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“Dans le cœur de tout homme et femme, Dieu a mis ce désir pour chercher la Vérité”

Homélie pour le IVème. Dimanche du Temps Ordinaire, année B (Mc 1, 21-28).

Dans l’évangile de ce dimanche, saint Marc nous décrit les débuts du ministère de Notre Seigneur, en Galilée, plus précisément à Capharnaüm ( Saint Jérôme dit que ce nom veut dire ville de Consolation, là où le Seigneur a donné la consolation et le repos, parce que c’était le jour de sabbat qu’Il a guéri le possédé de la synagogue).

Le Seigneur enseigne et fait des miracles, Il montre qu’il a le pouvoir sur les démons, ce que fait dire aux gens « Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! Il commande même aux esprits impurs », évidement cela accomplit la prophétie d’Isaïe, qu’était la première lecture  d’aujourd’hui : Je ferai se lever au milieu de leurs frères un prophète comme toi ; je mettrai dans sa bouche mes paroles, et il leur dira tout ce que je lui prescrirai.

Mais, il est intéressant pour nous d’écouter la suite de cette prophétie : Si quelqu’un n’écoute pas les paroles que ce prophète prononcera en mon nom, moi-même je lui en demanderai compte.

Ce n’est pas cela pourtant, que le passage évangélique de ce dimanche nous montre, au contraire, il dit clairement que tous était étonnés par l’enseignement du Seigneur. 

Alors, partant de la phrase d’Isaïe mentionnée plus haut,  nous pouvons nous demander : Comment nous aimons l’enseignement de Jésus, comment nous aimons la Vérité qu’Il transmet dans les évangiles et toute la Parole de Dieu. Parce que ce n’est pas le seul fait d’écouter ou non ce dont prophète est en train de nous avertir, mais l’amour qui nous fait écouter et faire nôtre la Vérité.

Dans la vie de Jésus, beaucoup l’ont écouté, beaucoup aimaient ce qu’Il proclamait, mais d’autres, ont fermé les oreilles au message du Seigneur comme les pharisiens ou les grands prêtres. Evidement cela n’était pas fini dans la vie terrestre de Jésus, dans l’histoire beaucoup se ferment à l’Evangile, refusent de l’accepter.

Saint Paul dans la deuxième lettre aux Thessaloniciens parle de condamnés qui ont été séduits par le démon, il parle d’eux au présent disant :  « ceux qui se perdent parce qu’ils n’ont pas accueilli l’amour de la vérité (ou bien accepté l’amour de la vérité), ce qui les aurait sauvés.

 C’est pourquoi Dieu leur envoie une force d’égarement qui les fait croire au mensonge ; ainsi seront jugés tous ceux qui n’ont pas cru à la vérité, mais qui se sont complus dans le mal.

Alors ce n’est pas l’ignorance, l’erreur, sinon un rejet envers la vérité elle-même. En d’autres mots : « Personne ne peut se sauver s’il refuse la Vérité » (évidement, d’abord il faut la connaître, mais une fois connue, la refuser signifie la condamnation). Dans le cœur de tout homme et femme, Dieu a mis ce désir pour chercher la vérité de toutes choses, et qui conduit aussi et le prépare pour découvrir la Vérité de Dieu, Dieu offre à tous l’amour pour la Vérité, comme dit le Concile Vatican II il y a ceux qui  cherchent encore dans les ombres et sous des images un Dieu qu’ils ignorent, de ceux-là mêmes Dieu n’est pas loin, puisque c’est lui qui donne à tous vie, souffle et toutes choses (cf. Ac 17, 25-28), et puisqu’il veut, comme Sauveur, amener tous les hommes au salut. (Lumen Gentium 16)

Alors la Vérité seulement peut sauver lorsqu’elle n’est pas seulement connue, mais aimée. Il ne s’agit pas de connaître les évangiles, il s’agit d’aimer ce que on lit en eux. C’est-à-dire notre volonté « nous pousse » à aimer cette vérité que notre intelligence nous présente ; et c’est seulement là qu’une personne peut vraiment se laisser transformer par la vérité, ce que nous appelons une véritable conversion. Et c’est pour cela que la mission principale des éducateurs ( parents, formateurs) est de faire aimable ce qu’ils enseignent, que les vérités transmises aux autres portent une valeur afin d’être aimées dès la première fois qu’elles arrivent à l’âme de l’autre personne. Malheureusement il y a très peu d’hommes et femmes qui puissent faire aimer un enseignement, en même temps qu’il le transmet.

Cherchons Dieu de toute notre âme. Pascal – ce grand penseur français – a écrit à juste titre :Il y a trois sortes de personnes : les uns qui servent Dieu l’ayant trouvé, les autres qui s’emploient à le chercher ne l’ayant pas trouvé, les autres qui vivent sans le chercher ni l’avoir trouvé. Les premiers sont raisonnables et heureux, les derniers sont fous et malheureux. Ceux du milieu sont malheureux et raisonnables.

Que la Sainte Vierge nous donne la grâce de chercher son Fils de toute notre âme.

P. Luis Martinez. IVE.

“L’amour se réjouit dans la vérité”

Homélie pour le Dimanche IV, année C (Lc 4, 21-30)

L’Évangile d’aujourd’hui — tiré du chapitre 4 de saint Luc —est la continuation de celui de dimanche dernier. Nous nous trouvons encore dans la synagogue de Nazareth, le village où Jésus a grandi et où tous le connaissent. Il lit une prophétie d’Isaïe sur le Messie, et il en annonce l’accomplissement, laissant entendre que cette parole se réfère à Lui, qu’Isaïe a parlé de Lui. Ce fait suscite l’étonnement des Nazaréens : d’une part, « tous lui rendaient témoignage et étaient en admiration devant les paroles pleines de grâce qui sortaient de sa bouche » (Lc 4, 22) ; saint Marc rapporte que beaucoup disaient : « D’où cela lui vient-il ? Et qu’est-ce que cette sagesse qui lui a été donnée ? » (6, 2). Mais d’autre part, ses concitoyens le connaissent trop bien : « C’est un homme comme nous », disent-ils. « N’est-il pas le fils de Joseph ? » (Lc 4, 22), cela revient à dire : quelles aspirations peut bien avoir un charpentier de Nazareth ?

Ancienne synagogue de Nazareth

Pour cette raison, Jésus adresse aux gens des paroles qui résonnent comme une provocation. À ce moment-là, la réaction est unanime : tous se lèvent et le chassent, et ils essaient même de le jeter du haut d’un précipice, mais Lui, avec un calme souverain, traverse la foule furieuse et s’en va.

La question à se poser est presque évidente : comment se fait-il que Jésus ait voulu provoquer cette rupture ? Voici la réponse, Jésus n’est pas venu pour chercher l’approbation des hommes mais, comme il le dira à la fin à Pilate, pour « rendre témoignage à la vérité » (Jn 18, 37).

Le vrai prophète n’obéit à personne d’autre qu’à Dieu et il se met au service de la vérité, même au prix de sa vie. « Il est vrai que Jésus est le prophète de l’amour, mais l’amour a sa vérité. Amour et vérité sont même les deux noms de la même réalité, deux noms de Dieu. Dans la liturgie d’aujourd’hui résonnent aussi ces paroles de saint Paul : « L’amour est patient, il est plein de bonté; l’amour n’est pas envieux; l’amour ne se vante pas, il ne s’enfle pas d’orgueil, 5 il ne fait rien de malhonnête, il ne cherche pas son intérêt, il ne s’irrite pas, il ne soupçonne pas le mal,; il ne se réjouit pas de l’injustice, mais il met sa joie dans la vérité » (1 Co 13, 4-6). Croire en Dieu signifie renoncer à ses préjugés et accueillir le visage concret par lequel Il s’est révélé : l’homme Jésus de Nazareth. Et cette voie conduit aussi à le reconnaître et à le servir dans les autres. » (Benoît XVI, 03/02/2013)

Précisément nous allons parler aujourd’hui de la joie dans la vérité donnée comme dit saint Paul par l’authentique charité.

D’abord, le catéchisme nous dit que « La vérité comme rectitude de l’agir et de la parole humaine a pour nom véracité, sincérité ou franchise. La vérité ou véracité est la vertu qui consiste à se montrer vrai en ses actes et à dire vrai en ses paroles, en se gardant de la duplicité, de la simulation et de l’hypocrisie.

La vertu de vérité rend de manière juste à autrui son dû, ce qu’on doit lui donner. La véracité observe un juste milieu entre ce qui doit être exprimé, et le secret qui doit être gardé : elle implique l’honnêteté et la discrétion. En justice, ” un homme doit honnêtement à un autre la manifestation de la vérité ” (S. Thomas d’A., s. th. 2-2, 109, 3).

Le disciple du Christ accepte de ” vivre dans la vérité “, c’est-à-dire dans la simplicité d’une vie conforme à l’exemple du Seigneur et demeurant dans sa Vérité » (CEC. 2468-2470).

Il est vrai que nous ne devons pas juger selon les apparences pour ne pas tomber dans le grand péché des compatriotes de Notre Seigneur, qui ont voulu le tuer ; mais au contraire, nous devons juger dans la vérité les situations, les actions, les comportements, pour chercher la vérité, pour nous éloigner du mal, pour nous aider les uns les autres dans la recherche de la sainteté, de la vie éternelle.

Dans ce sens, nous trouvons des indications précises dans la Sainte Ecriture pour pouvoir juger dans la vérité.

Le célèbre roi sage Salomon dit dans sa prière: « Donne à ton serviteur un cœur attentif pour qu’il sache gouverner ton peuple et discerner le bien et le mal ; sans cela, comment gouverner ton peuple, qui est si important ? ».

Dans le livre du Deutéronome 16,18-20, il est dit : “Tu établiras des juges et des scribes pour tes tribus dans chacune des villes que le Seigneur te donne ; ils jugeront le peuple avec des jugements justes“. Et le livre des Lévites 19,15 “… tu jugeras ton prochain avec justice”.

Donc, selon la parole de Dieu, dans l’Ancien Testament, il était très commun et très correct de pouvoir « juger » tant que c’est de manière équitable.

Cela nous indique que nous pouvons « juger », porter des jugements justes.

Dans le Nouveau Testament, il y a plusieurs sens :

Juger dans un sens négatif. “Ne jugez pas, pour ne pas être jugé.” Matthieu 7,1

Mais il y a un jugement dans un sens positif. ” Ne jugez pas d’après l’apparence, mais jugez selon la justice.” Jn 7,24 ; cf. 1 Cor 4,1-5.

Il existe aussi le jugement comme discipline interne à l’Eglise, qui correspond à ceux qui ont l’autorité : « Sachez que j’ai déjà jugé le coupable comme s’il était présent… » 1 Co 5,3 « N’est-ce pas vous qui devez juger ceux qui sont à l’intérieur ? 1 Co 5,13

Ainsi saint Paul a porté des jugements et des jugements très durs. 2 Tim 3,8 “De même que Jannès et Jambrès s’opposaient à Moïse, de même ils s’opposent à la vérité. Ces gens ont un esprit corrompu et une foi sans valeur.”

Saint Pierre a jugé et même infligé de sévères châtiments à Ananie et Saphira. Actes 5,1-11

Jésus-Christ lui-même après avoir dit « ne jugez pas », dit en Mt 7,5: ” Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère.” Saint Jean-Baptiste a appelé les pharisiens et les sadducéens “race de vipères” (Matthieu 3,7).

Le problème n’est pas de « juger », mais de voir ou de mal juger avec des attitudes pharisaïques ou d’oublier que nous sommes tous des pécheurs.

Il s’agit de juger en tant que discernement chrétien. Comme l’exprime l’auteur de la lettre aux Hébreux 5,14 “Les adultes reçoivent de la nourriture solide, eux qui, par la pratique, ont des sens exercés au discernement du bien et du mal.

On ne peut pas distinguer, discerner sans avoir préalablement porté un jugement, 1 Tes 5,21 “Examinez tout et gardez ce qui est bon”. Ce n’est qu’en jugeant et en portant des jugements que nous pouvons distinguer le mal et le rejeter pour garder le bien.

Comme règle générale, nous ne devons pas juger par les simples apparences, car cela constitue un jugement téméraire, pour l’éviter, chacun veillera à interpréter autant que possible dans un sens favorable les pensées, paroles et actions de son prochain.

Cela exige de voir la réalité et de savoir discerner le mal du bien, car nous devons agir selon la vérité. Le discernement implique encore de savoir séparer le péché de celui qui commet le péché, qui a besoin de notre miséricorde, de notre pardon, mais aussi d’une conversion, et qu’il arrête de faire le mal qu’il fait, et comme conséquence, nous devons de façon juste et réelle dénoncer le mal, et si c’est de notre domaine, corriger celui qui le fait, comme le supérieur corrige son subalterne, les parents corrigent leurs enfants, les amis ses corrigent par charité. La correction fait partie de la charité, toujours lorsqu’on cherche le bien et le salut du prochain.

Demandons cette grâce à la très sainte Vierge Marie. La grâce de nous réjouir dans la vérité, fruit de la charité, fruit de l’amour.

P. Luis Martinez IVE.