DE QUELLE MANIÈRE L’HOMME EST LIBÉRÉ DE LA TENTATION?
A ce sujet, il faut remarquer ceci : le Christ nous enseigne à demander au Père non pas la grâce de ne pas être tentés, mais bien celle d’éviter de nous établir passivement dans l’état où nous met la tentation.
C’est en effet en surmontant et en dominant la tentation que l’homme mérite la couronne de gloire incorruptible (cf. 1 Co 9, 25 ; 1 Pierre 5, 4).
C’est pourquoi saint Jacques (1, 2) déclare : Considérez comme une joie extrême, mes frères, de buter sur toute sorte d’épreuves. Et l’Ecclésiastique nous avertit (2, 1) : Mon fils, en entrant au service du Seigneur, prépare votre âme à l’épreuve. Saint Jacques déclare encore (1, 12) : Heureux l’homme qui supporte la tentation : sa valeur une fois reconnue, il recevra la couronne de vie.
Ainsi donc, Jésus nous enseigne à demander au Père de ne pas nous laisser succomber à la tentation en donnant à cette tentation notre consentement.
Dieu est fidèle : il ne permettra pas que vous soyez éprouvés au-delà de vos forces. Mais avec l’épreuve il donnera le moyen d’en sortir et la force de la supporter dit saint Paul (1 Co 10, 13). Que l’homme soit tenté en effet est chose normale, mais qu’il consente à la tentation et s’y abandonne, cela ne l’est pas, mais lui vient du diable.
Mais objectera-t-on, puisque le Christ dit très précisément : Ne nous induisez pas en tentation, c’est-à-dire, ne soyez pas cause d’un entraînement et d’une entrée fatale dans la tentation, ne faut-il pas comprendre que c’est Dieu lui-même, plutôt que le diable, qui nous entraîne activement au mal ?
Il faut savoir que Dieu permet parfois le mal à cause de la liberté que l’homme ne sait bien utiliser. Un exemple c’est que Dieu retirera sa grâce, à cause des nombreux péchés de cet homme ; ce qui aura pour effet de faire tomber celui-ci dans le péché.
C’est pour être préservé d’un tel malheur, que le Psalmiste demande à Dieu dans sa prière (Ps. 70, 9) : Lorsque mes forces déclineront, Seigneur, ne m’abandonne pas.
Par contre, grâce à la ferveur de la charité qu’Il lui donne, Dieu conduit l’homme de telle manière qu’il ne soit pas induit en tentation. La charité en effet, si petite qu’elle soit, peut résister à n’importe quel péché. Car les grandes eaux (de la tentation) n’ont pu éteindre l’amour, dit le Cantique des Cantiques (8, 7).
Le Seigneur nous dirige aussi par la lumière de l’intelligence ; par elle, il nous montre les œuvres que nous devons accomplir. D’après le Philosophe Aristote, en effet, tout pécheur est un ignorant. Pour bien agir, David demandait cette lumière par ces paroles (Ps. 31, 8) : Seigneur, illumine mes yeux, que je ne m’endorme pas dans la mort. Que mon ennemi ne dise pas : j’ai triomphé de lui. Cette lumière nous vient par le don d’intelligence.
Si nous refusons notre consentement à la tentation nous gardons cette pureté du cœur, béatifiée par Jésus, en ces termes (Mt 5, 8) : Bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu ; et nous parviendrons à la vision de Dieu.
Commentaire au Notre Père
Saint Thomas d’Aquin
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