IV Dimanche de Pâques, année A (Jn. 10, 1-10)
En ce quatrième dimanche de Pâques, l’Église nous propose de fixer notre regard sur une image que Jésus utilise pour parler de lui-même : l’image du bon Pasteur. L’Evangile que nous avons entendu nous indique de quelle manière Jésus est notre Pasteur, et quelle doit être notre attitude devant Lui.
Nous avons entendu ces paroles de Jésus que Saint Jean rapporte au chapitre 10 de son Évangile. La guérison de l’aveugle de naissance a eu lieu juste avant ce discours du Christ. Les deux textes sont unis par un thème central : Jésus est la lumière du monde et seuls ceux qui le reconnaissent comme tel peuvent lui appartenir. Maintenant, Jésus affirme qu’il est le seul bon Pasteur, et que ses brebis sont celles qui entendent sa voix et la reconnaissent.
Jésus lui-même a dit qu’il n’est pas venu dans le monde en tant que juge (cf. Jn 3, 17 ; 5, 24 ; 8, 15), mais que tout jugement lui a été donné, parce qu’Il est le Fils de l’homme (Jn 5, 26). Le jugement se fonde sur la séparation entre ceux qui croient et ceux qui ne croient pas. Les pharisiens, aveuglés dans leur autosuffisance basée sur le fait qu’ils « savent », refusent d’accepter Jésus comme lumière du monde. C’est ainsi qu’ils se jugent eux-mêmes.
Il y a deux façons d’entrer dans l’enclos des brebis : pour paître ou pour nuire au troupeau. L’application est évidente : Jésus est celui qui prend soin du troupeau, le nourrit, le soigne, le cherche. C’est ce qu’Il a fait avec l’aveugle. Les juifs, pour leur part, ont agi avec arrogance à son égard, ils l’ont expulsé de la synagogue. Les brebis qui appartiennent au troupeau du Pasteur sont celles qui connaissent la voix du Pasteur et le suivent ; le critère de la vraie foi en Jésus, envoyé par Dieu, c’est d’écouter sa voix. Les juifs qui se confrontent avec le Seigneur n’ont pas reconnu ce qu’Il leur disait ; ils n’appartenaient pas à son troupeau dans la mesure où ils ne reconnaissaient pas sa voix et ne le suivaient pas : ils sont donc aveugles, voleurs et étrangers.
Le site par lequel une personne entre dans l’enclos des brebis est un critère pour connaître l’authenticité de son intention. Celui qui entre par la porte est le Pasteur. Et Jésus dit : « Je suis la porte des brebis ». L’expression implique l’ « unicité » : seul Jésus est la porte de l’enclos des brebis ; ce n’est que par Lui que l’on peut accéder légitimement au troupeau ; et ce n’est que par Lui que le troupeau peut passer pour trouver de bons pâturages. Ceux qui sont venus avant Jésus sont décrits comme « des voleurs et des bandits ». Ce sont les Juifs qui reconnaissent que Dieu a parlé par Moïse, mais qui ne savent pas d’où vient Jésus (Jn 9, 29) ; ce sont les chefs religieux d’Israël qui conservent le droit traditionnel d’être appelés bergers du peuple (cf. Mt 23, 1). Mais la prétention des Pharisiens à être des leaders du peuple sans aucune relation avec Jésus est fausse : ce sont des voleurs et des brigands, car ils mesurent leur espérance messianique selon des critères humains. Les brebis n’écoutent pas leur voix, comme dans le cas de l’aveugle, qui n’a pas accepté leurs directions, mais s’est détourné d’elles et a suivi Jésus. Ceux qui se présentent comme des leaders sont en fait des voleurs et des bandits en raison de leur attachement rigide à leurs propres attentes messianiques.
Comme la porte des brebis, Jésus est le médiateur qui pourvoit à tous les besoins vitaux du troupeau. C’est Jésus qui fait que le troupeau ait de bons pâturages (cf. Ez 34, 14), et donc qu’il ait la vie et qu’il l’ait en abondance. Le troupeau a besoin de deux choses : de protection et de nourriture, et les deux « par la porte » ; il la traverse pour être sauvé, et il sort pour trouver des pâturages. Jésus donne au troupeau une vie abondante.
Il y aura également une controverse lorsqu’Il proclamera : « Je suis le bon Pasteur » (Jn 10, 11). Cette figure est liée à la tradition du pasteur messianique. Le statut de Jésus comme « seul Pasteur » contraste avec ceux qui ne sont pas de bons pasteurs : Il est le seul qui donne sa vie pour les brebis. Jésus est le Messie et exercera sa mission en donnant librement sa vie pour son troupeau. En bref, c’est le critère ultime : la reconnaissance de Jésus sur la croix comme le Pasteur qui nous donne la vie par sa vie.
Le Bon Pasteur est le Christ : le berger des brebis, le Pasteur par excellence, notre Seigneur Jésus (Heb 13, 20) ; vous étiez errants comme des brebis ; mais à présent vous êtes retournés vers votre berger, le gardien de vos âmes (1 Pt 2, 25) ; quand se manifestera le Chef des pasteurs, vous recevrez la couronne de gloire qui ne se flétrit pas (1 Pt 5, 4). Par conséquent, est un bon pasteur celui qui est conforme à l’Unique Pasteur.
Nous devons demander au Père de nous envoyer des pasteurs selon son cœur, des pasteurs qui donnent leur vie pour les brebis. Et nous devons aussi demander la grâce de connaître le vrai Bon Pasteur, d’entendre sa voix et de l’aimer.
Nous demandons ces grâces par la Mère du bon Pasteur et notre Mère, la très Sainte Vierge Marie.
P. Juan Manuel Rossi IVE.