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Ils Le cherchent pour L’adorer

Homélie pour la solennité de l’Épiphanie.

Chaque année, le deuxième dimanche après le jour de Noël, l’Eglise nous invite à célébrer la solennité que nous appelons Épiphanie, nom d’origine grec et qui signifie « le fait de répandre la lumière », « illumination » ou bien comme on le traduit d’habitude, « Manifestation ».

Cette fête que nous célébrons aujourd’hui commémore la visite des Rois Mages comme cela a été proclamé dans l’évangile. La lumière du Christ se répand au-delà du peuple d’Israël, comme le dit le prophète Isaïe : « Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore. »

Jusqu’à cet épisode tout ce qui enveloppait la naissance de l’Enfant Dieu était marqué par le sceau de l’humilité, la grotte, les bergers. Tout à coup, dans l’histoire de la Nativité apparaissent ces mages venus de l’Orient, dont la tradition nous dit qu’ils étaient trois et qu’ils étaient aussi rois, cela suite à la prophétie d’Isaïe et aussi par les cadeaux qu’ils apportent à l’Enfant Jésus.

Le mot utilisé par saint Mathieu pour ces personnages c’est « Mages », cela ne veut pas dire qu’ils étaient des magiciens, mais l’évangéliste utilise plutôt le terme qu’on utilisait dans son temps, un mot venu de la langue syriaque, Magousai, qui désignait les sages de l’époque, les gens qui étudiaient la philosophie, l’éthique, les sciences de la nature, l’astronomie, etc.

Il est très probable qu’ils n’étaient pas rois mais plutôt des nobles, ou bien des ambassadeurs des rois, envoyés pour chercher le Sauveur.

Ils arrivent à Jérusalem, capitale d’Israël à l’époque et une telle délégation bouleverse les habitants et le roi d’Israël, mais, comme cela arrive à beaucoup d’entre nous, les choses de Dieu ne donnent qu’une première impression, une ferveur qui passe vite, comme pour les habitants de Jérusalem qui n’accompagneront  pas les mages pour chercher le Sauveur. Ou pire encore, notre égoïsme détourne les plus belles intentions vers le mal, comme Hérode, qui par le biais du prétexte d’aller lui aussi adorer l’Enfant, avait le désir de le supprimer.

Les Mages rencontrent ensuite les savants, les théologiens, les experts qui savent tout sur les Saintes Écritures, qui en connaissent les interprétations possibles, qui sont capables d’en citer par cœur chaque passage et qui sont donc une aide précieuse pour ceux qui veulent parcourir la voie de Dieu. Mais, observons encore une fois que les savants de la loi pouvaient indiquer le chemin aux autres, mais ne le prenaient pas, pour eux la religion est une question d’étude sans vie, sans but, un domaine technique mais qui n’implique pas la vie de tous les jours, ils sont incapables d’aller chercher la vérité sur le Sauveur, bien que Dieu leur ait donné tous les éléments nécessaires pour le faire.

Les mages par contre, savent discerner, ils profitent de la connaissance des autres, mais fidèles à l’inspiration qu’ils ont reçue, ils continuent à chercher Dieu guidés par l’étoile, symbole de Noël, un lumière spéciale créée par Dieu pour les guider jusqu’à Bethléem, une lumière qui avait la capacité de se déplacer en différentes directions, d’apparaître et disparaître et de se poser finalement sur l’endroit où se trouvait le Seigneur nouveau-né.

Pour ces hommes, il était logique de chercher le nouveau roi dans le palais royal, où se trouvaient les sages conseillers de la cour. Toutefois et probablement à leur grand étonnement, ils durent constater que ce nouveau-né ne se trouvait pas dans des lieux de pouvoir et de culture, même si dans ces lieux leur étaient offertes sur lui de précieuses informations. Ils se rendirent compte en revanche que, parfois, le pouvoir, même celui de la connaissance, barre la route à la rencontre avec cet Enfant. L’étoile les guida alors jusqu’à Bethléem, une petite ville; elle les guida parmi les pauvres, parmi les humbles, pour trouver le Roi du monde. Les critères de Dieu sont différents de ceux des hommes; Dieu ne se manifeste pas dans la puissance de ce monde, mais dans l’humilité de son amour, cet amour qui demande à notre liberté d’être accueilli pour nous transformer et nous permettre d’arriver à Celui qui est l’Amour.


Comment le Christ se manifeste-t-il? Nous le découvrons dans le symbolisme contenu dans les dons que les sages apportent. L’encens a été toujours utilisé dans l’antiquité pour manifester la prière et le sacrifice qui monte vers Dieu. Par conséquent, l’encens est quelque chose d’exclusif à Dieu. Et pour cette raison, en premier lieu, Christ se manifeste comme Dieu.

Ensuite, l’or indique la royauté. Deuxièmement, Christ se manifeste donc en tant que roi d’Israël.

En fin, La myrrhe est un mélange aromatique pour embaumer les corps des morts. Cela indique que le Christ s’est soumis à la mort. Par conséquent, troisièmement, Christ se manifeste comme Sauveur, qui sauvera le monde par sa mort.

Le Christ se manifeste comme Dieu fait homme pour sauver le monde. C’est pourquoi selon le Catéchisme de l’Église catholique :

“L’Épiphanie est la manifestation de Jésus comme Messie d’Israël, Fils de Dieu et Sauveur du monde” (nº 528).

Il est important de noter que les saints Rois Mages interprètent cette manifestation du Christ, Dieu fait homme, avec beaucoup de précision, et l’acceptent avec un cœur docile. Parce qu’ils reconnaissent que la manifestation signifie que Dieu se laisse voir aux yeux sensibles des hommes, car, selon l’Évangile, le but supérieur de leur pèlerinage, de leur recherche c’est d’adorer l’Enfant. «Où est le roi des Juifs qui est né? Car nous avons vu son étoile en Orient et nous sommes venus l’adorer »(v.2). Et ils ont accompli ce but: «Ils sont entrés dans la maison; ils ont vu l’enfant avec Marie sa mère et, se prosternant, ils l’ont adoré »(v.11).

Et qu’est-ce que l’adoration? « L’adoration est le premier acte de la vertu de religion. Adorer Dieu, c’est le reconnaître comme Dieu, comme Créateur et Sauveur, Seigneur et à qui appartient tout ce qui existe, comme Amour infini et miséricordieux. “

L’adoration est l’acte par lequel Dieu est reconnu comme l’être suprême, comme l’être infiniment parfait, comme Créateur, comme le Seigneur qui peut donner la vie ou la mort, comme le Sauveur, celui qui récompense le bien et punit le mal, comme le Seul digne d’un honneur suprême, qui a la domination suprême sur tous les hommes, qui a le droit à la soumission de tous les êtres.

L’adoration est un acte de l’esprit et de la volonté qui se soumet totalement à Dieu. Ses manifestations les plus intenses et authentiques sont l’obéissance à ses mandats, la prière, le sacrifice et l’abandon de sa vie entre ses mains. Mais il doit également s’exprimer sous des formes extérieures, telles que la révérence et les postures appropriées. Adorer, c’est nous reconnaître des créatures, nous humilier avec respect et soumission.

L’adoration nous libère de l’égocentrisme et de l’esclavage du péché.  L’adoration est la première attitude de l’homme qui se reconnaît comme une créature devant son Créateur. L’adoration exalte la grandeur du Seigneur qui nous a créés (cf. Ps 95, 1-6) et la toute-puissance du Sauveur qui nous libère du mal. C’est l’acte d’humilier l’esprit devant le “Roi de Gloire” (Ps 14, 9-10) et le silence respectueux en présence d’un Dieu “toujours plus grand” (S. Augustin, Ps. 62, 16). L’adoration de Dieu trois fois saint et souverain nous remplit d’humilité et donne assurance à nos supplications » (Catéchisme de l’Église catholique, n ° 2628). Elle produit la joie.

Comme les rois mages, ils ont été remplis de joie lorsqu’ils ont trouvé le Seigneur.

Demandons à la très sainte Vierge Marie, la grâce de chercher dans notre vie son Fils Jésus-Christ, de l’adorer et de nous remplir de joie dans lorsque nous Le contemplons dans l’Eucharistie.

P. Luis Martinez IVE.

Marchons dans la lumière!

Homélie pour le premier Dimanche du temps de l’Avent, année A (Mt 24, 37-44)

Chaque année ce temps liturgique de l’Avent commence avec l’évangile des fins dernières et l’exhortation de Notre Seigneur à veiller.

Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient. « Celui-là veille, dit saint Grégoire, celui qui tient les yeux ouverts à la véritable lumière ; celui-là veille, qui traduit sa foi dans ses œuvres; celui-là veille qui repousse loin de lui les ténèbres de la langueur et de la négligence. »

L’image utilisée par le Seigneur est très réaliste, deux hommes seront aux champs : l’un sera pris, l’autre laissé. Le champ, commente saint Jérôme, représente l’égalité d’occupations et de profession et la différence qu’il y aura entre eux par rapport au sort définitif. Tandis que les uns se sanctifient et gagnent le ciel avec un labeur, les autres accumulent dans le même travail la colère de Dieu qui un jour les condamnera. Tous les états sont bons, et tous peuvent être un chemin au Ciel, si nous l’embrassons avec vocation, mais tous les états peuvent être occasion de ruine si nous n’accomplissons pas les devoirs qu’ils nous imposent.

Alors, comme le père de la parabole de l’évangile, nous devons veiller en attendant la grande visite, en effet le mot Avent était utilisé pour la visite d’un roi. Comment nous préparons nous pour la visite de notre Roi ? Non seulement pendant ce temps, mais dans notre vie ; on peut dire que la vie est un grand Avent, un temps d’attente.

Il est vrai aussi que dans ce mois qui précède les solennités de Noël, la liturgie de l’Eglise oriente notre regard vers le but définitif de notre existence : la rencontre avec le Seigneur qui viendra dans la splendeur de la gloire. Pour nous, qui à chaque messe « annonçons la mort et la résurrection du Seigneur, attendant sa venue dans Gloire », nous devons rester en veille de prière. La liturgie le répète sans cesse pendant ce temps, mettant sur nos lèvres, dans ces jours d’Avent, le cri avec lequel se clôt toute Bible, dans la dernière page de l’Apocalypse de saint Jean (22, 20) : « Viens, Seigneur Jésus ».

Les autres lectures de ce dimanche, ainsi que le psaume, nous donnent aussi les éléments nécessaires pour vivre de la meilleur façon ce temps spirituel de l’Avent :

L’avent est d’abord, la découverte de la grande aspiration des hommes et des peuples vers la maison du Seigneur, de la vie éternelle où il n’y aura plus la souffrance ni la douleur. C’est une marche non vers la mort et la destruction, mais vers la rencontre avec Lui. Et pour cette raison, dans la liturgie d’aujourd’hui, nous entendons cette invitation : “Quelle joie quand on m’a dit : nous allons à la maison du Seigneur.”

Il y a aussi dans la deuxième lecture l’invitation pressante de l’apôtre : “Revêtez le Seigneur Jésus-Christ” (Rom 13:14). Cette expression est en quelque sorte la définition du chrétien. Etre chrétien signifie “revêtir le Christ”. L’Avent est le nouvel appel à se revêtir du Seigneur Jésus Christ, revêtez-vous du Seigneur Jésus Christ. Dieu s’est fait homme pour nous donner la possibilité de l’imiter dans la personne de Notre Seigneur Jésus-Christ.

C’est donc l’esprit de l’Avent, un temps de préparation pour nous revêtir du Seigneur. Et comment devons-nous le faire?  L’apôtre le dit encore dans sa lettre: « Conduisons-nous honnêtement, comme on le fait en plein jour, sans orgies ni beuveries, sans luxure ni débauches, sans rivalité ni jalousie ».

Et, comme autre élément que nous trouvons dans l’évangile de ce dimanche et qui devient l’esprit de tout ce temps, c’est l’Attente, l’espérance de la venue de notre Seigneur le jour de Noel, mais aussi au dernier jour de l’histoire.

L’attente, le fait d’attendre, est une dimension qui traverse toute notre existence personnelle, familiale et sociale. L’attente est présente dans mille situations, des plus petites et banales, aux plus importantes, qui nous touchent totalement et au plus profond de nous-mêmes. Nous pensons entre autres à l’attente d’un enfant par des époux ; à l’attente d’un parent ou d’un ami qui vient de loin pour nous rendre visite; nous pensons, pour un jeune, à l’attente du résultat d’un examen décisif, ou d’un entretien d’embauche ; dans les relations affectives, l’attente de la rencontre d’une personne aimée, de la réponse à une lettre, ou de l’accueil d’un pardon… On pourrait dire que l’homme est vivant tant qu’il attend, tant que l’espérance est vivante en son cœur. C’est à ses attentes que l’on reconnaît l’homme : notre « stature » morale et spirituelle peut être mesurée à partir de ce que nous attendons, de ce que nous espérons. (Benoît XVI. Angelus. 28/11/2010)

Chacun de nous peut donc, spécialement en ce temps qui nous prépare à Noël, se demander : « Moi, qu’est-ce que j’attends ? À quoi, en ce moment de ma vie, mon cœur aspire-t-il ? ». On peut se poser la même question au niveau familial, communautaire, national. Qu’attendons nous , tous ensemble ?

C’est cette véritable attente, l’attente du retour de Dieu qui fait briller dans notre âme la lumière de l’espérance. Selon saint Jean Chrysostome : « De même que dans les ténèbres nous ne connaissons ni l’ami ni l’ennemi. Dans la nuit, faute de lumière pour distinguer les objets: le bois, le plomb, le fer, l’argent, l’or, les pierres précieuses, tout paraît semblable à nos yeux; de même celui qui vit dans l’impureté ne connaît point l’excellence de la sagesse ni la beauté de la vertu.

Mais ce n’est point là le seul malheur qui accable celui qui vit dans le péché (l’obscurité du péché): il est dans une crainte perpétuelle, et de même que ceux qui se trouvent en chemin dans une nuit obscure, où la lune ne brille point, tremblent toujours, bien qu’il n’y ait là personne pour les alarmes; ainsi les pécheurs sont-ils dans une méfiance continuelle, quand bien même personne ne leur ferait de reproches. Mais les remords de leur conscience font que tout les effraie, que tout leur est suspect, que tout est plein pour eux de crainte et de terreur, et qu’ils ne voient rien qui ne les inquiète.

Fuyons donc une vie si tourmentée, car après ces inquiétudes la mort viendra.

Voilà pourquoi saint Paul veut que nous soyons tous sobres et vigilants, et Jésus-Christ nous le commande aussi. Celui qui est sobre et qui veille, si le péché le surprend, aussitôt il le chasse; mais l’insensé ou celui qui dort ne sait pas comment le péché s’empare de lui. Ne nous endormons donc point, car la nuit est passée, nous sommes dans le jour. ” Marchons donc avec décence et avec honnêteté, comme ” marchant durant le jour “, (Rom. XIII, 13) » . Marchons dans la lumière.

Parmi tous ceux qui attendait en veillant le Messie, il y avait Marie ; elle attendait plus que tous les autres hommes et femmes la venue du Messie, sans savoir pourtant que Dieu voulait qu’elle devienne sa Mère.

Il y a une correspondance mystérieuse entre l’attente de Dieu et celle de Marie, la créature « pleine de grâce », totalement transparente au dessein d’amour du Très Haut. Apprenons d’elle, la Femme de l’Avent, à vivre les gestes quotidiens avec un esprit nouveau, avec le sentiment d’une profonde attente, que seule la venue de Dieu peut combler.

P. Luis Martinez IVE.