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Où la Bible dit-elle que Marie a été enlevée au ciel ou qu’elle a été conçue sans péché originel ?

Nous, les chrétiens catholiques, soutenons avec différents fondements que les sources de la Révélation sont au nombre de deux : la Parole écrite et orale de Dieu ; c’est-à-dire, la Bible et la tradition. Sur leur base, le magistère, selon les besoins des temps (dans de nombreux cas, les diverses hérésies qui émergeaient) et la maturation théologique, a solennellement proclamé que telle ou telle vérité a été révélée par Dieu et qu’elle est contenue dans certaines affirmations bibliques, et elles ont toujours été comprises dans ce sens par l’Église (la Tradition).

Ayant cela à l’esprit, nous pouvons dire que le fondement pour soutenir les vérités considérées sur ce point (l’Immaculée Conception et l’Assomption de Marie) a été exposé par les papes dans les documents dont ces dogmes ont été proclamés.

Quant à l’immunité du péché originel (l’Immaculée Conception de Marie), il y a deux points d’appui dans l’Ecriture Sainte.

Le premier texte est le passage classique du livre de la Genèse 3,15, (le Seigneur Dieu dit au serpent : Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance : celle-ci te meurtrira la tête, et toi, tu lui meurtriras le talon); si l’on comprend ce passage en référence au Christ, comme la descendance de la femme contre laquelle la descendance du serpent fera hostilité, il faut donc voir dans la « femme » dont procède la descendance, non seulement Eve, mais de façon immédiate, Marie, mère de Jésus. Si l’inimitié est totale, elle doit exclure (c’est ainsi que la tradition l’a compris) toute connivence avec le péché, puisque « celui qui pèche est esclave », comme dit Jésus (cf. Jn 8, 34) ; par conséquent, non seulement la lignée de la femme, mais la femme elle-même qui est la mère de cette lignée doit être exempte de tout péché. Cela ne peut pas être accompli par Eve, mais oui par Marie.

Dans le Nouveau Testament, le fondement est le passage de l’Annonciation, dans lequel l’ange appelle Marie avec le mot grec « kejaritôménê » (Lc 1,28). Ce mot signifie que Marie a, de manière stable, la grâce qui correspond à sa dignité de Mère de Dieu. La réflexion de la foi a découvert que cette grâce est une « plénitude de grâce ». De plus, la seule plénitude qui correspond vraiment à la dignité de la Mère de Dieu est celle qui est acquise dès le premier instant de l’existence, c’est-à-dire une sainteté totale qui englobe toute l’existence de Marie. (Cf. Cándido Pozo, María en la obra de la salvación, BAC, Madrid 1974, p. 298)

Ces sont les fondements ; évidemment ils ne se suffisent pas à eux-mêmes, et l’Église ne prétend pas non plus qu’ils le soient ; il y a aussi l’interprétation de toute la tradition de l’Église et du magistère en particulier.

Dès le deuxième siècle apparaissent des formules qui indiquent l’association intime de Marie et du Christ Rédempteur dans la lutte contre le diable. L’idée est exprimée dans le parallélisme Eve-Marie, associé au nouvel Adam (aucun protestant n’a le droit de penser que, si  existe un parallélisme entre Christ/Adam et Marie/Nouvelle Eve, alors son péché serait donc suggéré parce qu’Eve a péché et puisque le même parallélisme pose en symbole semblable et complémentaire, Adam et le Christ, donc, si Adam est une figure du Christ, non pas en tant que péché mais en tant que principe, il en est de même pour Eve en tant que figure de Marie, comme mère des vivants “dans la grâce”). Nous avons des textes à ce sujet déjà au deuxième siècle, de saint Justin, saint Irénée, etc. Au IVe siècle, le thème de la plénitude de la grâce en Marie est davantage cultivé, avec de beaux textes de saint Ambroise, saint Augustin, saint Maxime de Turin (qui dit, par exemple, « Marie, habitation tout à fait convenable au Christ, non à cause de la qualité du corps mais par la grâce originelle »), etc. Au fil des siècles, la conscience s’éclaircit. Les textes peuvent être consultés dans des ouvrages spécialisés. Ce qui est digne de considération, c’est qu’il existe des témoignages d’une fête consacrée à la Conception de Marie à la fin du VIIème. siècle ou au début du VIIIème.

La polémique entre théologiens catholiques à ce sujet est très importante, née vers les XII-XIVème. siècles, à la suite de théories qui considèrent que l’affirmation de l’immaculée conception de Marie impliquerait que Notre-Dame n’aurait pas été rachetée. Une conception immaculée qui s’oppose à la rédemption universelle du Christ ne peut être acceptée par la vérité catholique ; à partir de ce fait, certains théologiens, pensant que les deux vérités étaient incompatibles – à moins que le magistère authentique n’ait déclaré le mode mystérieux de cette compatibilité – étaient enclins à nier cette vérité, disant que Marie aurait été conçue avec le péché originel, mais immédiatement, dans le premier moment, elle en aurait été purifiée par le Saint-Esprit. Il faut se rappeler que, parallèlement à cette polémique, les gens simples, pressentant le mystère, ont continué à professer cette vérité, ignorants les difficiles spéculations théologiques. A partir du XVème. siècle, cette vérité est sereinement professée, même des nombreuses universités (comme celles de Paris, Cologne, Mayence, etc.) imposent le serment de défendre l’Immaculée Conception avant la collation des diplômes universitaires. Il est également à noter que le concile schismatique de Basiela (année 1439) a défini la doctrine de l’Immaculée Conception comme un dogme de foi. Le Concile de Trente précise explicitement que son admirable décret sur le péché originel ne cherche pas à toucher au thème particulier de Marie (Cf. DS 1516). Enfin, il y a la définition dogmatique de Pie IX, précisant que Marie est immaculée et la première rachetée (rachetée par anticipation ; par application anticipée des mérites du Christ, et que cette doctrine est révélée par Dieu) (Cf. DS 2803).

En ce qui concerne l’assomption de Marie, c’est-à-dire la doctrine qui dit que Marie, après sa vie terrestre a été emportée en corps et âme au ciel (sans définir si elle est passée par la mort – ce à quoi penchent la plupart des théologiens- ou par un état de sommeil ), trouve ses fondements bibliques aussi dans le texte du livre de la Genèse 3,15, déjà cité, puisqu’il se fonde sur l’association la plus parfaite de Marie avec le Christ dans tous ses mystères (l’incarnation, où son consentement est demandé ; la naissance ; son accompagnement dans la vie publique ; le début de ses œuvres aux noces de Cana ; sa présence au pied de la Croix ; sa présence à la Pentecôte, etc.), qui invitent à considérer son association avec le mystère de la mort de son Fils ( pour de nombreux théologiens, comme je l’ai dit), sa résurrection et son ascension au ciel et son couronnement. Le texte de l’Apocalypse 12,1 (« Un grand signe apparut dans le ciel : une femme vêtue de soleil, la lune sous ses pieds et une couronne de douze étoiles sur la tête ») est aussi généralement invoqué, bien que ce texte s’applique aussi à l’Église et à l’Israël de Dieu.

Le pape Pie XII, dans la Constitution apostolique “Munificentissimus Deus”, a procédé de manière mixte, à travers un argument qui faisait appel à : (a) que les Pères du IIème. siècle affirment une union spéciale de Marie, la Nouvelle Eve, avec le Christ, le Nouvel Adam, dans la lutte contre le diable ; (b) dans Gén. 3,15, le combat de Christ contre le diable devait se terminer par une victoire totale sur le diable ; (c) selon saint Paul (cf. Rm. 5-6; 1Co 15,21-26; 54-57), la victoire du Christ contre le diable était victoire sur le péché et sur la mort; (d) par conséquent, nous devons affirmer une participation spéciale de Marie – qui devrait être pleine, si son association avec le Christ était pleine – se terminant par sa propre résurrection et son triomphe sur la mort.

Ceci est corroboré par des témoignages de la tradition la plus ancienne, tant par les Pères de l’Eglise ainsi que par la liturgie de l’Église (la fête de la Dormition est célébrée à Jérusalem dès le VIème. siècle et à Constantinople vers 600), etc. Voir pour tous ces témoignages, les textes indiqués ci-dessus.

Les protestants peuvent être en désaccord avec ces enseignements, mais ils doivent reconnaître que leurs négations systématiques sont plus récentes dans le temps que les témoignages de la même tradition. Pour cette raison, les premiers apologistes les appelaient les “innovateurs” ou inventeurs de doctrines.

P. Miguel A. Fuentes, IVE . ¿En dónde dice la Biblia que…? Respondiendo las principales objeciones de las sectas y de los protestantes”, EDVE, San Rafael 2005, pp. 142-147.

Article traduit par notre site

“IL A BIEN FAIT TOUTES CHOSES “

Lire l’évangile de ce dimanche (Mc 7, 31-37)

L’évangile de ce dimanche nous présente un miracle, une guérison d’un sourd- muet ; en vérité, dans la langue grecque (langue dans laquelle les évangiles ont été écrits), il s’agissait plutôt d’un sourd qui ne parlait pas bien, c’est-à-dire qu’il était bègue, ce qui est tout à fait normal pour ceux qui sont sourds de naissance, car ils peuvent parler, mais ils ne savent pas comment le faire. Il est important de retenir cela car chaque mot de l’évangile a un sens précis.

Les évangiles racontent beaucoup de miracles du Seigneur, mais dans peu de miracles on retrouve tous les gestes qu’Il fait dans celui d’aujourd’hui. On peut donc se demander pourquoi Il  a fait ces gestes avec ce sourd de l’évangile ?

Saint Ambroise dit «etiam gesta Verbi, verba sunt», « les gestes de la Parole (le Verbe) de Dieu sont aussi paroles », cela veut dire que même les gestes du Christ nous laissent un enseignement.

Le Seigneur en a fait une claire référence à ce qu’est la foi. En fait, l’Eglise a toujours vu dans ces gestes apparemment étranges que Jésus accomplit sur le sourd-muet (il met les doigts dans ses oreilles et lui touche la langue) un symbole des sacrements grâce auxquels il continue de « nous toucher » physiquement pour nous guérir spirituellement, surtout du baptême à travers lequel il nous ouvre à la vie de la foi. Pour cette raison, lors du baptême, le prêtre accomplit sur la personne qui reçoit le baptême les gestes que Jésus avait déjà accomplis sur le sourd-muet : il lui met le doigt dans les oreilles et lui touche le bout de la langue, en répétant la parole de Jésus : Effata, ouvre-toi !

Les Pères de l’Eglises (dont Augustin, Chrysostome, Jérôme) interprétaient dans chacun de ces signes notre chemin de conversion à la foi, la naissance à la foi du chrétien ; la foi vient de la prédication entendue, dit saint Paul, c’est-à-dire qu’elle rentre par l’ouïe. Le Seigneur l’amène à l’écart et lui touche les oreilles (symbole de la préparation au Catéchisme), Il regarde vers le Ciel (la foi est une grâce de Dieu, un cadeau), Il touche la langue avec sa salive (la Parole de Dieu) et gémit (cela signifie la Passion, ce que notre rédemption a couté au Seigneur).

Alors, si nous parlons de la foi, de notre foi, il faut être toujours attentif. Attentif à ce que notre foi ne se corrompe pas, ou bien qu’elle devienne une chose différente de ce qu’elle est. On a dit tout à l’heure que la foi est une grâce que Dieu donne librement à chacun de nous, mais ce cadeau de Dieu, il faut le protéger, il faut éviter que par notre négligence, notre foi s’affaiblisse et se perde. Il est nécessaire d’éviter que par notre faute, la foi chrétienne soit délaissée, et devienne plutôt un mélange de croyances ; nous devons protéger notre foi afin que comme dit saint Paul aux Ephésiens (4,14) : nous ne soyons plus des enfants, flottants et emportés à tout vent de doctrine, par la tromperie des hommes, par leur astuce pour induire en erreur.

Il est vrai que notre foi doit progresser, mais il faut savoir comment, dans quel sens elle doit progresser aujourd’hui.

Il est intéressant de relire un texte d’un père de l’Eglise, appelé saint Vincent de Lérins du cinquième siècle. Il disait : « Ne peut-il y avoir, dans l’Eglise du Christ, aucun progrès de la religion ? Si, assurément, et un très grand. A condition du moins qu’il s’agisse d’un véritable progrès dans la foi, et non d’un changement. Car il y a progrès quand une réalité s’amplifie en demeurant elle-même : mais il y a changement si elle se transforme en une autre réalité. Il faut donc qu’en chacun et en tous, en chaque homme aussi bien qu’en Eglise entière au cours des âges et des générations, l’intelligence, la science, et la sagesse croissent et progressent fortement dans le même sens, selon les mêmes dogmes et la même pensée.
Que la religion imite donc la croissance du corps dont les éléments évoluent et se développent au rythme des années, mais demeurent eux-mêmes…Il en va de même pour les dogmes de la religion chrétienne : la loi de leur progrès veut qu’ils se consolident avec le temps et grandissent au loin des âges…
Nos ancêtres ont jadis ensemencé le champ de l’Eglise avec le blé de la foi. Il est normal et il convient que la fin ne renie pas l’origine, et qu’au moment où le blé de la doctrine a levé, nous moissonnions l’épi du dogme. Ainsi, lorsque le grain des semailles a évolué avec le temps, rien cependant ne change des caractères propres du germe.»

Notre foi est essentiellement la même, c’est la foi que custodie l’Eglise, c’est la foi que nous ont transmise les Papes et les Conciles de l’Eglise.

Pour nous, cela nous demande aussi un examen, comment nous protégeons notre foi, si c’est avec un cœur droit qu’on accepte ce que l’Eglise nous enseigne, si nous vivons comme  l’Apôtre Saint Jacques le dit : « Montre-moi ta foi sans les œuvres et moi, je te montrerai ma foi par mes œuvres ».

Demandons la grâce, à la très sainte Vierge Marie, de grandir chaque jour dans la foi.

P. Luis M. Martinez

Monastère « Bienheureux Charles de Foucauld »

Institut du Verbe Incarné