Le pape François parle aux sœurs contemplatives

“Il faut récupérer un esprit contemplatif, pour que l’amour de Dieu réchauffe nos cœurs”

AUDIENCE DU PAPE FRANCOISQuand une religieuse de clôture consacre toute sa vie au Seigneur, il se produit une transformation que l’on ne finit pas de comprendre. Normalement, notre esprit serait conduit à penser que cette sœur devient isolée, seule avec l’Absolu, seule avec Dieu ; c’est une vie ascétique, pénitente. Mais cela n’est pas la voie d’une religieuse de clôture catholique, ni même chrétienne. La voie passe par Jésus Christ, toujours ! Jésus Christ est au centre de votre vie, de votre pénitence, de votre vie communautaire, de votre prière et aussi de l’universalité de la prière. Et sur cette voie, il se passe le contraire de ce que pense celui qui croit qu’elle sera une religieuse de clôture ascétique. Quand elle emprunte la route de la contemplation de Jésus Christ, de la prière et de la pénitence avec Jésus Christ, elle devient profondément humaine. Les religieuses de clôture sont appelées à avoir une grande humanité, une humanité comme celle de la Mère Église ; humaines, comprendre toutes les choses de la vie, être des personnes qui savent comprendre les problèmes humains, qui savent pardonner, qui savent demander au Seigneur pour les personnes. Votre humanité. Et votre humanité vient par cette voie, l’Incarnation du Verbe, la voie de Jésus Christ. Et quel est le signe d’une religieuse aussi humaine ? La joie, la joie, quand il y a la joie ! Cela m’attriste quand je vois des religieuses qui ne sont pas joyeuses. Elles sourient peut-être, mais avec le sourire d’une hôtesse de l’air. Pas avec le sourire de la joie, de celle qui vient de l’intérieur. Toujours avec Jésus Christ. Aujourd’hui, pendant la Messe, en parlant du Crucifié, je disais que François l’avait contemplé avec les yeux ouverts, avec ses blessures ouvertes, avec le sang qui coulait. Et cela est votre contemplation : la réalité. La réalité de Jésus Christ. Pas des idées abstraites, pas des idées abstraites, parce qu’elles assèchent l’esprit. La contemplation des plaies de Jésus Christ ! Et il les a emportées au Ciel, et il les porte ! C’est la route de l’humanité de Jésus Christ : toujours avec Jésus, Dieu-homme. C’est pour cette raison que c’est si beau quand les personnes vont au parloir des monastères et demandent des prières et parlent de leurs problèmes. Peut-être la religieuse ne dit-elle rien d’extraordinaire, mais c’est une parole qui lui vient précisément de la contemplation de Jésus Christ, car la religieuse, comme l’Église, est sur la voie d’être experte en humanité. Et cela est votre voie : pas trop spirituelle ! Quand elles sont trop spirituelles… Je pense à la fondatrice des monastères de la concurrence, sainte Thérèse, par exemple. Quand une religieuse venait la trouver, avec ces choses (trop spirituelles), elle disait à la cuisinière : « Donne-lui un beefsteak !”.

Toujours avec Jésus Christ, toujours. L’humanité de Jésus Christ ! Car le Verbe est venu dans la chair, Dieu s’est fait chair pour nous, et cela vous donnera une sainteté humaine, grande, belle, mûre, une sainteté de mère. Et l’Église vous veut ainsi : des mères, une mère, une mère. Donner vie. Quand vous priez, par exemple, pour les prêtres, pour les séminaristes, vous avez avec eux un rapport de maternité ; avec la prière, vous les aidez à devenir les bons pasteurs du Peuple de Dieu. Mais rappelez-vous du beefsteak de sainte Thérèse ! Cela est important. Et c’est le premier point : toujours avec Jésus Christ, les plaies de Jésus Christ, les plaies du Seigneur. Car c’est une réalité que, après la Résurrection, Il les avait et les a portées.

Et la deuxième chose dont je voulais vous parler, brièvement, est la vie de communauté. Pardonnez, supportez-vous, car la vie de communauté n’est pas facile. Le diable profite de tout pour diviser ! Il dit : « Je ne veux pas parler mal, mais… », et la division commence. Non, cela ne va pas, car cela ne conduit à rien : si ce n’est à la division. Prendre soin de l’amitié entre vous, de la vie de famille, de l’amour entre vous. Et il faut que le monastère ne soit pas un Purgatoire, mais qu’il soit une famille. Les problèmes existent, il y en aura, mais, comme on fait dans une famille, avec amour, il faut chercher la solution avec amour ; il ne faut pas détruire celle-ci pour résoudre cela ; il ne faut pas qu’il y ait de la compétition. Prendre soin de la vie de communauté, car dans la vie de communauté, il en est ainsi, une famille, c’est précisément l’Esprit Saint qui est au milieu de la communauté. Je voulais vous dire ces deux choses : toujours la contemplation, toujours avec Jésus ; Jésus, Dieu et Homme. Et vivre la vie de communauté toujours avec un cœur grand. Laissant passer, ne pas se vanter, tout supporter, sourire avec le cœur. Et le signe en est la joie. Et je demande pour vous cette joie qui naît précisément de la véritable contemplation et d’une belle vie communautaire. Merci ! Merci de votre accueil. Je vous demande de prier pour moi, s’il vous plaît, ne l’oubliez pas ! Avant la Bénédiction, prions la Vierge : Je vous salue Marie.

Paroles du pape François aux Clarisses à Assise
04 octobre 2013
Source: www.vatican.va 

Le Pape François nous parle de la vie contemplative

  • Le Concile œcuménique Vatican II rappelle le rôle de la contemplation dans le chemin de la vie : « il appartient en propre à l’Église d’être à la fois humaine et divine, visible et
    riche de réalités invisibles, fervente dans l’action et adonnée à la contemplation, présente dans le monde et cependant en chemin » (Sacrosanctum Concilium, n. 2).
  • Dans un monde qui méconnaît souvent le Christ et, de fait, le refuse, vous êtes invités à vous approcher et à adhérer toujours plus profondément à Lui. C’est un appel incessant à suivre le Christ et à être configurés à Lui. Cela est d’une importance vitale dans notre monde tellement désorienté, « parce que, lorsque sa flamme s’éteint, toutes les autres lumières finissent par perdre leur vigueur » (Lumen Fidei, n. 4). Le Christ est présent dans votre fraternité, dans la liturgie communautaire et dans le ministère qui vous est confié : renouvelez-lui l’obéissance de toute votre vie !
  • La prière est cette « voie royale » qui ouvre aux profondeurs du mystère de Dieu Un et Trine, mais c’est aussi le sentier obligé qui serpente au milieu du peuple de Dieu en pèlerinage dans le monde vers la Terre Promise. Une des plus belles voies pour entrer dans la prière passe à travers la Parole de Dieu. La lectio divina introduit à la conversation directe avec le Seigneur et ouvre les trésors de la sagesse. L’amitié intime avec Celui qui nous aime nous rend capables de voir avec les yeux de Dieu, de parler avec sa Parole dans le cœur, de conserver la beauté de cette expérience et de la partager avec ceux qui ont faim d’éternité.1217899 (1)
  • Le retour à la simplicité d’une vie centrée sur l’Évangile est le défi pour le renouveau de l’Église, communauté de foi qui trouve toujours des parcours nouveaux pour évangéliser le monde en perpétuelle transformation.
  • Aujourd’hui, peut-être plus que par le passé, il est facile de se laisser distraire par les préoccupations et par les problèmes de ce monde et se laisser fasciner par de fausses idoles. Notre monde est éclaté de bien des façons ; le contemplatif en revanche revient à l’unité et constitue un fort rappel à l’unité. À présent plus que jamais, c’est le moment de redécouvrir le sentier intérieur de l’amour à travers la prière et d’offrir aux personnes d’aujourd’hui dans le témoignage de la contemplation, ainsi que dans la prédication et dans la mission non pas d’inutiles raccourcis, mais cette sagesse qui naît du fait de méditer « jour et nuit dans la Loi du Seigneur », une Parole qui conduit toujours auprès de la croix glorieuse du Christ.
  • Unie à la contemplation, l’austérité de vie n’est pas un aspect secondaire de votre vie et de votre témoignage. C’est une tentation très forte pour vous aussi de tomber dans la mondanité spirituelle. L’esprit du monde est l’ennemi de la vie de prière : ne l’oubliez jamais ! Je vous exhorte à une vie plus austère et pénitente, selon votre tradition la plus authentique, une vie loin de toute mondanité, loin des critères du monde.
  • Aujourd’hui, la mission présente parfois des défis ardus, parce que le message évangélique n’est pas toujours accueilli et parfois il est même rejeté avec violence. Nous ne devons jamais oublier que, même si nous sommes jetés dans des eaux troubles et inconnues, Celui qui nous appelle à la mission nous donne aussi le courage et la force de la mettre en œuvre.

Message du Pape François au Prieur général de l’Ordre des Frères de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel, à l’occasion du Chapitre Général. Du Vatican, le 22 août 2013. Source: www.vatican.va