Comment saint Joseph revint à Bethléem et y reçut les saints Rois Mages

Après la Présentation de Jésus dans le Temple. Joseph revint à Nazareth avec Marie et l’Enfant (Luc, II, 39). Mais bientôt, sans doute, la Sainte Famille regagna Bethléem pour s’y établir. En réalité, Bethléem était la patrie de Jésus, le lieu de sa naissance ; Bethléem était à proximité de Jérusalem et, sous plus d’un rapport, cette proximité offrait des avantages. On sait que, plus tard, au retour de l’Égypte, Joseph songeait à se fixer à Bethléem.

Il pouvait y avoir un an que la Sainte Famille résidait à Bethléem, lorsque, soudain, des Mages venus de l’Orient arrivèrent à Jérusalem. « Où est le roi des Juifs qui est nouvellement né ? » demandèrent-ils. « Nous avons vu son étoile en Orient et nous sommes venus l’adorer » (Mt. II, 2). Cette question, franchement posée, troubla Hérode et mit toute la ville en émoi. Hérode, embarrassé mais dissimulé, ne trouva rien de mieux à faire que de s’enquérir auprès des princes des prêtres et des scribes du lieu où le Messie devait naître. Ils lui dirent que c’était à Bethléem. Hérode transmit la réponse aux Mages, leur recommandant de s’informer exactement de l’Enfant, de lui faire savoir lorsqu’ils l’auraient trouvé, « afin, dit-il, que j’aille aussi moi-même l’adorer » (Matth., II, 8). Guidés par l’étoile qui, à leur grande joie, leur apparut de nouveau à leur sortie de la ville, les Mages arrivèrent à Bethléem.

Devant Hérode

Les Mages venaient d’une contrée située à l’orient de la Judée. C’étaient de nobles personnages, des sages, peut-être des princes d’une famille royale ; peut-être connaissaient-ils les Saints Livres. Une inspiration d’en haut leur avait appris qu’à l’apparition d’une étoile extraordinaire dans le ciel, ils auraient à rechercher le Roi Messie pour l’adorer. Cette étoile parut au moment de la naissance du Seigneur ou un peu plus tard ; et dès lors, ils se firent un devoir de suivre cette indication : c’est, du moins, ce que nous pouvons conclure de leur présence auprès de la crèche du Sauveur. Ils vinrent donc à Bethléem et trouvèrent la demeure du divin Enfant. Sans doute, ils s’arrêtèrent au Khan de la petite ville avec leur suite et ils firent demander à la Sainte Famille s’ils pouvaient se présenter, ajoutant que, sur l’indication d’une étoile, ils étaient venus pour adorer l’Enfant. Saint Joseph reçut les envoyés avec sa courtoisie habituelle.

A leur tour, les Rois Mages parurent avec leurs serviteurs portant, dans des corbeilles et des cassettes, de précieux présents, car en Orient on n’approche point d’un prince sans offrir quelque riche cadeau. Marie accueillit les nobles visiteurs avec une gracieuse simplicité. Jésus reposait entre ses bras. A sa vue, ils se prosternèrent devant lui : pénétrés d’une foi vive, d’une humilité profonde, ils l’adorèrent avec amour, ils s’offrirent à lui sans réserve. En vérité, ils étaient des sages ! en vérité, ils étaient des Rois ! La sagesse de leur esprit, la royale grandeur de leur cœur ne se scandalisèrent point de constater que l’Enfant divin était inconnu à Jérusalem ; la simplicité, la pauvreté de la demeure de Bethléem ne les déconcertèrent point. Sans juger d’après les apparences, ils suivirent les inspirations de leur cœur, ils crurent à ce que Dieu leur révélait.

Prenant alors les présents que leurs serviteurs avaient apportés, ils offrirent à Jésus de l’or, de l’encens et de la myrrhe – dons mystérieux qui symbolisaient les sentiments de leur cœur, – la foi, l’amour, l’adoration – en même temps que la divinité, la royauté et la mission rédemptrice de l’Enfant. Jésus agréa cet hommage dont il savait toute la signification. Dans l’âme des Mages, il répandit l’abondance de ses grâces ; il bénit en eux les prémices des gentils. Sans doute, les royaux pèlerins s’entretinrent ensuite avec Marie et Joseph qui, avec une noble simplicité, racontèrent les circonstances de l’avènement du Sauveur. Pour la première fois, Marie se fait l’Apôtre des Gentils, et Joseph a une part à cet apostolat. Les Mages, devenus chrétiens, rapportèrent la foi chez leur peuple.

Toutefois, ils ne passèrent point par Jérusalem. « Ayant reçu, pendant qu’ils dormaient, un avertissement du ciel de ne point aller trouver Hérode », qui avait résolu de perdre l’Enfant, « ils s’en retournèrent en leur pays par un autre chemin » (Mt., II, 12) – le chemin qui, au sud, va traverser le Jourdain.

La merveilleuse visite des Mages fut une joie pour Marie et pour Joseph.

Notre saint fut heureux de se rencontrer avec ces pieux personnages dont les sentiments avaient plus d’une analogie avec les siens ; mais surtout il se réjouit pour le grand honneur qui était fait à Marie et à Jésus. La sagesse de l’Orient était venue rendre hommage à la divine Sagesse de cet humble Enfant. Quelle magnifique révélation de la royauté du Sauveur ! A peine né, il commence à régner ; il est pauvre, et on dépose à ses pieds l’or et les richesses ; des contrées lointaines, il appelle à lui ses serviteurs et ses adorateurs ; le ciel et la terre lui obéissent ; ses ennemis tremblent à la seule annonce de son avènement. Le mystère de l’adoration des Mages est, pour ainsi dire, le Thabor de la sainte Enfance de Jésus. Dans sa joie, Joseph dit sans doute, lui aussi : « Il est bon d’être ici : dressons-y trois tentes. » Comment, enfin, dans ce mystère de la vocation des Gentils ne pas voir une annonce du rôle de saint Joseph à l’égard des Missions chez les infidèles ? Un jour, en effet, l’Eglise le proclamera Patron de ces Missions.

Adoration des Mages. Bienheureux Fra Angelico

Une ancienne mosaïque de Notre-Dame de Paris (XIIIe siècle) indique très bien la part prise par saint Joseph à ce mystère et la place importante qu’il y occupe : le saint est sous un baldaquin ; il s’appuie sur son bâton, il observe et semble attendre l’hommage des royaux visiteurs[1]. Plus tard, Fra Angelico nous montre saint Joseph s’entretenant avec l’un des Rois Mages dont, sans doute, il éclaire la foi ; ou bien ouvrant une cassette qui renferme l’un des riches présents apportés, afin de l’offrir au divin Enfant au nom des Gentils. N’est-ce pas déjà le Patron et le Protecteur des Missions ?

Saint Joseph, dans la Vie de Jésus-Christ et dans la Vie de l’Eglise

R. P. M. Meschler S. I.


[1] Nous devons ajouter que, d’après d’autres auteurs, le personnage en question serait une femme.

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