“Elle conservait toutes ces choses, les méditant dans son cœur”

Sainte Marie Mère de Dieu

L’Eglise nous invite à méditer ce premier jour de l’année ces trois lectures de la bible qui, bien qu’elles semblent parler des sujets différents entre elles, gardent pourtant une relation très étroite.

Ils invoqueront ainsi mon nom sur les fils d’Israël, et moi, je les bénirai. Il s’agit de la bénédiction sacerdotale, que nous avons écoutée dans la première Lecture : « Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il se penche vers toi ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix ! » (Nb 6, 24-26). Cette bénédiction fut confiée par Dieu, à travers Moïse, à Aaron et à ses fils, c’est-à-dire aux prêtres du peuple d’Israël. C’est un triple vœu plein de lumière, qui provient de la répétition du nom de Dieu, le Seigneur, et de l’image de son visage. En effet, pour être bénis, il faut demeurer en présence de Dieu, recevoir sur soi son Nom et rester dans lumière qui part de son visage, dans l’espace illuminé par son regard, qui répand grâce et paix.

C’est aussi ce qu’ont fait les bergers de Bethléem, qui apparaissent encore dans l’Évangile d’aujourd’hui. Ils ont fait l’expérience de demeurer en présence de Dieu, de sa bénédiction, non pas dans la salle d’un palais majestueux, devant un grand souverain, mais dans une étable, devant un « nouveau-né couché dans une mangeoire » (Lc 2, 16).

C’est justement de cet enfant que rayonne une lumière nouvelle, qui resplendit dans l’obscurité de la nuit, comme nous pouvons le voir sur de nombreux tableaux qui représentent la Nativité du Christ. C’est de lui, désormais, que vient la bénédiction : de son nom – Jésus, qui signifie « Dieu sauve » – et de son visage humain, en qui Dieu, le tout-puissant Seigneur du ciel et de la terre, a voulu s’incarner, cacher sa gloire sous le voile de notre chair, pour nous révéler pleinement sa bonté (cf. Tt 3, 4). Voilà donc comment la première lecture s’unisse à l’Evangile, le nom de Dieu sauve, « Dieu sauve » comme signifie aussi le nom de Jésus, les prêtres invoqueront mon nom sur les fils d’Israël (l’Eglise), et moi, je les bénirai.

En effet, le passage de l’Evangile d’aujourd’hui se termine par l’imposition du nom du Jésus, tandis que Marie participe en silence, en méditant dans son cœur, au mystère de son Fils qui, de façon tout à fait particulière est un don de Dieu.

Nous devons invoquer le nom de Dieu, le nom de son Fils pour que Dieu ne cesse de nous illuminer de sa lumière, qui éclaire notre marche vers Lui, cette conversion de chaque jour, aujourd’hui au début de cette nouvelle année, nous implorons encore une foi, que la lumière de Jésus nous illumine pour pouvoir vaincre les ténèbres du péché qui sont encore dans nos vies.

Dans la deuxième lecture, saint Paul nous rappelle que grâce à Marie, le Fils de Dieu, «né d’une femme » (Ga 4, 4), a pu venir au monde comme un homme véritable, dans la plénitude du temps. Comme le Pape Benoît  avait dit: dans le Verbe fait chair, Dieu a dit sa dernière Parole, sa Parole définitive. À bien des reprises, Dieu, dans le passé, a parlé à nos pères par les prophètes ; à la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a parlé par son Fils, c’est l’antienne avant l’évangile, une phrase prise de la lettre aux hébreux.

Au seuil d’une année nouvelle, résonne ainsi l’invitation à cheminer avec joie vers la lumière de «l’Astre d’en haut» (Lc 1, 78), parce que dans la perspective chrétienne tout le temps est habité par Dieu, il n’y a pas d’avenir qui ne soit orienté vers le Christ et il n’existe pas de plénitude en dehors de celle du Christ. Et nous devons nous convaincre de cela : en Jésus-Christ nous avons la plénitude de la Révélation, la plénitude de la grâce.

Mais, nous célébrons dans ce jour la Vierge Marie Mère de Dieu, si profondément liée aux fêtes de Noël, ce titre est fondamental et sous lequel la Communauté des croyants honore, on peut dire depuis toujours, la Sainte Vierge.

Il exprime bien la mission de Marie dans l’histoire du salut. Tous les autres titres qui sont attribués à la Vierge trouvent leur fondement dans sa vocation à être la Mère du Rédempteur, la créature humaine élue par Dieu pour réaliser le plan du salut, centré sur le grand mystère de l’incarnation du Fils de Dieu.

Nous pensons par exemple au privilège de l'”Immaculée Conception”, c’est-à-dire au fait qu’elle a été conçue sans péché : Marie fut préservée de toute tache de péché, car elle devait être la Mère du Rédempteur. Si nous pensons au mystère de l'”Assomption”: Celle qui avait engendré le Sauveur ne pouvait pas être sujette à la corruption dérivant du péché. Et nous savons que tous ces privilèges ne sont pas accordés pour éloigner Marie de nous, mais au contraire pour la rendre proche; en effet, étant totalement avec Dieu, cette Femme est très proche de nous et nous aide comme une mère et comme une sœur. Précisément si elle est la Mère du Rédempteur, de la Tête de l’Eglise, Marie est également la Mère du Corps mystique du Christ, qui est l’Eglise, elle est Mère de l’Eglise.

Parce qu’elle est la Mère de l’Eglise, la Vierge est également la Mère de chacun de nous, qui sommes les membres du Corps mystique du Christ. De la Croix, Jésus a confié sa Mère à chacun de ses disciples et, dans le même temps, il a confié chacun de ses disciples à l’amour de sa Mère. C’est cela que l‘évangéliste Jean veut signifier avec ces paroles dites au moment de la Croix, au Calvaire ; lorsque le Seigneur lui donne à Marie pour mère, il ajoute:  “Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui” (Jn 19, 27). Telle est la traduction du texte grec :  “èis tà ìdia”, il l’accueillit dans sa propre réalité, dans son propre être, elle fait désormais partie de sa vie et les deux vies deviennent étroitement liées ; et cette façon de l’accepter dans sa propre vie (èis tà ìdia) est le testament du Seigneur. Au moment suprême de l’accomplissement de la mission messianique, Jésus laisse donc à chacun de ses disciples, comme héritage précieux, sa propre Mère, la Vierge Marie.

Mais, nous revenons à l’évangile de ce jour, nous revenons à la crèche de Bethléem, nous voyons Marie, la Mère à côté de son Enfant.

L’évangéliste Luc dit et il le répète d’autres fois dans les évangiles, que la Vierge méditait en silence sur ces événements extraordinaires auxquels Dieu lui avait fait prendre part. “Quant à Marie, elle conservait avec soin toutes ces choses, les méditant dans son cœur” (Lc 2, 19). Et l’on fait recours encore une fois à la langue grecque, le texte dit qu’elle conservait, dans la langue originelle c’est le mot “sumbállousa” signifie littéralement « mettre ensemble » et fait penser à un grand mystère à découvrir peu à peu.

L’Enfant qui pleure dans la mangeoire, bien que semblable en apparence à tous les enfants du monde, est dans le même temps très différent:  il est le Fils de Dieu, il est Dieu, et vrai homme. Ce mystère – l’incarnation du Verbe et la maternité divine de Marie- est grand et assurément difficile à comprendre avec la seule intelligence humaine.

Tout en imitant la Vierge Marie, il nous est possible de saisir avec le cœur, ce que les yeux et l’esprit ne parviennent pas à percevoir seuls, ce qu’ils ne peuvent pas contenir. Il s’agit en effet d’un don si grand que ce n’est que dans la foi qu’il nous est donné de l’accueillir, même en ne le comprenant pas parfaitement, c’est Elle, la mère de Dieu qui vient à notre aide. Elle est mère parce qu’elle a engendré Jésus dans la chair; elle l’est parce qu’elle a totalement adhéré à la volonté du Père. Saint Augustin écrit:  « La maternité divine n’aurait pour elle été d’aucune valeur si elle n’avait pas porté le Christ dans son cœur »

Nous demandons au Seigneur la grâce de regarder toute notre vie avec les yeux de la foi, de mettre ensemble tous les événements qui se succéderont au long cette année, de voir en eux la mystérieuse mais paternelle main de Dieu.

Recueil de pensées du pape Benoît XVI

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