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“Ce que Dieu a uni…”

Homélie pour le Dimanche XXVII du Temps Ordinaire, année B (Mc 10, 2-16).

“Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! ” La liturgie nous invite à réfléchir sur l’institution divine du mariage et la réalité qui lui est intimement unie, la famille.

Institution divine car c’est Dieu qui a donné au mariage une partie essentielle dans le dessein de salut de l’humanité. En effet, l’Ecriture Sainte, source de la vérité révélée, s’ouvre, à la première page de la Genèse (1,26-27), par la création de l’homme et de la femme appelés plus tard à être « une seule chair » ; et conclut par la vision des « noces de l’Agneau » dans l’Apocalypse (19,7.9), l’alliance que toute l’Église célébrera avec le Christ : « Soyons dans la joie, exultons, et rendons gloire à Dieu ! Car elles sont venues, les Noces de l’Agneau, et pour lui son épouse a revêtu sa parure » (19,7).

Malgré le désordre et l’inimitié que le péché introduit entre l’homme et la femme unis dans le mariage, l’Ancien Testament présente l’amour conjugal exclusif et fidèle comme une image de l’Alliance de Dieu avec Israël (cf Os 1-3 ; Is 54 et 62 ; Jr 2 -3 ; 31 ; Ez 16,62 ; et ch. 23). Pour cette raison, dans le livre du prophète Osée, les actes d’idolâtrie du peuple d’Israël sont comparés à l’infidélité conjugale (Os 2,4ss). Et le Cantique des Cantiques exprime le point culminant de l’union de l’âme avec Dieu en utilisant le symbolisme de l’amour conjugal le plus fidèle, le plus tendre et le plus fort, l’amour « fort comme la mort » que «les grandes eaux ne pourront éteindre l’amour, ni les fleuves l’emporter» (Cant. 8.6-7).

Tout cela préparera la restauration et le renouveau que le Christ fera du mariage blessé par le péché. Il l’élèvera à la catégorie de « sacré », « saint » et non seulement « saint », mais aussi « sanctifiant », qui produit la grâce, qui rend « saints » les hommes, c’est-à-dire qu’il l’élève à la catégorie de sacrement. C’est pourquoi dans le Nouveau Testament, le mariage entre l’homme et la femme en viendra à signifier cette union très intime entre l’âme sanctifiée par le Baptême et le Christ. C’est l’apôtre saint Paul qui expose cette vérité dans le chapitre 5 de la lettre aux Ephésiens. Dans cette analogie se manifeste la grandeur du mariage : « Vous, les hommes, aimez votre femme à l’exemple du Christ : il a aimé l’Église, il s’est livré lui-même pour elle, afin de la rendre sainte en la purifiant par le bain de l’eau baptismale, accompagné d’une parole ; il voulait se la présenter à lui-même, cette Église, resplendissante, sans tache, ni ride, ni rien de tel ; il la voulait sainte et immaculée. À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un» (Eph 5 : 25-27). Et c’est pourquoi toujours le même apôtre, en référence au mariage, finira par dire : « Ce mystère (ce sacrement) est grand : je le dis en référence au Christ et à l’Église.» (Ep 5,32).

Comme il apparaît dans la première lecture (Gn 2, 18-24), dès le début de la création, on peut apprécier la grandeur dont Dieu a doté le mariage entre l’homme et la femme. Il y a une claire différence dans la création de l’homme et de la femme du reste des choses matérielles créées par Dieu. Pour les autres créatures, Dieu dit : « Que la lumière soit. »  « Qu’il y ait un firmament au milieu des eaux » (Gn 1,3.6.14). Mais lorsqu’il va créer l’homme, il utilise une formule très différente : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance. » C’est surprenant que le verbe soit conjugué au pluriel « faisons » et « à notre image et ressemblance » (encore une fois au pluriel). Que signifie ce « faisons » ? D’abord, on comprend que cela est déjà une certaine révélation que Dieu n’est pas un Dieu solitaire, mais que, étant un seul Dieu, il est aussi une communauté de Personnes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Mais aussi, dit Jean-Paul II, “avant de créer l’homme, il semble que le Créateur soit entré en lui-même pour chercher le modèle et l’inspiration dans le mystère de son Être“.

Et quel est le « mystère » de l’Être de Dieu, quelle est la réalité de son Être ? Saint Jean nous répond dans sa première lettre : « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16) 4. Dans la relation des Trois Personnes de Dieu, tout s’explique par l’amour : le Père engendre le Fils par l’Amour ; le Père et le Fils s’aiment de telle sorte que de cet amour procède d’une troisième personne, qui est l’Esprit Saint. Par conséquent, ce que l’expression “image et ressemblance de Dieu” indique, c’est que l’homme a été créé par amour et pour l’amour. La vocation originelle et la plus profonde de l’être humain est d’être « pour l’amour ».

Le texte biblique insiste beaucoup sur l’image et la ressemblance divines avec lesquelles Dieu a créé l’homme et fait remarquer qu’à l’intérieur de cette image et de cette ressemblance divine, outre le fait qu’ils soient de sexes différents, masculin et féminin : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme ».

Mais aussitôt Dieu leur dit : « Soyez féconds et multipliez-vous ; remplissez la terre et soumettez-la » (Gn 1,28). La communion devient communauté. Cette communauté qui naît de la communion du mariage est la famille, composée de parents et d’enfants.

Cette union indissoluble de l’homme et de la femme est confirmée par Dieu  dans le chapitre 2 de la Genèse : « L’homme quittera son père et sa mère et s’unira à sa femme, et ils deviendront une seule chair » (Gn 2,24).

Dans l’Évangile, le Seigneur évoque ces mêmes paroles et ajoute : « Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! » (Mt 19,6). Il révèle à nouveau le contenu normatif d’une réalité qui existe depuis « le commencement » (Mt 19,8) et qui conserve toujours ce contenu en soi. Si le Maître le confirme « maintenant », au seuil de la nouvelle alliance, il le fait pour que le caractère indissoluble du mariage soit clair et sans équivoque, comme fondement du bien commun de la famille » (Saint Jean Paul II, Lettre aux familles, nº 7).

Comme chrétiens, nous sommes convaincus de cette vérité, c’est Dieu lui-même qui est l’auteur du mariage et de la famille. Malgré les évolutions que l’institution du mariage a pu subir selon les cultures ou les époques (variations causées par le désordre du péché), il est clair qu’il ne s’agit pas d’une institution purement humaine. Et malgré les diversités que l’on peut trouver dans différents lieux, cultures ou époques, le mariage et la famille ont des traits communs et permanents qui ont été donnés par Dieu et qui ne changent pas, bien que les lieux, les cultures et les temps changent.

L’essence ou la nature du mariage, c’est que ce soit « un homme avec une femme, pour toujours, devant Dieu ». Parce qu’« il les a fait il les créa homme et femme».

 Pourquoi pour toujours ? Parce que, lorsque Jésus dit que « l’homme ne doit pas séparer ce que Dieu a uni », il fait référence à l’ordre de la création, c’est-à-dire avant même l’institution du mariage comme « sacrement ». Ceci est réaffirmé par saint Paul : « À ceux qui sont mariés, je donne cet ordre – il ne vient pas de moi, mais du Seigneur – : que la femme ne se sépare pas de son mari ; et même si elle est séparée (si une circonstance, l’oblige à être séparée), qu’elle reste seule, ou qu’elle se réconcilie avec son mari ; et que le mari ne renvoie pas sa femme.» (1Cor 7,10-11). 

Pourquoi devant Dieu ? Car c’est Dieu qui doit unir le mariage. Jésus-Christ l’a élevé au rang de sacrement pour les baptisés. Et Jésus-Christ est Dieu et en est le Haut Législateur.

La fin première du mariage est la procréation, avoir des enfants. Car c’est le premier et principal ordre que Dieu leur donne lorsqu’il les a créés : « Soyez féconds et multipliez-vous et remplissez la terre ».

Certes, cet « avoir des enfants », cette procréation est intimement liée à l’union d’amour entre eux. Et c’est pourquoi la fin secondaire et subordonnée du mariage est l’augmentation de l’amour entre les époux, l’entraide et le fait de donner aussi un remède contre le désordre de la concupiscence.

Aujourd’hui où le sacrement du Mariage et la famille sont tellement attaqués, soit en dehors de l’Eglise, soit aussi malheureusement parmi tant de « catholiques » qui veulent « détruire » la nature du mariage et de la famille, il est bien de rappeler ces grandes vérités.

Concluons cette méditation en évoquant la fidélité et l’unité du mariage :

« L’amour conjugal exige des époux, de par sa nature même, une fidélité inviolable. Ceci est la conséquence du don d’eux-mêmes que se font l’un à l’autre les époux. L’amour veut être définitif. Il ne peut être ” jusqu’à nouvel ordre.  Cette union intime, don réciproque de deux personnes, non moins que le bien des enfants, exige l’entière fidélité des époux et requiert leur indissoluble unité ” (GS 48, § 1). Le motif le plus profond se trouve dans la fidélité de Dieu à son alliance, du Christ à son Église ». (Catéchisme, nn.1646-1647)

Que la Sainte Vierge nous protège la famille chrétienne.

P. Luis Martinez IVE.

“Laissez les enfants venir à Moi”

La famille: la première école de vie chrétienne

Lire l’évangile du dimanche XXVII du temps ordinaire (Mc. 10,2-16)

Le Seigneur dans l’évangile de ce dimanche nous rappelle que le sacrement du mariage est une institution divine, c’est Dieu qui l’a créé et l’homme ne pourra jamais le défaire sans contredire la loi de Dieu, car c’est elle qui fait de l’homme et la femme au moment du mariage, une seule chair. Cette expression sémitique qui veut dire « une seule chose », qu’on ne peut diviser sans blesser la nature que Dieu lui a donnée. On peut faire une analogie avec notre corps, nous disons que notre cœur fait partie de nous, il forme un tout avec notre corps, et nous ne pouvons donc dire que notre corps possède un cœur dont il pourrait se débarrasser sans souffrir aucun mal.

L’union du mariage constitue une famille, dont les fruits de l’amour sont les enfants. Rappelons-nous que dans l’évangile d’aujourd’hui il y a une deuxième partie : les enfants qui viennent vers Jésus, « Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas » dit le Seigneur. Précisément la mission d’une famille, surtout des parents c’est de conduire leurs enfants vers Dieu.

Cette mission de conduire les enfants vers Dieu est seulement possible si les parents veillent sur la formation humaine et chrétienne des enfants que Dieu leur a donnés et confiés. Sachant qu’ils en rendront comptent à Dieu au jour de Jugement.

Le Catéchisme de l’Eglise Catholique nous apprend que dans nos jours et dans ce monde souvent étranger et même hostile à la foi, les familles croyantes sont de première importance, comme foyers de foi vivante et rayonnante. C’est au sein de la famille que les parents sont ” par la parole et par l’exemple … pour leurs enfants les premiers hérauts de la foi, au service de la vocation propre de chacun et tout spécialement de la vocation sacrée “. Le foyer est ainsi la première école de vie chrétienne et ” une école d’enrichissement humain “ (GS 52, § 1). C’est ici que l’on apprend l’endurance et la joie du travail, l’amour fraternel, le pardon généreux, même réitéré, et surtout le culte divin par la prière et l’offrande de sa vie. (C. E. C. 1656)

Les parents sont donc les premiers responsables de l’éducation de leurs enfants. Les parents enseigneront aux enfants à subordonner ” les dimensions physiques et instinctives aux dimensions intérieures et spirituelles ” (CA 36). C’est une grave responsabilité pour les parents de donner de bons exemples à leurs enfants. Aux parents aussi la charge de les guider et de les corriger : «  Qui aime son fils lui donne souvent le fouet, pour qu’il fasse, plus tard, sa joie. Qui élève bien son fils en retirera des satisfactions (Si 30, 1-2) ». « Et vous, pères, n’irritez pas vos enfants, élevez-les au contraire en les corrigeant et avertissant selon le Seigneur » (Ep 6, 4).

Alors, le pouvoir civil doit considérer comme un devoir grave de ” reconnaître et de protéger la vraie nature du mariage et de la famille, de défendre la moralité publique et de favoriser la prospérité des foyers ” (GS 52, § 2). Cela  veut dire que l’autorité publique ne peut pas remplacer la famille, si elle est bien constituée, ni remplacer la fonction des parents, sauf dans le cas où le bien des enfants le requiert.

Le Catéchisme nous dit aussi  que les premiers responsables de l’éducation des enfants ce sont leurs parents et qu’ils ont le droit de choisir pour eux une école qui corresponde à leur propres convictions. Ce droit est fondamental. Les parents ont, autant que possible, le devoir de choisir les écoles qui les assisteront au mieux dans leur tâche d’éducateurs chrétiens (cf. GE 6). Les pouvoirs publics ont le devoir de garantir ce droit des parents et d’assurer les conditions réelles de son exercice.

La mission des parents

La mission des parents n’est pas du tout facile. Elle a des caractéristiques qui semblent opposées : savoir comprendre mais aussi exiger ; respecter la liberté des enfants tout en les guidant et corrigeant ; les aider dans les tâches sans leur éviter l’effort éducatif et la satisfaction de les avoir accomplies.

Les parents chrétiens doivent savoir demander et exiger plus. On ne peut pas se contenter d’éviter le pire, le mal ; ils devraient les éduquer dans les valeurs de la personne, qui sont sublimées par la foi, l’espérance et la charité : la liberté, la responsabilité, la maternité et paternité, le service, le travail, la solidarité, l’honnêteté, la joie de se savoir enfants de Dieu, etc.

Cela implique de dédier du temps pour les enfants, d’être avec eux, de connaître leurs défauts et leurs vertus et de les aimer sincèrement.

Une anecdote raconte qu’un couple un peu fatigué du comportement de son enfant cherchait un cadeau pour lui dans un magasin de jouets. Ils cherchaient quelque chose pour l’amuser, le maintenir dans le calme et surtout un jouet qui lui enlève la sensation de solitude. La dame qui gérait le magasin  leur répond avec un très bon sens: « je suis désolée, mais dans ce magasin on ne vend pas des parents… ».

Si l’amour a engendré l’enfant, cet amour doit l’accompagner au long de sa vie.

L’amour se montre aussi par l’exemple, qui est le meilleur éducateur. Les paroles s’envolent, mais l’exemple demeure, illumine la conduite et surtout entraîne à imiter.

Il est vrai que les parents doivent savoir récompenser les enfants mais le fait de donner trop de gratifications peut en revanche produire un effet de déception lorsque celles-là viendraient à manquer. L’enfant serait tenté de prendre ce manque pour une punition. L’enfant doit comprendre que la meilleure récompense c’est le fait de savoir que son devoir a été réalisé devant Dieu.

Nous devons nous rappeler cette loi basique : éduquer ne signifie pas faire que l’autre se trouve toujours content et satisfait d’avoir rassasié tous ses caprices et désirs. « Éduquer » veut dire conduire en dehors de lui-même, cela signifie un effort des parents et de l’enfant pour faire sortir de lui toute la richesse qu’il contient, et qui fera de lui une bonne personne, en plus de le rendre joyeux.

Un grand défi aujourd’hui pour les responsables de l’éducation des petits c’est évidement la formation de la conscience. Le monde sans Dieu fabrique actuellement des idéaux qui n’aident pas, qui sont par contre mauvais pour le développement de la personne et incapables de donner la joie. La solution ne consiste pas dans un régime de police, composé de contrôle et des châtiments. Il faut qu’ils arrivent à concevoir en eux des critères corrects, distinguer eux même le bon du mauvais, le bien du mal.

Nous devons montrer la beauté et l’humanité de la vertu, découvrir la beauté réelle qui existe dans l’accomplissement du bien. Il faut que l’enfant apprenne à se poser des questions sur la moralité de ses actes, la finalité qu’il cherche soit lorsqu’il commet une faute soit aussi lorsqu’il agit par vertu.

Nous formons aussi la conscience de quelqu’un lorsque nous le prévenons de la bonté ou de la malice de la conduite ou de l’action qu’il envisagait. Nous éduquons aussi l’esprit de l’enfant en montrant la décision que nous aurions prise à sa place et expliquant la raison : « moi, à ta place, je ferais cela ou cela ».

L’éducation de la conscience marche ensemble avec la formation de la liberté. Qui est celui qui est authentiquement libre ? Celui qui, une fois qu’il a connu la bonté d’un acte l’accomplit, parce qu’il veut le faire, par amour du bien.  Cas contraire, l’homme perd sa liberté. Par exemple, quelqu’un peut croire qu’il peut s’enlever la vie parce qu’il est libre, mais personne ne dirait que le suicide va l’améliorer comme personne, ni que le suicide le rendra plus libre dans cette vie…

Tout ce que l’on vient de dire serait impossible à réaliser sans l’aide nécessaire de Dieu, nous sommes des collaborateurs de Dieu dans le développement d’une personne.  Un enfant n’est pas « propriété » de ses parents, il appartient en définitive à Dieu.

Nous n’avons pas le droit de le faire à notre image et ressemblance. Notre tâche consiste à le faire à l’image et à la ressemblance de Dieu.

Prions pour ne pas empêcher les enfants de venir à Dieu, prions la très Sainte Vierge Marie de former les enfants à l’image de Jésus, son Fils.

P. Luis Martinez, IVE.

Monastère “Bx. Charles de Foucauld”