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Chemin de Croix – Nouvelle version

Prière

Seigneur Jésus, Toi qui as parcouru le chemin du Calvaire avec un amour infini, pour me racheter des péchés avec lesquels je t’ai offensé, je te prie de me donner la grâce de méditer avec une vraie douleur tout ce que Tu as souffert pour moi. Amen.

[Cette nouvelle version du chemin de croix ne se limite pas seulement au chemin où le Seigneur portait sa croix, à sa mort et sa descente au sépulcre ; elle a été réalisée avec les principaux moments de la Passion depuis l’agonie à Gethsémani qui sont décrits par les évangiles. Elle manque pourtant d’une méditation écrite pour chaque station, mais qui peut bien être remplacée par un silence contemplatif du mystère. ] 

station: L’agonie de Jésus au Jardin de Gethsémani.

– Nous t’adorons Christ et nous te bénissons.

– Parce que Tu as racheté le monde par ta sainte Croix. (à chaque station)

Ils parviennent à un domaine appelé Gethsémani. Jésus dit à ses disciples : « Asseyez-vous ici, pendant que je vais prier. » Puis il emmène avec lui Pierre, Jacques et Jean, et commence à ressentir frayeur et angoisse.

Il leur dit : « Mon âme est triste à mourir. Restez ici et veillez. » Allant un peu plus loin, il tombait à terre et priait pour que, s’il était possible, cette heure s’éloigne de lui. Il disait : « Abba… Père, tout est possible pour toi. Éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que moi, je veux, mais ce que toi, tu veux ! » (Mc 14, 32-36).

• Seigneur, aie pitié de nous !

• Parce que nous avons péché contre Toi. (à chaque station)

station: L’arrestation de Jésus.

Jésus parlait encore quand Judas, l’un des Douze, arriva et avec lui une foule armée d’épées et de bâtons, envoyée par les grands prêtres, les scribes et les anciens.

À peine arrivé, Judas, s’approchant de Jésus, lui dit : « Rabbi ! » Et il l’embrassa. Les autres mirent la main sur lui et l’arrêtèrent. (Marc 14, 43.45-46).

station: Jésus devant le Sanhédrin.

Les grands prêtres et tout le Conseil suprême cherchaient un témoignage contre Jésus pour le faire mettre à mort, et ils n’en trouvaient pas.

Alors s’étant levé, le grand prêtre, devant tous, interrogea Jésus : « Tu ne réponds rien ? Que dis-tu des témoignages qu’ils portent contre toi ? » Mais lui gardait le silence et ne répondait rien. Le grand prêtre l’interrogea de nouveau : « Es-tu le Christ, le Fils du Dieu béni ? »

Jésus lui dit : « Je le suis. Et vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-Puissant, et venir parmi les nuées du ciel. » Alors, le grand prêtre déchire ses vêtements et dit : « Pourquoi nous faut-il encore des témoins ? Vous avez entendu le blasphème. Qu’en pensez-vous ? » Tous prononcèrent qu’il méritait la mort. (Mc 14, 55. 60-61. 62.64).

station: Les reniements de Pierre.

Environ une heure plus tard, un autre insistait avec force : « C’est tout à fait sûr ! Celui-là était avec lui, et d’ailleurs il est Galiléen. » Pierre répondit : « Je ne sais pas ce que tu veux dire. » Et à l’instant même, comme il parlait encore, un coq chanta. Le Seigneur, se retournant, posa son regard sur Pierre. Alors Pierre se souvint de la parole que le Seigneur lui avait dite : « Avant que le coq chante aujourd’hui, tu m’auras renié trois fois. » Il sortit et, dehors, pleura amèrement. (Lc 22, 59-62).

station: Jésus devant Pilate.

Alors Pilate convoqua les grands prêtres, les chefs et le peuple. Pilate, dans son désir de relâcher Jésus, leur adressa de nouveau la parole. Mais ils vociféraient : « Crucifie-le ! Crucifie-le ! » Pour la troisième fois, il leur dit : « Quel mal a donc fait cet homme ? Je n’ai trouvé en lui aucun motif de condamnation à mort. Je vais donc le relâcher après lui avoir fait donner une correction. » Mais ils insistaient à grands cris, réclamant qu’il soit crucifié ; et leurs cris s’amplifiaient.

Alors Pilate décida de satisfaire leur requête. Il relâcha celui qu’ils réclamaient, le prisonnier condamné pour émeute et pour meurtre, et il livra Jésus à leur bon plaisir. (Lc 23, 13,20-25).

station: Le couronnement d’épines.

Les soldats l’emmenèrent à l’intérieur du palais, c’est-à-dire dans le Prétoire. Alors ils rassemblent toute la garde, ils le revêtent de pourpre, et lui posent sur la tête une couronne d’épines qu’ils ont tressée. Puis ils se mirent à lui faire des salutations, en disant : « Salut, roi des Juifs ! » Ils lui frappaient la tête avec un roseau, crachaient sur lui, et s’agenouillaient pour lui rendre hommage. (Mc 15, 16-19).

station: Jésus sur le chemin du Calvaire.

Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui enlevèrent le manteau de pourpre, et lui remirent ses vêtements. Puis, de là, ils l’emmènent pour le crucifier (Mc 15, 20).

station: Simon aide Jésus à porter la croix.

Comme ils l’emmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs, et ils le chargèrent de la croix pour qu’il la porte derrière Jésus. (Luc 23, 26).

station: Jésus réconforte les femmes.

Le peuple, en grande foule, le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur Jésus. Il se retourna et leur dit : « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants ! (Lc 23, 27-28).

10° station: La crucifixion.

Ils le crucifient, puis se partagent ses vêtements, en tirant au sort pour savoir la part de chacun. (Mc 15, 24).

11° station: Jésus et le bon larron.

L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! » Mais l’autre lui fit de vifs reproches : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. » Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » (Lc 23, 39-43).

12° station: Jésus et sa Mère.

Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui. (Jn 19, 26-27).

13° station: Mort de Jésus.

Et à la neuvième heure, Jésus cria d’une voix forte : « Éloï, Éloï, lema sabactani ? », ce qui se traduit : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »

L’un d’eux courut tremper une éponge dans une boisson vinaigrée, il la mit au bout d’un roseau, et il lui donnait à boire, en disant : « Attendez ! Nous verrons bien si Élie vient le descendre de là ! » Mais Jésus, poussant un grand cri, expira. (Mc 15, 34.36-37).

14° station: Mise au tombeau de Jésus.

(Joseph d’Arimathie) acheta un linceul, il descendit Jésus de la croix, l’enveloppa dans le linceul et le déposa dans un tombeau qui était creusé dans le roc. Puis il roula une pierre contre l’entrée du tombeau. (Mc 15, 46).

Prière finale

Que ta bénédiction descende sur nous, Seigneur, qui avons rappelé la mort de ton Fils dans l’espérance de ressusciter un jour avec Lui. Que le pardon et la consolation descendent sur nous ; augmente notre foi et fortifie notre certitude dans la rédemption éternelle que ton Fils nous a obtenue sur la Croix. Par le Christ notre Seigneur. Amen.

(Un Notre Père, un Je vous salue Marie et un Gloire pour les intentions du Souverain Pontife, pour obtenir des indulgences [le chemin de croix bénéficie d’« indulgence plénière » s’il est prié devant des stations légitimement érigées]).

Extrait du livre “Sígueme ” du p. Marcelo Lattanzio IVE.

L’homme de la vie cachée et de la vie intérieure

Saint Joseph – nous avons eu l’occasion d’en faire la remarque – est un saint caché. Sa vie extérieure se passe dans l’ombre et le silence ; sa vie intérieure – celle où il est particulièrement admirable – est elle-même ombre et obscurité Pour lui, l’ombre attire l’ombre.

La vie de notre saint n’offre aux regards rien d’extraordinaire, rien qui provoque l’attention. De ses premières années nous ne savons rien : il ne nous apparaît qu’au moment de l’avènement du Sauveur. Il descend de la famille de David, qui est bien déchue de son ancienne splendeur. Ses jours, pour la plupart, s’écoulent dans la petite bourgade de Nazareth dont on se demandait : « Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth » (Joann. I, 46), et il ne semble point y avoir exercé quelque fonction officielle. On le connaît simplement comme un charpentier – profession qui n’a rien de glorieux. Quant à sa mission spéciale et personnelle d’être le père légal de Jésus, si belle et si sublime qu’elle soit en elle-même, c’est elle, précisément, qui voulait l’ombre et le silence. Les prophètes, les apôtres et les martyrs ont proclamé la Divinité de Jésus et, par le fait même, ils se sont acquis la gloire. La mission de saint Joseph, au contraire, fut, durant sa vie entière, de voiler cette Divinité. Nous l’avons vu : il a été l’ombre du Père céleste non seulement en représentant le Père céleste auprès de Jésus, mais encore en dérobant aux regards du monde la Divinité du Sauveur puisqu’aux yeux de tous il était le père de Jésus. Or, l’ombre n’est pas seulement le silence : elle recouvre de son mystère tout ce qui entre dans sa sphère. En voilant la Divinité de Jésus, saint Joseph voilait aussi le miracle accompli en Marie : la virginité et la maternité divine.

Cette mission spéciale, Joseph l’accepte et la remplit de tout son cœur, sans la démentir une seule fois durant sa vie entière. Il veut être caché, il veut rester caché. Que de merveilles il aurait pu révéler en parlant de la Vierge admirable, objet de prophéties si nombreuses et si éclatantes, espoir du peuple de Dieu ! Il abrite sous son toit le Messie attendu avec tant d’impatience, et il ne dit pas un mot de son secret ! « Son secret est à lui » (Is. XXIV, 16) ; il l’emporte avec lui dans le tombeau. Lorsque viennent les jours où le Sauveur accomplit ses miracles, lorsque la gloire de la Résurrection transforme en un triomphe les souffrances et les humiliations de la Passion, Joseph n’est plus de ce monde. Alors même que le christianisme étend ses conquêtes, notre saint demeure encore dans l’ombre jusqu’à ce que vienne l’heure de lui rendre un culte bien mérité.

Telle a été la merveilleuse vocation de Joseph : être l’ombre, projeter l’ombre sur lui-même et sur tout ce qui entre en rapport avec lui, sur Dieu même.

Sa vie extérieure fut donc une vie cachée. Mais cela ne suffisait point. Il fallait que cette vie cachée fût également une vie intérieure. La mission de saint Joseph le voulait aussi. Être le Gardien et le protecteur de la vie cachée de Jésus, c’était la vocation de saint Joseph. Or, cette vie cachée du Sauveur était essentiellement une vie intérieure. Il fallait donc, pour veiller sur cette vie, une âme intérieure, un saint qui aimât et pratiquât la vie intérieure.

Qu’est-ce donc que cette vie ? C’est le côté spirituel, le côté le meilleur de la vie humaine ; celle qui donne à l’homme une grandeur et une valeur bien au-dessus des apparences de la vie extérieure. Elle consiste dans la part que l’intérieur – l’âme, l’esprit de l’homme -, par son côté supérieur et surnaturel, prend aux actes extérieurs. C’est l’homme vivant pour Dieu, de Dieu et en Dieu. Dès lors, pour préciser par quelques traits, la vie intérieure consiste surtout dans la pureté du cœur, dans la fuite de tout ce qui peut déplaire à Dieu et nous rendre moins agréables à ses yeux, par conséquent dans la fuite de toute faute volontaire, par conséquent encore dans la vigilance sur notre intérieur; elle consiste, en outre, à nous efforcer de faire de tous nos actes extérieurs autant d’actes de vertu, – d’une vertu surnaturelle -; autant de mérites devant Dieu, en leur donnant une intention droite et surnaturelle; elle consiste, enfin, à nous entretenir directement avec Dieu par la prière et à correspondre fidèlement à ses inspirations.

Voilà, pratiquement, la vie intérieure ; et telle, par conséquent, dut être la vie intérieure de saint Joseph. Mais qui nous en dira la perfection ? Songeons à la mission glorieuse de Joseph, songeons aux grâces que Dieu lui a accordées en vue de cette mission ! Si Marie a reçu, dès le premier instant de son existence, une telle plénitude des dons célestes, parce qu’elle devait être la Mère du Sauveur, Joseph, dont la mission a plus d’une analogie avec celle de Marie, dut recevoir, à son tour, des grâces en rapport avec sa haute vocation. Ce capital de grâces ne put que se multiplier par la pratique de la vie intérieure, et fructifier d’autant plus que la vie extérieure de notre saint était plus humble et, en quelque sorte, plus ordinaire. En outre, une continuelle intimité avec le Sauveur et avec Marie favorisait singulièrement le progrès de la vie intérieure.

Quelle pureté dans les pensées de Joseph, dans ses intentions, puisque, jouissant de la société de Jésus, il était sans cesse comme les anges en présence du Dieu trois fois saint ! Quel recueillement dans ses actions, puisque sa vie tout entière se trouvait, par le fait même, directement consacrée au service de Dieu, à l’exécution des conseils divins ! Quelle ferveur dans la charité, puisque tout, autour de lui, tout ce qu’il voyait, tout ce qu’il entendait, était autant de révélations de l’amour de Dieu, autant d’inépuisables sources de grâces, autant de manifestations de la sagesse et de la beauté divines ! Joseph était plongé en Dieu : la lumière de Dieu baignait sa vie intérieure, comme la lumière de l’astre des nuits transparaît à travers le nuage qui la voile un instant.

Saint Joseph est donc le meilleur modèle de la vie intérieure. Sans doute, il n’était point la lumière qui commande l’attention et qui frappe tous les regards : nous le comparerions plutôt à un parfum dont on respire l’arôme sans reconnaître toujours d’où il s’exhale. Notre saint est donc, maintenant encore, dans l’Eglise, le Patron de la vie intérieure. Cette vie intérieure a fait sa grandeur. Elle lui était nécessaire ; sans elle, il n’eût été qu’une ombre vaine, devant les hommes et devant Dieu ; il eût ressemblé à ces riches et à ces grands du monde dont l’Ecriture nous dit « qu’à leur réveil, ils n’ont rien trouvé entre leurs mains » (Ps. LXXV, 6). Avec elle et par elle, il a été riche devant Dieu ; il a été grand de la grandeur de Dieu lui-même. Précisément parce que Dieu est infiniment riche en lui-même, il est caché, silencieux, invisible ; et c’est la vie intérieure qui nous associe à cette grandeur de Dieu, parce qu’elle consiste essentiellement à vivre pour Dieu et en Dieu.

La vie intérieure est pureté, parce qu’elle est un fréquent entretien avec Dieu, miroir de toute pureté. Elle est richesse, parce que tout ce que nous faisons, nous le faisons pour Dieu et nous le transformons en une récompense éternelle. Elle est force, parce que, par l’union avec Dieu, elle attire la grâce de vaincre les dangers et les difficultés de la vie extérieure.

Mettons-nous donc sous la protection de saint Joseph et, confiants dans son secours, marchons dans les voies de la vie intérieure, par la vigilance sur nous-mêmes, par la pureté d’intention en toutes choses, par la pratique de la prière, par la docilité aux inspirations de la grâce. Sans ces exercices de la vie intérieure, la vie la plus cachée resterait elle-même sans mérite devant Dieu, sans valeur pour l’éternité. Et pour entrer dans cette Terre promise de la vie intérieure, il n’est pas de guide meilleur ou plus sûr que Joseph : c’est l’une des récompenses accordées aux services qu’il a rendus à la Sainte Enfance du Sauveur.

Saint Joseph, dans la Vie de Jésus-Christ et dans la Vie de l’Eglise

R. P. M. Meschler S. I.