Archives par mot-clé : Silence

“J’étais encore dans les entrailles de ma mère quand Il a prononcé mon nom”

La naissance de Saint Jean Baptiste.

La liturgie d’aujourd’hui, dans solennité de la naissance de Saint Jean Baptiste nous convie particulièrement à la joie, la joie spirituelle. Etre heureux, joyeux à cause de l’œuvre du salut. L’œuvre du salut que Dieu a fait pour tous les hommes et pour chacun de nous. La joie de faire sa volonté.  La joie d’être dociles à ses appels.

  1. La première lecture :

Dans la première lecture le prophète Isaïe chante le cantique du serviteur du Seigneur, une prophétie qu’on applique premièrement au Christ, mais la liturgie d’aujourd’hui l’applique à Jean le baptiste et on peut l’appliquer à chaque âme, à chacun de nous. Dit le prophète : J’étais encore dans le sein maternel quand le Seigneur m’a appelé ; j’étais encore dans les entrailles de ma mère quand il a prononcé mon nom. Il a fait… il m’a protégé… il m’a caché…

Chacun de nous à une mission, chacun de nous à une vocation particulière… nous sommes tous appelés à la sainteté… mais chacun de nous à une vocation particulière… et la vocation de chacun de nous a son origine dans l’éternité. Dieu nous appelle depuis toute l’éternité

Malheureusement, certains Chrétiens  disent : « il est trop petit pour voir sa vocation, elle est très jeune pour ‘sentir’ l’appel de Dieu. »

Ce n’est pas vrai. Ce n’est pas du tout vrai. Ce n’est pas ce que dit la parole de Dieu. Ce n’est pas cela que Dieu a révélé.

La vocation a son origine dans l’éternité, de notre côté, nous devons être attentifs… Dieu peut nous appeler à n’importe – quel moment.

  1. Comment cela commence t’il?

Comment cela commence habituellement… ? Ça  commence habituellement par la proximité du Christ. Le Christ s’approche de nous.  L’évangile que nous avons lu est précédé par la visitation de la Vierge Marie à sa cousine Elisabeth.  Au moment où la vierge Marie fait  la salutation à sa cousine Sainte Elisabeth, l’évangile nous dit : Quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit de joie en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint… Elisabeth dit à Marie « Le fruit de tes entrailles est béni »… « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? »

« L’enfant tressaillit en elle » Saint Augustin commente : « Jésus vient à Jean, le libérateur au captif : Jésus visite Jean, parce qu’il faut que le médecin aille visiter son malade »  2 S. August., Ad Paul.,

Mais dans notre cas, le Christ a vécu il y a plus de 2000 ans. Comment se fait cette proximité dans notre vie ? Elle peut se faire des différentes manières, un échec (la croix), un conseil, une maladie… mais très souvent la découverte de la vocation a une relation directe et privilégiée à la participation active aux sacrements (la confession, Eucharistie) et à l’écoute attentive de la parole de Dieu.

Saint Athanase nous raconte la vocation de saint Antoine : « Il se rendait comme d’habitude à l’église en méditant ; il considérait comment les Apôtres avaient tout quitté pour suivre le Sauveur… en pensant à tout cela, il entre dans l’église au moment de la lecture de l’Évangile, et il entend le Seigneur qui disait à un riche : « Si tu veux être parfait, va, vends tout ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres ; puis viens, suis-moi, et tu auras un trésor dans les cieux ». Et il a compris sa vocation.

Connaître et suivre notre vocation produit en nous la joie spirituelle… comme Saint Jean baptiste «l’enfant tressaillit de joie dans le sein de sa mère »

La joie humaine et la joie divine sont très différentes, comme notre volonté et sa volonté… Dieu nous dit par le prophète Isaïe : « 08 Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins, – oracle du Seigneur. 09 Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées. » (Is 55, 9) La joie humaine et la joie divine sont très différentes.

  1. Changer de Vie.

Mais connaître notre vocation implique un changement de vie…

L’évangile dit : L’enfant (Saint Jean baptiste) grandissait et son esprit se fortifiait.

Le « oui » avec lequel la personne appelée a répondu à Dieu c’est un « oui » qu’il faut renouveler chaque jour… l’acte de « tout laisser pour le Christ » c’est un acte qu’il faut faire chaque jour. Il faut que l’amour qui nous a poussés à tout laisser pour le Christ grandisse.

De la même façon que l’amour entre les conjoints a été manifesté de manière particulière dans le mariage, mais qu’il faut qu’il grandisse ; de la même façon il faut que la charité des religieux, des religieuses, qui a été manifestée dans la profession des vœux (dans le cas des prêtres l’ordination sacerdotale), il faut que cette charité donc grandisse.

La messe pour les vocations sacerdotales dit : « Que les Chrétiens soient plus nombreux à se consacrer par amour… pour toi, au service de ton autel… sans regarder en arrière. »

« Grandir en sainteté » Un amour qui ne fait pas grandir en sainteté n’est pas un amour qui vient de Dieu.

La messe pour les religieux demande la grâce d’être : «vraiment disciples de ta loi, témoin de ton amour…»

Au désert : L’évangile ajoute : « Il alla vivre au désert jusqu’au jour où il se fit connaître à Israël. »

Le désert est signe de l’intimité avec Dieu. Dieu parle à son peuple par le prophète Osée en lui disant : « Mon épouse… je vais l’entraîner jusqu’au désert, et je lui parlerai cœur à cœur. » (Os 2,16)

C’est au désert que Dieu a parlé a Moïse, c’est au désert que Dieu a parlé avec son peuple, qui l’a nourri, l’a conduit, et il a fait une alliance avec eux.  Le désert est le lieu du silence et de la rencontre intime avec Dieu.

Dieu nous invite de manière différente à tout laisser pour le suivre. Qu’à travers Saint Jean baptiste Dieu nous donne la grâce d’écouter ses appels et Le suivre avec tout notre cœur.

P. Andrés Nowakowski V. E.

Monastère « Bx. Charles de Foucauld »

La douceur de la vérité est éternelle!

Lire l’évangile du Dimanche XVI (Lc. 10,38-42)

Dans la liturgie de la parole des dimanches, il y a toujours une étroite relation  entre la première lecture et l’évangile.

Aujourd’hui, c’est Abraham (dans le livre de la Genèse) qui reçoit trois hôtes mystérieux, trois anges. Non sans raison, L’Eglise a vu en eux, dû à la façon dont le texte les présente, une image de la Trinité. L’auteur inspiré semble jouer avec le singulier et pluriel. Par exemple, lorsque le texte dit : Aussitôt, il courut à leur rencontre (pluriel « leur »), se prosterna jusqu’à terre et dit : « Seigneur (au singulier), si j’ai pu trouver grâce à tes yeux. Peu après : Ils (les trois anges) lui demandèrent : « Où est Sara, ta femme ? » Abraham répondit : « Elle est à l’intérieur de la tente. » Le voyageur (un seul) reprit : « Je reviendrai chez toi dans un an, et à ce moment-là, Sara, ta femme, aura un fils. ».

Dans le nouveau Testament, la lettre aux Hébreux dira en parlant de ce passage : N’oubliez pas l’hospitalité ; quelques-uns en la pratiquant ont, sans le savoir, logé des anges.( 13, 2)

MARTHE_MARIE_INSTITUT_DU_VERBE_INCARNEAlors dans l’évangile de ce dimanche c’est le Christ qui est reçu en qualité d’hôte, le Fils de Dieu qui vient chez ses amis. C’est la maison de Marte, Marie, et Lazare, celui que le Seigneur ressuscitera une semaine avant la Passion. Ils habitaient un petit village, pas loin de Jérusalem, appelé Béthanie.

Saint Luc ne fait pas trop attention à la description de la situation, ce qu’il veut souligner c’est l’enseignement que le Seigneur donne dans ce fait évangélique.

Depuis l’aube de l’Eglise, ces deux sœurs ont été l’image des deux types de vies qu’il y a, la vie active et la vie contemplative (les moines, les moniales).

D’un côté, cela est tout à fait vrai (elles représentent la vie active et contemplative), et ce que nous pouvons déjà dire, c’est que le Seigneur ne dédaigne pas la vie active mais plutôt, dans son reproche plein d’amitié et confiance, Il met Marthe en garde par rapport un problème que nous pouvons avoir tous. C’est-à-dire, oublier que Jésus c’est celui qui veut être le premier à donner, qu’Il a été envoyé à donner pour annoncer le salut et que la meilleure manière de le servir est celle d’écouter et accomplir Sa Parole de salut.

Mais le Seigneur n’oublie pas que Marthe l’a reçu dans sa maison, elle ne s’est pas trompée en servant le Seigneur, seulement elle n’a pas donné l’ordre que cela devait avoir. Méditant ce texte, Saint Augustin veut comme parler à Marthe et il lui dit :

Votre part n’est pas mauvaise, mais celle que Marie a choisie est meilleure. Pourquoi est-elle meilleure ? Parce qu’elle ne lui sera point enlevée. Un jour viendra où vous serez déchargée des soins nécessaires de cette vie, (car une fois entrée dans la patrie, vous n’aurez plus à exercer l’hospitalité envers les étrangers), mais cette part vous sera enlevée dans votre intérêt, et afin que vous en receviez une meilleure. On vous déchargera du travail pour vous donner le repos : Vous naviguez encore, et Marie est déjà arrivée au port, car la douceur de la vérité est éternelle…

Alors, si nous regardons notre réalité, il est vrai que nous cherchons parfois à servir le Seigneur avec nos différentes activités, mais nous oublions de Le servir en laissant sa Parole parler à notre cœur, à travers la lecture de la Bible, des saints et du magistère de l’Eglise. Nous oublions ce que le Seigneur nous dit dans son évangile : Cherchez plutôt son Royaume, et il vous donnera tout le reste en plus. ( Lc. 12,31)

ADICTION_INSTITUT_DU_VERBE_INCARNEDans un monde frénétique  comme le nôtre, il faut une plus grande exigence pour laisser le temps à Dieu. Il faut apprendre encore une fois à contempler, à méditer la Parole de Dieu, à vivre la Parole dans nos vies. La Parole de Dieu doit être notre guide dans les choses à discerner, chaque fois que dans notre vie nous devons par exemple, prendre une décision importante. Combien de fois, malheureusement le critère pour prendre une décision c’est le critère économique, ou bien le « bien-être », laissant de côté bien sûr la vie spirituelle.

Nous constatons que les médias d’aujourd’hui vont, la plus part de cas, contre le silence et la solitude nécessaire pour écouter ce que Dieu dit à mon cœur. On pense que c’est plutôt la jeunesse qui est la plus affectée, mais le phénomène commence à atteindre aussi les gens plus âgés et les petits enfants ; les scientifiques parlent de cela comme de la « cyberaddiction ».

ADICTION_II_INSTITUT_DU_VERBE_INCARNEComment quelqu’un peut-il prier avec sa tête remplie du bruit et des images ? Comment peut-il discerner, sachant que cela demande parfois du temps, celui qui est habitué à taper sur l’ordinateur ou s’asseoir devant l’appareil de télévision, pour recevoir tout déjà élaboré, sans besoin d’effort ? C’est un grave problème, car les critères que beaucoup d’hommes et de femmes utilisent dans leurs vies sont ceux que les médias ont imposés et presque de manière « hypnotique ».

Alors, il est vrai que la prière c’est d’abord un don de Dieu ; mais de notre part, Il exige notre travail, qui implique celui d’enlever tous les obstacles qui empêchent que notre âme communique et parle avec son créateur et Seigneur.

 Il y a un autre fruit que nous pouvons recevoir de la méditation de cet évangile et c’est celui de ne pas mettre en contraposition (en dialectique) l’action (le service) et la contemplation. Soit Marthe, soit aussi Abraham, tous les deux nous donnent exemple d’hospitalité et de service au Seigneur ; mais ils nous apprennent que même dans nos tâches et dans notre travail nous pouvons vivre avec le Seigneur, être en contact avec lui.

ORA_LAVORA_INSTITUT_DU_VERBE_INCARNELe père des moines d’Occident, saint Benoît met au centre de la vie de ses moines cette phrase, « Ora et Labora », « Prie et travaille », avec cela il indiquait que toute la vie doit être imprégnée par l’intimité avec Dieu.

Notre vie de prière ne doit pas se limiter à l’Eglise, ou bien à des  actes de piété déterminés ;  il faut que nous continuions la messe dans nos activités pour ainsi dire, c’est-à-dire prolonger la prière au long de la semaine et de la journée ; savoir offrir ce que je fais, le travail, les soucis de la maison, les petits sacrifices de chaque jour, savoir trouver un moment pour la méditation de la Parole de Dieu et un moment de présence devant Dieu.

Nous devons être capables de nous demander à quel point nous donnons vie à nos activités avec la douce communion avec le Seigneur ?

Le Seigneur est partout ; là nous sommes, Il nous écoute. Il ne faut pas croire que parce que je ne suis pas à l’Eglise, Il n’est pas avec moi ou bien que je ne suis pas obligé à parler avec lui.

Au temps de Sainte Térèse d’Avila, ses sœurs pensaient par fois que les différentes activités du couvent les éloignaient de celle qui est la principale, la prière, ce à quoi la sainte répondait de façon très simple mais très profonde aussi :   SAINTE_THERESE_AVILA_INSTITUT_DU_VERBE_INCARNE

Si c’est à la cuisine, comprenez que le Seigneur se trouve au milieu des marmites (elle disait des « ragoût »); Il vous aide intérieurement et extérieurement.   

A la très sainte Vierge Marie, elle qui écoutait la Parole de Dieu et la méditait dans son cœur, et aux saintes Marthe et Marie, que nous fêtons bientôt, le 29 juillet, nous demandons la grâce d’avoir dans nos vie la primauté de la prière, et que notre prière soit présente à chaque moment de notre vie.

P. Luis Martinez V. E.

Monastère “Bx. Charles de Foucauld”