Archives par mot-clé : Ascension

Le Fils de l’Homme monte au Ciel

Ascension du Seigneur

« Je regardais, au cours des visions de la nuit, et je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d’homme ; il parvint jusqu’au Vieillard, et on le fit avancer devant lui. Et il lui fut donné domination, gloire et royauté ; tous les peuples, toutes les nations et les gens de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite. » C’est la prophétie de Daniel ( 7,13-14).

Le nom que Dieu, le Père, a voulu que le Verbe Incarné, son Fils, porte dans ce monde c’était Jésus (Mt 1,21; 1,25; Lc 1,31; 2,21), les disciples l’ont appelé par ce nom, mais aussi Seigneur, Messie, les évangélistes Marc et Mathieu commencent leur évangile avec le nom de Jésus-Messie ou Jésus-Christ.

Mais le nom que Jésus lui-même s’est imposé était « Fils de l’homme », à chaque fois que Jésus parlait de lui-même, il se donnait ce nom. Jésus-Christ a voulu résumer toute son identité et toute sa mission avec ce nom tiré du prophète Daniel.

Le Fils de l’homme contemplé par Daniel porte en lui des signes de divinité : comme ce sont les nuées (qui sont toujours manifestation de la présence de Dieu) et le fait d’être « servi » par tous les peuples, le verbe en hébreu désigne le fait « de l’adoration ».

Toute la vie publique de Jésus a été d’accomplir la mission du Fils de l’homme en tant qu’homme véritable, c’est-à-dire dans toute sa faiblesse : il a souffert la faim, la soif, la fatigue, et à la fin de cette vie publique il a souffert la passion et la mort.

On peut dire qu’aujourd’hui, la prophétie de Daniel arrive à son point culminant et que l’expression « Fils de l’homme » appliquée à Jésus atteint sa pleine dimension, car elle comprend aussi pleinement la divinité du Christ.

Quarante jours après sa résurrection, Jésus, vrai homme et vrai Dieu, assume aujourd’hui son pouvoir divin, c’est-à-dire son pouvoir de roi absolu et éternel et son pouvoir de juge absolu et éternel. C’est pourquoi le Catéchisme de l’Église catholique nous enseigne : “La session à la droite du Père signifie l’inauguration du règne du Messie, accomplissement de la vision du prophète Daniel concernant le Fils de l’homme ” (CEC, 664).

Le mystère théologique de l’ascension, la glorification de l’humanité de Jésus en présence du Père, est quelque chose d’invisible, et c’est l’accomplissement de la résurrection, inséparable de la résurrection elle-même. Jean dit clairement que l’élévation de Jésus, cause de notre salut, implique un seul mouvement, une seule montée : la croix, la résurrection et l’ascension : “quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes” (Jn 12,32).

Il y a trois lieux dans le Nouveau Testament où se trouve le récit de l’Ascension du Seigneur : Mc. 16,19; Lc. 24,50-52 et les Actes des Apôtres 1,9-11 (la première lecture de cette solennité).

Les narrations de saint Luc et des Actes (écrits aussi par le même évangéliste) réalisent parfaitement ce qui était annoncé par Daniel : Luc rapporte que ses disciples l’ont adoré et les Actes parlent d’une nuée qui vient le soustraire à leurs yeux.

Saint Marc nous donne le sens théologique et profond de ce mystère : Il est monté au Ciel et s’est assis à la droite de Dieu (Mc 16,19) ; cette expression est reprise dans notre profession de foi, c’est l’article 6 du Credo.

Saint Thomas d’Aquin explique la raison pour laquelle Jésus devait monter au Ciel : “ Le lieu doit être proportionné à ce qui y réside. Le Christ, par sa résurrection, a commencé une vie immortelle et incorruptible. Or, le lieu où nous habitons est celui de la génération et de la corruption, mais le ciel est celui de la « non corruption ». Il ne convenait donc pas qu’après sa résurrection le Christ demeure sur la terre ; mais bien au contraire, il fallait qu’il monte au ciel.

Et quelle est la signification de l’expression “il s’est assis à la droite du Père” (Mc 16, 19)? Cette expression est une expression métaphorique, car en Dieu il n’existe ni droite ni gauche. La “droite du Père” signifie : premièrement, la gloire de la divinité du Père ; deuxièmement, la béatitude du Père; troisièmement, le pouvoir judiciaire ou royal du Père. Que Jésus “s’assit” signifie donc : premièrement, que Jésus “reste éternellement incorruptible”, parce que s’asseoir implique l’immobilité ; deuxièmement, cela signifie la participation par nature des trois privilèges de Dieu le Père: la participation à la gloire de la divinité, la participation à la béatitude et la participation à l’autorité judiciaire ou royale du Père.

Tout cela, en fait, le Christ l’a toujours possédé comme Dieu. Et tout cela qui correspond au Christ comme Dieu, correspond aussi à Christ comme homme. Pourquoi ? Parce que l’humanité du Christ est toujours unie de façon hypostatique, c’est-à-dire que la nature divine et la nature humaine s’unissent dans la seule personne de Jésus-Christ. Par conséquent, le Christ en tant qu’homme a également assumé et participe de la même gloire divine du Père, au bonheur du Père et au pouvoir royal et judiciaire du Père. Toujours le Catéchisme de l’Eglise Catholique nous apprend que: “  L’Ascension du Christ au Ciel signifie sa participation, dans son humanité, à la puissance et à l’autorité de Dieu lui-même. ” (CEC, 668).

Quant au plan de notre salut, l’Ascension est le couronnement final de toute l’œuvre rédemptrice. De cette façon, toute la mission du Christ sur terre est consommée et atteint sa perfection ; et l’histoire du monde entre dans sa dernière étape. “ Depuis l’Ascension, le dessein de Dieu est entré dans son accomplissement. Nous sommes déjà à ” la dernière heure ” (1 Jn 2, 18 ; cf. 1 P 4, 7). ” Ainsi donc déjà les derniers temps sont arrivés pour nous. ’ (CEC, 670)”.


Son absence nous est plus utile que sa présence corporelle ?

Jésus, en montant vers le Père, enlève totalement sa présence corporelle à nos yeux. « L’ascension du Christ au ciel, qui nous a enlevé sa présence corporelle, nous a été plus utile que s’il était maintenant avec sa présence corporelle ». Cependant, Jésus exprime cela en donnant une grande vérité: «il vaut mieux pour vous que je m’en aille, car, si je ne m’en vais pas, le Défenseur ne viendra pas à vous ; mais si je pars, je vous l’enverrai.» (Jn 16,7). Comment peut-il être bien pour Jésus de se distancier de nous si tout notre désir est d’être avec lui et de nous unir à lui? “Si je pars, je vous enverrai l’Esprit Saint, et il vous conduira à la vérité complète” (Jn 16.7.13) et on pourrait ajouter: ‘Il nous conduira vers la vérité complète et à l’union parfaite.

Car la mission de l’Esprit Saint c’est de former spirituellement le Christ dans notre cœur. Un Christ mystiquement présent dans notre cœur pour pouvoir nous unir à lui intimement.

Pour conclure : “ Le Christ a affirmé avant son Ascension que ce n’était pas encore l’heure de l’établissement glorieux du Royaume messianique attendu par Israël (cf. Ac 1, 6-7) qui devait apporter à tous les hommes, selon les prophètes (cf. Is 11, 1-9), l’ordre définitif de la justice, de l’amour et de la paix. Le temps présent est, selon le Seigneur, le temps de l’Esprit et du témoignage (cf. Ac. 1, 8), mais c’est aussi un temps encore marqué par la ” détresse ” (1 Co 7, 26) et l’épreuve du mal (cf. Ep 5, 16) qui n’épargne pas l’Église (cf. 1 P 4, 17) et inaugure les combats des derniers jours (cf. 1 Jn 2, 18 ; 4, 3 ; 1 Tm 4, 1). C’est un temps d’attente et de veille (cf. Mt 25, 1. 13 ; Mc 13, 33-37).)” (CEC, 672)

Pour cette raison les chrétiens prient, surtout dans l’Eucharistie (cf. 1 Co 11, 26), pour hâter le retour du Christ (cf. 2 P 3, 11-12) en lui disant : ” Viens, Seigneur ” (1 Co 16, 22 ; Ap 22, 17. 20).

A chaque messe nous prions et demandons le retour du Seigneur, que notre désir d’être un jour dans sa Gloire soit toujours actuel. Que la Reine du Ciel nous donne cette grâce.

P. Luis Martinez IVE.

« Je pars vous préparer une place»

Ascension du Seigneur, année C

Nous célébrons aujourd’hui l’Ascension du Seigneur. Notre Seigneur, par sa résurrection, a commencé une vie immortelle et incorruptible, Il ne convenait donc pas qu’après sa résurrection le Christ demeure dans ce monde, car la vie dans ce monde est toujours de condition mortelle et corruptible. Le Ciel est le lieu plus approprié donc à la condition glorieuse du Seigneur. C’est ce que nous apprend saint Thomas d’Aquin.

Pourquoi le Seigneur est-il resté 40 jours auprès de ses apôtres ? Saint Thomas nous dit aussi que le Seigneur a retardé son ascension afin de prouver la réalité de sa résurrection, il a voulu pendant quarante jours confirmer qu’il était vivant et donner les dernières instructions. 

Toujours ce même saint que nous avons cité plus haut, Saint Thomas d’Aquin voit aussi dans ce mystère de l’Ascension quelques raisons de convenance pour notre vie de chrétiens :

1° Elle augmente notre foi, qui a pour objet ce qu’on ne voit pas.

2° Elle relève notre espérance. Le Christ, en emmenant au ciel la nature humaine qu’il avait prise, nous a donné l’espoir d’y parvenir.

3° Elle dirige l’affection de notre charité vers les réalités célestes : ” Recherchez les choses d’en haut, où le Christ demeure assis à la droite de Dieu ; affectionnez-vous aux choses d’en haut, et non à celles de la terre ” (Col 3, 1). Car, d’après S. Matthieu, ” où est ton trésor, là aussi est ton cœur “.

Nous allons nous arrêter sur cette dernière raison de convenance aujourd’hui, car saint Paul nous dit que nous devons rechercher les choses d’en haut. En effet, nous devons chercher à aller au Ciel avec toutes nos forces et implorant Dieu toujours de nous donner cette grâce, car le Seigneur nous a promis dans la personne des apôtres : « Je pars vous préparer une place afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi » Jn. 14,2.3.

Qu’est-ce que ce que le Ciel ?

Selon le catéchisme de l’Eglise Catholique le Ciel est la vie parfaite avec la Très Sainte Trinité, cette communion de vie et d’amour avec le Père, le Fils et le Saint Esprit, avec la Vierge Marie, les anges et tous les bienheureux. Le ciel est la fin ultime et la réalisation des aspirations les plus profondes de l’homme, l’état de bonheur suprême et définitif.

Dans la bible, le Ciel est la demeure de Dieu, du haut des cieux Il voit et juge (cf. Ps 113, 4-9), et Il descend lorsqu’on l’invoque (cf. Ps 18, 7.10; 144, 5). Toutefois, dit le pape Jean Paul II, la métaphore biblique, fait bien comprendre que Dieu ne s’identifie pas avec le ciel et ne peut pas être contenu dans le ciel (cf. 1 R 8, 27). A la représentation du ciel en tant que demeure transcendante du Dieu vivant, s’ajoute celle de lieux auquel les croyants peuvent aussi accéder par la grâce. Le ciel devient ainsi la figure de la vie en Dieu. Dans ce sens, Jésus parle de «récompense dans les cieux» (Mt 5, 12) et exhorte à «amasser des trésors dans le ciel» (ibid., 6, 20; cf. 19, 21). Le Nouveau Testament approfondit l’idée du ciel également en relation avec le mystère du Christ. La Lettre aux Hébreux affirme qu’après son triomphe sur la mort, Jésus « a traversé les cieux» (He 4, 14), c’est le mystère que nous célébrons aujourd’hui.

Selon ce qui est révélé par les saintes Écritures, nous savons que le « ciel » ou la « béatitude » dans laquelle nous nous trouverons n’est pas une abstraction, ni un lieu physique parmi les nuages, mais une relation vivante et personnelle avec la Sainte Trinité. C’est la rencontre avec le Père qui se réalise dans le Christ Ressuscité grâce à la communion de l’Esprit Saint. 

Alors ; on dit généralement qu’au Ciel nous allons contempler Dieu et pour l’éternité, et c’est la vérité. Mais certains restent un peu déçus, car ils considèrent ennuyante une telle activité.

Comment décrire donc le Ciel ?

Nous devons dire, tout d’abord, que tous les mots que nous cherchons pour représenter la vie éternelle sont toujours pauvres devant le mystère. Pourtant, il y a des images, des idées qui aident à saisir ce que nous vivrons dans le ciel.

Devant l’impossibilité d’une explication plus précise beaucoup d’auteurs chrétiens et des théologiens ont essayé de décrire le Ciel, d’abord, par ce qu’il n’est pas, ce qu’on ne trouve pas en lui : on aura pas de souffrance, ni faim, ni soif, ni fatigue, ni injustice, il n’existera pas la douleur ni la mort.

Plus théologiquement parlant, le Ciel est la contemplation et la possession de Dieu, la vue de Dieu dans son essence qui nous fait l’aimer et nous réjouir de sa vue ; nous pouvons Le contempler aidés par une lumière appelée lumière de la Gloire qui fait que notre âme soit capable de voir Dieu qui naturellement la dépasse, comme dit le psaume 35,10 : « En toi est la source de vie ; par ta lumière nous voyons la lumière ».

La foi dit aussi que le Ciel signifie la possession de Dieu. Nous savons que pour être heureux l’homme est toujours à la recherche d’un bien. Alors, les richesses, les honneurs, la gloire de ce monde, les plaisirs, sont pourtant des réalités limitées et transitoires et elles ne peuvent pas satisfaire toutes les aspirations de l’homme. Il a le désir de trouver un objet qui puisse remplir sa soif de joie et qui ne concrétise pas dans les choses créées. Ce bien auquel son cœur tend toujours est un bien universel, un bien qui ne s’épuise pas et fait toujours se réjouir celui qui le possède, et Dieu est ce bien parfait, parce qu’Il a créé tout ce qui nous fait heureux ici-bas. Si la créature avec ses pauvres dons nous réjouit un peu dans ce monde, combien plus Celui qui l’a créée et qui lui a participé ces attributs de bonté !

Le Ciel où Dieu habite sera donc comme la pleine réalisation de tous nos moments heureux et de tous les désirs accomplis. Il dépasse même nos désirs humains, c’est une activité sans fatigue, un repos sans oisiveté, une connaissance sans voiles d’ignorance, une grandeur sans excès, un amour sans désir de possession égoïste, le pardon sans mémoire, la gratitude sans dépendance, une pure amitié sans jalousie, une compagnie sans ennui.

Il faut aussi comprendre que lorsqu’on dit « possession de Dieu », il faut savoir qu’une chose peut être possédée en l’enfermant sous clé ou l’attachant avec une corde ; mais on peut « posséder » (au sens figuré) une personne par la communication mutuelle de la connaissance et de l’amour ; c’est cela que nous ferons au Ciel, la possession de Dieu implique une communication intime et personnelle avec le Dieu qui nous aime et nous connait et veut se faire connaître et aimer par nous.

Qu’est-ce que Jésus nous a dit du Ciel?

Evidement Il l’a expliqué avec un langage qu’on pouvait comprendre, il parle par exemple du pain aux affamés, à la samaritaine il donne l’image de l’eau qui éteint la soif pour toujours. Il parle de perles, d’un trésor, mais aussi d’une fête de noces, des filets remplis de poissons, etc. C’était des symboles évidement, pour donner une idée de la joie que nous aurons dans la vie éternelle.

Certains saints ont eu la grâce d’avoir une expérience de la vie éternelle et ils ont aussi essayé d’expliquer avec des paroles humaines ce qui nous attend au Ciel ; les paroles restent bien sûr toujours pauvres.

Saint Paul par exemple dit :  ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas venu à l’esprit de l’homme, ce que Dieu a préparé pour ceux dont il est aimé. ( 1Co 2,9)

Notre détresse du moment présent est légère par rapport au poids vraiment incomparable de gloire éternelle qu’elle produit pour nous. Et notre regard ne s’attache pas à ce qui se voit, mais à ce qui ne se voit pas ; ce qui se voit est provisoire, mais ce qui ne se voit pas est éternel. (2 Cor 4,17).

Saint Augustin avertissait qu’il est plus facile de dire quelles choses ne sont pas au ciel que ce qu’il y a, en tous les cas : « là-bas, nous nous reposerons et nous verrons ; nous verrons et nous aimerons ; nous aimerons et nous louerons. Voilà ce qui sera à la fin, sans fin. Et quelle autre fin avons-nous, sinon de parvenir au Royaume qui n’aura pas de fin ? »

Qu’est-ce que nous devons faire pour atteindre le Ciel ?

Jésus nous dit que pour y aller le chemin est difficile, mais n’est pas impossible, que la porte est étroite, qu’il faut prendre la croix ; Il nous dit de tout vendre et de le donner aux pauvres, et même de laisser père et mère. On dirait que c’est trop dur mais rappelons-nous toujours que Dieu nous prépare une joie incomparable.

Pour garder dans notre esprit le désir du ciel, les maîtres spirituels nous donnent quelques moyens : la vie de grâce ( la grâce est un germe de la gloire), à travers une confession fréquente et la Communion ( gage de la vie éternelle), fuir les occasion de péché, pratiquer des sacrifices et l’aumône, méditer et vivre l’esprit des béatitudes sans oublier la tendre dévotion à Marie, elle qui nous montrera le chemin du Ciel.

Saint François d’Assise pensant à la vie éternelle avait dit « Si grand est le bien que j’attends que tout e peine m’est un plaisir. »

Que la Vierge Marie nous donne toujours ce désir de rejoindre son Fils, là où Il est entré une fois pour toujours.  

P. Luis Martinez IVE.