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Pardonnez nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensé (Deuxième partie)

Cette demande : Remettez-nous nos dettes, est-elle exaucée ?

Pour répondre à cette question, il faut avoir présent à l’esprit les deux éléments contenus en tout péché, à savoir la faute ou l’offense faite à Dieu, et le châtiment mérité par la faute.

Or la faute est remise par la contrition, si la contrition est accompagnée du propos de se confesser et de satisfaireJ’ai dit, déclare le Psalmiste (Ps 31, 5), je confesserai contre moi-même mon injustice au Seigneur, et vous nous avez pardonné l’impiété de mon péché.

Si donc, comme nous venons de le dire, la contrition des péchés avec le propos de les confesser, suffit à en obtenir la remise, le pécheur ne doit pas désespérer.

 Mais peut-être quelqu’un peut dire: Puisque le péché est remis par la contrition, à quoi sert le prêtre ?

Pardon. Monastère Bx Charles de Foucauld. Institut du Verbe IncarnéA cette question, il faut répondre : Dieu, par la contrition, remet la faute et change la peine éternelle en peine temporelle ; le pécheur contrit reste donc soumis à une peine temporelle. C’est pourquoi, s’il mourrait sans s’être confessé, non parce qu’il aurait méprisé la confession, mais parce que la mort arrive avant qu’il se confesse, il irait au purgatoire y souffrir, et, d’après saint Augustin, y souffrir extrêmement.

Mais si vous vous confessez, vous vous soumettez au pouvoir des clefs et en vertu de ce pouvoir, le prêtre vous pardonne de la peine temporelle due à vos fautes ; le Christ a dit aux Apôtres (Jn 20, 22-23) : Recevez le Saint-Esprit ; les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez, ils sont retenus à ceux à qui vous les retiendrez.

Les successeurs des Apôtres trouvèrent un autre moyen de remettre la peine temporelle, à savoir le bienfait des indulgences.

Beaucoup de saints firent un grand nombre de bonnes œuvres, sans pécher du moins mortellement ; ils firent ces œuvres pour l’utilité de l’Eglise. De même, les mérites du Christ et de la bienheureuse Vierge sont réunis comme en un trésor. Le Souverain Pontife et ceux à qui il en a confié le soin, peuvent dispenser ces mérites, là où il y a nécessité.

Ainsi donc, les péchés sont remis, quant à la faute, par la contrition, et, quant à la peine, par la confession et par les indulgences.

Que devons-nous accomplir pour que le Seigneur exauce cette demande : “Pardonnes-nous nos offenses” ?

Il faut répondre : Dieu réclame de notre part, que nous pardonnions à notre prochain les offenses qu’il nous fait. C’est pourquoi il nous demande de dire :“comme nous, nous remettons leurs dettes à nos débiteurs”. Si nous agissions autrement, Dieu ne nous pardonnerait pas.

Il est dit de même dans l’Ecclésiastique (28, 2-5) :Pardonne au prochain son injustice, et alors, à ta prière, tes péchés seront remis. L’homme conserve de la colère contre un autre homme, et il demande à Dieu sa guérison ! Il n’a pas pitié de son semblable, et il supplie pour ses propres fautes! Lui, qui n’est que chair, garde rancune ; qui donc lui obtiendra le pardon de ses péchés ? Et aussi:  Pardonnez donc, dit Jésus (Luc 6, 37), et il vous sera pardonné.

Et c’est pourquoi dans cette cinquième demande du « Notre Père » le Seigneur pose cette seule condition : pardonner à autrui. Si nous ne la réalisons pas, à nous non plus, il ne nous sera pas pardonné.

Notre cœur doit donc ratifier cette demande, quand nos lèvres la prononcent.

Alors on se demande aussi si quelqu’un qui n’a pas le propos intérieur de pardonner son prochain doit dire encore : comme nous, nous remettons à nos débiteurs.

Il semble que non, car alors il mentirait. Mais il faut répondre qu’il n’est pas pourtant dispensé de le dire.

En fait, il ne ment pas, parce qu’il ne prie pas en son nom, mais au nom de l’Eglise qui, elle, ne s’y trompe pas ; c’est pourquoi d’ailleurs cette demande est exprimée au pluriel.

Pardon. Monastère Bx Charles de Foucauld Institut du Verbe Incarné
Saint Jean Paul II rend visite à celui qui avait commis l’attentat contre sa vie en 1981.

Il est bon de le savoir ; il y a deux manières de pardonner au prochain.

  • La première est la manière des parfaits ; elle pousse l’offensé à aller au-devant de l’offenseur, pour lui pardonner, conformément à ce que dit le Psalmiste (Ps 33, 15) : Recherche la paix.
  • La deuxième manière de pardonner est commune à tous et obligatoire pour tous ; elle consiste à accorder le pardon à qui le sollicite. Pardonne au prochain son injustice, dit l’Ecclésiastique (28, 2), alors à ta prière, tes péchés te seront remis.

A cette cinquième demande de l’oraison dominicale se rattache la béatitude : Bienheureux les miséricordieuxLa miséricorde, en effet, nous porte à avoir pitié de notre prochain.

Commentaire au Notre Père

Saint Thomas d’Aquin

Pardonnez nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensé (Première partie)

Don de conseilOn rencontre des hommes, grands par la sagesse et par le courage, qui cependant, à cause de leur excessive confiance dans leur force, n’effectuent pas leurs œuvres avec sagesse et ne conduisent pas jusqu’à son achèvement ce qu’ils s’étaient proposé.

Mais il faut savoir que l’Esprit-Saint, au moment qu’Il donne la force, donne aussi le Conseil. Car un bon conseil qui fasse relation au salut de l’homme ne peut venir que du Saint-Esprit. C’est le cas de cette cinquième demande.

Le conseil est nécessaire à l’homme, quand il est soumis à la tribulation, comme le conseil des médecins est utile, lorsque nous sommes malades.

C’est pourquoi, un homme, spirituellement malade par le péché, il doit demander conseil pour guérir.

Le conseil de faire l’aumône et d’exercer la miséricorde est un excellent conseil pour effacer les péchés. C’est pour cela que l’Esprit-Saint apprend aux pécheurs cette prière de demande : Remettez-nous nos dettes, en y ajoutant : comme nous-mêmes nous remettons à nos débiteurs (traduction directe du latin)

Par ailleurs nous avons envers Dieu une dette véritable, ce à quoi il a droit et que nous lui refusons.

Dieu nous exige le respect, c’est l’accomplissement de sa volonté, préférée à notre volonté propre. Nous faisons une omission du droit de Dieu, quand nous préférons notre volonté à la sienne ; et c’est en cela que consiste le péché.

Ainsi nos péchés sont des dettes à l’égard de Dieu. Et c’est du Saint-Esprit que nous vient le conseil de demander à Dieu le pardon de nos péchés et de dire très justement : Pardonnez nous nos offenses

PerdonPourquoi adressons-nous au Père cette demande : “Pardonnez nous nos offenses”?

Avec la réponse nous trouvons deux enseignements nécessaires aux hommes pendant cette vie.

Le premier enseignement, c’est que l’homme doit toujours se tenir dans la crainte et l’humilité.

Il y eut des hommes assez présomptueux pour oser affirmer que nous pouvions vivre en ce monde de manière à éviter tout péché. Ce privilège ne fut accordé à personne, si ce n’est au Christ seul, qui posséda l’Esprit en plénitude, et à la Bienheureuse Vierge, pleine de grâce et immaculée. Mais à aucun autre des saints il ne fut accordé de ne pas tomber, au moins dans quelque faute vénielle. Si nous disons : nous sommes sans péché, affirme en effet saint Jean (1 Jean 1, 8), nous nous trompons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous.

Et que les hommes soient pécheurs, cela est prouvé également par le contenu de cette demande : Remettez-nous nos dettes. Il convient, en effet, indubitablement, à tous les saints eux-mêmes de réciter ces paroles de l’oraison dominicale. Tous les hommes sans exception se reconnaissent donc et s’avouent pécheurs et débiteurs.

Par conséquent, si nous sommes pécheurs, vous devons craindre et nous humilier.

L’autre enseignement qui ressort de cette demande, c’est que nous devons vivre toujours dans l’espérance. En effet, bien que pécheurs, nous ne devons pas perdre l’espérance ; le désespoir pourrait nous conduire à d’autres péchés plus graves, comme l’enseigne l’Apôtre (Eph 4, 19) : Ayant perdu l’espérance, dit-il, les païens se sont livrés à l’impudicité et à toute espèce d’impureté, avec frénésie.

Quelque grand pécheur qu’il soit, l’homme en effet doit espérer toujours de Dieu son pardon, s’il se repent et se convertit parfaitement.

Or cette espérance se fortifie en nous, quand nous disons : Notre Père, remettez-nous nos dettes.

Quel que soit le jour où nous implorons miséricorde, nous pourrions l’obtenir, si nous sommes vraiment repentis de vos péchés.

Ainsi donc cette cinquième demande fait naître en nous la crainte et l’espérance ; elle nous montre que tous les pécheurs contrits, qui avouent leurs fautes, obtiennent miséricorde. Et elle nous fait conclure que cette demande avait sa place obligée dans le « Notre Père ».

Commentaire au Notre Père

Saint Thomas d’Aquin