“IL A BIEN FAIT TOUTES CHOSES “

Lire l’évangile de ce dimanche (Mc 7, 31-37)

L’évangile de ce dimanche nous présente un miracle, une guérison d’un sourd- muet ; en vérité, dans la langue grecque (langue dans laquelle les évangiles ont été écrits), il s’agissait plutôt d’un sourd qui ne parlait pas bien, c’est-à-dire qu’il était bègue, ce qui est tout à fait normal pour ceux qui sont sourds de naissance, car ils peuvent parler, mais ils ne savent pas comment le faire. Il est important de retenir cela car chaque mot de l’évangile a un sens précis.

Les évangiles racontent beaucoup de miracles du Seigneur, mais dans peu de miracles on retrouve tous les gestes qu’Il fait dans celui d’aujourd’hui. On peut donc se demander pourquoi Il  a fait ces gestes avec ce sourd de l’évangile ?

Saint Ambroise dit «etiam gesta Verbi, verba sunt», « les gestes de la Parole (le Verbe) de Dieu sont aussi paroles », cela veut dire que même les gestes du Christ nous laissent un enseignement.

Le Seigneur en a fait une claire référence à ce qu’est la foi. En fait, l’Eglise a toujours vu dans ces gestes apparemment étranges que Jésus accomplit sur le sourd-muet (il met les doigts dans ses oreilles et lui touche la langue) un symbole des sacrements grâce auxquels il continue de « nous toucher » physiquement pour nous guérir spirituellement, surtout du baptême à travers lequel il nous ouvre à la vie de la foi. Pour cette raison, lors du baptême, le prêtre accomplit sur la personne qui reçoit le baptême les gestes que Jésus avait déjà accomplis sur le sourd-muet : il lui met le doigt dans les oreilles et lui touche le bout de la langue, en répétant la parole de Jésus : Effata, ouvre-toi !

Les Pères de l’Eglises (dont Augustin, Chrysostome, Jérôme) interprétaient dans chacun de ces signes notre chemin de conversion à la foi, la naissance à la foi du chrétien ; la foi vient de la prédication entendue, dit saint Paul, c’est-à-dire qu’elle rentre par l’ouïe. Le Seigneur l’amène à l’écart et lui touche les oreilles (symbole de la préparation au Catéchisme), Il regarde vers le Ciel (la foi est une grâce de Dieu, un cadeau), Il touche la langue avec sa salive (la Parole de Dieu) et gémit (cela signifie la Passion, ce que notre rédemption a couté au Seigneur).

Alors, si nous parlons de la foi, de notre foi, il faut être toujours attentif. Attentif à ce que notre foi ne se corrompe pas, ou bien qu’elle devienne une chose différente de ce qu’elle est. On a dit tout à l’heure que la foi est une grâce que Dieu donne librement à chacun de nous, mais ce cadeau de Dieu, il faut le protéger, il faut éviter que par notre négligence, notre foi s’affaiblisse et se perde. Il est nécessaire d’éviter que par notre faute, la foi chrétienne soit délaissée, et devienne plutôt un mélange de croyances ; nous devons protéger notre foi afin que comme dit saint Paul aux Ephésiens (4,14) : nous ne soyons plus des enfants, flottants et emportés à tout vent de doctrine, par la tromperie des hommes, par leur astuce pour induire en erreur.

Il est vrai que notre foi doit progresser, mais il faut savoir comment, dans quel sens elle doit progresser aujourd’hui.

Il est intéressant de relire un texte d’un père de l’Eglise, appelé saint Vincent de Lérins du cinquième siècle. Il disait : « Ne peut-il y avoir, dans l’Eglise du Christ, aucun progrès de la religion ? Si, assurément, et un très grand. A condition du moins qu’il s’agisse d’un véritable progrès dans la foi, et non d’un changement. Car il y a progrès quand une réalité s’amplifie en demeurant elle-même : mais il y a changement si elle se transforme en une autre réalité. Il faut donc qu’en chacun et en tous, en chaque homme aussi bien qu’en Eglise entière au cours des âges et des générations, l’intelligence, la science, et la sagesse croissent et progressent fortement dans le même sens, selon les mêmes dogmes et la même pensée.
Que la religion imite donc la croissance du corps dont les éléments évoluent et se développent au rythme des années, mais demeurent eux-mêmes…Il en va de même pour les dogmes de la religion chrétienne : la loi de leur progrès veut qu’ils se consolident avec le temps et grandissent au loin des âges…
Nos ancêtres ont jadis ensemencé le champ de l’Eglise avec le blé de la foi. Il est normal et il convient que la fin ne renie pas l’origine, et qu’au moment où le blé de la doctrine a levé, nous moissonnions l’épi du dogme. Ainsi, lorsque le grain des semailles a évolué avec le temps, rien cependant ne change des caractères propres du germe.»

Notre foi est essentiellement la même, c’est la foi que custodie l’Eglise, c’est la foi que nous ont transmise les Papes et les Conciles de l’Eglise.

Pour nous, cela nous demande aussi un examen, comment nous protégeons notre foi, si c’est avec un cœur droit qu’on accepte ce que l’Eglise nous enseigne, si nous vivons comme  l’Apôtre Saint Jacques le dit : « Montre-moi ta foi sans les œuvres et moi, je te montrerai ma foi par mes œuvres ».

Demandons la grâce, à la très sainte Vierge Marie, de grandir chaque jour dans la foi.

P. Luis M. Martinez

Monastère « Bienheureux Charles de Foucauld »

Institut du Verbe Incarné

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