Fête de la Chaire de saint Pierre
Nous avons la joie de célébrer cet anniversaire de notre monastère le jour où l’Eglise fête la chaire de saint Pierre, une célébration qui fait référence au ministère du pape comme chef et pasteur de l’Eglise. Nous venons d’entendre l’évangile : “Tu es le Christ”…”Tu es Pierre”.
« Tu es le Christ» : sur cette profession de foi de Pierre, et sur la déclaration de Jésus qui s’ensuit: « Tu es Pierre », se fonde l’Eglise. Un fondement invincible, que les puissances du mal ne peuvent pas abattre, car c’est la volonté même du “Père qui est dans les cieux” (Mt 16, 17) qui le protège. La Chaire de Pierre, que nous célébrons aujourd’hui, ne repose pas sur des certitudes humaines – “la chair et le sang” – mais sur le Christ, pierre d’angle. Et nous aussi, comme Simon, nous nous sentons “bienheureux”, car nous savons n’avoir aucun motif de nous vanter, si ce n’est dans le dessein éternel et providentiel de Dieu. Dieu ne change pas ses desseins, les promesses de Dieu ne sont pas révocables, ne changeront jamais.
Mais, nous devons nous rappeler que la promesse du Christ allait au-delà de la chair et du sang de Pierre, parce que malgré l’humanité faible de l’apôtre, la faiblesse humaine blessée par le péché, Dieu voulait se servir de lui pour confirmer son Eglise.
Cette faiblesse, Simon allait la montrer un moment après sa profession de foi, mais encore plus « douloureusement », nous pouvons dire lorsqu’il abandonnera son Seigneur et le niera devant les hommes le premier jeudi saint de l’histoire.
Jésus avait dit aux Apôtres : “Tous vous aller succomber, car il est écrit: Je frapperai le pasteur et les brebis seront dispersées” (Mc 14, 27). Et Pierre répondit: “Même si tous succombent, du moins pas moi!” (Mc 14, 29) Jamais je ne succomberai, jamais je ne te laisserai… Et Jésus lui dit: “En vérité, je te le dis: toi, aujourd’hui, cette nuit même, avant que le coq chante deux fois, tu m’auras renié trois fois” (Mc 14, 30) “Dussé-je mourir avec toi, non, je ne te renierai pas” (Mc 14, 31), avait fermement répliqué Pierre, et avec lui tous les autres Apôtres. Et Jésus: “Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés pour vous cribler comme le froment; mais moi j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères” (Lc 22, 31-32).
Voilà la promesse de Jésus, notre certitude réconfortante: le ministère pétrinien ne se fonde pas sur la capacité et sur les forces humaines, mais sur la prière du Christ, qui implore le Père pour que la foi de Simon “ne défaille pas” (Lc 22, 32). “Une fois revenu”, Pierre pourra accomplir son service parmi ses frères. Le retour de l’Apôtre – nous pouvons presque dire sa seconde conversion – constitue ainsi le passage décisif dans son itinéraire à la suite du Seigneur.
Nous sommes précisément aidés en cela par l’épisode de Pierre, par son expérience de la faiblesse humaine, qui le conduisit, peu après ce dialogue avec Jésus, à oublier les promesses faites avec tant d’insistance et à renier son Seigneur. Malgré son péché et ses limites, le Christ le choisit et l’appela à une très haute tâche : celle d’être le fondement de l’unité visible de l’Eglise et de confirmer les frères dans la foi (S. Jean Paul II, 22/02/2000)
« Ces mots ont une signification particulière pour moi, disait saint Jean Paul II. Ils sont l’expression de ce qui constitue le cœur de ma mission de Successeur de Pierre. Jésus-Christ est le centre de l’univers et de l’histoire. Lui seul est le Rédempteur de chaque être humain. Dans la providence impénétrable de Dieu, j’ai été choisi pour continuer la mission de Pierre et répéter avec une similaire conviction : “Tu es le Messie, le Christ, le Fils du Dieu vivant”. Rien dans mon ministère ou dans ma vie ne peut précéder cette mission: proclamer le Christ à toutes les nations, parler de sa merveilleuse bonté, annoncer sa puissance salvatrice et assurer à chaque homme ou femme que celui qui croit en Christ ne mourra pas, mais qu’Il aura la vie éternelle (cf. Jn 3, 16) ».
Le Seigneur communique aussi le pouvoir à saint Pierre, dans l’image des clés du royaume des cieux, les clés qui sont devenues le symbole du ministère de Pierre.
Le p. Buela se demandait : pour quoi n’y-t-il que deux clés ? Il est vrai que dans le nouveau Testament l’expression est au pluriel : « les clés ».
Deuxièmement, il y a deux clés car elles indiquent la double puissance du Pape, sur terre et dans le ciel: ” tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux…” Les clés sont généralement décorées, parfois l’une est dorée et l’autre argentée et sont le signe spécifique du pouvoir papal que Jésus a donné à Saint Pierre et qui passe aux successeurs de Saint-Pierre.
-Une cascade de clés apparaît dans la basilique de Saint Pierre ! Et pourquoi une telle quantité?
En premier lieu, parce que c’est l’une des métaphores utilisées par Quelqu’un qui a dit un jour à qui est ici où se trouve son tombeau : “… Je te donnerai les clés …”, c’est-à-dire le pouvoir d’ouvrir et de fermer, de lier et de délier qu’il a donné à Pierre et à ses successeurs.
Deuxièmement, parce que les clés expriment pour nous la défense de notre vie la plus profonde et la plus importante : “Confirme tes frères dans la foi” (Lc 22,32), et que nous défendons par l’instinct surnaturel de la grâce.
Troisièmement, parce que les clés ne sont pas quelque chose d’inerte, statique, vide, mais au contraire elles sont quelque chose de vivant, dynamique et rempli qui expriment une vérité de foi et expriment chacun de nous (donnent un sens à notre existence), parce que la vitalité inépuisable de l’Église catholique Elle trouve sa source dans la foi de Pierre en notre Seigneur Jésus-Christ, comme l’enseigne saint Léon le Grand, également enterré ici: «Tout cela, chers frères, est le résultat de cette profession de foi inspirée par le Père dans le cœur de l’apôtre, [qui] a surmonté les incertitudes des opinions humaines et a obtenu la fermeté d’une pierre, capable de résister à tout coup sans crainte.
C’est quelque chose de tous les jours et qui affecte toute l’Église, qui reconnaît que Jésus est le Seigneur, parce que quiconque reconnaît que la vérité est liée à l’enseignement de Saint-Pierre est, dans sa mesure, comme une extension de celui-ci.
“Ainsi, comme dans toute l’Église, Pierre affirme chaque jour :” Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant “, chaque langue qui reconnaît le Seigneur est imprégnée de l’enseignement de cette voix”, poursuit saint Léon le Grand. Chaque frère et sœur, dans n’importe quelle partie du monde où il se trouve, qui confesse que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, est inculqué, inspiré, influencé et persuadé par la confession de Pierre, par le magistère de sa voix, la voix de celui à qui les clés ont été remises. C’est pourquoi saint Augustin enseigne: «… ces clés n’ont pas été reçues par un seul homme, mais par l’Église unique. D’où l’excellence de la personne de Pierre, en ce qu’il représentait l’universalité et l’unité de l’Église … “
Grâce au pouvoir des clés, l’Église catholique arrivera jusqu’à la fin des temps, infaillible dans sa hiérarchie in docendo et en nous in credendo, et sans erreur, sans que puissent la détruire les persécutions, les tempêtes, la cruauté des tyrans, non plus les lobbies ennemis !
Grâce aux clés nous vient la table de Son Corps et Son Sang!
Grâce aux clés nous obtenons la douceur de la Vierge Marie!
Grâce aux clés, nous avons la certitude qu’il y a la vie éternelle et que «ce qu’il a promis ne peut manquer de se réaliser:« À tous ceux qui me reconnaissent devant les hommes, je le reconnais aussi devant mon Père qui est aux cieux » !
Grâce aux clés, nous pouvons jouir d’une paix et d’une joie que le monde ne peut pas donner !
Grâce aux clés, l’Église est un défenseur invaincu de toute vie humaine !
Grâce aux clés, même si l’Antéchrist marchait sur nos têtes, avec notre dernier souffle, imprégnés de l’enseignement de Pierre, par la grâce de Dieu, nous confesserions: « Tu es le Messie, le Fils de Dieu vivant! »
Demandons ces grâces à notre Mère du Ciel.
P. Luis Martinez IVE.