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La famille chrétienne est image de la communion du Père et du Fils dans l’Esprit Saint

La fête de la Sainte Famille.[1]

Aujourd’hui, nous célébrons la fête de la Sainte Famille. C’est pourquoi nous allons parler du quatrième commandement. La Sainte Famille est un exemple pour nous dans la manière dont nous devons accomplir ce commandement.

I Introduction :

Les dix commandements se divisent en deux grandes parties. Les œuvres qui sont dirigées vers Dieu et les œuvres qui sont dirigées vers les hommes.

Les œuvres qui sont dirigées vers nos prochains sont résumées dans ce commandement : ” Tu aimeras ton prochain comme toi-même “. 

Jésus dit à ses disciples : ” Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ” (Jn 13, 34). La charité est donc la loi dans sa plénitude ” (Rm 13, 8-10).Il   constitue l’un des fondements de la doctrine sociale de l’Église.

Le quatrième commandement ouvre la seconde table de la loi donnée par Dieu au mont Sinaï : Il indique l’ordre de la charité. Dieu a voulu qu’après Lui, nous honorions nos parents à qui nous devons la vie et qui nous ont transmis la connaissance de Dieu. Nous sommes tenus d’honorer et de respecter tous ceux que Dieu, pour notre bien, a revêtus de son autorité.

Le quatrième commandement s’adresse expressément aux enfants dans leurs relations avec leurs père et mère, avec les membres du groupe familial, l’honneur, affection et reconnaissance aux ancêtres, les maître, les employeurs, la patrie, etc.

Ce commandement implique évidement les devoirs des parents, maîtres, chefs, magistrats, gouvernants, etc.

II. La famille dans le plan de Dieu. Nature de la famille.

La communauté conjugale est établie sur le consentement des époux.

Le mariage et la famille sont ordonnés au bien des époux et à la procréation et à l’éducation des enfants. Pour cela la famille est la cellule originelle de la vie sociale.

L’autorité, la stabilité et la vie de relations au sein de la famille constituent les fondements de la liberté, de la sécurité, de la fraternité au sein de la société.

Dans la famille tous les membres ont la même dignité. Pour le bien commun de ses membres et de la société, la famille implique une diversité de responsabilités, de droits et de devoirs.

III La famille chrétienne

Le concept de famille humaine est perfectionné par la révélation, en effet elle est une communauté de foi, d’espérance et de charité, pour cela elle doit être désignée comme une église domestique ” (FC 21 ; cf. LG 11).

La famille chrétienne est une communion de personnes, trace et image de la communion du Père et du Fils dans l’Esprit Saint. Son activité procréatrice et éducative est le reflet de l’œuvre créatrice du Père. Elle est appelée à partager la prière et le sacrifice du Christ. La prière quotidienne et la lecture de la Parole de Dieu fortifient en elle la charité. La famille chrétienne est évangélisatrice et missionnaire.

La famille est une communauté privilégiée appelée à réaliser ” une mise en commun des pensées entre les époux et aussi une attentive coopération des parents dans l’éducation des enfants ” (GS 52, § 1).

IV. Devoirs des membres de la famille

Devoirs des enfants : La paternité divine est la source de la paternité humaine (cf. Ep 3, 14) ; c’est elle qui fonde l’honneur des parents.

Le respect pour les parents (piété filiale) est fait de reconnaissance envers eux pour le don de la vie, leur amour et leur travail. Saint Paul dit : «  As-tu quelque chose sans l’avoir reçu ? » et la majorité des dons nous l’avons reçu par nos parents.

Le respect filial se révèle par la docilité et l’obéissance véritables (avec la limite que l’on connait bien). ” Garde, mon fils, le précepte de ton père, ne rejette pas l’enseignement de ta mère … (Pr 6, 20-22).

En grandissant, les enfants continueront à respecter leurs parents. Ils préviendront leurs désirs, solliciteront volontiers leurs conseils et accepteront leurs admonestations justifiées.

Autant qu’ils le peuvent, ils doivent leur donner l’aide matérielle et morale, dans les années de vieillesse, et durant le temps de maladie, de solitude ou de détresse.

Le respect filial favorise l’harmonie de toute la vie familiale, il concerne aussi les relations entre frères et sœurs. ” Supportez-vous les uns les autres dans la charité, en toute humilité, douceur et patience ” (Ep 4, 2).

Devoirs des parents : La fécondité de l’amour conjugal ne se réduit pas à la seule procréation des enfants, mais doit s’étendre à leur éducation morale et à leur formation spirituelle. ” Le rôle des parents dans l’éducation est d’une telle importance qu’il est presque impossible de les remplacer ” (GE 3). Le droit et le devoir d’éducation sont pour les parents primordiaux et inaliénables (cf. FC 36).

Les parents doivent regarder leurs enfants comme des enfants de Dieu et les respecter comme des personnes humaines.

“Qui corrige son fils en tirera profit ” (Si 30, 1-2). ” Et vous, pères, n’irritez pas vos enfants, élevez-les au contraire en les corrigeant et avertissant selon le Seigneur ” (Ep 6, 4).

V. La famille et le royaume

Les liens familiaux, s’ils sont importants, ne sont pas absolus. De même que l’enfant grandit vers sa maturité et son autonomie humaines et spirituelles, de même sa vocation singulière qui vient de Dieu s’affirme avec plus de clarté et de force.

 Les parents respecteront cet appel et favoriseront la réponse de leurs enfants à le suivre.

Il faut se convaincre que la vocation première du chrétien est de suivre Jésus (cf. Mt 16, 25) : ” Qui aime père et mère plus que moi, n’est pas digne de moi, et qui aime fils ou fille plus que moi n’est pas digne de moi ” (Mt 10, 37).

En raison du fait que nous sommes chrétiens, nous appartenons à la famille de Dieu, pour cela Jésus dit : ” Quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère et ma sœur, et ma mère ” (Mt 12, 49).

Les parents accueilleront et respecteront avec joie et action de grâce les appels du Seigneur.

[1]D’après le catéchisme de l’Eglise catholique. N 2196 ss

“Aie au fond de ton cœur la racine de l’amour”

Lire l’évangile du dimanche XXX (Mt 22, 34-40)

Le Seigneur subit une nouvelle tentative pour le faire tomber dans un piège, en revanche Il donne cette sublime et simple réponse qui fera taire ses ennemis, Il répète avec solennité le grand commandement.

Impossible de ne pas parler ce dimanche de ce grand commandement.

Nous avons appris et nous connaissons les 10 commandements, ce qu’on appelle le Décalogue (dix paroles), alors les dix commandements et tous les préceptes de la vie chrétienne doivent être interprétés et vécus à la lumière de ce double et unique commandement de la charité, plénitude de la Loi : De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes.

Comme dit saint Paul : Le précepte : tu ne commettras pas d’adultère ; tu ne tueras pas ; tu ne voleras pas ; tu ne convoiteras pas, et tous les autres se résument en ces mots : tu aimeras ton prochain comme toi-même. La charité ne fait point de tort (de mal) au prochain. La charité est donc la loi dans sa plénitude (Rm 13, 9-10), aimer c’est accomplir la loi tout entière.

Parmi les premiers livres de la bible, nous trouvons le livre de l’Exode, où Dieu révèle à Moïse sur le mont Sinaï, les dix commandements : Il les a écrits ” de son Doigt ” (Ex 31, 18 ; Dt 5, 22), Il les a écrits sur deux tables de pierre qu’Il donna à Moïse” (Dt 5, 22). C’est pourquoi ces deux tables sont appelées ” le Témoignage ” (Ex 25, 16). Ces ” tables du Témoignage ” (Ex 31, 18 ; 32, 15 ; 34, 29) doivent être déposées dans ” l’arche de l’Alliance” (Ex 25, 16 ; 40, 1-2). Elles étaient le symbole de l’Alliance de Dieu avec son Peuple.

En effet, avant d’être proclamés par Dieu sur le mont Sinaï, les 10 commandements étaient déjà écrits dans le cœur de l’homme ; c’est-à-dire qu’ils sont l’expression de cette loi qu’on appelle « naturelle ».

Les 10 commandements mettent en lumière les devoirs essentiels, et donc indirectement, les droits fondamentaux de la personne humaine.

Mont Sinaï

Irénée enseignait « Dès le commencement, Dieu avait enraciné dans le cœur des hommes les préceptes de la loi naturelle. Il se contenta d’abord de les leur rappeler. Ce fut le Décalogue (S. Irénée, hær. 4, 15, 1). » Aussi Saint Paul disait que les païens avaient la loi écrite dans leurs cœurs (Ro. 2,15).

Alors, on peut dire : S’ils étaient déjà écrits dans notre cœur, il n’y avait pas besoin de les révéler.

L’humanité touchée par le péché avait besoin de cette révélation. « Une explication plénière des commandements du Décalogue était nécessaire dans l’état de péché à cause de l’obscurcissement de la lumière de la raison et de la déviation de la volonté (S. Bonaventure, sent. 4, 37, 1, 3) ».

Mais, certains ne comprennent pas pourquoi Dieu veut nous commander l’amour, « Il ne peut pas obliger l’amour ! »

La réponse adéquate c’est que Dieu ne nous enlève pas la liberté pour l’aimer ou ne pas l’aimer, plutôt ce qu’Il nous indique, dans sa Miséricorde, c’est le chemin, le bon chemin pour découvrir l’amour authentique et trouver la vraie liberté. Ecoutons ces profondes paroles du pape Saint Jean Paul II : « Les Dix Commandements nous ouvrent l’unique avenir véritablement humain et cela parce qu’ils ne sont pas imposés de façon arbitraire par un Dieu tyrannique. Le Seigneur les a écrits sur la pierre, mais il les a gravés avant tout dans chaque cœur humain comme loi morale universelle valable et actuelle en tout lieu et en tout temps. Cette loi empêche que l’égoïsme et que la haine, le mensonge et le mépris ne détruisent la personne humaine. Les Dix Commandements, avec leur rappel constant à la divine Alliance, mettent en lumière le fait que le Seigneur est notre Dieu unique et que tout autre divinité est fausse et finit par réduire en esclavage l’être humain, le conduisant à la perte de sa dignité humaine » finissait le saint pape.

La loi du Sinaï est une loi qui cherche la liberté de la personne, mais pour qu’elle soit libre il faut d’abord lui indiquer le bon chemin, lui donner une protection contre le mal, la loi poursuit aussi l’objectif de faire que chacun de nous sache utiliser sa propre liberté pour ne pas faire du mal aux autres. Saint Jean de la Croix disait : « pour le juste, il n’y a pas de loi, parce que l’amour est sa loi ». Celui qui sait aimer, celui qui aime véritablement, cherche habituellement à faire la volonté de Dieu, il sait aussi  chercher où se trouve la vraie joie.

Aussi Saint Augustin avait cette phrase audacieuse : « Aime et fais ce que tu veux ».

Si nous revenons au texte de l’évangile, nous devons comprendre l’unité qui existe dans les deux commandements, c’est le Seigneur qui nous montre cela, Il n’attend pas une autre question, Il continue sa réponse pour montrer que cette union est très intime.

Les dix commandements sont un tout indissociable, nous ne pouvons pas le diviser : et cela est très important, parce que parfois, l’on voudrait rester tranquille en disant « j’accomplis bien tel ou tel commandement » ou bien une bonne partie des dix, mais le Seigneur n’accepte pas la moitié ou la grande partie, l’amour doit être total : Les deux Tables s’éclairent mutuellement ; elles forment une unité organique. Transgresser un commandement, c’est transgresser aussi tous les autres (cf. Jc 2, 10-11). On ne peut honorer autrui sans bénir Dieu son Créateur (c’est la philanthropie sans Dieu). Ou bien, on ne saurait adorer Dieu sans aimer tous les hommes ses créatures. Le Décalogue unifie la vie théologale et la vie sociale de l’homme, on ne peut pas séparer ce qui est un chez l’être l’humain.

Une autre question : comment aimer mon prochain qui est parfois difficile à aimer ? Je peux aimer celui vers qui je sens un profond rejet parce qu’il m’a fait du mal ?

Il faut bien distinguer les deux sphères de l’âme, la sphère spirituelle et celle du sensible (sentimentale). Et l’on recourt encore une fois au saint Pape Jean Paul II : « L’amour authentique ce n’est pas un vague sentiment ni même une passion aveugle, non plus. C’est une attitude intérieure (de l’âme) qui compromet tout l’être humain. Il s’agit de regarder l’autre non pour s’en servir , mais pour le servir. C’est la capacité de se réjouir avec celui qui est dans la joie et de souffrir avec celui qui souffre. C’est partager ce que je possède pour que personne ne soit privé du nécessaire. Dans un mot, l’amour est le don de soi-même. Cet amour qui constitue le grand message du christianisme, se trouve toujours au pied de la croix, devant l’image émouvante du Fils de Dieu incarné qui s’offre en sacrifice pour l’homme (Angélus, 13/02/94).

Pour finir, l’unique amour, l’amour authentique, provient de Dieu, il est imprégné de charité et bienveillance et il est loin de tout égoïsme, et l’amour trouve son but et son accomplissement en Dieu. Nous allons finir avec cette citation Saint Augustin, dont nous avons déjà cité la première partie, mais ensuite le saint explicite comment doit se concrétiser cet amour en nous : «Aime et fais ce que tu veux : Si tu te tais, tais-toi par amour, si tu parles, parle par amour, si tu corriges, corrige par amour, si tu pardonnes, pardonne par amour. Aie au fond du cœur la racine de l’amour : de cette racine, rien ne peut sortir de mauvais. »

P. Luis Martinez V. E.

Institut du Verbe Incarné