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“Il rompit les pains” – La préparation nécessaire pour recevoir l’Eucharistie

Homélie pour le Dimanche XVIII, année A (Mt 14, 13-21).

En débarquant, il vit une grande foule de gens ; il fut saisi de pitié envers eux et guérit les infirmes.  C’est la raison qui pousse le Seigneur à faire ce miracle de la multiplication des pains que nous venons d’entendre ; selon le texte, il était déjà tard, les gens ne pouvaient pas aller acheter du pain dans les villages voisins pour revenir probablement et rester là-bas, près du Seigneur.

Ce fait prodigieux raconté par saint Matthieu est aussi décrit par les trois autres évangiles, de sorte que chaque évangéliste le présente avec une description différente mais il s’agit essentiellement du même fait.

Il ne nous est pas difficile de découvrir dans ce miracle une allusion au sacrement de l’Eucharistie ; d’ailleurs, les deux poissons et les cinq pains ont été déjà tôt dans l’histoire de l’église le symbole de ce sacrement.

Que le texte nous parle de l’Eucharistie nous le montre aussi le verbe utilisé par l’évangéliste avec le geste de « rompre les pains », en grec c’est le verbe Klao ; et il faut savoir que ce verbe se répète 8 fois dans les évangiles, il a toujours Jésus comme sujet ; c’est le verbe de la dernière cène, que nous répétons évidemment traduit au moment de la consécration du pain. Ce verbe apparaît donc encore dans le reste du Nouveau Testament, 6 fois, dont 5 fois en fait référence à l’Eucharistie ; d’ailleurs, la façon d’appeler « la messe » par les apôtres et premier chrétiens c’était la Fraction du pain.

Ce verbe nous le retrouvons à la messe, lorsque le prêtre dit « que le Seigneur a rompu le pain » un instant avant la consécration : « il prit le pain, il rendit grâce, il le rompit et le donna à ses disciples », mais le geste de rompre l’hostie le prêtre le fera presque à la fin, après le notre Père, juste après le rite de la paix.

Nous allons diriger la réflexion de ce dimanche au fait même de recevoir l’Eucharistie, la communion à chaque fois que nous pouvons le faire.

D’abord, il faut tenir compte de ces paroles : « pouvoir communier », parce qu’il y a en effet, actuellement des fidèles qui pensent que la communion, étant un rite de la messe, tous les participants doivent et peuvent s’approcher pour recevoir la communion. Ce qui est totalement faux. La communion n’est pas un droit, elle est un don, un cadeau que Dieu nous fait.

Toutes les personnes peuvent participer de la messe, il est vrai, mais pas tous peuvent recevoir l’Eucharistie. Il existe des conditions établies par l’Eglise, ces règles tirent leur origine de l’Evangile et de l’enseignement de l’Apôtre saint Paul.

Alors, pour pouvoir communier, le magistère de l’Eglise nous dit qu’il y a une double préparation : une lointaine et une immédiate.

Voyons d’abord ce qui est la préparation lointaine et de quelle manière nous pouvons l’accomplir.

Lointaine ne fait pas référence au temps , mais plutôt ce mot veut plutôt signifier la préparation habituelle, nous pouvons dire que c’est la préparation que nous devons avoir avant de venir à messe. En effet, elle nous dispose de loin, temporellement parlant, pour recevoir l’Eucharistie. Voilà les conditions :

a) D’abord, l’état de grâce. Une personne qui est consciente d’un péché mortel, grave, ne peut pas recevoir la communion, celui qui reçoit la communion en état de péché fait un péché encore plus grand, en fait un sacrilège. Cela vaut aussi pour ceux qui vivent en dehors des lois prescrites par l’Eglise.

b) Il faut comme deuxième condition, l’intention droite (c.-à-d. que l’on ne reçoive pas la communion par vanité ou par habitude, mais pour plaire à Dieu)

c) Nous devons demander aussi pardon pour nos petites fautes, les péchés véniels, bien qu’ils n’empêchent pas la réception du sacrement, dans notre cœur nous devons demander pardon au Seigneur pour ces petits péchés dont on doit être repentis. Et cela nous pouvons le faire tous les jours, dans la journée ou au moment de faire l’examen de conscience, cela peut être aussi avec la prière du Notre Père, le signe de la croix accompagné de la douleur d’avoir commis quelque chose contre la Volonté de Dieu.

d) Je dois me préparer aussi avec le désir de recevoir l’Eucharistie, de mieux participer de la messe.

En conclusion, la préparation lointaine doit consister dans le fait de conduire une vie digne de celui que Dieu a choisi pour venir habiter dans son cœur, un tabernacle du Seigneur.

Mais il y a aussi la Préparation Immédiate : il s’agit de quelques dispositions immédiates (juste avant la communion, pendant la messe) que l’âme fervente doit susciter en elle, les implorant auprès de Dieu avec humilité et persévérance, on peut les résumer en quatre : 

a) Foi vive 

L’Eucharistie est par antonomase le mysterium fidei [mystère de la foi] puisqu’en elle, ni la raison naturelle ni les sens n’y perçoivent quoi que ce soit du Christ. S. Thomas rappelle que, sur la croix, n’était invisible que la divinité, mais sur l’autel, c’est aussi la très sainte humanité de Jésus qui est cachée : « Latet simul et humanitas ». Cela exige de nous une foi vive imprégnée d’adoration. 

b) Humilité profonde 

Nous devons être conscients que personne n’est totalement digne de recevoir l’Eucharistie, mais que Dieu veut, malgré notre indignité venir demeurer dans nos cœurs. Les textes de la messe nous aident à considérer cela lorsque nous disons : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir ».

c) Confiance illimitée

Jésus-Christ est la miséricorde infinie en personne, qui a accueilli avec tendresse tous les pécheurs qui s’approchaient en lui demandant pardon. Il faut donc nous approcher avec humilité et révérence, mais surtout avec une immense confiance en Lui, qui est notre père, pasteur, médecin et ami divin ; qui avec sa présence peut nous rendre forts pour lutter contre le péché et le mal.

d) Finalement avoir faim et soif de la communion 
Cette faim et soif de recevoir Jésus dans le Sacrement, qui procède de l’amour, fait grandir  la capacité de l’âme et la dispose à recevoir la grâce du sacrement en grande abondance. Chacune de nos communions devrait être plus fervente que les précédentes, parce que chaque nouvelle communion bien reçue augmente la grâce sanctifiante et nous dispose à recevoir le Seigneur le lendemain ou à la prochaine messe avec une charité encore plus grande.

Mais, si nous avons parlé de la préparation, il est aussi utile de parler de l’action de grâce, ce moment de silence et recueillement que nous faisons après la Communion, et qui parfois se prolonge pour beaucoup, aussi après la messe. C’est  le moment où nous parlons en intimité avec notre Seigneur, nous lui exprimons notre amour à lui, les difficultés et nos désirs. Il faut bien profiter de ce moment.

L’autre bonne habitude que nous devons avoir, c’est la Communion Spirituelle, c’est-à-dire, le désir que nous devons avoir de le recevoir ou plutôt faire comme si le Seigneur était venu dans mon cœur par l’Eucharistie, et parce qu’Il est présent spirituellement si notre cœur est vraiment enflammé de son amour, et cela, cette Communion Spirituelle, nous pouvons la faire plusieurs fois par jour.

Rappelons-nous enfin, les paroles de la Mère (Sainte) Térésa de Calcutta aux prêtres : « célèbre cette messe comme si c’était ta première messe, ta dernière messe, ton unique messe ». Et nous pouvons l’adapter pour nous : « participons à la messe comme si c’était notre première messe, notre dernière messe, notre unique messe. », « recevons l’Eucharistie comme si c’était la première Communion, la dernière Communion et l’unique Communion dans notre vie ».  

Que la Vierge Marie nous donne la grâce d’avoir soif et faim de l’Eucharistie.

P. Luis Martinez IVE.

Rendez grâce à Dieu en toute circonstance!

Evangile du dimanche XXVIII (Lc 17, 11-19)

action_graces_institut_du_verbe_incarne« Rendez grâce à Dieu en toute circonstance : c’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus ». C’est l’antienne qui précède l’évangile et qui nous introduit à la méditation de l’évangile.

Il y a deux éléments à souligner dans la première lecture et dans l’évangile et qui se ressemblent. Le premier c’est que dans les deux miracles, ce sont des étrangers au peuple d’Israël qui bénéficient d’un miracle ; un Syrien et un Samaritain. Le deuxième élément est plus important encore et parle de la façon d’agir par rapport au miracle : Naaman dit: « Puisque c’est ainsi, permets que ton serviteur emporte de la terre de ce pays autant que deux mulets peuvent en transporter, car je ne veux plus offrir ni holocauste ni sacrifice à d’autres dieux qu’au Seigneur Dieu d’Israël. » Et le Samaritain, quand à lui, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce.

action_graces_institut_du_verbe_incarneDans le deux cas il y a une conversion, une conversion qui signifie une reconnaissance dans l’humilité de la puissance de Dieu, de la petitesse de l’être humain devant la grandeur infinie de Dieu et pour cela le premier sentiment, ou mieux encore le premier acte spirituel c’est l’action de grâce. Le Samaritain de l’évangile fait un acte d’adoration, il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce, cela veut dire que pour lui, Jésus est Dieu.

Nous allons nous arrêter un peu sur le passage de l’évangile. D’abord, on peut dire que les dix lépreux croyaient en Jésus, peut-être parce qu’ils le connaissaient déjà, ils savaient que le « Maître » pouvait faire des miracles. Ils obéissent à la parole du Christ et partent tout de suite vers les prêtres, sans douter. Il fallait accomplir cela selon la loi juive, c’est-à-dire se présenter devant les prêtres pour être examiné et considéré légalement purifié. Une fois qu’ils ont quitté le Seigneur, tous reçoivent la grâce du miracle sur le chemin.

Mais, après la guérison, il y en a seulement un qui revient. Pourtant, on peut penser que le Seigneur ne leur avait pas dit qu’ils devaient revenir. Pourquoi donc demande-t-il pour les autres neuf qui ne sont pas revenus ?

action_graces_institut_du_verbe_incarneLa réponse nous la trouvons encore une fois dans la liberté de l’homme. L’homme, l’être humain qui est libre, peut avec sa liberté aimer Dieu ou ne pas l’aimer; mais aussi servir Dieu avec le juste et nécessaire, juste accomplir le devoir, ou bien aller au-delà de ce qu’Il demande, faire un plus, faire ce pas avec liberté et aimer totalement, d’un cœur généreux.

Il n’existe pas un commandement parmi les 10 qui dise «  Rendre grâce à Dieu », mais l’Esprit Saint dans nos cœurs nous dit que cela c’est une action digne des enfants de Dieu. Et les paroles du Seigneur dans cet évangile nous rappellent cela. En fin, tous les lépreux ont été guéris de leur maladie, mais c’est seulement à ce Samaritain que le Seigneur dit : « ta foi t’a sauvé (et le Seigneur ne parle pas de la santé, mais plutôt du salut, de la vie éternelle). L’évangile de ce dimanche nous invite donc à cette réflexion, l’importance dans la vie de tous, de nous rappeler des bienfaits reçus d’en haut, d’aller vers Dieu pour Lui rendre grâce.

Nous devons donc être reconnaissants avec ceux qui nous ont fait du bien, Dieu, mais aussi nos parents, notre patrie, nos bienfaiteurs, nos amis. Il est évident que nous devons le faire en premier et principalement à Dieu, c’est de Lui qui viennent tous les biens et dons reçus, et c’est Lui que nous remercions finalement lorsque nous remercions ceux qui nous font du bien.

action_graces_institut_du_verbe_incarneA Dieu nous devons l’existence, la vie à chaque instant, la vie de la grâce, la Rédemption opérée par son Fils Jésus-Christ, la grâce aussi qu’Il a réservée de pouvoir un jour Le contempler pour l’éternité, Lui qui est la bonté infinie, la pleine Vérité, Lui qui peut satisfaire tous nos désirs.

Et si nous pensons plus personnellement, pensons aussi à tous les dons et biens qu’Il nous a faits à chacun de nous, ce qu’on a reçu de Lui.

Et les maux que nous avons soufferts dans nos vies ? Nous devons aussi rendre grâce à Dieu pour cela ? Pensons à ces événements qui nous ont laissé des blessures dans notre âme, ces moments difficiles, le mal que nous ont causé des gens qui voulaient nous faire du mal, ou bien qui nous ont fait du mal par ignorance. Comment remercier Dieu pour tout cela ?

Dieu ne peut pas se réjouir du mal, Il n’a pas cherché notre malheur non plus lorsque nous l’avons subi dans nos vies. Dans son plan qui nous dépasse parce que nous sommes des créatures, Dieu permet le mal, soit parce que nous le souffrons à cause des autres qui utilisent mal la liberté, soit parce que nous-mêmes nous avons utilisé notre liberté pour ne pas servir Dieu, et c’est notre péché qui engendre en nous certaines souffrances.

Il nous faut penser aussi que beaucoup de maux dans nos vies viennent pour aider à notre purification, pour grandir dans la foi et pour nous sauver.

Cemetery statue of Mary Mourning closeup, copy space, Location Mount Olivet Cemetery in Nashville, TN

Et lorsque les souffrances n’ont pas une cause qui les précède en nous, quand nous sommes innocents, ou plutôt quand ce sont les innocents qui souffrent ? Comment nous pouvons expliquer cela ? Et dans ce cas-là, pour ceux qui souffrent étant innocents, cette souffrance emporte dans le mystère de Dieu une gloire qui n’est pas de ce monde, un bonheur pour la vie éternelle.  Comme dit le livre de Tobie, cet homme juste dont l’histoire nous est racontée dans la Bible : Heureux tous ceux qui s’affligeront sur toi à cause de toutes tes épreuves : en toi ils se réjouiront, ils prendront part à ta joie pour toujours (Tobie 13,16).

Le mal, la douleur, les souffrances sont aussi une raison de plus pour rendre grâce à Dieu, Il les a permis pour notre bien, notre salut et Il nous a donné la grâce de pouvoir le vivre.

Alors, comment nous remercions le Seigneur ? Evidemment, nous ne pouvons pas lui rendre en proportion de ce qu’Il nous a donné.

Dans l’Ecriture, il y a un mot qui revient souvent, « magnifier le Seigneur». Notre Dame a commencé son cantique d’action de grâce avec ce verbe : « Magnificat ». Il est vrai que nous ne pouvons rien ajouter à la Gloire de Dieu. Mais, sachons qu’à chaque fois que nous chantons et rendons grâce et gloire à Dieu cela revient sur nous.

Nous rendons gloire à Dieu lorsque nous Le connaissons plus profondément, selon nos forces, et L’aimons d’un amour plus véritable. Et pour cela la première façon de rendre grâce à Dieu c’est de correspondre à son amour, vivant en état de grâce, c’est-à-dire en union avec Lui, c’est la vie éternelle déjà commencée dans ce monde. Nous rendons gloire à Dieu faisant aussi que les autres connaissent et aiment Dieu.

Enfin, nous retrouvons plusieurs expressions qui dans la Bible ont le même sens et qui montrent finalement le fait de rendre grâce à Dieu, on a déjà dit les verbes « magnifier », « glorifier » ; et nous en ajoutons « remercier », « louer », « servir », « exulter », « exalter ».

action_graces_institut_du_verbe_incarneCe que nous offrons à Dieu, nous ne pouvons pas le mesurer en quantité, mais au contraire par la charité avec laquelle nous l’offrons. Dieu ne veut pas notre don matériel, Il veut notre volonté. Ce qu’Il nous a donné et qui est seulement à nous, c’est notre liberté et seulement avec elle nous pouvons donner ou non gloire à Dieu. C’est l’unique chose que nous pouvons offrir à Dieu, et avec elle Le magnifier et Lui rendre grâce.

« Qu’est-ce qu’il y a de meilleur que de faire surgir du cœur, disait saint Augustin, de prononcer avec les lèvres, d’écrire avec la plume cette parole : Merci Seigneur ! Il n’y a pas de chose qui puisse se dire avec plus de brièveté, ni écouter avec plus de joie, ni sentir avec plus d’élévation, ni faire avec plus d’utilité. »

Au Cœur immaculé de la Vierge Marie, elle qui a fait de sa vie un « magnificat » nous demandons la grâce de que notre vie soit aussi un cantique d’action de grâces.

P. Luis Martinez. V. E.

Monastère « Bx . Charles de Foucauld »