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Désirons recevoir toujours Jésus dans l’Eucharistie

Homélie du Jeudi Saint

Comme chaque année, la liturgie nous fait revenir au Cénacle, le lieu et le moment où le Seigneur n’a pas pu retenir son amour, on peut dire, Il a vide son Cœur. Saint Jean le résume bien en disant qu’ayant aimé les siens, Il les aima jusqu’au bout. Pensons que c’était aussi saint Jean qui écoutait comment bâttait le Cœur de Jésus, car selon l’évangile il appuyait sa tête sur la poitrine de Jésus.

Cette soirée du Jeudi Saint, la dernière que Jésus a vécu dans sa vie mortelle, a reçu les grandes révélations de l’Amour et comme quelqu’un qui s’apprête à partir de ce monde, le Seigneur a distribué ses grandes richesses, les trésors, les plus grands que Dieu pouvait donner à ce monde : Le Sacrifice Eucharistique – la Sainte Messe-, son Corps et son Sang donnés comme Sacrement, -l’Eucharistie- et le Sacerdoce ministériel pour que ses prêtres puissent perpétuer son sacrifice au long de l’histoire, jusqu’en son retour glorieux, à la fin des temps.

Dans ces jours, il se peut que beaucoup ont réfléchi et pensé à l’importance de la messe, de la confession, de l’Eucharistie. Ce qui était habituel pour nous, est venu à nous manquer ; bien que par grâce de Dieu nous avons les modernes systèmes de communications, la participation de la messe nous manque, l’Eglise comme lieu nous manque et l’Eucharistie nous manque.

Les épreuves doivent nous donner des nouvelles opportunités pour notre vie, un fruit concret de cette souffrance c’est sans doute un surplus de foi et d’amour dans notre vie spirituelle, un surplus de foi et d’amour par rapport à la Messe, à l’Eucharistie et à la grâce d’avoir des prêtres qui puissent faire la messe et nous donner l’Eucharistie et les Sacrements.

Comme nous apprend le Concile, le Sacrifice eucharistique –la Messe-  est « source et sommet de toute la vie chrétienne » (Lumen gentium, n. 11). « La très sainte Eucharistie contient en effet l’ensemble des biens spirituels de l’Église, à savoir le Christ lui-même, notre Pâque, le pain vivant, qui par sa chair, vivifiée par l’Esprit Saint et vivifiante, procure la vie aux hommes » (Presbyterorum ordinis, n. 5.)

Selon les belles paroles de saint Jean Paul II : « L’Église a reçu l’Eucharistie du Christ son Seigneur non comme un don, pour précieux qu’il soit parmi bien d’autres, mais comme le don par excellence, car il est le don de lui-même, de sa personne dans sa sainte humanité, et de son œuvre de salut. Celle-ci ne reste pas enfermée dans le passé, puisque « tout ce que le Christ est, et tout ce qu’il a fait et souffert pour tous les hommes, participe de l’éternité divine et surplombe ainsi tous les temps… ».

Quand l’Église célèbre l’Eucharistie, mémorial de la mort et de la résurrection de son Seigneur, cet événement central du salut est rendu réellement présent et ainsi « s’opère l’œuvre de notre rédemption ». Ce sacrifice est tellement décisif pour le salut du genre humain que Jésus Christ ne l’a accompli et n’est retourné vers le Père qu’après nous avoir laissé le moyen d’y participer comme si nous y avions été présents. Tout fidèle peut ainsi y prendre part et en goûter les fruits d’une manière inépuisable. Telle est la foi dont les générations chrétiennes ont vécu au long des siècles. Cette foi, le Magistère de l’Église l’a continuellement rappelée avec une joyeuse gratitude pour ce don inestimable. Je désire encore une fois redire cette vérité, en me mettant avec vous, chers frères et sœurs, en adoration devant ce Mystère: Mystère immense, Mystère de miséricorde. Qu’est-ce que Jésus pouvait faire de plus pour nous? Dans l’Eucharistie, il nous montre vraiment un amour qui va « jusqu’au bout » (cf. Jn 13, 1), un amour qui ne connaît pas de mesure. » (Ecclesia de Eucharistia, 11)

Lorsque nous participons de la sainte Messe, nous pouvons aussi recevoir la Communion, le Corps et le Sang, l’âme et la divinité de Notre Seigneur. Bien que nous pouvons et nous devons faire souvent des communions spirituelles, qui produisent des fruits très abondants dans notre vie spirituelle ; pourtant, une des choses que la communion spirituelle nous fait désirer c’est précisément pouvoir recevoir sacramentalement l’Eucharistie.

Et pourquoi devons-nous communier sacramentalement ? Pourquoi manger matériellement l’hostie ?

D’abord, il ne faut pas confondre cela avec un rite de plus de la messe, non plus comme quelque chose à faire automatiquement au cours de la célébration. Nous savons qu’il y a des conditions pour pouvoir accéder à la Communion et que nous devons toujours faire une préparation spirituelle pour nous approcher à recevoir l’Hostie Consacrée.

Pourquoi est-il donc important de recevoir le Christ présent dans l’Eucharistie, mangeant l’Hostie ? Tout simplement parce que cela était sa volonté : « Prenez et mangez, ceci est mon Corps, prenez et buvez, ceci est mon Sang ». Il est resté pour nous alimenter, un aliment qui fortifie notre âme et notre corps. Il se donne comme aliment, chose admirable, mais que Dieu peut faire pour nous : que son Fils soit présent substantiellement dans l’Eucharistie, afin de nous sanctifier, nous diviniser, nous fortifier, nous faire grandir dans la foi et remplir notre vie de lui-même. 

Nous devons en fin grandir dans la foi sur le sacerdoce catholique, nous avons besoin de prêtres et nous devons prier pour les prêtres, pour leur sanctification.

Le prêtre est appelé, par sa vocation, à une grande sainteté; mais il est toujours un homme, et en tant que tel, fragile et entouré de faiblesse. Parmi les apôtres du Christ lui-même, un l’a trahi (Judas), un autre l’a nié (Pierre) et les autres l’ont abandonné pendant sa Passion. Mais cela ne fait pas d’eux moins prêtres ; et c’est à eux que le Seigneur a donné le pouvoir de consacrer son Corps et son Sang (Faites ceci en mémoire de moi: Lc 22, 19), et de pardonner les péchés en son nom (cf. Jn 20, 23).

 Nous devons prier pour nos prêtres, pour qu’ils soient saints et pour qu’ils soient un fidèle reflet du Souverain Prêtre éternel, qui est Jésus-Christ.

Mais nous devons considérer le prêtre comme un “sacrement” de Christ; c’est-à-dire que si nous voyons un homme, avec des défauts et des misères, la foi doit nous faire «découvrir» le Christ lui-même. C’est pourquoi saint Augustin a demandé : «Est-ce Pierre qui baptise? Est-ce Judas qui baptise ? C’est le Christ qui baptise ». C’est le Christ qui consacre pour nous sur l’autel, et c’est le Christ qui nous pardonne les péchés. L’efficacité vient du Christ ; non du ministre. Les paroles du Christ (Faites ceci en mémoire de moi ; à qui vous pardonnez les péchés ..) conservent toujours toute leur fraîcheur et leur efficacité, même si le ministre qui les prononce est un grand pécheur.

Demandons aujourd’hui de grandir dans la foi, dans ces trois grandes inventions de l’histoire : la messe, l’Eucharistie et le Sacerdoce. Que Marie, la Mère de l’Eucharistie nous donne cette grâce.

P. Luis Martinez IVE.

Croire en Lui, c’est manger le Pain Vivant

Lire l’évangile du dimanche XIX  du temps ordinaire  (Jn 6, 41-51)

La lecture du sixième chapitre de l’Évangile de Jean, qui nous accompagne en ces dimanches dans la liturgie, nous a conduits à partir du miracle de la multiplication du pain et des poissons, à l’invitation que Jésus adresse à ceux qu’il avait rassasiés de rechercher une nourriture qui demeure pour la vie éternelle.

Jésus parle de lui comme du véritable pain descendu du ciel (une fois) et le pain vivant (pour deux fois), capable de maintenir en vie non pas pour un instant ou pour un bout de chemin, mais pour toujours. Il est la nourriture qui donne la vie éternelle, parce qu’Il est le Fils unique de Dieu, qui est dans le sein du Père, venu donner à l’homme la vie en plénitude, pour introduire l’homme dans la vie même de Dieu. Nous l’avons dit la semaine dernière, le Pain du Ciel, le Christ vient nourrir notre âme soit lorsque nous accueillons sa Parole, soit lorsque Le mangeons dans l’Eucharistie.

Or, cette nourriture spirituelle qui est pour nous l’Eucharistie est bien signifiée dans la première lecture de ce dimanche, où nous trouvons  le prophète Élie, fuyant l’hostilité de la reine Jézabel ; il veut mourir, parce qu’il n’a plus de force dans le désert. Mais le Seigneur envoie son ange pour le nourrir et rassasier sa soif de manière miraculeuse, « puis, fortifié par cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits ».

Comme nous le savons ; lorsque nous nous approchons de l’Eucharistie, c’est Notre Seigneur que nous recevons dans ce sacrement. Nous connaissons aussi les conditions pour Le recevoir, d’abord pleine conscience de que nous recevons le Fils de Dieu, Dieu dans notre âme. « Nous devons nous préparer à ce moment si grand et si saint. Ainsi, S. Paul exhorte à un examen de conscience : ” Quiconque mange ce pain ou boit cette coupe du Seigneur indignement aura à répondre du Corps et du Sang du Seigneur. Que chacun donc s’éprouve soi-même et qu’il mange alors de ce pain et boive de cette coupe ; car celui qui mange et boit, mange et boit sa propre condamnation, s’il n’y discerne le Corps ” (1 Co 11, 27-29). Pour cette raison, celui qui est conscient d’un péché grave doit recevoir le sacrement de la Réconciliation avant d’accéder à la communion.

Devant la grandeur de ce sacrement, le fidèle ne peut que reprendre humblement et avec une « foi ardente » la parole du Centurion (cf. Mt 8, 8) : ” Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri “.

Nous pouvons en tirer une première conclusion : nous ne pouvons pas penser que la communion est un droit que tout chrétien possède lorsqu’il vient à la messe (« j’ai le droit de communier ») ; l’Eucharistie c’est un don de Dieu, un cadeau de sa part, mais un don qui demande une bonne disposition, une préparation.

Dans la Divine Liturgie de S. Jean Chrysostome, le rite de l’Eglise Catholique orientale, les fidèles font cette belle prière : A ta cène mystique fais-moi communier aujourd’hui, ô Fils de Dieu. Car je ne dirai pas le Secret à tes ennemis, ni ne te donnerai le baiser de Judas. Mais, comme le larron, je te crie : Souviens-toi de moi, Seigneur, dans ton royaume.

Pour se préparer convenablement à recevoir ce sacrement, les fidèles observeront aussi le jeûne prescrit dans leur Église (généralement c’est une heure avant de recevoir l’Eucharistie  sous réserve de la santé de la personne). L’attitude corporelle (gestes, vêtement) traduira aussi le respect, la solennité, la joie de ce moment où le Christ devient notre hôte.

Quels sont les fruits et les grâces que nous recevons dans notre âme lorsque nous apprêtons à communier et nous recevons le Corps du Christ ?

D’abord, recevoir l’Eucharistie dans la communion porte comme fruit principal l’union intime au Christ Jésus. Le Seigneur dit: ” Qui mange ma Chair et boit mon Sang demeure en moi et moi en lui ” (Jn 6, 56).

Ce que l’aliment matériel produit dans notre vie corporelle, la communion le réalise de façon admirable dans notre vie spirituelle. La communion à la Chair du Christ ressuscité, ” vivifiée par l’Esprit Saint et vivifiante “, conserve, accroît et renouvelle la vie de grâce reçue au Baptême. Cette croissance de la vie chrétienne a besoin d’être nourrie par la communion eucharistique, elle est le pain de notre pèlerinage, jusqu’au moment de la mort, où il nous sera donné comme viatique, comme l’aliment du passage entre cette vie et l’autre.

La communion nous sépare aussi du péché. C’est pourquoi l’Eucharistie nous unit au Christ en nous purifiant en même temps des péchés véniels commis ; et nous préserve aussi des péchés futurs. Elle est comme notre remède qui nous fortifie et nous préserve de tomber dans la maladie du péché. Plus nous participons à la vie du Christ et plus nous progressons dans son amitié, plus il nous est difficile de rompre avec Lui par le péché mortel.

Rappelons-nous encore que l’Eucharistie n’est pas ordonnée au pardon des péchés mortels. Ceci est propre au sacrement de la Réconciliation. Le propre de l’Eucharistie est d’être le sacrement de ceux qui sont dans la pleine communion de l’Église.

Comme la nourriture corporelle sert à restaurer la perte des forces, l’Eucharistie fortifie la charité qui, dans la vie quotidienne, tend à s’affaiblir. En se donnant à nous, le Christ ravive notre amour et nous rend capables de rompre les attachements désordonnés aux créatures et de nous enraciner en Lui : Ayant reçu le don de l’amour, mourons au péché et vivons pour Dieu (S. Fulgence de Ruspe, Fab. 28, 16-19 : CCL 19A, 813-814 : LH, sem. 28, lundi, off. lect.).

La communion au Corps et Sang du Christ fait aussi l’unité du Corps mystique : l’Eucharistie fait l’Église. Ceux qui reçoivent l’Eucharistie sont unis plus étroitement au Christ. Par là même, le Christ les unit à tous les fidèles en un seul corps : l’Église. La communion renouvelle, fortifie, approfondit cette incorporation à l’Église déjà réalisée par le Baptême. Puisqu’il n’y a qu’un pain, à nous tous nous ne formons qu’un corps, car tous nous avons part à ce pain unique ” (1 Co 10, 16-17) :

L’Eucharistie nous engage aussi envers les pauvres : Pour recevoir dans la vérité le Corps et le Sang du Christ livrés pour nous, nous devons reconnaître le Christ dans les plus pauvres, Ses frères (cf. Mt 25, 40)

Disons enfin que communier c’est recevoir Dieu. C’est-à-dire recevoir le pouvoir de nous sanctifier et la  force, la paix et la consolation, la foi, l’espérance et la charité. Communier c’est devenir semblable au Christ, imitant ses vertus et reproduisant sa vie en nous. Communier signifie se revêtir de la force de Dieu contre les vices et les démons. La communion au Corps et Sang du Christ nous aide à soumettre peu à peu le corps à l’âme et à être libre de l’esclavage des vices.

Ecoutons ce beau commentaire de Saint Augustin à l’évangile d’aujourd’hui : « Les juifs qui protestaient contre Jésus étaient loin de s’occuper du pain du ciel, et ils ne savaient pas en avoir faim. Par faiblesse, leur cœur ne pouvait ni demander ni recevoir aucune nourriture… Car, ce pain de l’homme intérieur exige de l’appétit » (26, 1).

Nous devons nous demander si nous ressentons réellement cette faim, la faim de la Parole de Dieu, faim de l’Eucharistie. Seul celui qui est attiré par Dieu le Père, qui l’écoute et qui se laisse instruire par Lui peut croire en Jésus, le rencontrer et se nourrir de Lui et trouver ainsi la vraie vie, la voie de la vie, la justice, la vérité, l’amour. Saint Augustin ajoute : « Le Seigneur… s’est présenté à nous comme le pain descendu du ciel, et nous a exhortés à croire en lui. Croire en lui, c’est manger le pain vivant. Celui qui croit, mange : il se nourrit invisiblement, parce qu’il renaît d’une manière invisible [à une vie plus profonde, plus vraie] ; c’est intérieurement un homme nouveau ». Demandons aujourd’hui cette grâce.

P. Luis Martinez V. E.

Institut du Verbe Incarné