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“Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ?”

Dimanche de la Sainte Famille. Année C

Il y a une caractéristique chez la Sainte Famille présente dans toutes les lectures de cette Fête, dans les trois Cycles, c’est un seul mot : obéissance. Le Christ, dont nous célébrons la naissance, est venu dans le monde pour faire la volonté du Père et une telle obéissance, docile à l’inspiration de l’Esprit Saint, doit trouver donc une place dans chaque famille chrétienne.

L’obéissance est aussi présente évidement chez la Vierge Marie et saint Joseph ; ainsi, ce dernier obéit à l’ange et conduit le Fils et sa Mère en Égypte (année A) ; Marie et Joseph obéissent à la Loi en présentant l’Enfant au Temple (Année B) et en se rendant à Jérusalem pour la fête de la Pâque juive (année C). Jésus, pour sa part, obéit à ses parents terrestres mais le désir d’être dans la maison du Père est encore plus grand (Année C) .

Le verbe grec que Saint Luc utilise en 2,51 pour dire que Jésus « était soumis » à Joseph et Marie est « hypotasse ». Le verbe tásso signifie « ordonner », « établir » ; hypó est une préposition qui signifie “sous”, qui peut être exprimé en français avec le préfixe « sub ». Par conséquent, le sens premier de hypotasso est « être subordonné à ». Cela implique fondamentalement deux choses. La première, être en état permanent de subordination et sujétion. La seconde, l’obéissance concrète à des commandements particuliers.

Mais l’évangile de ce dimanche nous offre aussi les premiers mots que les évangiles mettent dans la bouche de Jésus et qui nous montrent une profonde conscience de soi même ; ce sont des paroles qui séparent Jésus de toute dépendance humaine et le mettent au-dessus de tout intelligence limitée, des mots qui indiquent déjà la direction de sa vie. Jésus connaît déjà sa vocation sur le seuil de sa jeunesse. Ce n’est pas sans raison que le récit se situe entre les deux mentions de la sagesse de Jésus (Luc 2 : 40,52) ; Jésus a la sagesse parce qu’il est le Fils de Dieu. « Le juste prétend avoir la science de Dieu et être appelé le fils du Seigneur »(Sab_2 : 13).

Nous pouvons dire que Jésus « avait subordonné son jugement, sa décision et sa propre affection » à ceux de Joseph et Marie. En ce sens, Jésus était « soumis » à ses parents. Cependant, n’oublions pas qu’avant de dire que Jésus était subordonné à ses parents terrestres, saint Luc raconte l’événement de la perte de l’Enfant au Temple ce que, précisément, nous lisons dans l’Évangile d’aujourd’hui.

Dans ce cas, il y a une tension qui n’est pas si facile à dénouer. À première vue, cela ressemble à une espèce de désobéissance de Jésus à ses parents terrestres. Cependant, Jésus lui-même défend son innocence et affirme que c’est un acte d’obéissance à notre Père céleste. Jésus répond par une double question : « « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? »?” (Lc 2,49). Ce « ne saviez-vous pas… ? » implique un aimable reproche. Cela signifie (dit très gentiment) : “Tu aurais dû savoir…” Saint Jean-Paul II dit qu’en posant cette question, Jésus fait référence à la prophétie que Siméon a faite à la Vierge Marie : “Une épée transpercera ton âme” (Lc 2,35). En fin de compte, la phrase de Jésus signifie : « Comme vous le savez, Je dois obéir à mon Père céleste avant vous ; Je dois être subordonné et soumis à mon Père Céleste avant tout. Et cela provoquera une grande épreuve dans ton âme et, par conséquent, une grande douleur ».

En définitive, Jésus est complètement subordonné à l’autorité qui est sur Lui, mais hiérarchiquement d’abord à Dieu ; ensuite aux hommes.

«« Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » Par cette expression, Jésus se réfère au temple. Jésus doit être dans les choses qui appartiennent à son Père. Le temple est consacré à Dieu, Dieu y est présent. Considérons aussi que Jésus appelle Dieu « Père ou plutôt « Papa » dans sa langue maternelle « Abba ». C’est l’expression par laquelle les jeunes enfants appelaient leur père charnel. Plus tard aussi, Jésus conservera cette désignation de Dieu. Il y a un besoin qui apparaît souvent dans la vie de Jésus, qui préside à son action (4,43), qui le conduit à la souffrance et à la mort et donc à sa gloire (9:22; 17:25). Ce besoin a sa raison d’être dans la volonté de Dieu consignée dans l’Écriture Sainte, volonté qu’il suit inconditionnellement.

Jésus doit être dans les choses de son Père. Il se réfère au temple, mais ne le mentionne pas. Avec sa venue, l’ancien temple perd sa place dans l’histoire du salut. Un nouveau temple vient prendre sa place ; le temple est là où a lieu la communion du Père et du Fils: « les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité » (Jn. 4,23) .

La Mission des Parents Chrétiens

En ce jour, où nous célébrons la sainte Famille et nous méditons sur la mission des parents de Jésus, nous parlerons un peu du rôle des parents chrétiens, suivant le Catéchisme de l’Eglise Catholique (n. 2221 ss.)

La fécondité de l’amour conjugal ne se réduit pas à la seule procréation des enfants, mais doit s’étendre à leur éducation morale et à leur formation spirituelle. ” Le rôle des parents dans l’éducation est d’une telle importance qu’il est presque impossible de les remplacer ” (GE 3). Le droit et le devoir d’éducation sont pour les parents primordiaux et inaliénables (cf. FC 36).

Les parents doivent regarder leurs enfants comme des enfants de Dieu et les respecter comme des personnes humaines. Ils éduquent leurs enfants à accomplir la loi de Dieu, en se montrant eux-mêmes obéissants à la volonté du Père des Cieux.

Les parents sont les premiers responsables de l’éducation de leurs enfants. Ils témoignent de cette responsabilité d’abord par la création d’un foyer, où la tendresse, le pardon, le respect, la fidélité et le service désintéressé sont de règle. Le foyer est un lieu approprié à l’éducation des vertus. Celle-ci requiert l’apprentissage de l’abnégation, d’un sain jugement, de la maîtrise de soi, conditions de toute liberté véritable. C’est une grave responsabilité pour les parents de donner de bons exemples à leurs enfants. En sachant reconnaître devant eux leurs propres défauts, ils seront mieux à même de les guider et de les corriger : ” Qui aime son fils lui prodigue des verges, qui corrige son fils en tirera profit ” (Si 30, 1-2). ” Et vous, pères, n’irritez pas vos enfants, élevez-les au contraire en les corrigeant et avertissant selon le Seigneur ” (Ep 6, 4).

Les parents enseigneront aux enfants à se garder des compromissions et des dégradations qui menacent les sociétés humaines.

Par la grâce du sacrement de mariage, les parents ont reçu la responsabilité et le privilège d’évangéliser leurs enfants. L’éducation à la foi par les parents doit commencer dès la plus tendre enfance. Elle se donne déjà quand les membres de la famille s’aident à grandir dans la foi par le témoignage d’une vie chrétienne en accord avec l’Evangile. Les parents ont la mission d’apprendre à leurs enfants à prier et à découvrir leur vocation d’enfants de Dieu (cf. LG 11).

Les enfants à leur tour contribuent à la croissance de leurs parents dans la sainteté (cf. GS 48, § 4). Tous et chacun s’accorderont généreusement et sans se lasser les pardons mutuels exigés par les offenses, les querelles, les injustices et les abandons. L’affection mutuelle le suggère. La charité du Christ le demande (cf. Mt 18, 21-22 ; Lc 17, 4).

Premiers responsables de l’éducation de leurs enfants, les parents ont le droit de choisir pour eux une école qui correspond à leurs propres convictions. Ce droit est fondamental. Les parents ont, autant que possible, le devoir de choisir les écoles qui les assisteront au mieux dans leur tâche d’éducateurs chrétiens (cf. GE 6). Les pouvoirs publics ont le devoir de garantir ce droit des parents et d’assurer les conditions réelles de son exercice.

En devenant adultes, les enfants ont le devoir et le droit de choisir leur profession et leur état de vie. Ils assumeront ces nouvelles responsabilités dans la relation confiante à leurs parents dont ils demanderont et recevront volontiers les avis et les conseils. Les parents veilleront à ne contraindre leurs enfants ni dans le choix d’une profession, ni dans celui d’un conjoint. Ce devoir de réserve ne leur interdit pas, bien au contraire, de les aider par des avis judicieux, particulièrement lorsque ceux-ci envisagent de fonder un foyer.

Que la Sainte Famille bénisse toutes la familles de ce monde.

P. Luis Martinez IVE.

L’Époux de Marie

La Sainte Écriture insiste sur point : saint Joseph est l’époux Marie. « Et Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus qui est appelé Christ » (Math., I, 16). C’est avec raison. De là, pour Joseph, des conséquences extrêmement importantes : de là, tout d’abord, la triple relation qui l’unit Marie.

Premièrement, saint Joseph est l’époux Marie en raison du lien conjugal contracté avec elle. L’Écriture Sainte est formelle à ce sujet (Matth., I, 16, 24 ; Luc, I, 27 ; II, 48). Dans cette union, les Pères et les théologiens sont unanimes à reconnaître un mariage véritable ; les expressions dont se sert l’Évangile l’indiquent et, d’ailleurs, toutes les conditions requises pour mariage sont réunies : le don que les époux se font réciproquement d’eux-mêmes pour le but du mariage, la signification spirituelle du mariage, symbole de l’union de Jésus-Christ avec l’Église (Ephes. V, 32), et enfin l’enfant. Pour Joseph, cette union fut un grand bonheur, un honneur incomparable, le principe d’inestimables avantages. Le mariage n’est point seulement l’union matérielle ; il produit l’unité des cœurs, des esprits, des sentiments et des affections ; c’est, entre les époux, la communication mutuelle des biens, des honneurs, des dignités, sur le fondement de l’amitié et de l’égalité.

L’Apôtre nous dit : « L’homme est le chef de la femme » (I Cor., XI, 3). Marie appartenait donc à Joseph avec tout ce qu’elle possédait. Joseph eut tout son respect, toute sa soumission, tout son amour. Ce mariage n’assurait pas seulement à Joseph le privilège de vivre chaque jour dans la société de Marie, la plus pure et la plus sainte des créatures, d’être continuellement le témoin de ses admirables vertus, d’être associé en quelque sorte à ses biens spirituels : il lui donnait l’honneur et le bonheur d’être, en vérité, le père du Sauveur. Cette paternité, qui est la mission providentielle de Joseph, sa mission officielle dans le royaume de Dieu, a son véritable fondement, précisément, dans le mariage contracté avec Marie. Sans ce mariage, la paternité de Joseph ne serait qu’une paternité adoptive, tandis que, grâce à lui, Joseph est en toute vérité, devant Dieu et devant les hommes, le père de Jésus, le père légal de Jésus, parce qu’en vertu du lien conjugal, il se fait, entre les époux, un échange de tous le biens, échange mutuel, entier, juridique. Ce que Marie possédait appartenait de droit à Joseph en raison de la communauté des biens : donc, avec Marie, le fils de Marie, quelque miraculeuse que fût cette maternité, Jésus appartenait à Joseph, son père légal. On peut même aller plus loin et dire que, sans ce mariage, de même que la paternité de Joseph n’eût été ni aussi vraie, ni aussi réelle, de même, du moins dans l’ordre actuel des choses, Marie ne fût point devenue la Mère de Dieu. D’après le plan divin, en effet, le mariage entre Joseph et Marie était le moyen choisi pour introduire le Sauveur en ce monde. Cette union est donc un mystère vraiment divin et tous les biens devaient en résulter pour nous.

Deuxièmement, Joseph n’est pas seulement l’époux de Marie : il est aussi le gardien et le témoin de sa virginité. Nous l’avons vu : la virginité de ces deux époux, aussi bien que l’union contractée par eux, rentrait essentiellement dans le plan divin de l’Incarnation. Il fallait donc que Joseph fût tout ensemble, et l’époux de Marie et le gardien de sa virginité, comme il le fut en réalité. C’est en ce sens qu’un grand orateur disait : « La fidélité de ce mariage consiste à se garder l’un à l’autre la parfaite intégrité qu’ils se sont promise. Voilà les promesses qui les assemblent, voilà le traité qui les lie. Ce sont deux virginités qui s’unissent pour se conserver l’une et l’autre[1]. » Ce mariage, dans l’intention de Dieu, avait pour but la conception et la naissance de Jésus ; voilà pourquoi Joseph devait épouser la Mère de Dieu qui, à ce titre et selon les oracles, devait rester éternellement vierge : il le fallait afin que, le Fils de Dieu n’ayant pas de père ici-bas, sa naissance dans le temps fût une image plus belle de sa naissance éternelle où il n’a pas de mère, puisque le Père seul l’engendre au sein de la Divinité. Marie et Joseph sont deux astres unissant leurs rayons les plus purs pour briller avec plus d’éclat devant Dieu, conformément à ses intentions. Et ce mariage, mieux que tout autre, devient, par sa pureté même, l’image de l’union de Jésus-Christ avec l’humanité et avec l’Église.

Saint Joseph n’a pas été seulement le respectueux gardien de la Vierge ; il fut un témoin non suspect, en raison même de l’union contractée avec Marie. S’il hésita à la prendre dans sa demeure comme son épouse, c’était uniquement parce qu’il ne savait comment concilier, en Marie, la virginité et la maternité. Une intervention céleste le tira de cette perplexité : un ange apparut à Joseph, il le rassura, et tout fut expliqué. Sur cette révélation divine, notre saint devint lui-même le témoin irrécusable de la virginité de Marie ; c’est ce que Dieu voulait en permettant un doute si pénible. Pour défendre la Vierge et la venger des calomnies des hérétiques, les Pères en appellent toujours au témoignage de Joseph. Comme le chérubin avec son glaive de feu défendait le Paradis terrestre, Joseph défend l’honneur de la Vierge ; et c’est là, pour Marie, un nouveau motif d’aimer son virginal époux, de se montrer reconnaissante envers lui. Marie est, par excellence, « l’épouse de l’Esprit-Saint », non seulement à cause de la grâce sanctifiante qu’elle possède dans une telle plénitude, mais encore parce que, en elle et par elle, l’Esprit-Saint a opéré le mystère de l’Incarnation. En ce sens plus élevé, l’Esprit-Saint est, d’une manière spéciale, l’Époux de Marie, et saint Joseph, sans rien perdre de son titre, est « l’ami de l’Époux ».

Remarquons-le : partout où se prépare une œuvre importante, nous rencontrons la pureté et la virginité ; sans elles, rien de grand ne s’accomplit dans l’ordre surnaturel. Sans elles, un Dieu n’a point voulu se faire homme : l’Enfant divin est, pour ainsi dire, la fleur et le fruit de la virginité. La pureté virginale est donc une chose belle et glorieuse ! Elle vient de Dieu, elle incline Dieu jusqu’à nous, c’est par elle que la Divinité s’unit à l’humanité. D’après les saints Pères, la virginité est l’incorruptibilité dans une chair naturellement misérable ; elle nous fait ressembler aux esprits célestes ; elle est, dans l’homme, le reflet de l’éternelle beauté. Lorsque Dieu la découvre en nous, il oublie notre néant. Voilà pourquoi il se choisit un père et une mère qui sont vierges, et il fait ses délices d’habiter avec eux (Cant., II, 16).

Troisièmement, – et ce nouveau rapport qui unit Joseph à Marie est une conséquence de l’honneur qui lui appartient d’être l’époux de la Vierge bénie – la fin du mariage étant l’enfant, cette fin, nous l’avons vu, s’est réalisée, pour Joseph, d’une manière admirable et bien supérieure, par la conception virginale du Sauveur. Mais l’union conjugale a aussi un autre but : la communauté de la vie, l’appui mutuel, une sollicitude réciproque de tous les instants. Saint Joseph fut le compagnon fidèle de la Mère de Dieu, son soutien affectueux, son consolateur dévoué. La vie de Marie devait être la vie de la Mère d’un Dieu qui n’était point venu en ce monde pour goûter la joie et jouir des honneurs, mais pour nous racheter par les travaux, par les souffrances, par la croix. C’est dire que Marie, associée à cette mission, devait trouver en Joseph un secours et un appui. Et, de fait, nous voyons la Sainte Famille sinon dans le dénuement absolu, du moins dans une pauvreté telle que Marie et Joseph, descendants d’une race royale, doivent travailler de leurs mains pour assurer à l’Enfant le pain de chaque jour ; nous la voyons, à cause de cet Enfant, fuir de puissants persécuteurs et, au prix de mille fatigues, s’exiler sur une terre étrangère. Évidemment, il fallait, en ces conjonctures, de la décision et de l’énergie ; il fallait aide et protection. Marie, la douce et tendre Mère, trouva ce secours en Joseph qui fut son guide, son soutien, sa défense. Comme autrefois Israël voyagea dans le désert, conduit et protégé par la mystérieuse colonne de nuées ; ainsi la Sainte Famille, sous la garde vigilante de Joseph, va de Nazareth à Bethléem, à Jérusalem, en Egypte. Voilà pourquoi les mosaïques anciennes nous représentent toujours saint Joseph un bâton à la main : c’est l’emblème du protecteur de Jésus et de Marie.

Et dans l’humble demeure de Nazareth, quelle douceur, quelle paix, quelle charmante intimité sous la conduite paternelle de notre saint ! Tout s’inspire de la profonde vénération dont Joseph entoure la Mère du Sauveur. Nous avons une preuve frappante de ces sentiments de respect dans la pénible épreuve dont nous avons parlé et qui ne fit que resserrer les liens de l’affection entre les deux époux. Au témoignage d’un écrivain ecclésiastique, plutôt que de se permettre le moindre soupçon à l’égard de Marie, saint Joseph aurait cru à un miracle. Combien son respect et sa vénération durent grandir encore lorsqu’il sut qu’en Marie il pouvait vénérer la très sainte Mère de Dieu !

L’amour naissait de cette mutuelle estime. Ici, la nature et la grâce se réunissaient pour accroître cet amour : la grâce et la sainteté de Marie, la délicatesse du cœur de Joseph, la conscience d’accomplir un devoir et de se conformer à la volonté de Dieu. Après Dieu et le divin Enfant Joseph n’avait rien de plus cher que Marie. L’Esprit-Saint était lui-même le lien qui unissait les cœurs.

L’amour, ainsi compris, donne toujours la joie et la paix. Rien ne troublait le calme du sanctuaire de Nazareth. Toute épreuve, toute souffrance venue du dehors s’arrêtait en quelque sorte au seuil de ce foyer béni, sans troubler la paix de ces cœurs qui, en toutes choses, ne voyaient et ne voulaient que le bon plaisir de Dieu ; Marie elle-même et Jésus pouvaient s’édifier en admirant la vertu si calme, si humble de Joseph, sa pureté, sa sainteté. Dans l’intimité de Jésus Enfant et de son saint Époux, Marie n’avait plus à regretter le temple de Jérusalem où ses premières années s’étaient écoulées dans d’ardentes aspirations à Dieu, au Dieu de son cœur. Elle avait maintenant mieux que l’arche d’alliance, mieux que le grand-prêtre ! Avec quelle perfection, avec quelle conformité aux desseins de Dieu, saint Joseph remplissait tous ses devoirs à l’égard de la Sainte Famille, à quel point sa sagesse, sa pureté et sa sainteté ravissaient le cœur de Marie, ce qui le démontre éloquemment c’est que cette Vierge bénie, qui surpasse en excellence toutes les créatures, se confiait spontanément, sans réserve, avec l’abandon d’un enfant, à la conduite de Joseph: avec la fiancée du Cantique, elle pouvait dire : « Je me suis assise à l’ombre de celui que j’avais désiré » (Cant., II, 3). Comme jadis, aux jours heureux de Salomon, l’Israélite vivait en toute sécurité à l’ombre de son figuier et de sa vigne, ainsi Jésus et Marie vivaient sans crainte sous l’affectueuse protection de saint Joseph.

Par les quelques réflexions réunies dans ce chapitre nous avons tenté de faire comprendre tout ce que peuvent renfermer ces simples mots du texte évangélique : « Et Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus qui est appelé Christ » (Mt. I, 16).

Saint Joseph, dans la Vie de Jésus-Christ et dans la Vie de l’Eglise

R. P. M. Meschler S. I.


[1] BOSSUET, Œuvres, III, Paris, 1841, Firmin-Didol, p. 413.