l’orienter dans la vie spirituelle, ce qui implique une grande humilité et la pratique en plus des autres vertus qui nous rendent semblables au Christ. Rappelons-nous de la première lecture, c’est le prêtre Eli qui conseille au jeune Samuel comment répondre à la voix du Seigneur, en ce qu’il doit faire ; dans l’évangile c’est André qui conduit son frère Pierre vers Jésus, c’est André qui lui annonce le Messie. Pour bien écouter la voix de Dieu je dois être aussi docile, et lutter contre mon opinion et mon propre jugement, car Dieu résiste aux orgueilleux.

Lorsque Dieu parle à mon âme, ses pensées vont toujours susciter la paix ; leur finalité et leur objet seront toujours bons (selon la loi divine), mais aussi les moyens pour l’atteindre et les circonstances seront-ils bons (par exemple jamais Dieu ne va proposer quelque chose qui soit contre la vocation à laquelle Dieu m’avait déjà appelé une fois, Dieu ne change pas d’avis).

Sainte Jeanne d’Arc

Le Seigneur va pousser notre âme à exercer le bien pour ainsi au maximum, jamais Il ne va nous proposer de faire le bien à moitié, de nous désister à faire une grande œuvre simplement parce qu’elle est sensiblement difficile. Dieu appelle toujours à l’héroïsme et non pas à la vie facile et hédoniste.

Dans notre intelligence la voix de Dieu nous inspire, soit par lui-même soit par son ange, des choses vraies, utiles pour notre salut. Il donnera toujours lumière et discrétion, flexibilité pour que l’âme affronte les difficultés de ce monde. Les pensées divines sont toujours nées de l’humilité. Nous ne pouvons pas considérer comme venues de Dieu, des pensées qui soient contraires à tout ce qu’on vient d’énumérer.

Dans notre volonté, la voix de Dieu suscite la paix, l’humilité, la confiance en Dieu même, docilité, droiture de vie et intention droite ; sincérité et simplicité. Elle nous inspire la patience devant les adversités, le désir de la croix et l’amour au sacrifice. La voix de Dieu nous indique le chemin vers une authentique liberté d’esprit, une charité bienveillante et désintéressée et surtout un grand désir d’imiter en tout notre Seigneur Jésus-Christ.

Revenant à l’évangile de ce dimanche, nous allons finir avec un beau commentaire de saint Augustin sur ce texte :

« Voici l’Agneau de Dieu, dit Jean. Les deux disciples l’entendirent parler et suivirent Jésus. Alors Jésus s’étant retourné et les voyant qui le suivaient, leur dit : Que cherchez-vous ? Ils répondirent : Rabbi où demeures-tu ?  S’ils le suivent aujourd’hui, ce n’est pas d’une manière définitive, mais ils voulurent voir où Il habitait … Jésus leur montra donc où il demeurait, ils virent et ils demeurèrent avec lui. Quel jour heureux ! Quelle douce nuit ils durent passer ! Qui nous redira l’entretien que le Seigneur eut avec eux ? Elevons-nous-mêmes et construisons dans notre cœur une maison où le Sauveur vienne nous enseigner et s’entretenir avec nous ».

Demandons à Marie, la grâce d’écouter la voix de Dieu dans nos cœurs.

P. Luis Martinez V. E.

Institut du Verbe Incarné

[1] Rabbi : dans les langues sémitiques, la racine de ce mot désigne la grandeur. Rabbi signifie littéralement « mon grand », « grand pour moi ».