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“Pour que rien ne se perde” – Comment enrichir notre participation à la sainte Messe?

Homélie pour le Dimanche XVII du Temps Ordinaire , année B

Ce dimanche la liturgie nous présente le miracle de la multiplication de pains et de poissons, et comme nous l’avons proclamé, le passage correspond à l’évangéliste saint Jean, dans le chapitre 6 de son évangile, que nous allons continuer à suivre pour quelques dimanches, car après d’avoir décrit le miracle, saint Jean nous transmet tout un long discours de Jésus, appelé le discours du Pain de Vie, où, à partir de ce miracle le Seigneur parlera de la réalité du sacrement de l’Eucharistie. Nous allons profiter aujourd’hui et des dimanches qui suivent pour réfléchir à différents aspects de la sainte Messe, le lieu et le moment où l’Eglise réalise le Sacrifice Eucharistique, où le Seigneur s’offre encore une fois et nous permet de le recevoir dans cet auguste Sacrement de son Corps et de son Sang.

Faisons, d’abord, un petit commentaire du miracle pour parler après de notre participation à la Messe.

Cet évangile est la continuation historique du moment raconté par saint Marc que nous avons médité la semaine dernière : « Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger ». Après les avoir enseigné, Jésus propose de leur donner à manger et réalise ce miracle.

Remarquons premièrement d’après saint Jean, qu’au moment du miracle, la fête de la Pâque était proche, et que c’est à la Pâque que le Seigneur instituera le Sacrifice Eucharistique à la veille de son immolation sur la Croix. En effet, les gestes qu’il fait dans ce miracle : « Alors Jésus prit les pains et, après avoir rendu grâce, il les distribua », seront ceux qu’Il accomplira le jeudi saint de sa Vie au moment de consacrer le Pain et donner l’Eucharistie à ses apôtres.  

Le miracle nous révèle aussi la surabondance de biens spirituels, il restera douze paniers. Mais que le Seigneur fait rassembler avec une finalité, « pour que rien ne se perde ».

Cette consigne de Jésus aux disciples contient en elle-même l’ordre de revenir à la valeur de ce pain qui a nourri la multitude, il est le fruit d’un miracle. Ramasser les morceaux est une opération qui demande beaucoup de soin et surtout une reconnaissance de sa valeur. Ces restes sont l’image matérielle du fait que toute grâce accordée par le Seigneur ne se mesure pas selon la capacité d’accueil de l’homme, puisqu’elle la dépasse sans mesure.

« Ce n’est point par vaine ostentation que le Sauveur commande de recueillir ces restes, nous enseigne saint Jean Chrysostome, mais pour bien établir la réalité du miracle. Mais pourquoi charge-t-il ses disciples plutôt que la foule, de recueillir ces restes ? parce qu’il voulait instruire surtout ceux qui devaient être les maîtres du monde entier. Quant à moi, j’admire non seulement la multiplication des pains, mais le soin avec lequel l’Évangéliste mentionne le nombre précis de corbeilles. Il y avait cinq pains, et Jésus-Christ dispose le tout de manière à ce que les restes ne remplissent que douze corbeilles, ni plus ni moins autant qu’il y avait d’Apôtres. » S. Chrys. (hom. 42), Catena Aurea.

Prenant cette image, ce soin par rapport aux restes de la nourriture donnée par miracle nous allons parler de la participation à la sainte Messe. Si nous participons chaque semaine ou chaque jour à ce miracle de l’Eucharistie, nous devons « prendre soin » de ces choses sacrées auxquelles Dieu nous donne la grâce de participer. « Prendre soin » veut dire réfléchir sur l’importance de nous préparer pour la messe et pour la communion, le désir de mieux participer à la messe, d’approfondir dans les signes, dans les gestes et dans les paroles, enfin dans le grand mystère de la foi qui est l’Eucharistie.

Parlant précisément de la façon de célébrer la messe par rapport aux prêtres, Saint Jean Paul II faisait aussi référence à la participation des fidèles : « Le culte eucharistique s’approfondit et croît quand les paroles de la prière eucharistique, spécialement celles de la consécration, sont prononcées, avec grande humilité et grande simplicité, de façon compréhensible, correspondant à leur sainteté, et d’une manière belle et digne ; quand cet acte essentiel de la liturgie eucharistique est accompli sans hâte ; il conduit à une dévotion et à un recueillement tels que les participants découvrent la grandeur du mystère qui se réalise, et qu’ils le manifestent par leur comportement. »  (Dominicae Cenae) C’est-à-dire, que dans la célébration eucharistique chacun de participants et évidement le prêtre qui célèbre accomplit un rôle essentiel, tout d’abord celui qui a été institué par l’ordre du sacerdoce ministériel à présider la célébration en union avec chaque baptisé, qui possède le sacerdoce baptismal et offre spirituellement ce sacrifice. 

C’est cette participation à la messe que l’Eglise demande lorsque le magistère nous dit (Sacrosanctum Concilium) : « La Mère Église désire beaucoup que tous les fidèles soient amenés à cette participation pleine, consciente et active aux célébrations liturgiques, qui est demandée par la nature de la liturgie elle-même et qui, en vertu de son baptême, est un droit et un devoir pour le peuple chrétien, « race élue, sacerdoce royal, nation sainte, peuple racheté »

« La participation pleine, explique le saint pape, Jean Paul II, signifie certainement que tous les membres de la communauté ont un rôle à jouer dans la liturgie. Mais la pleine participation ne veut pas dire que tout le monde peut tout faire, car cela conduirait à cléricaliser les laïcs et à séculariser le sacerdoce ; et ce n’est pas l’intention du Concile Vatican II. La liturgie, comme l’Église, doit être hiérarchisée et « polyphonique », respectant les divers rôles assignés par le Christ et permettant à toutes les voix différentes de se fonder sur un seul grand hymne de louange ». (Discours 9/10/98)  

Faisant une comparaison avec le miracle de la multiplication de pains, ce n’est pas à tout le monde que le Christ ordonne de ramasser les morceaux sinon à ses disciples, ses apôtres.

Ecoutons encore les paroles du pape Jean Paul II : « La participation active signifie évidemment que, par des gestes, des paroles, des chants et des services, tous les membres de la communauté prennent part à un acte de culte qui n’est nullement inerte ou passif. Cependant, la participation active n’exclut pas la passivité active du silence, de la quiétude et de l’écoute : en fait, elle l’exige. Les fidèles ne sont pas passifs, par exemple, lorsqu’ils écoutent les lectures ou l’homélie, ou lorsqu’ils suivent les prières du célébrant et les chants et la musique de la liturgie. Ce sont des expériences de silence et de quiétude, mais elles sont aussi très actives à leur manière. Dans une culture qui n’encourage pas la quiétude méditative, l’art de l’écoute intérieure est plus difficile à apprendre. Nous voyons ici comment la liturgie, bien qu’elle doive toujours être suffisamment acculturée (résultat de l’inculturation), doit aussi être contre-culturelle » (lorsque la culture a été corrompue par le péché). (Discours 9/10/98)

Que devons-nous faire de notre part pour mieux participer à la messe, quelles dispositions sont nécessaires pour assister à la messe ?

Pour obtenir cette pleine efficacité (de sanctification avec la participation à la sainte Messe), il est nécessaire que les fidèles accèdent à la liturgie avec les dispositions d’une âme droite, qu’ils harmonisent leur âme avec leur voix, et qu’ils coopèrent à la grâce d’en haut pour ne pas recevoir celle-ci en vain. C’est pourquoi les pasteurs doivent être attentifs à ce que dans l’action liturgique, non seulement on observe les lois d’une célébration valide et licite, mais aussi à ce que les fidèles participent à celle-ci de façon consciente, active et fructueuse.

A ce titre, le Saint Padre Pio de Pietrelcina nous enseigne : «La messe est infinie comme Jésus… demandez à un ange ce qu’est la messe et il vous répondra : ‘je comprends vraiment ce que c’est et pourquoi elle est offerte, mais je ne peux pas comprendre la profondeur de sa valeur’. Un ange, mille anges, tout le ciel savent cela et ils pensent comme ça ».

Parce que la Messe a une valeur infinie, elle est, peut-on dire, « incommensurable » par la compréhension humaine. Par conséquent, en même temps, la moindre connaissance que nous ayons d’elle, si grande soit sa valeur, donne à l’âme une sublime perfection.

Que la très sainte Vierge Marie nous aide à mieux participer chaque jour de la sainte Messe.

P. Luis Martinez IVE.

(Citations du livre “Ars Participandi”, P. Carlos Buela, IVE.)

“Il rompit les pains” – La préparation nécessaire pour recevoir l’Eucharistie

Homélie pour le Dimanche XVIII, année A (Mt 14, 13-21).

En débarquant, il vit une grande foule de gens ; il fut saisi de pitié envers eux et guérit les infirmes.  C’est la raison qui pousse le Seigneur à faire ce miracle de la multiplication des pains que nous venons d’entendre ; selon le texte, il était déjà tard, les gens ne pouvaient pas aller acheter du pain dans les villages voisins pour revenir probablement et rester là-bas, près du Seigneur.

Ce fait prodigieux raconté par saint Matthieu est aussi décrit par les trois autres évangiles, de sorte que chaque évangéliste le présente avec une description différente mais il s’agit essentiellement du même fait.

Il ne nous est pas difficile de découvrir dans ce miracle une allusion au sacrement de l’Eucharistie ; d’ailleurs, les deux poissons et les cinq pains ont été déjà tôt dans l’histoire de l’église le symbole de ce sacrement.

Que le texte nous parle de l’Eucharistie nous le montre aussi le verbe utilisé par l’évangéliste avec le geste de « rompre les pains », en grec c’est le verbe Klao ; et il faut savoir que ce verbe se répète 8 fois dans les évangiles, il a toujours Jésus comme sujet ; c’est le verbe de la dernière cène, que nous répétons évidemment traduit au moment de la consécration du pain. Ce verbe apparaît donc encore dans le reste du Nouveau Testament, 6 fois, dont 5 fois en fait référence à l’Eucharistie ; d’ailleurs, la façon d’appeler « la messe » par les apôtres et premier chrétiens c’était la Fraction du pain.

Ce verbe nous le retrouvons à la messe, lorsque le prêtre dit « que le Seigneur a rompu le pain » un instant avant la consécration : « il prit le pain, il rendit grâce, il le rompit et le donna à ses disciples », mais le geste de rompre l’hostie le prêtre le fera presque à la fin, après le notre Père, juste après le rite de la paix.

Nous allons diriger la réflexion de ce dimanche au fait même de recevoir l’Eucharistie, la communion à chaque fois que nous pouvons le faire.

D’abord, il faut tenir compte de ces paroles : « pouvoir communier », parce qu’il y a en effet, actuellement des fidèles qui pensent que la communion, étant un rite de la messe, tous les participants doivent et peuvent s’approcher pour recevoir la communion. Ce qui est totalement faux. La communion n’est pas un droit, elle est un don, un cadeau que Dieu nous fait.

Toutes les personnes peuvent participer de la messe, il est vrai, mais pas tous peuvent recevoir l’Eucharistie. Il existe des conditions établies par l’Eglise, ces règles tirent leur origine de l’Evangile et de l’enseignement de l’Apôtre saint Paul.

Alors, pour pouvoir communier, le magistère de l’Eglise nous dit qu’il y a une double préparation : une lointaine et une immédiate.

Voyons d’abord ce qui est la préparation lointaine et de quelle manière nous pouvons l’accomplir.

Lointaine ne fait pas référence au temps , mais plutôt ce mot veut plutôt signifier la préparation habituelle, nous pouvons dire que c’est la préparation que nous devons avoir avant de venir à messe. En effet, elle nous dispose de loin, temporellement parlant, pour recevoir l’Eucharistie. Voilà les conditions :

a) D’abord, l’état de grâce. Une personne qui est consciente d’un péché mortel, grave, ne peut pas recevoir la communion, celui qui reçoit la communion en état de péché fait un péché encore plus grand, en fait un sacrilège. Cela vaut aussi pour ceux qui vivent en dehors des lois prescrites par l’Eglise.

b) Il faut comme deuxième condition, l’intention droite (c.-à-d. que l’on ne reçoive pas la communion par vanité ou par habitude, mais pour plaire à Dieu)

c) Nous devons demander aussi pardon pour nos petites fautes, les péchés véniels, bien qu’ils n’empêchent pas la réception du sacrement, dans notre cœur nous devons demander pardon au Seigneur pour ces petits péchés dont on doit être repentis. Et cela nous pouvons le faire tous les jours, dans la journée ou au moment de faire l’examen de conscience, cela peut être aussi avec la prière du Notre Père, le signe de la croix accompagné de la douleur d’avoir commis quelque chose contre la Volonté de Dieu.

d) Je dois me préparer aussi avec le désir de recevoir l’Eucharistie, de mieux participer de la messe.

En conclusion, la préparation lointaine doit consister dans le fait de conduire une vie digne de celui que Dieu a choisi pour venir habiter dans son cœur, un tabernacle du Seigneur.

Mais il y a aussi la Préparation Immédiate : il s’agit de quelques dispositions immédiates (juste avant la communion, pendant la messe) que l’âme fervente doit susciter en elle, les implorant auprès de Dieu avec humilité et persévérance, on peut les résumer en quatre : 

a) Foi vive 

L’Eucharistie est par antonomase le mysterium fidei [mystère de la foi] puisqu’en elle, ni la raison naturelle ni les sens n’y perçoivent quoi que ce soit du Christ. S. Thomas rappelle que, sur la croix, n’était invisible que la divinité, mais sur l’autel, c’est aussi la très sainte humanité de Jésus qui est cachée : « Latet simul et humanitas ». Cela exige de nous une foi vive imprégnée d’adoration. 

b) Humilité profonde 

Nous devons être conscients que personne n’est totalement digne de recevoir l’Eucharistie, mais que Dieu veut, malgré notre indignité venir demeurer dans nos cœurs. Les textes de la messe nous aident à considérer cela lorsque nous disons : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir ».

c) Confiance illimitée

Jésus-Christ est la miséricorde infinie en personne, qui a accueilli avec tendresse tous les pécheurs qui s’approchaient en lui demandant pardon. Il faut donc nous approcher avec humilité et révérence, mais surtout avec une immense confiance en Lui, qui est notre père, pasteur, médecin et ami divin ; qui avec sa présence peut nous rendre forts pour lutter contre le péché et le mal.

d) Finalement avoir faim et soif de la communion 
Cette faim et soif de recevoir Jésus dans le Sacrement, qui procède de l’amour, fait grandir  la capacité de l’âme et la dispose à recevoir la grâce du sacrement en grande abondance. Chacune de nos communions devrait être plus fervente que les précédentes, parce que chaque nouvelle communion bien reçue augmente la grâce sanctifiante et nous dispose à recevoir le Seigneur le lendemain ou à la prochaine messe avec une charité encore plus grande.

Mais, si nous avons parlé de la préparation, il est aussi utile de parler de l’action de grâce, ce moment de silence et recueillement que nous faisons après la Communion, et qui parfois se prolonge pour beaucoup, aussi après la messe. C’est  le moment où nous parlons en intimité avec notre Seigneur, nous lui exprimons notre amour à lui, les difficultés et nos désirs. Il faut bien profiter de ce moment.

L’autre bonne habitude que nous devons avoir, c’est la Communion Spirituelle, c’est-à-dire, le désir que nous devons avoir de le recevoir ou plutôt faire comme si le Seigneur était venu dans mon cœur par l’Eucharistie, et parce qu’Il est présent spirituellement si notre cœur est vraiment enflammé de son amour, et cela, cette Communion Spirituelle, nous pouvons la faire plusieurs fois par jour.

Rappelons-nous enfin, les paroles de la Mère (Sainte) Térésa de Calcutta aux prêtres : « célèbre cette messe comme si c’était ta première messe, ta dernière messe, ton unique messe ». Et nous pouvons l’adapter pour nous : « participons à la messe comme si c’était notre première messe, notre dernière messe, notre unique messe. », « recevons l’Eucharistie comme si c’était la première Communion, la dernière Communion et l’unique Communion dans notre vie ».  

Que la Vierge Marie nous donne la grâce d’avoir soif et faim de l’Eucharistie.

P. Luis Martinez IVE.