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Il vit, et il crut!

La résurrection du Christ a changé l’histoire des peuples. Sa vie est ses œuvres, sa résurrection ont changé l’histoire. Le Christ est le sujet le plus abordé, soit de façon positive, soit de façon négative. De certaine façon, on ne peut pas être impartial, ou bien nous sommes avec le Christ ou nous sommes contre le Christ.

De ce grand mystère de la résurrection nous allons parler tout d’abord de la résurrection comme un fait historique, après la résurrection comme objet de la foi, et finalement, comment nous devons vivre ce mystère.

La résurrection est un fait historique :

Il y a des sources non chrétiennes :

Tacite (55-120), dans son traité « Les Annales », vers les années 115, décrit le grand incendie de Rome pendant le règne de l’empereur Néron. Il déclare : « Néron fit de ceux que le peuple a appelés Chrétiens, des boucs émissaires et les soumit aux tortures les plus raffinées… Leur nom vient de Christ qui, pendant le règne de Tibère, avait été exécuté par le procurateur Ponce Pilate » (Annales 15. 44).

Flavius Josèphe, (37-110 ap JC), historien juif du Ier Siècle dit : « Jésus, un homme sage … un maître d’hommes dont ces derniers reçoivent la vérité avec plaisir. Il avait attiré à lui, beaucoup de juifs et beaucoup de païens … quand Pilate, sur la suggestion des hommes principaux parmi nous, l’avait condamné à la croix, ceux qui l’ont aimé depuis le début ne l’ont pas abandonné ; parce qu’il leur est apparu vivant le troisième jour. (Et voilà) La tribu des chrétiens, ainsi appelée à cause de lui. (Josephus, Antiquités 18.3.3. )

Mais, les évangiles sont des sources historiques :

Même s’il y a beaucoup des personnes qui nient cela, les évangiles sont des sources historiques, par exemple : au moment où ils racontent la coutume de l’époque : La façon de semer, la façon de travailler, la manière de chercher de l’eau.  Lorsqu’ils décrivent les différentes sectes religieuses, les pharisiens, sadducéens, les hérodiens. Les différents gouverneurs, la manière de punir, la croix…

On voit aussi que les évangiles ne recherchent pas de nous convaincre de la résurrection. Saint Marc, dont l’évangile est lu cette année dans la liturgie, est plus étendu, plus large au moment où il parle de la passion, que lorsqu’il parle de la résurrection. Pour la passion on a 2 chapitres avec 119 versets. Pour la résurrection on a 1 chapitre avec 20 versets[1], Saint Marc écrit donc 99 versets de plus quand il parle de la passion. Semble-t-il qu’il n’est pas intéressé à nous faire croire un fait, parce que pour lui et pour ses contemporains, cela est évident.

Les ennemis de Jésus : Ils sont les seuls à penser à la résurrection juste après la passion.  Ce sont eux qui demandent une garde à Pilate pour garder le sépulcre : Les grands prêtres et les pharisiens s’assemblèrent chez Pilate, en disant : « Seigneur, nous nous sommes rappelé que cet imposteur a dit, de son vivant : “Trois jours après, je ressusciterai… Pilate leur déclara : « Vous avez une garde. Allez, organisez la surveillance comme vous l’entendez ! » (Mt 27, 62 ss) (Les disciples n’ont pas par contre cru à la résurrection tout de suite après la passion…)

Au moment où le tremblement de terre se produit et le Corps de Jésus disparait, les soldats font leur rapport et les juifs leur répondent : « Voici ce que vous direz : “Ses disciples sont venus voler le corps, la nuit pendant que nous dormions.” Et si tout cela vient aux oreilles du gouverneur, nous lui expliquerons la chose, et nous vous éviterons tout ennui. »

Mais, les disciples de Jésus étaient encore trop effrayés pour penser à voler le corps de Jésus, car Saint Jean nous dit « Le soir venu, en ce premier jour de la semaine… les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs » (Jn 19, 20) C’est la même crainte qu’ils ont manifesté le jeudi Saint au moment où ils ont abandonné leur maître.

On peut même examiner l’affirmation de Juifs : « Ses disciples sont venus voler le corps, la nuit pendant que nous dormions.” » Mgr. Fulton Sheen dit : « Les soldats dorment, s’ils dorment ils ne pouvaient pas donc voir qui était le voleur. »

Une fois que les disciples voient le Christ ressuscité, on voit comment après ils proclament ouvertement la passion et la résurrection du Christ : « Les pharisiens (les chefs du peuple) leur interdisent de faire cela mais ils continuent à le proclamer. C’est pour cela que les pharisiens leur disent une fois encore : ‘Nous vous avions formellement interdit d’enseigner au nom de celui-là, et voilà que vous remplissez Jérusalem de votre enseignement. Vous voulez donc faire retomber sur nous le sang de cet homme !’ En réponse, Pierre et les Apôtres déclarèrent : ‘Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes.  Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus, que vous aviez exécuté en le suspendant au bois du supplice.’ » (Actes 5, 28ss.) On voit pourtant que les pharisiens ne disent pas : « le Christ n’est pas mort ou il n’est pas ressuscité»… Ils interdisent simplement la prédication.

Saint Paul aux corinthiens

Un cas qui nous fait voir la certitude la résurrection c’est la lettre aux corinthiens. Le contexte est que quelques corinthiens disaient : «il n’y a  pas résurrection de mort » Paul leur répond : Nous proclamons que le Christ est ressuscité d’entre les morts ; alors, comment certains d’entre vous peuvent-ils affirmer qu’il n’y a pas de résurrection des morts ? S’il n’y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus n’est pas ressuscité… Mais non ! le Christ est ressuscité d’entre les morts, lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis ». (1 cor 15, 12). Saint Paul se sert de la certitude de la résurrection du Christ pour affirmer avec certitude notre résurrection future.

Nous voudrions finir ce premier mot en disant : Le Christ est mort sur la croix. Son corps n’est plus là. On ne peut pas croire non plus au mensonge qu’une personne endormie puisse voir qui est le voleur. Donc les disciples n’ont pas volé le corps. Alors,  qu’est-ce que s’est passé ?

C’est pour cela qu’il est logique croire en la résurrection.

  1. La foi en la résurrection :

La foi est en elle-même est un sujet très large, la foi comme l’acte de foi, soit intérieur soit extérieur, la foi comme vertu, la foi comme don de Dieu. Ce que nous dirons de la foi aura toujours le but d’approfondir le mystère de la résurrection.

La lettre aux hébreux nous dit que : « La foi est un moyen de connaître des réalités qu’on ne voit pas. » (Hébreux 11, 1)

Nous avons écouté tout à l’heure l’évangile de Saint Jean : Les disciples écoutent l’histoire des femmes, les deux disciples courent, Jean arrive le premier mais il n’entre pas. Pierre arrive et entre au tombeau, et l’évangile nous dit : « C’est alors qu’entra l’autre disciple (Jean), lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. »

Qu’est-ce qu’il a vu ? Il a vu ce que Pierre a aussi vu : « il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place. »  Il crut en la résurrection. Car « La foi est un moyen de connaître des réalités qu’on ne voit pas. »

On connait bien l’histoire, le dimanche de pâque, Thomas n’est pas avec les disciples au cénacle.  Après, lorsqu’il sera informé, l’apôtre ne voudra pas croire à ses compagnons. Le dimanche suivant, Jésus apparait au cénacle encore une fois et dit : « La paix soit avec vous ! » Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. » Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »

Alors, est-ce que Thomas a vu Dieu lui-même ? Non, il est en face de Jésus ressuscité, il voit un corps avec les marques de la croix et il le proclame « Seigneur et Dieu ».

« La foi est un moyen de connaître des réalités qu’on ne voit pas. »

La lettre aux hébreux dit aussi : « La foi est une façon de posséder ce que l’on espère » (Hébreux 11,1)

Nous avons l’exemple de Marie Madeleine : Marie Madeleine se tenait près du tombeau, au-dehors, tout en pleurs… elle aperçoit Jésus qui se tenait là, mais elle ne savait pas que c’était Jésus.  “Jésus lui dit… « Marie ! »… S’étant retournée, elle lui dit en hébreu : « Rabbouni ! » et elle se jette vers Jésus… Jésus reprend : « Ne me retiens pas… »”.

C’est ça qu’on fait par la foi, en quelque sorte on touche, on possède l’objet de la foi : une façon de posséder ce que l’on espère »

On voit comme la résurrection nous fait mieux comprendre l’ensemble de la révélation. On connait le passage des disciples d’Emaus, ces deux disciples qui quittaient Jérusalem tous tristes, et Jésus devient leur compagnon de voyage (Lc. 24, 13-35).

Jésus va leur expliquer les écritures: “Il leur dit alors : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait. Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin. » Et ils se disaient après : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? »”

La résurrection du Christ nous laisse voir, nous permet de comprendre d’une meilleure façon, la révélation toute entière.

Nous avons aussi le cas de Saint Pierre, en l’apparition à saint Pierre nous voyons que la résurrection nous aide à comprendre nos péchés et nos faiblesses.

L’apparition dont nous parlons est présentée dans l’évangile de Saint Jean (21, 15-19). Il nous dit que le Christ est apparu en Galilée, Il était à la berge du lac et les disciples faisaient la pêche. Ils reconnaissent Jésus, ils font une pêche miraculeuse, ils mangent ensemble, et après Jésus parle avec Pierre en disant :

« Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes agneaux. » Il lui dit cela une deuxième fois… et pour la troisième fois… Pierre fut peiné parce que, la troisième fois, Jésus lui demandait : « M’aimes-tu ? » Il lui répond : « Seigneur, toi, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes brebis.

Nos péchés ne disparaissent pas dans l’histoire (En le sens que nous les avons commis et c’est une réalité que nous devons reconnaître, nous sommes pécheurs) ils deviennent[2] une cause par laquelle nous sommes ‘obligés’ d’aimer Dieu. Saint Pierre devient triste, peiné, parce que Jésus lui rappelle son péché, mais il se confie à la miséricorde de Dieu qui est plus fort que la mort, plus grande que nos péchés.

En certaine manière la résurrection est le sceau de la révélation, ce qui donne unité,   « Si le Christ n’est pas ressuscité, vaine aussi est votre foi. »

  1. Vivre comme ressuscités :

D’abord, le baptême : Par le baptême nous sommes morts avec le Christ et nous sommes ressuscités avec le Christ.

Col 3,1-2 : Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez (Vivez !) les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre.

Nous faisons partie d’un corps ressuscité, du corps mystique du Christ. Notre façon de vivre, notre manière de penser, de parler, agir, d’omettre, doivent manifester le mystère de la résurrection.  « Le royaume de Dieu ne consiste pas en des questions de nourriture ou de boisson ; il est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint ». On sait bien que la joie éternelle ne peut pas être donnée par aucune créature.

Mais aussi nous avons le devoir de la proclamer :

Au matin des pâques, les femmes ont reçu le message de la résurrection mais tout de suite elles reçoivent le devoir de proclamer aux disciples le mystère de la résurrection:

« L’ange prit la parole et dit aux femmes : « Vous, soyez sans crainte ! Je sais que vous cherchez Jésus le Crucifié. Il n’est pas ici, car il est ressuscité, comme il l’avait dit. Venez voir l’endroit où il reposait. Puis, vite, allez dire à ses disciples : “Il est ressuscité d’entre les morts, et voici qu’il vous précède en Galilée ; là, vous le verrez.” Voilà ce que j’avais à vous dire » (Mt 28, 5).  C’est un commandement pour toute l’Église :

Saint Marc, Saint Matthieu, Saint Luc et Saint Jean. Mt 28, 18 : Jésus (Ressuscité) s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre.  Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit »

P. Andrés Nowakowski V. E.

Monastère « Bx. Charles de Foucauld »

[1]Il y a de manuscrits que seulement nous transmettent 12 versés, évidement les 20 versés sont canoniques.

[2]Is 1, 18 « Si vos péchés sont comme l’écarlate, ils deviendront aussi blancs que neige. S’ils sont rouges comme le vermillon, ils deviendront comme de la laine.»

La foi ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu!

Lire l’évangile du dimanche XIX du temps ordinaire (Mt 14, 22-33)

Nous venons d’entendre le récit d’un miracle tout à fait particulier du Seigneur raconté par saint Mathieu et qui est la continuation historique d’un autre grand signe, la multiplication des pains et des poissons, l’évangile dit tout au début : « après avoir nourri la foule dans le désert ».

Une fois donc que les gens ont fini de manger, le Seigneur ordonne, ou plutôt « oblige » ses disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules. Pourquoi les oblige-t-il à partir ? Très probablement pour éviter que ses disciples prennent trop à cœur cette grande émotion causée par la multiplication des pains, c’est-à-dire que les apôtres commencent à sentir ce désir trop humain de voir en Jésus « un messie politique », consacré à satisfaire les besoins de ce monde ; évidement loin de la véritable mission de Notre Seigneur.

Alors, au soir, le Seigneur fait ce que racontent souvent les évangiles, Il s’éloigne seul pour prier.

Mer de Galilée

La distance à parcourir pour traverser le lac de Galilée n’est que d’environ 11 km. Pour les détails que nous donnent les autres évangiles, les disciples en avaient déjà fait 6 au moins, mais il semble qu’ils étaient coincés à cause des vagues et du vent.

C’est à ce moment là qu’ils voient venir Notre Seigneur marchant sur les eaux, qu’ils ne reconnaissent d’abord pas, et cela les fait trembler de peur.

Si bien que le Seigneur leur adresse des mots de confiance, il y a pourtant le petit détail, Il est en train de faire quelque chose qui pour un homme est impossible.

Ils ont eu confiance, mais ils seraient encore choqués de voir cela.

Et c’est là où réagit saint Pierre, si nous voyons le tempérament du premier pape, il était un peu comme cela, il passait d’un état d’esprit à l’autre facilement, comme dans ce cas, il passe de la peur au courage d’aller vers son maître marchant sur les eaux. Il descend de la barque, il sent que la mer est solide, comme le sol. Il avance, mais il sent le vent, il commence à s’enfoncer dans l’eau.

A sa demande de secours, il reçoit un nom qualificatif de la part Seigneur : Homme de peu de foi, ou seulement « Peu de foi » comme dit le texte en grec. Et le Seigneur étend sa main pour le sauver.

Mais, une fois qu’ils sont dans la barque, tous reconnaissent à partir de ce miracle, et évidement ayant aussi le souvenir du miracle des pains, que ce Jésus n’est pas un homme comme tous, sinon qu’ils font cette belle profession de foi : Vraiment, tu es le Fils de Dieu !

Comme nous pouvons voir, le mot « foi » ou plutôt la vertu de la foi est évoquée deux fois dans ce miracle. Evidemment dans un miracle, la foi a toujours une place privilégiée.

Ainsi nous voyons le Seigneur qui permet que saint Pierre enfonce dans les eaux, comme dit un commentateur « pour montrer à celui qui devait être le pasteur de l’Eglise sa faiblesse mais aussi lui montrer d’où vient sa force ».

Mais, nous constatons la foi des apôtres, qui reconnaissent Jésus comme Fils de Dieu.

La foi, qu’est-ce que c’est que la foi ?

La foi ne consiste pas à croire en quelque chose qui arrivera ( je crois que demain il va pleuvoir), elle ne signifie pas non plus le fait d’accepter quelque chose qui va contre la raison.

La foi ne consiste pas dans l’acceptation avec mon intelligence de quelque chose que je ne comprends pas, ni même de quelque chose que je ne peux démontrer avec ma raison.

La foi n’est pas un sentiment, comme les gens qui pensent qu’ils ont la foi parce que leur cœur bat trop vite lorsqu’ils sont en train de prier, par exemple…

La foi est l’acceptation d’une vérité, parce que c’est l’autorité divine qui l’a révélée.

La  foi est donc une vertu surnaturelle, inspirée et assistée par la grâce de Dieu; par elle, nous croyons comme vraies les choses que Dieu nous a révélées, non à cause  de ce que la vérité de ces choses est clairement évidente à notre intelligence, mais parce que cette vérité est fondée sur l’autorité de Dieu, qui ne peut nous tromper et ne peut pas se tromper, non plus.

Mais nous devons expliquer encore un autre point très important par rapport à la vertu de la foi. Il est vrai que lorsque nous allons donner notre assentiment pour accepter quelque chose que l’on nous propose, nous pouvons et nous devons d’abord étudier les raisons pour lesquelles nous allons croire.

Ainsi, par exemple lorsque je me pose la question: pourquoi je crois en Jésus-Christ ?

Mon âme fait une sorte de processus: Mon intelligence verra d’abord, les miracles qu’Il a faits et les prophéties qui l’ont annoncé. Et alors, voyant que tout cela n’est pas contraire à la raison, mais que cela est possible, mon intelligence fait donc un jugement : «  cette vérité, celle qui dit que le Christ est Fils de Dieu, est digne d’être crédible » après avec ma volonté, j’ajouterai : « je dois croire cette vérité ».

Alors, si je crois dans cette vérité, celle qui dit que Jésus est Fils de Dieu, je dois croire, comme conséquence, toutes les autres vérités que Jésus nous a révélées, parce qu’elles viennent de Dieu.

Il faut dire encore que nous croyons parce que nous nous appuyons sur l’autorité de Dieu qui révèle.

On peut poser maintenant une autre question : le fait que le Seigneur fasse des miracles était-ce déjà suffisant pour que les gens croient ? A cela nous répondons que les miracles avaient une finalité, celle de disposer les cœurs à la foi.

Rappelons-nous que lorsque le Seigneur se trouvait devant les pharisiens incrédules, ils avaient aussi vu les miracles et même beaucoup de prophéties accomplies en Jésus-Christ, ils avaient donc des arguments pour croire, mais ils ne voulaient pas croire en Jésus-Christ. Et c’est pour cela que le Seigneur prendra un enfant devant ses disciples et leur dira : celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas.  Il faut donc devenir un enfant qui croit tout simplement parce que sa maman l’a dit, sa foi est un hommage simple et confiant qu’il donne à sa mère.

Comme nous l’écrit l’apôtre saint Jean dans sa première lettre (5,9-10): Nous acceptons bien le témoignage des hommes ; or, le témoignage de Dieu a plus de valeur, puisque le témoignage de Dieu, c’est celui qu’il rend à son Fils. Celui qui met sa foi dans le Fils de Dieu possède en lui-même ce témoignage. Celui qui ne croit pas Dieu, celui-là fait de Dieu un menteur, puisqu’il n’a pas mis sa foi dans le témoignage que Dieu rend à son Fils.

Mais, la foi surnaturelle est un don de Dieu. Personne dans ce monde, ne peut nous donner la foi. Quelqu’un peut m’instruire dans la doctrine chrétienne, mais il ne me donne pas la foi. Il est comme un agriculteur spirituel qui prépare la terre de notre âme, il arrache les mauvaises herbes de l’erreur, il enlève les cailloux de l’égoïsme, il peut semer aussi par l’instruction, mais c’est Dieu qui fait naître et grandir la semence, c’est Dieu qui donne la foi.

Selon la parole de Saint Paul aux éphésiens (2,8) : C’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, et par le moyen de la foi. Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu.

Si la foi consistait seulement dans le désir de croire, c’est-à-dire dans  le fait de désirer avoir la foi, on pourrait arriver à la foi par un acte de notre volonté, donc de nous-mêmes. Bien que nous ne puissions pas créer la foi surnaturelle en nous, nous pouvons par contre y disposer notre âme et nous devons prier comme les disciples : « Seigneur augmente en nous la foi » (Lc. 17,15), ou bien comme ce père d’un enfant possédé que raconte l’évangile de saint Marc : Je crois ! Viens au secours de mon manque de foi ! (10,24).

L’autre chose c’est de disposer notre âme humblement, le bois sec est toujours mieux disposé à recevoir le feu que le bois humide, mais dans tous les cas le feu vient de dehors, comme la foi vient de Dieu.

Pour finir, de tout ce grand mystère qui est Dieu nous ne pouvons saisir qu’une petite étincelle, notre foi, la foi qu’Il donne vient à notre aide et éclaire toute notre existence.

S’il faut faire une comparaison : regardons le Soleil dans l’univers, il est tellement brillant qu’il nous est impossible de le voir directement, nos yeux ne résistent pas. Mais pourtant, avec la lumière du soleil tout devient clair.

Que la Vierge Marie nous donne la grâce d’avoir notre cœur toujours disposé par l’humilité et la prière pour le don de la foi.

P. Luis Martinez V. E.

Institut du Verbe Incarné