Archives par mot-clé : tentations contre la foi

« Je crains le Christ qui passe »

Homélie pour le Dimanche XIV, année B (Mc 6, 1-6).

L’évangile de ce dimanche contraste fortement avec les dimanches précédents. Après les grands signes impressionnants accomplis par Jésus, nous voyons aujourd’hui qu’il est clairement rejeté. La rébellion et la dureté de cœur, le manque de foi de ceux qui n’ont qu’un regard humain sur Jésus, empêchent de reconnaître et d’accepter les signes les plus évidents. Nous avons dans la réaction des parents et des compatriotes de Jésus, un avertissement du danger que nous courons, nous aussi, si nous ne faisons pas continuellement « le saut de la foi », c’est-à-dire, si nous n’accueillons pas avec foi la présence de Dieu dans notre vie. Nous devons protéger notre foi, la faire grandir dans notre âme.

Parmi les dix commandements, le premier nous demande de nourrir et de garder avec prudence et vigilance notre foi et de rejeter tout ce qui s’oppose à elle. En effet, il y a diverses manières de pécher contre la foi :

Ainsi, certains doutes de foi constituent un péché, mais il y a deux genres de doutes. Nous avons le doute volontaire portant sur la foi qui néglige ou refuse de tenir pour vrai ce que Dieu a révélé et que l’Église propose à croire. Mais, il existe aussi le doute involontaire qui désigne l’hésitation à croire, la difficulté de surmonter les objections liées à la foi ou encore l’anxiété suscitée par l’obscurité de celle-ci. S’il est délibérément cultivé, le doute peut conduire à l’aveuglement de l’esprit.

Ce sont encore des péchés contre la foi : l’incrédulité qui est la négligence de la vérité révélée ou le refus volontaire d’y donner son assentiment. ” L’hérésie qui est la négation obstinée, après la réception du baptême, d’une vérité qui doit être crue de foi divine et catholique, ou le doute obstiné sur cette vérité. L’apostasie qui est le rejet total de la foi chrétienne. Le schisme qui est le refus de la soumission au Souverain Pontife ou de communion avec les membres de l’Église qui lui sont soumis ” 

Alors, comme on l’a dit avant, le doute volontaire par rapport aux vérités de la foi est un péché ; mais nous devons bien distinguer le péché de la tentation du péché. Ainsi, nous avons parfois des doutes qui viennent dans notre âme, doutes qui tentent notre foi, mais qui ne constituent pas encore un péché parce que nous n’avons pas donné notre consentement. 

Que devons-nous faire dans ces situations, où nous sommes tentés par rapport à la foi en Dieu, en Jésus-Christ, dans les vérités proposées à croire par l’Eglise. Voici quelques conseils pratiques :

1. Tout d’abord, nous devons chercher des réponses à nos doutes

Beaucoup d’entre nous ont rencontré des doutes, petits ou grands. On peut dire que c’est une opportunité de renforcer notre conviction de foi.

L’important ici n’est pas le fait de se poser des questions, mais de chercher des réponses et de savoir où chercher, car tous les livres n’ont pas la meilleure réponse,  et tous les sites-internet non plus. On recommande de se référer d’abord au Catéchisme de l’Église, au magistère de l’Eglise, on peut aussi consulter un prêtre ou un guide spirituel qui nous aidera à éclairer ce sujet ; ou bien aller au témoignage des saints.

2. Demander à Dieu d’augmenter notre foi

Cela semble un peu évident, mais parfois nous oublions d’aller vers Dieu au moment des doutes et on laisse Dieu de côté. Dans les évangiles nous trouvons une belle acclamation qui est adressée à Jésus : Seigneur, je crois mais augmente ma foi ! (Mc 9, 14-29), est une expression confiante ; le Seigneur, dans son amour infini, écoutera notre supplication et augmentera notre foi.

Persévérer dans la prière, même si cela semble difficile, est un aspect que nous ne pouvons ignorer.

3. Faire un examen de conscience

Dans ces moments où la foi titube, il est essentiel de faire un examen de la façon dont nous vivons notre vie de foi, en chrétiens que nous sommes. Nous arriverons à savoir si cette décadence spirituelle est due à une situation de péché dans laquelle nous sommes tombés. De plus, il faut s’approcher de la confession, conscients qu’à travers elle, nous recevons la grâce d’être de plus en plus fidèles au Seigneur.

On croit à tort que faire un examen de conscience, c’est se mettre au banc des accusés, mais en réalité, c’est un excellent moyen qui sert de reflet de qui nous sommes dans un moment déterminé de notre vie.

4. Nous devons nous contraindre à vivre la charité autour de nous.

En plus de nous faire « sortir » de nous-mêmes et de combattre notre égoïsme, la charité dispose notre âme à recevoir d’autres grâces dont la foi. Comme une vertu attire les autres, la charité attirera la vertu de la foi.

5. Rechercher une aide spirituelle

On ne peut pas marcher tout seul dans la vie de la foi, il faut qu’il y ait quelqu’un pour nous accompagner, nous encourager et nous corriger en cours de route. Chercher un directeur spirituel ou un guide nous aidera à trouver la lumière du Saint-Esprit.

Si l’on traverse un moment de crise de foi, une expérience de douleur ou de culpabilité, ou encore un moment d’action de grâce à Dieu, une rencontre avec un guide spirituel est totalement enrichissante, nous ressentons que c’est le Seigneur lui-même qui nous accueille, nous écoute et nous conseille.

6. Il faut se souvenir des moments où notre foi a été plus forte

Il est bon de se souvenir et de revivre ces moments qui ont permis à notre foi de grandir et de devenir plus forte, car en eux nous trouverons les lignes directrices pour nous remettre sur ce beau chemin vers Jésus.

Nous ne devons jamais oublier que nous ne sommes pas seuls, mais que la force de l’Esprit et la compagnie et le soutien de nos frères et sœurs dans la foi sont avec nous.

Pour conclure notre méditation, l’évangile nous dit qu’à cause du manque de foi de ses compatriotes, notre Seigneur était vraiment étonné. Saint Bède nous explique : « Il s’étonne de leur incrédulité, non pas comme d’une chose imprévue pour lui, puisqu’il connaît toutes choses avant même qu’elles existent; mais bien qu’il pénètre les secrets des cœurs, lorsqu’il veut qu’une chose produise en nous un sentiment d’étonnement, il se montre étonné lui-même devant les hommes. Il veut donc que nous soyons étonnés de l’aveuglement des gens de son peuple, qui n’ont voulu croire ni à leurs prophètes qui leur annonçaient le Christ, ni au Christ lui-même qui était né parmi eux.

Le Christ vient toujours dans notre âme et nous devons l’accueillir dans la foi, et pour cela nous devons protéger et faire grandir la foi, cela crée une grande responsabilité pour nous. Saint Augustin disait : « Je crains le Christ qui passe » (Timaeus Jesum transeuntem). Il pourrait, en effet, passer sans qu’on s’en aperçoive, passer sans que nous voulions l’accueillir dans la foi.

Demandons la grâce à la Reine du Ciel d’accueillir son Fils dans notre cœur par la foi.

P. Luis Martínez. IVE

Craignons de perdre la foi

Un signe de santé mentale est la crainte de perdre la vie. Il y en a qui s’y risquent sans crainte; c’est ce qu’on appelle l’insouciance et c’est un vice ou une maladie. Parce qu’on peut perdre le sens de la valeur de la vie à cause de vices ou parce que quelque chose ne fonctionne pas bien au sommet de notre tête. Mais je ne dis pas cela parce que je veux parler de l’imprudence naturelle qui a pour but de risquer la vie naturelle, mais parce que cela m’aide à parler d’un problème qui touche la majorité des catholiques : la même chose leur arrive avec la foi. Et si le sujet ne vous dit rien, c’est que le problème vous concerne aussi.

L’amour et la crainte vont de pair. Celle-ci naît du premier. Celui qui ne craint pas n’aime pas et on ne peut pas aimer sans crainte. Craindre de perdre ce qu’on aime. L’absence de crainte de perdre la vie montre précisément que l’on aime peu, bien qu’une crainte exagérée puisse aussi être le signe d’un autre problème dont on ne s’occupe pas maintenant.

De même, si la foi est estimée, c’est-à-dire si elle est aimée, nous devons avoir une (saine) crainte de la perdre. Plus encore à notre époque où la foi n’est pas menacée mais très menacée. Les ennemis de la foi passent le temps à nous attaquer avec des vrais coups de canon. Nous ferions bien de prendre soin d’elle et d’avoir crainte pour elle. La crainte, si elle est saine, établit l’âme dans une solide humilité et la fait marcher prudemment, sans s’exposer au danger. Car la foi est un don, et l’âme ferait bien de craindre que Dieu lui retire ses dons si elle n’en fait pas un bon usage.

Saint Jean d’Ávila a dit qu’il est très convenable de regarder comment nous vivons et comment nous profitons de la foi que nous avons, afin que Dieu ne nous punisse pas en nous permettant de tomber dans une erreur “parce que la même mauvaise conscience aveugle peu à peu l’intelligence pour qu’elle cherche une doctrine qu’il ne contredit pas sa méchanceté » (Audi filia, c. 49).

La perte de la foi est d’une telle importance et gravité pour l’âme qu’elle serait pire que la dureté de la volonté. Parce que dans cette dernière il lui reste un remède, si la foi demeure ; mais si la foi fait défaut, alors le remède n’est plus recherché (Audi filia, c. 47).

Et combien jouent avec leur foi ! Même des prêtres, des religieux et des évêques ! Ils jouent avec quand ils ne la vivent pas, quand ils ne prient pas, quand ils courtisent avec les modes contraires à la vérité chrétienne, quand ils tombent amoureux de la supercherie par la curiosité morbide, et surtout, quand ils avalent et avalent toutes les erreurs contre la vérité catholique que jour après jour, heure après heure, minute après minute, on nous fait passer par les cinq sens.

Ce qui se passe maintenant dans tant de parties de l’Église est un problème de foi. Un problème de perte de foi. Parce que beaucoup de ceux qui se considèrent comme catholiques ne sont même pas chrétiens ; ce sont des païens. Ils n’ont aucune foi. Ceux qui enseignent contrairement à l’Evangile n’ont pas la foi ; ceux qui nient ou se moquent d’un dogme de l’Église n’ont pas la foi ; ceux qui enseignent des hérésies depuis les chaires ou depuis les ambons n’ont pas la foi. Ceux qui croient que l’Église peut changer sa doctrine sur des questions essentielles n’ont aucune foi. Ils n’ont pas la foi… ou ils l’ont laissée oubliée sur la place lors de la dernière promenade.

Ils ne prennent pas soin de leur foi ceux qui vivent dans un état constant de péché mortel, car Saint Paul l’a déjà dit : « pour avoir abandonné la conscience droite, certains ont connu le naufrage de leur foi.» (1Tim 1, 18-19) . Tu vis comme si tu n’avais pas la foi et tu veux  que Jésus-Christ te garde dans la foi !

C’est pourquoi la crainte de perdre la foi est très saine ; de peur qu’après avoir prêché aux autres, nous ne soyons condamnés (cf. 1Co 9,27).

R. P. Miguel Angel Fuentes IVE.

miguelfuentes.teologoresponde.org

(Article traduit par notre site)