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Marie Madeleine

Bien qu’il existe de nombreux et divers chemins pour aller au Ciel, ils se résument tous en fin de compte à deux : l’innocence et la pénitence. Le premier est celui de ceux qui n’ont jamais péché ; le second, celui de ceux qui, après avoir péché, ont fait pénitence. La Sainte Vierge Marie, saint Jean-Baptiste, saint Louis de Gonzague, sainte Thérèse, les Saints Innocents… et ceux qui n’ont jamais commis de péché mortel ont suivi le premier ; tous les autres suivent le second.

Dieu, dans sa divine Sagesse, a donné deux guides pour précéder ces chemins. Ce sont deux Marie : Marie, la Mère du Sauveur, pour être un miroir d’innocence, et Marie Madeleine, pour être un symbole de pénitence.

Ainsi, l’exemple et le guide de ceux qui suivent ce second chemin est Marie Madeleine ; Et ils doivent la regarder pour voir s’ils possèdent quelque chose de cet esprit véhément, de cette profonde tristesse, de cette foi vive, de cet amour ardent, de ce mépris du monde, car s’ils n’en possèdent aucun, leur pénitence n’est pas vraie.

1. La pécheresse aux pieds de Jésus

Saint Luc [1] raconte qu’un pharisien invita Notre-Seigneur à dîner, et que dans cette ville se trouvait une femme qu’ils appelèrent la pécheresse, car elle était de mauvaise réputation. Mais… Quelle merveille divine ! L’une des choses les plus viles et les plus basses du monde, une prostituée, fut destinée par Dieu à devenir un exemple de pénitence et l’une des principales étoiles de son Église.

Pourquoi ? La meilleure réponse est ce que dit le Psaume 17 : Il l’a sauvée parce qu’il l’aimait (17,20). Cela témoigne de la bonté de Dieu, de sa miséricorde, et aussi du fait que tout bien que nous recevons, nous le recevons de lui. Et, en même temps, cela devrait nous inciter à être plus humbles, bienveillants, reconnaissants envers Dieu et à craindre notre faiblesse et notre fragilité.

Marie Madeleine comprit que Jésus était dans la maison du pharisien et, sans attendre un meilleur endroit ni une meilleure occasion – car la puissance de la douleur et de l’amour ne lui laissait aucune place – se couvrit de son manteau, prit un vase de parfum précieux – qu’elle avait utilisé auparavant non pas pour racheter ses péchés, mais pour les multiplier, et non pour servir le Christ, mais pour sacrifier au diable – et se rendit là où Jésus mangeait. Elle n’osa pas se montrer aux yeux de Jésus, car la honte de ses péchés la retenait. Venant derrière, elle se pencha aux pieds de Jésus et versa tant de larmes sur ses pieds qu’elles suffirent à les laver. Et tout comme l’eau était étrange, la serviette avec laquelle elle les séchait, ses cheveux, l’était aussi. Elle embrassa les pieds de Jésus et les oignit de ce précieux onguent.

Tout ce qu’elle servait au monde, elle le consacrait au Christ :

– Elle fit de ses yeux des fontaines pour laver les taches de son âme ;

– Elle fit de ses cheveux une serviette pour les purifier ;

– De sa bouche, elle fit des signes de paix pour recevoir la paix du Christ ;

– Et de l’onguent, elle fit un remède pour guérir les blessures de son âme et couvrir la puanteur de sa vie mauvaise.

Et ce qu’elle faisait extérieurement, le Seigneur le fit intérieurement, dans son âme :

– Elle venait et il l’attirait ;

– Elle oignait ses pieds de parfum et il oignait son âme de grâce ;

– Elle lavait ses pieds de larmes, il lavait ses péchés de sang ;

– Elle lui essuyait les pieds avec ses cheveux, Il ornait son âme de vertus ;

– Elle baisait ses pieds avec un grand amour, et Il lui donnait ce baiser de paix donné au fils prodigue lors de sa conversion…

Elle ne prononça pas un mot, car les larmes et les gémissements suffisaient comme paroles. Quelle efficacité ces paroles ! « Ô humble larme », dit saint Jérôme, « à toi appartient la puissance, à toi appartient le royaume ; tu ne crains pas le tribunal du juge, tu fais taire les accusateurs, personne ne peut t’empêcher d’entrer, tu conquiers l’Invincible, tu lie les mains du Tout-Puissant ! »

Ces larmes provenaient de multiples émotions, car c’étaient des larmes de foi, des larmes d’espoir, des larmes de chagrin, des larmes d’amour…

2. Avec les ailes de l’amour et du chagrin

Que fais-tu, pécheresse publique ? Vois-tu, ce n’est ni le moment ni le lieu préparés pour ce que tu désires. Person ne, lorsqu’il veut se repentir, ne recherche des témoins ou des lieux publics, mais l’obscurité et la solitude.

Mais la véhémence et l’urgence du chagrin, de la crainte et de l’aversion de soi même, occupaient tellement son esprit qu’elle ne comprenait que l’ampleur de son danger.

En elle résidaient une grande crainte et un profond respect, mais pas seulement la crainte, mais aussi l’amour, un amour si grand qu’elle méritait d’entendre : « De nombreux péchés furent pardonnés, car elle aimait beaucoup. »

Et non seulement l’amour, mais aussi la douleur, si grande qu’elle la fit verser d’abondantes larmes. Et la honte et la confusion… Et le mépris du monde, car elle prêtait peu d’attention aux paroles des gens et aux jugements du pharisien, pour cesser de faire ce qui était nécessaire à son salut. Et non seulement cela, mais elle fit une grande pénitence pendant trente ans dans une grotte [2], bien qu’elle ait déjà reçu la promesse du salut des lèvres du Seigneur et l’indulgence pleinière de ses péchés.

Pour tout cela, elle méritait d’être aux côtés de la Sainte Vierge, afin que nous comprenions que le vrai pénitent, par l’infinie miséricorde de Dieu, peut se trouver aux côtés de l’innocent.

Chers frères et sœurs, comprenons que les vrais pénitents sont égaux aux innocents et parfois même les surpassent, comme le disait le grand pénitent David : « Purifie-moi, Seigneur, et je serai purifié ; lave-moi, et je serai plus blanc que la neige » (Ps 50, 9). Dire que je serai plus blanc que la neige, c’est dire que le pénitent deviendra plus blanc que l’innocent, comme c’est le cas de Marie Madeleine, qui a plus de gloire au ciel que beaucoup de ceux qui n’ont jamais péché mortellement.

Imitons-la dans la pénitence afin de devenir dignes de sa gloire, par la miséricorde de Dieu.

+ P. Carlos Miguel Buela. IVE

Fondateur de la Famille Religieuse du Verbe Incarné.


[1] Lc. 7,36ss.

[2] Cette grotte se trouve à la Sainte Baume, près de Marseille (France).