Celle-ci doit être a) confiante, b) droite, c) ordonnée, d) dévote et e) humble.
a) La prière doit être confiante, comme le dit la lettre aux Hébreux (4, 16) : Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce, afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce pour un secours opportun.
La prière doit aussi procéder d’une foi sans défaillance, d’après saint Jacques (1, 6) : L’un de vous, déclare-t-il, manque-t-il de sagesse, qu’il la demande à Dieu…, mais qu’il la demande avec foi, sans hésitation aucune.
Pour plusieurs raisons, le Notre Père est la prière la plus sûre, la plus confiante.
N’est-elle pas, en effet, l’œuvre de notre avocat, du plus sage des orants, de celui qui possède tous les trésors de la sagesse (cf. Col 2, 3),
Saint Cyprien écrit dans son traité de l’oraison dominicale ( c’est à dire la Prière du Seigneur): « Comme nous avons le Christ comme avocat auprès du Père pour nos péchés, dans nos demandes de pardon pour nos fautes, présentons en notre faveur les paroles de notre avocat. »
Nous avons une autre raison pour savoir que cette prière est toujours exaucée, c’est parce que Celui qui, avec son Père, écoute favorablement cette prière, est le même qui nous l’a enseignée.
« C’est faire au Seigneur une prière amie, familière et dévote, dit saint Cyprien, que de s’adresser à lui en reprenant ses propres paroles. »
Aussi nous en tirons toujours quelque fruit, selon saint Augustin, par elle Dieu nous pardonne les péchés véniels.
b) Notre prière doit, en deuxième lieu, être droite, c’est-à-dire qu’elle doit nous faire demander à Dieu les biens qui nous conviennent.
« La prière, dit saint Jean Damascène, est la demande à Dieu des dons qu’il convient de solliciter. »
Fort souvent, la prière n’est pas exaucée et c’est parce que nous avons imploré des biens qui ne nous conviennent pas vraiment. Vous demandez et vous ne recevez pas, dit saint Jacques (4, 3), parce que vous demandez mal.
Alors, il est bien difficile de savoir avec certitude ce qu’il faut demander, parce que c’est difficile même de savoir ce qu’il faut désirer.
Mais nous savons très bien que le Seigneur est notre Docteur en sagesse. C’est bien à lui de nous enseigner ce que nous devons demander, dans l’évangile nous lisons que ses disciples aussi Lui ont demandé de leur apprendre à prier (Luc 11, 1) : Seigneur, apprends-nous à prier.
Ces biens qu’il nous a appris à demander dans la prière, il est donc très convenable et très sage de les demander.
« Si nous prions d’une manière juste et convenable, dit saint Augustin, quels que soient les termes dont nous utilisons, nous ne disons rien d’autre que ce qui est contenu dans cette Prière dominicale».
c) En troisième lieu, la prière doit être ordonnée et réglée, c’est pareil pour ce qu’on désire, dont la prière est l’interprète.
Comment se fait cet ordre ?
Un ordre convenable consiste en ce que nous préférions dans nos désirs et nos prières les biens spirituels aux biens corporels, les réalités célestes aux réalités terrestres, conformément à la recommandation du Seigneur (Mt 6, 33) : Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice ; et le reste – le nécessaire pour vivre dans ce monde – vous sera donné par surcroît.
Dans l’oraison dominicale, le Seigneur nous a appris à observer cet ordre, parce qu’on y demande d’abord les réalités célestes et ensuite les biens terrestres.
d) La prière, en quatrième lieu, doit être fervente.
Pour qu’elle soit vraiment fervente, elle doit éviter toute exagération, plutôt une exubérance des paroles ; le Seigneur nous enseigne à éviter cette « prolixité superflue ». Dans vos prières, dit-il (Mt 6, 7), ne multipliez pas les paroles, comme font les païens. Saint Augustin écrivant à Proba, dit aussi : « Bannissez de la prière l’abondance des paroles ; cependant ne manquez pas, si votre attention demeure fervente, de beaucoup supplier. »
Telle est la raison pour laquelle le Seigneur institua cette brève prière du Notre Père.
Une autre vérité à reconnaître c’est que la dévotion vient de la charité, qui est inséparablement amour de Dieu et du prochain.
Cette prière du Notre Père est une manifestation de ces deux amours. Pour montrer en effet notre amour à Dieu, nous l’appelons « Père », et pour signifier notre amour pour le prochain, nous prions pour tous les hommes ensemble, en disant : notre Père, et poussés par le même amour, nous ajoutons : pardonne-nous nos offenses.
e) Notre oraison doit, finalement, être humble, suivant cette parole du Psalmiste (Ps. 101, 18) : Dieu a regardé la prière des humbles.
Une prière humble est une prière sûrement exaucée. Le Seigneur nous le montre dans l’évangile du Pharisien et du Publicain (Luc 18,9-15). Et Judith (9, 16), priant le Seigneur, lui disait : Vous avez toujours eu pour agréable la supplication des humbles et des doux.
Cette humilité est pratiquée dans la prière dominicale, car la véritable humilité existe, quand quelqu’un n’attend que de la puissance divine tout ce qu’il en doit obtenir.
Du Commentaire au Notre Père – Saint Thomas d’Aquin
Quelle prière est plus digne de la majesté du Père que celle qui est descendue de la bouche du Fils qui est la vérité même ?
Que le Père reconnaisse les paroles de son Fils, quand nous prions ; que Celui qui habite dans nos cœurs parle par notre voix.
Saint Cyprien de Carthage
Bonsoir !
J’aimerais mieux approfondir ma vie de prière par un simple de vie spirituelle conçue pour faire profiter aux âmes sensibles les merveilles de la Prière.