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Roi par la seule force de la vérité et de l’amour!

Solennité du Christ Roi

Lire l’évangile de la solennité (Jn 18, 33b-37)

Nous finissons aujourd’hui avec l’année de l’Eglise, l’année liturgique et ce avec la fête du Christ Roi. Nous allons commencer ce dimanche avec les paroles de Saint Jean Paul II, il y a 26 ans, 1979, la première année de son pontificat. Il s’adressait à ce moment-là à tous les chrétiens avec des paroles d’un grand réalisme, et pour cela très actuelles:

“Aujourd’hui nos pensées et nos cœurs se tournent vers Celui qui, à la demande de Pilate: “Es-tu roi ?” répondit : “Pour cela je suis né et pour cela je suis venu dans le monde : pour rendre témoignage à la vérité” (Jn 18, 37).

Les temps où nous vivons, exigent que nous pensions toujours plus souvent à cette réponse ; les temps nous demandent de chercher ce roi unique et d’en éprouver la nostalgie, de le désirer avec toujours plus d’ardeur. Comme il est merveilleux, en effet, ce roi qui renonce à tous les signes du pouvoir, aux instruments de domination, à la force et à la violence, et ne désire régner que par la force de la vérité et de l’amour, par la force de la conviction intérieure et du pur abandon. Combien il est unique ce Roi ! Combien l’homme doit-il le désirer ! Cet homme d’aujourd’hui, (qui est) fatigué de ces méthodes d’exercer le pouvoir, qui en tant de lieux de notre planète n’épargnent à l’homme ni oppression ni violence.

Comme il est merveilleux ce Roi, Jésus-Christ, qui refusa de semblables méthodes pour guider l’homme… Il a refusé non seulement tous les moyens d’exercer le pouvoir sur les autres par la force et la violence, mais il est allé jusqu’à se priver du soutien légitime de la défense personnelle en face de ses persécuteurs.

Tout cela pour entrer dans la vie de l’homme par la seule force de la vérité et de l’amour, pour obtenir le royaume des cœurs humains, en tous ceux qui sont capables d’entendre Sa voix et de percevoir Son appel.”

En peu de mots, saint Jean Paul II a résumé l’esprit de cette fête. Notre Seigneur est roi et la façon de conquérir les âmes et de régner c’est par la force de la vérité et de l’amour, « celui qui appartient à la Vérité écoute ma voix ».

Si nous revenons au moment de l’évangile, lorsque Pilate regardait Jésus, attaché et maltraité, il a eu du mal à voir en Lui un roi, en fait, sa question « Es-tu le roi des Juifs ? » peut s’entendre aussi avec un ton d’ironie.

Jésus lui dit que son Royaume n’est pas de ce monde, « ma royauté n’est pas d’ici ». Nous devons faire attention ici à ce que la langue originelle signifie par rapport à cette expression. Le Seigneur utilise une formule tout particulière pour dire cette phrase, que l’on pourrait traduire avec ces mots : « mon royaume ne provient pas de ce monde » ou encore, mon royaume vient d’un autre monde, passe par ce monde et finit aussi dans l’autre ».

C’est-à-dire que ce règne tire son principe d’en haut, il n’est pas fait de la politique des hommes, ni selon les principes des hommes, pas comme les royaumes des hommes, conquis et soutenus par le mensonge et la violence ; en tout les cas, même s’il existe un royaume, un état avec des buts corrects et légitimes, ses finalités seront toujours temporelles, limitées et tachées par l’imperfection humaine.

Le Seigneur dit : « Moi, je suis un roi de vérité, de paix, d’amour. Mon royaume procède de la grâce et exerce son pouvoir invisiblement dans les cœurs et cela a plus d’existence que tous les empires de ce monde. Ma royauté ne pousse pas d’un bas, elle descend d’en haut ; cela ne veut pas dire qu’elle soit juste un argument poétique, elle est par contre réelle. Je dis que mon règne n’est pas d’ici, mais je ne dis pas qu’il ne soit pas là » ( au contraire, il est toujours présent).

Mon royaume ne vient pas de la chair, il n’est pas mondain. C’est un règne d’âmes, d’esprits, mais cela ne veut pas dire qu’il soit un règne de fantômes, c’est un règne d’hommes.

Alors, devant cette royauté du Christ, je dois me demander ce qu’elle signifie pour moi.

Et c’est le plus important parce que par rapport à cela, je ne peux pas dire que, moi chrétien, je l’accepte ou bien je ne l’accepte pas, je ne peux pas regarder avec indifférence d’appartenir ou non à ce royaume, comme les gens qui s’inscrivent dans un parti politique ou dans un autre…

Je ne peux pas dire non plus : « Seigneur, de toutes les lois que tu as données, j’en accomplis certaines mais les autres ne sont pas pour moi »…ou bien, « J’accepte volontiers le quatrième commandement, mais pour le sixième ou huitième je préfère plutôt les vivre à ma façon ». « J’aime l’Eglise, mais je choisi de son magistère la doctrine qui est plus d’accord avec mes convictions personnelles». Le Christ Roi n’est pas un roi à moitié ou en partie, si nous devons suivre ce Roi, il faut le suivre en tout et dans toute circonstance.

Comme on l’a dit, l’humanité ne peut pas rester indifférente à ce roi ; et pire encore, souvent les hommes ne font que se rebeller contre ce roi, et cela signifie un grand danger. L’Europe et l’Occident ont fait rébellion contre le Christ, ils sont depuis des années lentement  en train de faire apostasie de leur foi, abandonnant le Christ pour servir les idéologies et tomber ainsi plus bas que les animaux, perdant toute leur dignité.

Aujourd’hui, posons-nous la question : Pour moi, le Christ est véritablement le Roi ? Il règne dans ma vie ?

Parfois, nous les chrétiens, nous gardons l’attitude de Pilate. Voyant le monde, voyant aussi qu’au sein de l’Eglise il y a de ceux qui cherchent enlever le pouvoir à vérité, nous pouvons être tentés de penser que le Royaume du Christ est seulement une métaphore, quelque chose de réduit à la liturgie, une belle pensée mais loin de la réalité. Ne tombons pas dans cette erreur, ne perdons pas le désir que Jésus règne dans le cœur de beaucoup d‘hommes et de femmes, de ceux qui ne le connaissent pas encore, et de ceux qui l’ont abandonné.

Devant nos yeux, nous avons un miracle permanent du pouvoir du Seigneur, c’est l’Eglise, son Corps mystique. Persécutée depuis sa naissance, elle a vu mourir ses premiers chefs, ses ennemis ont voulu l’enlever de ce monde, plus de dix grandes persécutions, de milliers de ses membres donnant leur vie pour leur fidélité à elle et son Fondateur, et elle a conquis le monde. Envahie à plusieurs reprises par l’erreur (l’hérésie) qui voulait la détruire de l’intérieur même, Elle en a survécu. Et aujourd’hui, même lorsque beaucoup qui se situent soi-disant dans l’Eglise veulent proclamer un autre évangile, adapter la loi divine aux principes de la chair et de ce monde, l’Eglise ne change pas, elle maintient sa fidélité au Christ parce qu’Il est la Vérité, unique Vérité en qui l’humanité trouve son salut : Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. 

Moi, je suis l’Alpha et l’Oméga, dit le Seigneur Dieu, Celui qui est, qui était et qui vient, le Souverain de l’univers. Demandons la grâce de rester dans la vérité, dans le Christ, lui dont sa royauté est une royauté qui ne sera jamais détruite. Nous demandons cette grâce à la Reine du Ciel.

P. Luis Martinez

Institut du Verbe Incarné

« Ce Dieu que vous prêchez ne nous intéresse pas » – L’Athéisme

Lire l’évangile du dimanche XXVIII  (Mt 22, 1-14)

Ce dimanche, saint Mathieu nous présente une autre parabole de Jésus et comme nous l’évoquions la semaine dernière, ce sont les derniers discours du Seigneur avant sa Passion.

Il y a pourtant quelques détails dans cette parabole qui doivent nous faire réfléchir.

Car, s’il est bon d’imaginer le royaume des cieux comme un festin de noces, comment penser que Dieu pourrait se comporter comme le roi de l’histoire, comment appliquer cette image à un Dieu qui est plein d’amour et bonté ? Pour répondre à cette question, il faut tout d’abord nous souvenir que dans les paraboles des évangiles, il y a toujours des éléments qui sont destinés à attirer l’attention ; elles ne sont pas des simples histoires, parce qu’en certains moments de l’histoire la réalité se transforme, générant ainsi la surprise qui invite à la réflexion.

Alors, l’histoire antique nous montre comment il fallait obéir aux rois d’Orient, dont les invitations devenaient un ordre auquel le  refus constituait une rébellion et une folie, voire une condamnation à mort. Nous devons aussi réfléchir sur cette attitude des premiers invités, qui en plus de refuser l’invitation,-  décident aussi de tuer les envoyés. Il est aussi étonnant de voir comment partant d’une simple invitation ce roi de la parabole arrive au fait catastrophique de faire brûler les villes des invités ingrats. Dans la deuxième partie nous trouvons aussi le fait curieux d’un des nouveaux invités qui n’est pas venu avec la tenue adéquate, d’ailleurs généralement offerte par le même amphitryon de noces : comment pouvait-il faire cela aux noces du même prince ?

Or, il vaut mieux regarder l’attitude des invités, plutôt que – celle du roi, car c’est chez eux que se trouve la faute ou bien la négligence. Si la fête de noces est un symbole de la vie éternelle c’est donc une véritable « sottise » que de refuser de venir et s’il fallait montrer quelque chose d’effrayant, Jésus l’a fait avec le châtiment d’incendier les villes des ingrats, mais cela n’est rien eu égard au mépris de l’entrée dans la vie éternelle ; en fait cela montre que les invités n’en étaient pas vraiment dignes. C’est aussi une grande sottise que d’essayer d’être dans l’Eglise mais sans l’habit de la grâce, ou bien, comme disent aussi les pères de l’Eglise, sans l’habit des bonnes œuvres, sans l’habit de la charité. Comme on l’évoquait la semaine dernière, citant le document de la Lumen Gentium, il y a des chrétiens qui sont avec « le corps » dans l’Eglise, mais pas avec le cœur.

Comme nous le savons, la foi est combattue de tous côtés, elle est mise en question, reléguée à une opinion de plus qu’on met en concurrence d’égalité avec les fausses opinions que génère le monde moderne.

Aujourd’hui, une grande quantité d’hommes et femmes nous disent : « Ce Dieu que vous prêchez ne nous intéresse pas, Il ne nous aide en rien, Il ne nous donne rien », ou répètent sans douleur la phrase de Nietzsche ce philosophe athée : « Dieu est mort », ou bien, ils ne se souviennent plus de Dieu. Nous connaissons bien de cas dans nos pays d’origine.

Le Seigneur et aussi saint Paul disent qu’à la fin des temps la foi de beaucoup sera ébranlée, l’Ecriture nous parle d’une grande apostasie, « le refus de Dieu », refuser de croire ou bien abandonner la foi.

Nous pouvons dire que cette grande apostasie a déjà commencé il y a déjà quelques années mais nous ignorons combien de temps elle durera. Il est grand le nombre de ceux qui ont abandonné la religion chrétienne et plus encore, combien se reconnaissent « athées » dans notre moment de l’histoire (par exemple, un 37 % de la population d’Europe Occidentale se reconnaît athée). Rappelons-nous que le mot athée est d’origine grecque et veut dire « sans Dieu ». Athéisme reçoit aussi le nom de « sécularisme » mais on parle du même phénomène ; selon les paroles du Bx. Pape Paul VI (Evangelii Nuntiandi, 55), le sécularisme « est une conception du monde d’après laquelle ce dernier s’explique par lui-même sans qu’il soit besoin de recourir à Dieu ; Dieu devenu ainsi superflu et encombrant. Un tel sécularisme, pour reconnaître le pouvoir de l’homme, finit donc par se passer de Dieu et même par renier Dieu.

Des formes nouvelles d’athéisme — un athéisme anthropocentrique, non plus abstrait et métaphysique mais pragmatique (concret, dans les faits), programmatique et militant — semblent en découler. En liaison avec ce sécularisme athée, on nous propose tous les jours, sous les formes les plus diverses, une civilisation de consommation, l’hédonisme érigé en valeur suprême, une volonté de puissance et de domination, des discriminations de toute sorte : autant de pentes inhumaines de cet humanisme»(un humanisme sans Dieu qui devient inhumain).

Alors, comment peut-on tomber dans l’athéisme ?

Il y a plusieurs raisons pour lesquelles on peut devenir athée, la première se produit dans le domaine intellectuel. Nous savons que Dieu se révèle dans sa Création, mais se cache à nous pour ainsi dire dans le mystère du mal, de la souffrance de l’innocent et de la mort. Il existe donc le grand danger de supprimer Dieu lorsqu’on n’examine pas en profondeur les causes ultime du mal ou lorsque notre regard se perd dans les créatures sans nous élever au Créateur.

Mais nous retrouvons les principales raisons de l’athéisme dans le domaine de la volonté et de l’affectivité, entre autres :

  1. La prépondérance des sens et du sensualisme, qui nous pousse à oublier la spiritualité de l’homme. Cela conduit au matérialisme et à l’utilitarisme (on ne cherche que ce qui peut laisser une rétribution matérielle), en plus de l’égoïsme et du mépris de l’autre.
  2. L’inertie (une paralysie spirituelle) ou indolence du cœur, qui amène à échapper aux obligations de magnanimité que l’existence de Dieu impose à l’homme. Si Dieu existe je dois me forcer pour Le trouver. Et pour cela l’athée veut rester à l’aise, sans inquiétude. Le grand philosophe chrétien Kierkegaard appelait cette attitude « le désespoir des faibles (des pusillanimes) ».
  3. L’orgueil et la haine, qui s’opposent directement à cette confiance abandonnée en Dieu. L’athée croit que Dieu avec ses commandements et ses lois menace sa liberté et la grandeur humaine. Cet athée aspire à une grandeur divine, qui est en définitive, le péché de Satan. Cette haine envers Dieu a conduit – un écrivain athée à dire : « Si par un malheureux hasard Dieu existait il faudrait l’abolir » et comme une conséquence directe, il était nécessaire de supprimer aussi tous ceux qui confessaient l’existence de Dieu.

Parlons maintenant d’un autre problème et c’est l’athéisme comme dirigeant d’un peuple.

Certains disent qu’un état sans Dieu pourrait faciliter la compréhension et l’union. Ils donnent comme argumentation que les religions ne sont pas utiles pour réconcilier les hommes, qu’elles sont plutôt l’origine des grandes souffrances, violences et tueries. Il est vrai que les fausses religions ont causé cela, comme on doit aussi dire qu’il y a des personnes qui ont utilisé notre religion pour leurs propres intérêts, faisant du mal comme le montre l’histoire.

Mais si nous regardons un peu le passé nous constatons que l’athéisme n’est pas le libérateur de l’humanité sinon la plus terrible et cruelle des oppressions comme ses adeptes l’ont démontré lorsqu’ils en ont eu l’opportunité.

Par exemple, le fait de la Révolution Française en 1789 est présenté parfois dans les écoles comme le premier pas vers la liberté de l’humanité, alors que l’objectif poursuivi par ses promoteurs était la création du premier état athée dans l’histoire. Beaucoup d’entre nous ignorent que dans les deux premières années qui ont suivi la révolution (seulement en deux année, 1792 et 1793), 20.000 hommes et femmes ont été exécutés par la guillotine, ainsi que 20.000 autres tués par d’autres moyens (beaucoup d’entre eux étaient évêques, prêtres et religieuses), l’Eglise compte parmi eux beaucoup de martyrs fidèles au Christ et à la foi. Il est encore plus surprenant de savoir qu’au lieu d’attaquer les gens qui avaient le pouvoir ancien (gens de la noblesse), mais le 84 % de ceux qui ont subi la mort à cause de la révolution  étaient des petits commerçants, des ouvriers et des campagnards. Lorsque les forces ont avancé vers le territoire catholique de la Vendée, le résultat fut de 120.000 personnes massacrés, soit 35% de la population (femmes, enfants et vieillards), 30.000 maisons détruites, les sources d’eau empoisonnées et la végétation arrachée pour éviter aux survivants tout possibilité de récupération ; parmi les victimes, les premières furent les jeunes femmes pour éviter qu’elles donnent une descendance chrétienne.

Malheureusement, l’histoire officielle dans nos écoles est racontée aujourd’hui par des athées et la révolution constitue l’acte le plus grand de la liberté de l’homme, alors que c’est en vérité une page de l’histoire teinte en rouge.

Un autre exemple,  l’état athée créé en Russie en 1917, qui a laissé comme triste bilan le massacre de 66 millions de personnes.

Comme conclusion, et parce que le risque existe toujours et nous devons y être attentifs : comment ne pas devenir un athée ?

Tout d’abord il faut savoir ouvrir nos yeux aux signes de Dieu. Ne pas éviter les questions profondes et permanentes dans la vie : l’origine des choses, la finalité de mon existence, la réalité de la mort, de la souffrance. Mais, il faut chercher les réponses là où je sais qu’il y a la vérité.

D’un autre côté, m’éloigner des opinions qui sèment les doutes dans ma foi, ne pas accepter d’un coup que l’’on dise quelque chose contre la foi, l’Eglise ou Dieu. Savoir aller consulter ceux qui dans l’Eglise peuvent résoudre ces questions.

Il faut aussi être attentifs à l’homme, à la personne humaine, c’est-à-dire que la charité, l’amour du prochain, c’est l’image de Dieu.

Cherchons Dieu en fin de tout notre cœur, comme disait Pascal : « Il y a trois sortes de personnes : les uns qui servent Dieu l’ayant trouvé, les autres qui s’emploient à le chercher ne l’ayant pas trouvé, les autres qui vivent sans le chercher ni l’avoir trouvé. Les premiers sont raisonnables et heureux, ceux du milieu sont malheureux et raisonnables. Mais les derniers sont fous et malheureux.

P. Luis Martinez V. E.

Institut du Verbe Incarné

On peut aussi lire ce très intéressant discours de saint Jean Paul II

Les idées pour ce sermon ont été prises d’une série de conférences en espagnol du P. Miguel Fuentes, V.E.